Deux constats sont à l’origine de ce livre. D’une part, le débat qui agite depuis plusieurs années le monde académique autour du lien entre religions, sciences et espace public semble s’être fixé sur l’idée de « post-sécularité ». Or, sous couvert de rendre les sociétés plus hospitalières aux religions, cette idée profite essentiellement à des courants politico-religieux absolutistes et fondamentalistes. D’autre part, la solide expertise francophone qui s’est développée depuis les années 2000 sur le philosophe américain John Dewey (1859-1952) néglige trop souvent ses nombreux écrits consacrés à la critique des religions. Joan Stavo-Debauge retrace donc la généalogie de l’idée de « post-sécularité » et détaille les méfaits qu’elle peut masquer, comme les mobilisations contre l’avortement, les droits des personnes LGBT, l’expertise scientifique ou encore les politiques écologiques. Il s’appuie ensuite sur les écrits de John Dewey pour remettre au jour la pleine puissance de sa critique des religions fondée sur une pensée naturaliste et pragmatiste et la présenter comme un antidote efficace aux fondamentalismes religieux.