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La Féminisation du métier de véterinaire (Edul, 2025) Show/hide cover

Chapitre 6

État des lieux de l’exercice de la profession vétérinaire aujourd’hui

Profil démographique des vétérinaires en 2022

Selon l’Atlas démographique de la profession vétérinaire (2023)1, le nombre total de vétérinaires inscrits et inscrites à l’Ordre est de 20 844. L’âge moyen est de 42,9 ans. Près des trois quarts (72,3 %) sont âgés de 30 à 59 ans avec une répartition par tranche d’âge, de dix ans, assez proche : 28,4 % entre 30 et 39 ans, 24,3 % entre 40 et 49 ans et 19,6 % entre 50 et 59 ans. C’est aux deux extrémités des tranches d’âge qu’elles et ils sont les moins nombreux : 15,9 % chez les 20‑29 ans et 10,5 % chez 60‑69 ans. Pour les plus jeunes, ils et elles s’inscrivent pour la première fois en moyenne à 27,19 ans et ne restent donc en moyenne que deux ans dans cette catégorie. Par conséquent, pour la présentation des données suivantes, nous regroupons les catégories d’âge 20‑29 ans et 30‑39 ans pour constituer la tranche « moins de 40 ans ».

Les deux tiers des inscrits et inscrites au tableau de l’Ordre national des vétérinaires ont obtenu leur diplôme dans une des quatre écoles françaises (67 %), un cinquième en Belgique (21,4 %), 10 % dans un autre pays de l’Union européenne et 1 % dans un pays hors UE. Depuis la fin des années 1990, de plus en plus d’étudiants français et d’étudiantes françaises font leurs études vétérinaires dans certains pays d’Europe pour éviter deux à trois années d’études en classes préparatoires scientifiques.

La Belgique a été le premier pays convoité, car il accueillait tous les candidats français et toutes les candidates françaises jusqu’en 2006 où une limite de l’accès des non-résidents et non-résidentes belges à un maximum de 20 % de l’effectif total des inscrits et inscrites de chaque école fut fixée. La Belgique attire les étudiants français et les étudiantes françaises, car ce pays est proche de la France, les cours sont dispensés en français et les droits d’inscription dans les écoles publiques sont peu élevés2 par rapport à d’autres écoles en Europe. Le quota restreint d’étudiants et d’étudiantes venant de France en Belgique a amené certains et certaines d’entre eux et elles à se tourner vers d’autres pays comme l’Espagne, la Roumanie, l’Italie, le Portugal où les étudiants et les étudiantes suivent souvent leur formation dans des écoles privées3, parfois avec un programme francophone.

En France, en dehors des départs en retraite, une faible part de vétérinaires sort, chaque année, du tableau4 de l’Ordre : 2,6 % des moins de 60 ans et 3,3 % des moins de 40 ans en 20225 (chiffres assez stables depuis dix ans). Cette proportion est plus faible que dans celle des salariés du privé globalement (17 % sur cinq ans). Les parts des femmes sortantes et des hommes sortants6, selon les tranches d’âge, sont proches des parts des femmes inscrites et des hommes inscrits au tableau. Contrairement à certains discours alarmistes dans la presse professionnelle, les femmes ne désertent pas plus la profession que les hommes.

Une majorité de femmes

Les femmes représentent près des trois cinquièmes (58,6 %) de l’ensemble des inscrits et inscrites au tableau de l’Ordre et les trois quarts des moins de 40 ans (74,8 %). La France n’est pas une exception puisque la prédominance féminine dans la profession est présente au Royaume-Uni (76 %)7, aux États-Unis (65 %)8, au Canada (64 %)9 et dans tous les pays européens. En 2023, elles constituent 65 % des effectifs de la profession dans 30 pays10 avec toutefois de grandes différences entre eux : de 93 % en Finlande à 24 % en Macédoine du Nord.

En France, la part des femmes est décroissante en fonction de l’âge : majoritaire chez les plus jeunes (74,8 % chez les moins de 40 ans et 59,9 % chez les 40‑49 ans) et minoritaire chez les plus âgées (41 % chez les 50‑59 ans, 24,6 % chez les 60‑69 ans et 9,9 % chez les plus de 70 ans). Cette répartition, selon les tranches d’âge, est corrélée à l’arrivée des femmes dans les écoles vétérinaires depuis plus de 60 ans. En Europe, elles sont également plus présentes dans les tranches d’âge les plus jeunes : 80 % chez les moins de 30 ans et beaucoup moins chez les plus de 65 ans (23 %). La part globale des femmes va s’accroître, au moins mécaniquement, dans les dix ans à venir en France puisque les vétérinaires de plus de 60 ans sont majoritairement des hommes (76,8 %). Il en est de même en Europe (77 %).

Types de compétences déclarées par les femmes et les hommes

La compétence « animaux de compagnie » est la plus déclarée par l’ensemble des vétérinaires (70,8 %, dont 60,1 % sont des femmes et 39,9 % des hommes).

Parmi ces vétérinaires, tous âges confondus, 65,6 % l’exercent de manière exclusive (43,1 % de femmes et 22,5 % d’hommes) ; 21,5 % sont en exercice mixte avec cette prédominance (11,4 % de femmes et 10,1 % d’hommes) et 13 % en exercice mixte avec une autre prédominance (5,7 % de femmes et 7,3 % d’hommes). Chez les moins de 40 ans, les femmes représentent 75,5 % des vétérinaires exerçant auprès des animaux de compagnie, toutes activités confondues, et 77,6 % parmi les entrants et entrantes (moins de 30 ans).

La compétence auprès des animaux de rente est déclarée, tous âges confondus, par 16,5 % des vétérinaires, dont 59,2 % sont des hommes et 40,8 % des femmes. Parmi ces vétérinaires, tous âges confondus, 23,1 % l’exercent de manière exclusive (6,9 % de femmes et 16,2 % d’hommes) ; 29,6 % sont en exercice mixte avec cette prédominance (10,7 % de femmes et 18,9 % d’hommes) et 47,4 % en exercice mixte avec une autre prédominance (23,3 % de femmes et 24,1 % d’hommes).

Parmi les vétérinaires de moins de 40 ans, toutes activités confondues, la part des femmes (62,7 %) est plus élevée que celle de leurs confrères (37,3 %). Elle est encore plus importante chez les vétérinaires entrantes dans la profession (moins de 30 ans) puisqu’elles représentent 68 %. Cela est dû au fait que le ratio entre entrantes et sortantes est positif chez les femmes (par exemple, en 2022, plus 91 femmes contre moins 29 femmes) et négatif chez les hommes (plus 29 hommes contre moins 78 hommes). Ce phénomène est lié au départ à la retraite des hommes ruraux qui étaient largement majoritaires.

Les vétérinaires déclarant une activité équine représentent 5,7 %, tous âges confondus, dont 57 % sont des femmes et 43 % des hommes. Parmi ces vétérinaires, tous âges confondus, 21,1 % l’exercent de manière exclusive (13,2 % de femmes et 7,9 % d’hommes) ; 15,2 % sont en exercice mixte avec cette prédominance (10,3 % de femmes et 4,9 % d’hommes) et 63,8 % en exercice mixte avec une autre prédominance (34,1 % de femmes et 29,7 % d’hommes). Toutes activités confondues, la part des femmes de moins de 40 ans est plus élevée (76,4 %) et celle des moins de 30 ans encore davantage (78,8 %).

Ces statistiques montrent que les femmes, tous âges confondus, exercent plus globalement l’activité auprès des animaux de compagnie et celle auprès des équidés que leurs confrères, ces derniers étant à l’inverse plus nombreux à pratiquer auprès des animaux de rente. En revanche, chez les moins de 30 et de 40 ans, toutes activités confondues, les femmes sont majoritaires à déclarer les trois compétences. Qui plus est, leurs parts respectives dans chaque activité sont proches de leur proportion dans les écoles vétérinaires en France et à l’étranger (environ 75 %). Nous retrouvons cette distribution (75 % de femmes et 25 % d’hommes) dans la répartition des entrants et entrantes, selon les compétences déclarées : 77 % de femmes et 23 % d’hommes pour les animaux de compagnie, 75,9 % de femmes et 24,1 % d’hommes pour les animaux de rente et 77,8 % de femmes et 22,2 % d’hommes pour les équidés. Par conséquent, les choix de pratique entre les trois types d’activités apparaissent semblables entre les jeunes, femmes et hommes. Il y a néanmoins, sans doute, encore des différences entre les exercices prédominants de chaque activité selon les femmes et les hommes, mais l’Atlas démographique de l’Observatoire national démographique de la profession vétérinaire ne fournit pas ces données.

Peu de vétérinaires ne traitent aucune espèce (7 %)11. C’est toutefois un peu plus le cas des femmes (8,5 %) que des hommes (4,9 %).

Inégalités professionnelles entre les femmes et les hommes

La source des statistiques présentées ici est également l’Atlas démographique de la profession vétérinaire (2023).

Modalités d’exercice de la profession par les femmes et les hommes

Les vétérinaires peuvent opter pour une activité libérale12 et choisir entre l’exercice libéral individuel ou associé, la collaboration libérale13 et le salariat14 dans le secteur libéral (ou dans le secteur public ou privé).

Parmi l’ensemble des inscrits et inscrites au tableau de l’Ordre, 58,6 % ont une activité en libéral et 41 % en salariat. Cette répartition est proche de celle des médecins, toutes activités confondues, puisque la part des personnes salariées atteint 48,2 %15 et celle des nouveaux et nouvelles médecins 63 %16.

La distribution entre les hommes et les femmes vétérinaires selon ces deux activités n’est pas paritaire puisque ces dernières sont plus nombreuses dans le salariat (53,8 %) qu’en exercice libéral (46,1 %) alors qu’elles représentent 58,6 % de l’ensemble des inscrits et inscrites. Le profil des personnes salariées est constitué principalement de vétérinaires de la tranche d’âge 20‑40 ans (72,5 % des effectifs), de femmes (75,7 %) et notamment âgées de moins de 40 ans (75,4 %). Le choix du salariat chez les plus jeunes est sans doute corrélé au fait qu’ils et elles souhaitent acquérir différentes expériences professionnelles avant de s’installer, de travailler de manière durable dans une clinique ou de se fixer dans une région (Pensuet, 2024).

En faisant le rapport entre le nombre de femmes salariées et le nombre de femmes au total selon les tranches d’âge, nous constatons que, pour chacune d’entre elles, les parts des femmes salariées sont toujours plus élevées que celles des hommes : 71,5 % des femmes et 55,8 % des hommes pour les moins de 40 ans, 34,8 % des femmes et 14,3 % des hommes chez les 40‑49 ans, 25,5 % des femmes et 10,8 % des hommes chez les 50‑59 ans, 22,4 % des femmes et 6,5 % des hommes chez les 60‑69 ans. Les écarts se situent entre 15 et 20 points.

Une augmentation du salariat apparaît toutefois chez les hommes salariés de moins de 40 ans par rapport aux autres hommes plus âgés. Les plus jeunes s’écartent donc du modèle de l’exercice traditionnel masculin dans la profession qui est l’installation en activité libérale.

Le graphique 1 ci-dessous montre que les femmes sont moins nombreuses (38,2 %) que leurs confrères (68,8 %) dans le secteur libéral en tant que propriétaires de leurs entreprises ou associées. La collaboration libérale est la seule modalité qui est choisie par une même part de femmes et d’hommes.

Voir texte.

Source : Observatoire national démographique de la profession vétérinaire, 2023, p. 11

L’enquête d’insertion professionnelle pour la promotion 202017 interrogée environ un an après sa sortie des quatre écoles vétérinaires met en évidence que 10 % sont indépendants et indépendantes, dont 84,6 % avec un statut de collaboration libérale et 15,4 % en association. Cette enquête montre également que le taux d’indépendantes (7,9 %) représente la moitié de celui des indépendants (15,7 %). Ainsi, un an après la fin de leurs études, les femmes ont moins choisi le statut libéral que leurs confrères.

Selon une étude menée par Lorna Treanor (2016) au Royaume-Uni, les femmes sont également moins souvent propriétaires de leur entreprise ou d’une part de celle-ci. Plusieurs facteurs expliquent cette différence.

Dès les études vétérinaires, les femmes seraient moins nombreuses à désirer devenir propriétaires ou associées (Castro et Armitage-Chan, 2016). Les étudiantes font ainsi des choix professionnels raisonnables que Marie Duru‑Bellat (2004) qualifie de « choix de compromis » au regard de leurs futures responsabilités parentales, étant donné l’organisation actuelle de la famille qui pèse encore largement sur les mères. Le salariat et le travail à temps partiel pour s’occuper des tâches domestiques et parentales sont-ils des facteurs poussant les filles à choisir la profession vétérinaire, comme le montre Anne-Chantal Hardy-Dubernet (2005) à propos des femmes médecins ?

Par ailleurs, la socialisation différenciée des femmes et des hommes amène ces derniers à avoir davantage confiance en eux, en leurs compétences et en leurs capacités de « leadership », ce qui leur permet de se projeter plus facilement dans une activité libérale (Bereni et al., 2020 ; Castro et Armitage-Chan, 2016). De plus, il est encore attendu dans notre société que les hommes soient davantage investis dans leur travail que les femmes et qu’ils soient les principaux pourvoyeurs de revenus au sein de la famille (Bereni et al., 2020).

Des recherches montrent également que des hommes ont des réticences à s’associer avec des femmes, car elles sont considérées comme moins capables de rentabiliser une structure du fait de leur approche trop sensible et émotionnelle du commerce (Irvine et Vermilya, 2010). Des femmes vétérinaires au Royaume-Uni ont témoigné du fait qu’elles ne sont pas estimées dignes d’être associées, car on attend dans une association une disponibilité temporelle que les femmes ne peuvent avoir puisqu’elles souhaitent des horaires flexibles pour assurer leurs tâches familiales. Ainsi, des collègues masculins plus jeunes ou avec moins d’expérience leur sont préférés (Treanor et Marlow, 2021).

Cette discrimination envers les femmes en amène certaines à renoncer à travailler en tant qu’associées et donc à obtenir de meilleurs revenus qu’en tant que salariées (Treanor, 2016).

Temps de travail

Parmi les vétérinaires salariés, 31 % de femmes et 20 % d’hommes travaillent à temps partiel en 2022. Aucune donnée n’est disponible dans les Atlas démographique de la profession vétérinaire sur les tranches d’âge où le recours au temps partiel est le plus répandu et pour quelles raisons. Nous n’avons pas trouvé non plus de données sur la quotité de temps de travail des femmes et des hommes en exercice libéral. Selon une enquête menée par Jean-Baptiste Lassegue (2017), les hommes travaillent significativement plus que les femmes.

En comparant ces données avec les statistiques de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) de 202318, nous constatons que la part des salariés et des salariées vétérinaires à temps partiel est plus élevée que celle des femmes (26,7 %) et des hommes (7,5 %) toutes catégories socioprofessionnelles et tous âges confondus. Il en de même par rapport à la catégorie des cadres (16,5 % des femmes contre 6,4 % des hommes).

La propension au temps partiel augmente, pour les femmes, contrairement aux hommes, avec le nombre d’enfants, notamment lorsque le plus jeune a moins de trois ans19. Par exemple, lorsqu’un couple a deux enfants à charge, la part des femmes à temps partiel est de 33,1 % et celle des hommes de 5,2 %. Dans le même cas, mais avec le plus jeune âgé de moins de trois ans, la part des femmes est de 40,4 % et celle des hommes de 4,9 %.

Le recours des femmes au temps partiel s’explique par le fait qu’elles demeurent majoritairement responsables des tâches parentales et domestiques en comparaison de leurs homologues masculins20. Par exemple, dans un couple avec au moins un enfant âgé de moins de trois ans, dont les deux parents travaillent à temps complet, 69 % des femmes effectuent plus de sept heures de travail ménager par semaine, contre 31 % des hommes. Pour le temps parental, l’Insee ne fournit pas de statistiques récentes. En 2010, 65 % des tâches parentales étaient réalisées par les femmes (Champagne et al., 2015). Qui plus est, la charge mentale21 des couples avec enfants repose essentiellement sur les femmes qui travaillent. Elle est définie par le fait de penser à toutes les tâches professionnelles, familiales et autres à effectuer tout au long de la journée, amenant une fatigue psychique et même physique (Jacques, 2023).

Marine Slove22 (2022) décrit avec humour la charge mentale afférente aux femmes vétérinaires : « Que celle qui n’a jamais pris rendez-vous chez le pédiatre, le téléphone coincé contre l’épaule tout en ligaturant un pédicule ovarien de chatte ou fait sa liste de courses, le bras dans un rectum de jument tout en mesurant un follicule, me jette la première pierre ! ». En d’autres mots, dans un coin de la tête, il y a toujours la liste des choses auxquelles penser et à faire, que cela soit à la maison ou au travail.

Selon M. Slove (2022), cette charge mentale amène les femmes à effectuer des choix, tous les jours, entre leurs tâches professionnelles et familiales :

Elles peuvent donc paraître moins « engagées » dans leur travail. Conséquence de quoi, elles semblent moins éligibles que leurs collaborateurs masculins à des augmentations de salaire et à un élargissement de leurs responsabilités. Pire, elles sont convaincues elles-mêmes qu’elles ne méritent pas d’être augmentées parce qu’elles ne se sentent pas mentalement pleinement disponibles pour leur travail.

Un temps plein dans la profession vétérinaire implique souvent de longues journées de travail avec des horaires variables et parfois imprévus en cas d’urgence qui ne sont pas faciles à concilier avec les tâches parentales (Jacques, 2023), notamment si le conjoint ou la conjointe a également des contraintes professionnelles équivalentes et/ou si la famille élargie est éloignée. Qui plus est, les structures de gardes collectives ou individuelles (à part une personne à domicile) ne sont pas souvent compatibles avec des horaires variables et imprévus.

Étant donné que 75,4 % de femmes vétérinaires salariées sont âgées de 20 à 39 ans et que l’âge moyen au premier enfant pour les femmes, en général, est de 31 ans23, nous pouvons supposer que la majorité des femmes salariées vétérinaires recourent au temps partiel à la suite de l’arrivée d’enfants, notamment tant qu’ils sont en bas âge, par manque de partage équitable de la charge mentale et des tâches parentales et domestiques avec leur conjoint.

Ce recours au temps partiel pour les femmes est socialement mieux accepté que pour les hommes (Guionnet et Neveu, 2004). Toutefois, il peut être interprété, à l’instar de la charge mentale, par les employeurs et employeuses, comme un signe de désinvestissement professionnel au profit de la vie familiale. Cette lecture de désengagement professionnel amène rarement à une augmentation de salaire ou à une proposition d’association. Une étude anglaise (Knights et Clarke, 2019) met en évidence que certains vétérinaires séniors (généralement en activité libérale et employeurs) estiment que les femmes vétérinaires recherchent surtout un travail à temps partiel et non une promotion. Cette conviction ne fait que renforcer l’idée que c’est aux femmes et non aux hommes de concilier leur vie professionnelle et familiale et peut devenir une croyance collective partagée par les femmes et les hommes (Irvine et Vermilya, 2010 ; Treanor, 2016). Ainsi, le poids de la charge mentale et le recours au temps partiel par les femmes ont des incidences sur leurs salaires.

Un autre motif évoqué, par les femmes comme par les hommes, pour justifier un recours au temps partiel, est leur souhait d’éviter le burn-out face à une charge de travail considérée comme trop importante (Truchot, 2022).

En 2011, deux articles de la presse professionnelle vétérinaire faisaient état d’offres d’emplois à temps partiel ou seulement pour des gardes (Ricard, 2011) pour des raisons organisationnelles et financières des structures vétérinaires (Jeanney, 2011). Une enquête menée, en 2017, dans le cadre d’une thèse vétérinaire, mettait en évidence que la majorité des salariés et salariées travaillant à temps partiel souhaitaient travailler davantage, notamment les jeunes, qui étaient contraints d’accepter, pour 50 % à 75 % d’entre eux et elles, un volume horaire non désiré (Nguyen, 2016). Les enquêtes d’insertion professionnelle menées par les quatre écoles vétérinaires, un an après la sortie des jeunes docteurs et docteures, sur quatre promotions, montrent que les parts des salariés et salariées à temps partiel varient d’une année à l’autre, mais qu’elles baissent entre 2012 et 2020. Ces enquêtes mettent également en évidence que les femmes travaillent toujours plus souvent à temps partiel que les hommes (tableau 2).

Genre

Promotion 2020

Promotion 2015

Promotion 2014

Promotion 2013

Promotion 2012

Femmes

23,5 %

14 %

29 %

31,3 %

40,9 %

Hommes

13,5 %

18 %

14 %

24,7 %

18 %

Total

21 %

16 %

26 %

29,7 %

34,9 %#

Sources : https://www.concours-agro-veto.net/IMG/pdf/20230608_plaket_ipro-veto2020-1an_vf.pdf (2020) [consulté le 4 mars 2024] ; https://web.archive.org/web/20240428071821/https://www.agreenium.fr/sites/default/files/statea_2018_ipro_20180924_esavp_vf.pdf (2015 et 2014) [archivé le 28 avr. 2024, consulté le 5 mars 2025] ; https://chlorofil.fr/fileadmin/user_upload/stats/statea/sup/statea-2016-05-sup.pdf (2013 et 2012) [consulté le 4 mars 2024]

Pour la promotion 2020, le document précise que, parmi les vétérinaires à temps partiel (tous secteurs d’activité), 89 % des femmes et 85,9 % des hommes l’ont choisi. Pour les autres promotions, cette précision n’est pas donnée.

Ces enquêtes indiquent, sans précision entre les femmes et les hommes, que ce sont les salariés et les salariées travaillant auprès des équidés et des animaux de compagnie qui sont le plus souvent à temps partiel et qu’une part de ces derniers et dernières souhaiterait travailler davantage (tableau 3).

Animaux de compagnie

Mixtes

Animaux de production

Équidés

Part temps partiel

Temps partiel voulu

Part temps partiel

Temps partiel voulu

Part temps partiel

Temps partiel voulu

Part temps partiel

Temps partiel voulu

2020

27,3 %

86,1 %

16,3 %

92,2 %

21,1 %

100 %

36,6 %

71,4 %

2015

23 %

NI

8 %

NI

6 %

NI

NI

NI

2013

45 %

NI

11,2 %

NI

10,7 %

NI

36,1 %

NI#

Sources : https://www.concours-agro-veto.net/IMG/pdf/20230608_plaket_ipro-veto2020-1an_vf.pdf (2020) [consulté le 4 mars 2024] ; https://web.archive.org/web/20240428071821/https://www.agreenium.fr/sites/default/files/statea_2018_ipro_20180924_esavp_vf.pdf (2015 et 2014) [archivé le 28 avr. 2024, consulté le 5 mars 2025] ; https://chlorofil.fr/fileadmin/user_upload/stats/statea/sup/statea-2016-05-sup.pdf (2013 et 2012) [consulté le 4 mars 2024]

Depuis plus d’une dizaine d’années, dans le contexte actuel de difficultés de recrutement de vétérinaires, notamment dans les territoires ruraux et auprès des animaux de rente, il apparaît que le temps partiel est plus proposé dans les secteurs « animaux de compagnie » et « équidés » que dans les deux autres.

Inégalités de revenus

Les revenus des vétérinaires diffèrent selon le type d’activité exercée. Les vétérinaires « déclarant une activité animaux de rente et mixte animaux de rente ont un revenu déclaré moyen de 21,9 % supérieur à ceux déclarant une activité animaux de compagnie et mixte animaux de compagnie » (Observatoire national démographique de la profession vétérinaire, 2023, p. 62).

Dès leurs premiers emplois, l’écart de salaires entre les femmes et les hommes âgés de moins de 30 ans s’élève à 6,9 %. Dans les générations suivantes, les écarts sont plus importants puisqu’ils s’élèvent à 17,8 % entre 30 et 39 ans, 15,6 % entre 40 et 49 ans et 15,2 % entre 50 et 59 ans (graphique 2).

Voir texte.

Source : Observatoire national démographique de la profession vétérinaire, 2023, p. 69

Comme ces revenus ne sont pas calculés par équivalent temps plein, nous pourrions penser que ces écarts de salaires sont liés au fait que les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler à temps partiel. Toutefois, en examinant le graphique 3, nous constatons que, quel que soit le type d’activité, les revenus des femmes sont inférieurs à ceux de leurs confrères.

Voir texte.

Source : Observatoire national démographique de la profession vétérinaire, 2023, p. 70

Une analyse économétrique menée en 2021, en France, auprès de 250 vétérinaires urbains et ruraux salariés et salariées de cliniques montre, à expérience et responsabilités égales, un écart de salaire de 9,3 % en défaveur des femmes (Berrada et al., 2022).

Les écarts de salaires entre les femmes et les hommes vétérinaires sont corrélés, au Royaume-Uni et aux États-Unis (Jacques, 2023), à plusieurs facteurs. Ils augmentent avec l’expérience professionnelle et sont liés au statut parental (même avec un équivalent temps plein des deux parents), notamment après l’arrivée du deuxième enfant (Georges-Kot, 2020). Toutefois, ils n’existent que pour les parents de genres différents (soit un père et une mère), et non dans les couples parentaux composés de deux femmes (Nix et Andresen, 2019 ; Rosenbaum, 2019). Ceci confirme la persistance de l’« effet du gagneur de pain » qui signifie que les pères sont encore considérés comme les pourvoyeurs majeurs des ressources des familles. Les hommes mariés et les pères de famille gagnent plus que les hommes célibataires et sans enfant (Angelov et al., 2016 ; Schurer et al., 2016).

D’après Megan De Linde Leonard et Tom Stanley (2015), les pères apparaissent aux yeux de leurs employeurs et employeuses comme plus stables, dignes de confiance et engagés dans leur travail. À l’inverse, les mères sont considérées comme des salariées sur lesquelles il est difficile de compter entièrement (Bays, 2017).

Enfin, selon M. Slove (2022), les femmes seraient convaincues souvent elles-mêmes de ne pas mériter une augmentation de salaire, du fait qu’elles ont l’impression de ne pas se donner complètement à leur travail.

Les écarts de revenus entre les femmes et les hommes exerçant en libéral sont encore plus marqués. Tous âges confondus, les femmes perçoivent 30,8 % de moins que leurs confrères, sans correction sur le volume horaire travaillé, puisqu’aucun Atlas démographique de la profession vétérinaire ne fournit cette précision. Toutes les tranches d’âge sont touchées par cet écart qui oscille entre 28,3 % chez les 50‑59 ans et 39,9 % chez les 30‑39 ans (graphique 4). Qui plus est, quelle que soit la modalité d’exercice (collaboration libérale, exercice individuel ou exercice libéral associé), les femmes ont des revenus moindres que leurs confrères ; l’écart le plus important est situé dans l’exercice en association (graphique 5).

Voir texte.

Source : Observatoire national démographique de la profession vétérinaire, 2023, p. 63

Voir texte.

Source : Observatoire national démographique de la profession vétérinaire, 2023, p. 64

Le graphique 6 montre que, quelle que soit l’espèce traitée, on constate des revenus moindres pour les femmes ; l’écart le plus important est situé dans les activités auprès des équidés et « mixte équidés » et l’écart le moins élevé dans les activités « animaux de rente » et « mixte animaux de rente » qui sont d’ailleurs les plus rémunératrices. Les écarts de revenus entre les femmes et les hommes ne sont donc pas seulement imputables à une quotité de travail à priori plus faible chez les femmes. Sinon, comment expliquer des revenus plus élevés des femmes dans les activités « animaux de rente » et « mixte animaux de rente » ? Une recherche sur les écarts de revenus entre les femmes et les hommes exerçant en libéral nous permettrait de mieux les comprendre.

Voir texte.

Source : Observatoire national démographique de la profession vétérinaire, 2023, p. 63

Inégalités liées à la santé physique et mentale

La santé psychologique et physique des vétérinaires en France a été peu étudiée jusqu’à maintenant, contrairement à celle des médecins, infirmières… alors que de nombreux suicides et burn-out sont comptés au sein de la profession. Les vétérinaires peuvent être confrontés et confrontées à des risques psychosociaux tels que l’intensité de la charge de travail, un conflit entre leur vie professionnelle et leur vie privée, les tensions entre collègues, la pression financière pour les vétérinaires en exercice libéral, la charge émotionnelle (liée à la souffrance animale, à la tristesse des propriétaires en cas d’euthanasie), les urgences et les imprévus, la peur de l’erreur, la crainte d’un accident du travail et la perte de sens24.

À la suite de la demande du Conseil national de l’Ordre des vétérinaires et de l’association Vétos-Entraide, Didier Truchot (2022) a mené une étude sur les vétérinaires de différents lieux d’exercice, types d’exercice, statuts et localisations géographiques. Les résultats de cette enquête montrent que les vétérinaires ont un taux d’épuisement professionnel une fois et demie supérieur à celui de la population générale, notamment pour ceux et celles qui sont salariés et qui exercent en milieu urbain. Le taux de suicide est aussi plus élevé que dans les autres professions.

D. Truchot (2022) met également en évidence que les femmes sont plus touchées que leurs confrères par l’épuisement professionnel, car elles doivent faire face à des pressions psychosociales diverses, notamment à du sexisme de la part de leurs employeurs et des clients et clientes qui ne reconnaissent pas toujours leurs compétences et leur fiabilité. Qui plus est, elles sont davantage touchées par les incivilités des clients et des clientes (deux tiers d’entre elles contre un tiers de leurs confrères)25. En plus de leur activité professionnelle, elles assument plus de tâches domestiques que leurs confrères, ce qui les amène à avoir moins d’énergie pour répondre aux exigences professionnelles. Les femmes ont, de ce fait, des scores identiques d’épuisement professionnel, quelle que soit leur situation conjugale, contrairement aux hommes qui, en couple, ont des scores inférieurs à ceux qui vivent seuls. La vie en couple n’apporte donc pas de bénéfice aux femmes. Du reste, elles sont plus atteintes de troubles somatiques tels que des maux de tête, douleurs, nausées qui sont associés à l’épuisement professionnel. Enfin, elles sont plus nombreuses à faire des tentatives de suicide (5,3 % vs 3,3 % pour les hommes) [Truchot, 2022].

Ces résultats ne sont pas propres à la France. Une enquête sur les vétérinaires en Europe26 indique qu’un quart des professionnels et professionnelles s’est absenté pendant plus de deux semaines en raison d’une dépression, d’un épuisement ou d’une fatigue professionnelle au cours des trois dernières années. Par ailleurs, une étude états-unienne montrait, déjà en 2019, que le suicide des femmes vétérinaires était plus fréquent que celui de leurs confrères en raison de leur plus grande empathie envers leurs clientes propriétaires de chiens et de chats gravement malades (Tomasi et al., 2019).

Discriminations

Les discriminations au travail dans la population vétérinaire ont été peu étudiées en France, contrairement au Royaume-Uni, à l’Australie et aux États-Unis. Une étude27 auprès de 75 vétérinaires au Royaume-Uni a mis en évidence que les femmes sont régulièrement confrontées au sexisme de la part de leurs collègues, employeurs et clients et clientes (Knights et Clarke, 2019).

Recrutement

Pilar Girvan (2019) montre, à travers son enquête au Royaume-Uni, que, lors des entretiens de recrutement, les femmes sont régulièrement questionnées sur leur parentalité actuelle ou potentielle, ce qui n’est pas le cas des hommes. Selon Margaux Pensuet (2024), les entreprises vétérinaires, souvent de petites et moyennes structures, redoutent, dans un contexte de difficultés de recrutement et de remplacement, de devoir gérer des absences liées à une grossesse (rendez-vous médicaux, grossesse pathologique, incapacité physique de s’occuper des grands animaux, risques professionnels en radiologie ou infectieux…) puis à un congé maternité. Les obstacles ne semblent pas insurmontables puisqu’Alicia Barral (2019) montre que, pour certaines femmes, lors de leurs grossesses, des réaménagements de postes sont envisagés comme une diminution de la pratique rurale au profit d’une pratique canine.

D’après M. Pensuet (2024), le manque de candidats et de candidates en milieu rural ne permet pas une discrimination à l’embauche des femmes de la part des employeurs et employeuses. Toutefois, avec un même profil, les hommes candidats ont plus de chances d’être recrutés. La discrimination à l’embauche est donc plutôt en sourdine, mais n’est pas éradiquée.

Comme le préconise Marianne Jacques (2023), il serait nécessaire de comparer les durées d’absence des femmes et des hommes vétérinaires au cours de leur carrière professionnelle pour diverses raisons de santé et d’accidents (de voiture, de moto, liés à une pratique sportive…) afin de déterminer si les absences des femmes sont plus nombreuses que celles des hommes. En effet, si on estime que les femmes ont en moyenne deux enfants, leur temps d’absence pour leurs grossesses et congés maternité n’est pas si important sur quarante années de vie professionnelle.

Sexisme

L’enquête de David Knights et Caroline Clarke (2019) a révélé un sexisme très important de la part des clients et des clientes, exigeant souvent un vétérinaire masculin ou insistant pour obtenir un deuxième avis d’un homme vétérinaire. Ces demandes sont rarement contestées par les employeurs et employeuses car, d’après les chercheurs et chercheuses, ils et elles sont inconscients des conséquences de ces demandes auprès des femmes vétérinaires et ils et elles ne souhaitent pas contrarier leur clientèle.

Juliette Saux (2023) rapporte, dans son enquête, qu’un cinquième des salariés et salariées en pratique canine a perçu au cours de sa carrière une attitude sexiste chez son employeur ou employeuse, notamment entre un employeur et une salariée. En revanche, très peu de vétérinaires ont signalé une attitude ou des propos sexistes de la part de leurs collègues. Ces résultats sont à prendre toutefois avec précaution, selon J. Saux (2023), car certaines personnes ne remarquent pas forcément ces propos et attitudes.

Les résultats de l’enquête menée par M. Pensuet (2024) auprès de vétérinaires exerçant avec les animaux de rente ou en exercice mixte mettent en évidence que les femmes sont actuellement bien accueillies dans les cliniques, ce qui était moins le cas pour les générations antérieures. Des femmes ayant plus de 20 ans d’expérience ont rapporté avoir subi des comportements misogynes de la part de leurs collègues masculins, employeurs et salariés, et dans certains cercles vétérinaires comme le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires. A. Barral (2019) a mentionné néanmoins des témoignages de jeunes vétérinaires déplorant des attitudes paternalistes.

Des situations de sexisme hostile28 envers les femmes de la part des éleveurs et éleveuses sont mentionnées par les deux tiers des femmes interrogées par M. Pensuet (2024). Les plus expérimentées ont relaté des situations de harcèlement, d’attouchements et d’agressions sexuelles de la part d’éleveurs. Actuellement, les femmes déclarent être victimes de la « drague » de certains éleveurs chez lesquels elles ne veulent plus se rendre (Pensuet, 2024).

La plupart des femmes ont connu, au moins une fois dans leur carrière, une situation où des éleveurs et éleveuses ont douté de leurs capacités en obstétrique. Des éleveurs et éleveuses exigent encore des hommes en raison de leur force physique pour les manipulations obstétricales. Des femmes d’éleveurs et des éleveuses considèrent également que les femmes vétérinaires sont moins capables que leurs confrères de pratiquer un vêlage (Pensuet, 2024). A. Barral (2019) a relevé également des relations conflictuelles entre des femmes vétérinaires et des éleveuses ou femmes d’éleveurs, car ces dernières évoluent dans un environnement misogyne où elles jouent un rôle secondaire au sein de l’exploitation, ce qui les empêche d’accepter que des femmes vétérinaires puissent accéder au premier plan. Elle a néanmoins recueilli des témoignages sur des femmes d’éleveurs ou éleveuses qui sont admiratives et contentes d’avoir des relations avec des femmes vétérinaires.

En revanche, des éleveurs et éleveuses préfèrent souvent les femmes pour les travaux d’obstétrique sur les brebis et les chèvres, du fait qu’elles ont de plus petits bras et avant-bras en moyenne que les hommes. Dans ce type d’élevage, ce sont les hommes qui sont discriminés (Pensuet, 2024).

Des femmes et des hommes mentionnent des comportements de sexisme masqué et subtil29 tels que des plaisanteries à connotation sexuelle ou un humour sexiste. Par ailleurs, certains éleveurs affirment que les femmes vétérinaires ont besoin de leur aide pour exercer leur profession. À travers ces propos, ils leur signifient qu’elles sont donc moins capables que leurs homologues masculins et ainsi dévalorisent le travail et les compétences des femmes vétérinaires.

Des vétérinaires ont relaté également du sexisme ambivalent30. Certains éleveurs préfèrent les femmes vétérinaires pour leurs qualités estimées comme féminines telles que leur empathie et leur attention au bien-être animal (Pensuet, 2024 ; Verger, 2019). Ce sexisme paraissant bienveillant dérange peu les femmes parce qu’elles n’ont pas conscience que ces compliments concourent à la persistance de la complémentarité des compétences entre les femmes et les hommes et donc à la division genrée du travail.

M. Pensuet (2024) a constaté, lors de ses entretiens, que la majorité des vétérinaires femmes et hommes n’avaient pas toujours conscience d’attitudes et de propos sexistes et que c’est quand elle leur a demandé de lui faire part de potentielles situations de sexisme qu’ils et elles avaient vécues ou auxquelles ils et elles avaient assisté qu’ils et elles s’étaient rendu compte de certains propos ou situations sexistes. Cette difficulté à repérer le sexisme est liée au fait que les représentations stéréotypées des femmes et des hommes et leurs rôles sociaux sont encore très prégnants dans la société.

D. Knights et C. Clarke (2019) ont relevé que les femmes ne souhaitent apparemment pas remettre en question les hiérarchies de genre et la culture masculine au travail. Cette chercheuse et ce chercheur suggèrent que les écoles vétérinaires proposent des cours sur les discriminations au travail pour que les étudiants et les étudiantes puissent les reconnaître et les dénoncer s’ils et elles y sont confrontés dans leur vie professionnelle.

Des études spécifiques sur le sexisme dans la profession vétérinaire en France permettraient de mieux le caractériser car, d’après le Collectif vétérinaire féministe, il est bien présent. C’est la raison pour laquelle il a créé un site Paye ta chatte31 sur les réseaux sociaux pour permettre de dénoncer des propos sexistes de collègues, d’employeurs et de clients et clientes.