La couleur dans le livre de littérature ivoirien pour enfant comme facteur d’hybridation culturelle
La littérature enfantine est bien souvent considérée comme une littérature secondaire, une sous-littérature (Moudileno, 2003). Or, la complexité de la conception des livres pour enfants (graphisme, couleurs et illustrations, formes et styles d’écriture, lexique, thèmes prioritaires) fait de ce genre littéraire un domaine parfois difficile à cerner. En outre, si elle nous intéresse ici, c’est parce qu’elle fait partie de l’héritage culturel transmis par la colonisation (Dangui, 2018). Le but de cette contribution est de chercher à comprendre comment, dans un contexte d’occidentalisation de la culture, les couleurs utilisées pour illustrer les livres littéraires ivoiriens pour enfants participent à la transmission des valeurs proposées par les auteurs de ces livres. Nous nous appuyons sur une analyse sémiologique de 15 livres littéraires ivoiriens pour enfants, en fonction de leur signifiant, leur signifié et leur signification (Barthes, 1964), et sur une étude perceptive des couleurs de ces livres. L'analyse révèle une hybridation des cultures non seulement au niveau des valeurs, mais aussi des couleurs. Alors que les adultes écrivains établissent une certaine relation entre l’héritage culturel traditionnel et la construction d’un Ivoirien authentique sensible à son identité culturelle, l’influence de la culture occidentale pendant et après la colonisation est flagrante. L’album pour enfant, qui est un concept occidental, avec ses couleurs dont les codes sont d’origine occidentale, devient des supports pour exprimer des réalités culturelles antérieures et « au-delà » de la colonisation (Bhabha, 1994).

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