Plateforme, plateformiser, plateformisation : le péril des mots qui occultent ce qu’ils nomment
Dans un premier temps, l’article vise à rendre compte de la prolifération récente du terme « plateforme », de ses dérivés « plateformiser » et « plateformisation », et de la prolifération concomitante des sens qu’on leur attribue, tant dans le langage usuel que dans la terminologie à prétention scientifique. Au-delà du constat de l’omniprésence et de la polysémie, nous mettons en évidence la dimension stratégique de l’emploi de ces termes par les acteurs industriels et les impensés charriés par sa reprise sans examen dans les travaux en SHS. Dans un second temps, l’article propose des éléments de définition en rapportant ces notions à une logique organisatrice de la communication médiatisée, c’est-à-dire à une manière de faire socialement construite, partagée et stabilisée, qui résulte des activités des acteurs tout autant qu’elle les configure. Ce faisant, « l’opérativité » des dispositifs médiatiques considérés sera érigée en critère de spécification premier. En définitive, ces propositions visent à résister aux écueils de « l’allant de soi » (tout effort définitionnel relevant du superflu) et à la tentation du nominalisme (ne serait « plateforme » que ce qui est désigné comme tel) en exposant une méthode de catégorisation des stratégies médiatiques, à même de prendre la mesure du processus de « plateformisation ».
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