Thriller juif et pilpul : quand la Kabbale s’invite au sein du noir

Il y a, si l’on y songe, une quasi-synonymie, ou au moins un riche liage intersémiotique, entre les mécanismes de la pensée vétérotestamentaire et la dramaturgie du thriller. Tout se passe un peu comme si les romans policiers, juifs ou non, servaient de gigantesques fan fiction au texte biblique premier. Pour mieux saisir encore les raffinements d’une culture entièrement portée vers la résolution des mystères (du monde, du crime, ou bien de l’élection) on pourrait se pencher sur l’oeuvre de quelques grands auteurs policiers de tradition juive (Guy Konopnicki, Harry Kemelman, Dror Mishani) pour scruter comment ils réarticulent les enseignements du pilpul avec les étapes nécessaires des enquêtes criminelles. Doutes, hésitations et tergiversations finissent toujours par aboutir à la résolution « humaine » de l’intrigue. Mais est-ce suffisant ? Pas toujours, selon le Solitaire de Prague : « Il y a surabondance d’espoir, mais rien pour nous ».