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La Féminisation du métier de véterinaire (Edul, 2025) Show/hide cover

Chapitre 7

La formation vétérinaire

Les différentes voies d’accès aux quatre écoles vétérinaires en 2014

Nous présentons ici les différentes voies d’accès pour entrer dans les écoles vétérinaires en 2014, année où les étudiants et les étudiantes de notre enquête ont passé les concours.

En 2014, cinq concours d’entrée existaient :

  • le concours A filière « biologie, chimie, physique, sciences de la vie et de la Terre » (BCPST) pour les étudiantes et les étudiants ayant suivi deux années1 en classe préparatoire BCPST2, qui bénéficiait du plus grand nombre de places, 436 pour les quatre écoles vétérinaires, soit 109 places dans chaque école ;
  • le concours A filière « technologie et biologie » (TB) pour les étudiants et les étudiantes ayant suivi deux années en classe préparatoire TB3, dont le nombre de places était de huit pour les quatre écoles vétérinaires, soit deux places dans chaque école ;
  • le concours B pour les titulaires d’un niveau au moins bac + 2, sans préparation obligatoire – même si les candidats et candidates pouvaient suivre une préparation en cycle universitaire « agro-véto » adossée aux parcours de licence « sciences de la vie » et proposée par 13 universités – dont le nombre de places était de 44 pour les quatre écoles vétérinaires, soit 11 places dans chaque école ;
  • le concours C pour les étudiantes et les étudiants ayant suivi une année4 préparatoire spéciale pour technicien supérieur ou technicienne supérieure (ATS) « biologie »5 dont le nombre de places était de 56 pour les quatre écoles vétérinaires, soit 14 places dans chaque école ;
  • le concours D ouvert aux titulaires du diplôme d’État de docteur et docteure en médecine, en pharmacie, en chirurgie dentaire, ou d’un diplôme national à dominante biologique conférant le grade de master (bac + 5).

Les candidats et les candidates ne pouvaient passer les concours A (filière BCPST et TB), B, C et D que deux fois dans leur vie, avec une limite d’âge pour une première inscription à 22 ans (sauf pour le concours D sans limitation d’âge). Il était impossible de passer deux concours différents la même année. Les concours étaient organisés par le Service des concours agronomiques et vétérinaires, au niveau national.

Ces quatre concours étaient très sélectifs. En 2014, les taux d’étudiantes intégrées et d’étudiants intégrés étaient de 22,16 % pour le concours A filière BCPST ; 9,75 % pour le concours A filière TB, 10,42 % pour le concours B et 25 % pour le concours C (Fontanini, 2018).

Les parts des filles intégrées (71,55 %) et des garçons intégrés (28,44 %) étaient extrêmement proches des parts des filles inscrites (72,03 %) et des garçons inscrits (27,96 %) au concours A filière BCPST en 2014. Il en était de même pour le concours B : la part des filles intégrées était de 81,8 % et celle des inscrites de 81,5 % ; la part des garçons intégrés était de 18,2 % et celle des inscrits de 18,5 %. Les données genrées pour les concours A filière TB, C et D n’étaient pas fournies par le Service des concours agronomiques et vétérinaires (Fontanini, 2015c).

La formation à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT) en 2014‑2019

La formation initiale proposée à l’ENVT pour les étudiants et les étudiantes de la promotion 2014‑20196 durait cinq années et était découpée en deux phases.

La première constituait le tronc commun et se déroulait sur quatre années.

Les deux premières années étaient consacrées essentiellement à des cours magistraux, à des travaux dirigés (TD) et à des travaux pratiques (TP). Les étudiants et les étudiantes devaient aussi effectuer deux stages obligatoires : un au milieu de la première année, intitulé « vétérinaire et territoire », d’une durée de quatre semaines, dont trois semaines dans une clinique en milieu rural et une semaine en exploitation agricole, et un autre à l’étranger à la fin de la deuxième année, d’une durée de six semaines minimum, dont l’objectif était « l’apprentissage de la démarche de gestion de projets dans toute structure pouvant employer un/une vétérinaire (hors clinique vétérinaire) »7.

Pendant la troisième année, les cours théoriques, les TD et les TP ne représentaient plus que la moitié du temps de leur formation, l’autre moitié étant destinée à les former au sein des cinq cliniques du Centre hospitalier universitaire vétérinaire de l’ENVT : clinique des animaux de compagnie, clinique des équidés, clinique des nouveaux animaux de compagnie (NAC) et de la faune sauvage, clinique des ruminants et clinique des élevages avicoles et porcins.

La quatrième année était consacrée principalement à la formation au sein des cliniques, à un stage clinique, d’une durée de quatre semaines, dans une structure vétérinaire à activité rurale dominante et auprès du service d’inspection sanitaire officiel en abattoir, et à quatre semaines de cours théoriques et TD.

En complément des stages obligatoires, les étudiants et les étudiantes pouvaient réaliser des stages facultatifs, en dehors des périodes d’enseignement. À la fin des quatre premières années, les étudiants et les étudiantes obtenaient le diplôme d’études fondamentales vétérinaires (DEFV) qui confère un grade de master et qui est assorti d’une autorisation temporaire d’exercice délivrée par l’Ordre national des vétérinaires8.

La deuxième phase était constituée de la cinquième année d’approfondissement divisée en deux parties. Selon son projet professionnel, chaque étudiante et étudiant suivait, pendant la moitié de l’année, un parcours appelé « dominante »9, soit au sein d’une des quatre écoles nationales vétérinaires, soit dans d’autres établissements, soit en tutorat10 pour les animaux de rente. L’autre moitié était destinée à la préparation de la thèse d’exercice vétérinaire qui permet d’obtenir le titre de docteur ou docteure vétérinaire, exigé pour un exercice en secteur libéral.

Ainsi, sur les cinq années d’études vétérinaires, la moitié était consacrée à des apprentissages théoriques, via les cours magistraux, TD et TP, et l’autre moitié à des apprentissages de la pratique professionnelle au sein des différentes cliniques à l’ENVT et au cours des trois stages obligatoires pour faire découvrir aux étudiants et étudiantes l’activité rurale « sur le terrain » (deux stages) et l’activité hors clinique vétérinaire (un stage).

Les nouvelles voies d’accès aux écoles vétérinaires publiques et la création d’une école vétérinaire privée

Face à la pénurie de vétérinaires en France, notamment en milieu rural, diverses réformes ont été mises en place à partir de 2018. Le nombre de places aux concours B et C a été augmenté au détriment des concours A (filières BCPST et TB). Les candidats et candidates au concours C ont un profil théorique plus orienté vers le milieu rural et l’entretien individuel au concours permet de sélectionner les étudiants et les étudiantes ayant pour projet d’exercer en milieu rural, donc potentiellement auprès des animaux de rente.

Par ailleurs, les candidats et candidates ayant échoué deux fois aux concours A (filières BCPST et TB), B et C peuvent faire acte de candidature au concours D, après un délai de carence de quatre ans. La voie E a été créée pour les étudiants et les étudiantes des écoles normales supérieures (ENS) désirant réaliser un double cursus en école vétérinaire.

Depuis la rentrée de septembre 2021, une voie d’accès postbac, via la plateforme Parcoursup, est proposée aux lycéens et lycéennes des filières générales du baccalauréat pour entrer dans les quatre écoles vétérinaires. Ce nouveau mode de recrutement a pour objectif de réduire d’une année le temps de formation initiale des vétérinaires (six ans au lieu de sept, voire huit en cas de redoublement de la deuxième année de classe préparatoire) et de diversifier les origines sociales et géographiques des étudiants et étudiantes vétérinaires. Un rapport commandé par la Direction générale de l’enseignement et la recherche (DGER) et le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire met en évidence que cette voie ne permet pas une diversification sociale des candidats et des candidates, mais accueille une diversité géographique plus large des candidats et des candidates que les autres voies, sans toutefois supprimer les effets de l’origine sociale « puisque les candidats dont les parents ont les statuts sociaux les plus élevés (professeurs, ingénieurs, professions libérales ou chefs d’entreprise) ont plus de chances que les autres d’être admissibles et admis dans une école vétérinaire » (Calmand et al., 2024, p. 115).

En 2021, le nombre de places était de 160, soit 40 dans chaque école. La sélection des lycéens et lycéennes est basée, via Parcoursup, sur les résultats scolaires de première et de terminale et l’avis du proviseur ou de la proviseure sur le niveau de la classe. Dès la première année, ce mode de recrutement a connu un vif succès11 puisque 5 700 élèves ont postulé et 719 candidats et candidates ont été retenus (soit 12,6 %) pour passer la seconde phase de sélection qui comporte des entretiens thématiques, des épreuves de logique, de calcul ou d’habileté manuelle. Les lauréats et les lauréates à ce concours postbac suivent une année de cycle préparatoire intégré dans une école vétérinaire puis ils et elles rejoignent en deuxième année les étudiants et étudiantes ayant intégré les écoles vétérinaires via les concours A, B, C, D et E.

Les résultats aux concours 2022 mettent en évidence, pour la voie d’accès postbac, que les filles représentaient la majorité des candidats et des candidates (77 %), des admissibles (82 %) et des admis et admises (71,9 %) [Jacques, 2023]. Il apparaît que les dossiers scolaires des filles étaient meilleurs que ceux des garçons. Cependant, elles ont moins bien réussi la phase d’admission. Il en a été de même en 2023. Cet écart est expliqué, dans le rapport, par un potentiel investissement familial différencié entre filles et garçons dont ces derniers seraient mieux dotés (Calmand et al., 2024). Cette explication est étonnante, car cet investissement plus prononcé sur les garçons n’apparaît pas dans les autres voies alors que le recrutement social est identique.

L’étude des résultats des concours postbac, dans les années à venir, permettra d’examiner si la part des filles admises est régulièrement plus faible que celle des candidates et des admissibles. Si tel est le cas, la raison pourrait être liée à une discrimination positive envers les garçons, notamment lors des entretiens thématiques pour que la profession vétérinaire compte encore des hommes… Notre hypothèse n’apparaît pas comme ubuesque puisque, dans le rapport, il est noté que « les candidats qui ont le plus de chances d’être intégrés sont des garçons, issus de lycées privés, à caractéristiques égales par ailleurs (même origine sociale) » (Calmand et al., 2024, p. 113).

Le nombre de places pour la voie postbac et le concours a été augmenté et celui pour les concours A (filières BCPST et TB) a diminué depuis 2021. Toutefois, le nombre total de places, toutes voies confondues, est en augmentation tous les ans. Le nombre total de places pour 2025 est de 720 étudiants et étudiantes, soit 180 par école, comme le montre le graphique 7 pour l’année 2025.

Voir texte.

Source : https://www.vetagro-sup.fr/formations/veterinaire [consulté le 6 juill. 2024]

Par ailleurs, un arrêté publié le 20 juillet 2021 habilite l’Université de Rouen (Faculté de médecine et de pharmacie) à délivrer le diplôme d’État de docteur ou docteure vétérinaire pour les étudiants et étudiantes de l’école vétérinaire UniLaSalle de Rouen. Cette école privée recrute via Parcoursup. En 2022, pour la première année d’accueil, 100 places12 étaient ouvertes et, l’année suivante, 120 places13.