Couverture du libre Dénominations et écritures des couleurs

Lumières sur les termes de couleur en gbáyá ɓòdòè (République Centrafricaine) et en créole palenquero (Colombie)

Auteurs

Yves Moñino (auteur)
Publié 12-12-2023
Pages 31-57
Résumé

Une théorie qui s’oppose à celle de Berlin et Kay, fondée sur le présupposé que « tout terme de couleur désigne dans toute langue une portion du spectre » est développée dans cette contribution : celle de la mise à jour d’invariants cognitifs (contraintes psychosensorielles) que les groupes humains organisent en combinaisons très différentes et en symbolismes parfois opposés. Cette thèse est illustrée par une comparaison lexicale et sémantique des noms de couleurs en gbáyá ɓodoe (République Centrafricaine) et en créole de Palenque (Colombie) recueillis entre 1970 et 1986 pour le gbáyá, entre 1994 et 2017 pour le créole. Le système gbáyá est organisé autour de la luminosité (clair/sombre/vif) plus que sur la teinte fixe, et inclut un paramètre indissociable de statut de cette luminosité (en devenir/résultante/qualitative). L’élaboration conceptuelle par les Gbáyá de leurs perceptions visuelles ne se réduit pas à l’évocation de teintes colorées ni même de types de luminosité, mais se fonde sur la dynamique de la lumière, ses changements d’apparence, sa situation dans un contexte, et son éventuelle évaluation en matière de jugements affectifs. Quant aux noms de couleurs en palenquero, ils montrent un double système de nomination, l’un pour les couleurs de la nature, fondé sur la lumière, l’autre pour les couleurs des artefacts, dérivé des noms de couleurs de l’espagnol et qui réfèrent à des teintes fixes et non à des luminosités.

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