Les attentats comme complots Conspirationnisme, antisémitisme et mémorialisation publique du terrorisme en Occident

Les théories du complot dont font l’objet les attentats survenus dans les sociétés occidentales ces dernières décennies sont le plus souvent étudiées sous l’angle de la sociologie des croyances ou de la sociologie des mobilisations. Dans cet article, je propose de les aborder en tant que phénomènes mémoriels, qu’il est nécessaire de prendre en compte pour pleinement comprendre le processus de mémorialisation de ces attentats en Occident. Après être d’abord revenu sur la façon dont il convient de concevoir ce processus, en y distinguant en particulier « mémoire collective » et « mémoire publique », on se centre ensuite sur une étude de cas : celle de la contre-mémoire publique qui s’est développée à partir de théories complotistes au sujet des attentats du 11 mars 2004 à Madrid. Sa rencontre conjoncturelle avec le mouvement des Truthers, réclamant la vérité sur les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis est, au final, l’occasion de s’interroger sur la portée et les limites d’une convergence des luttes mémorielles conspirationnistes en Occident avec, en toile de fond, la dimension antisémite de certaines de ces théories du complot.