Le colonialisme des données : repenser la relation entre le big data et le sujet contemporain
On affirme souvent que les données numériques sont le nouveau pétrole. Mais contrairement au pétrole, les données ne sont pas une substance que l’on trouve dans la nature. Il faut se les approprier. La collecte et le traitement des données sociales s’effectuent par le biais d’un processus que nous appelons relations de données, qui assure la conversion « naturelle » de la vie quotidienne en un flux de données. Le résultat n’est rien de moins qu’un nouvel ordre social, fondé sur une surveillance continue et offrant de nouvelles possibilités sans précédent de discrimination sociale et d’influence sur les comportements. Nous suggérons que ce processus peut être mieux appréhendé à travers l’histoire du colonialisme. Ainsi les relations de données constituent-elles une nouvelle forme de colonialisme numérique, normalisant l’exploitation des êtres humains à travers les données, tout comme le colonialisme historique s’est approprié des territoires et des ressources et a gouverné des sujets pour en tirer profit. Le colonialisme des données ouvre la voie à une nouvelle étape du capitalisme dont nous ne faisons qu’entrevoir les contours : la capitalisation de la vie sans limite.
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