Les couleurs forment-elles un domaine spécifique ? Une réflexion à partir d’une langue à tradition orale, le gbáyá de République centrafricaine
Ayant présenté les caractéristiques du gbáyá, langue oubanguienne de République Centrafricaine, cette contribution montre, à partir de l’emploi en situation des couleurs, comment la langue prend en charge leur expression, organisant le spectre de la couleur en trois zones, sombre (noir), vive (rouge) et claire (blanc) tandis que différentes couleurs très précises peuvent être spécifiées qui désignent, le
plus souvent associées à d’autres valeurs, de multiples teintes complexes, perçues directement comme telles et très éloignées des dénominations de couleurs des langues indo-européennes. Il y a aussi un terme générique qui désigne l’aspect visuel (motif) prenant en compte des éléments aussi variés que les rayures, la taille du support, la couleur, etc. La contribution examine la façon dont ces termes de couleurs peuvent être intégrés dans des composés. Elle analyse ensuite en détail le rôle joué par la nature grammaticale des termes, verbes et adjectifs, dans l’appréhension des couleurs et leur représentation. Enfin, elle montre que les locuteurs ont aussi recours à quelques éléments types pour désigner une couleur, comme l’orange en français par exemple. Au terme de ce parcours, il ressort que le gbáyá dispose d’un terme générique référant à « l’aspect visuel » tandis qu’il ne dispose d’aucun terme générique pour identifier la couleur comme un domaine spécifique.

Ce travail est disponible sous licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International, sauf mention contraire.