Ce livre est le récit, et donc l’histoire, d’une démarche de recherche scientifique menée entre 2013 et 2020 dans le collège de Montreux-Château, en Territoire de Belfort, un département situé dans l’est de la France. Cette recherche a été non seulement menée dans ce collège, mais surtout avec des collégiens et enseignants, et a porté sur une question soulevée par les collégiens eux-mêmes.
Notre ouvrage est constitué de deux parties. La première s’attache à présenter la démarche même de recherche scientifique menée ainsi que les transformations qu’une telle démarche a produites chez ses acteurs. Cette démarche, dite participative, a en effet demandé la collaboration de divers acteurs, relevant de divers statuts. Claire, en tant que médiatrice, est celle qui a invité les autres acteurs à prendre part à la démarche. Deux enseignants du collège de Montreux-Château sont les premiers à s’investir. Ce sont eux qui sollicitent les élèves du collège concerné, parvenant à constituer un groupe de collégiens — que nous qualifions de co-chercheurs — souhaitant s’investir dans la démarche. Pendant un an, médiatrice, enseignants et collégiens travaillent à l’élaboration d’une question de recherche, qui se formule ainsi : comment se forment les groupes d’amis au collège ? C’est le récit de cette première année qu’effectue Claire dans le chapitre premier de cet ouvrage. Pour rester fidèle à l’idée de récit, nous avons fait le choix de le rédiger à la première personne du singulier. Claire étant l’autrice de ce chapitre, c’est son expérience de la démarche qui y prime. Elle y relate donc les prémices du projet de recherche, indépendamment de Gaëlle qui n’en avait alors pas connaissance. C’est suite à cette première phase que Gaëlle, en tant que chercheure, intègre la démarche, sur sollicitation de Claire. Le chapitre deux de notre ouvrage, situant la question des collégiens co-chercheurs dans le cadre conceptuel des amitiés au collège, replace scientifiquement l’objet de cette question dans le cadre des travaux de recherche, d’une part, précédemment menés par Gaëlle et, d’autre part, actuellement menés, à l’international. C’est donc l’expérience de Gaëlle en tant que chercheure, et avant qu’elle intègre la démarche présentée dans cet ouvrage, qui est mise en avant ici. Écrit à la première personne du singulier, c’est cette fois l’expérience et le récit de Gaëlle dont il s’agit indépendamment de Claire qui n’avait alors pas connaissance de cette expérence de recherche. À partir du chapitre trois, étant désormais toutes les deux présentes dans le projet, nous rédigeons à la première personne du pluriel. Nous adoptons alors cette forme de rédaction jusqu’à la fin de notre ouvrage. Ce chapitre trois, présentant la co-construction de la recherche menée, raconte le déroulement de la recherche participative avec l’ensemble de ses acteurs : médiatrice, enseignants, collégiens co-chercheurs, chercheure. Nous y présentons notamment une phase de recherche exploratoire qui a conduit à l’élaboration de la méthodologie de recherche qui sera décrite dans la deuxième partie de l’ouvrage. Le chapitre quatre, le dernier de cette première partie du livre, présente les transformations produites par la démarche même, tant chez les collégiens co-chercheurs que chez les enseignants participant à la démarche, mais également au niveau même de l’établissement scolaire accueillant la démarche que chez la chercheure et la médiatrice que nous sommes.
La seconde partie de notre ouvrage s’attache à exposer, d’une part, notre méthodologie de recherche co-construite au cours de la démarche de recherche participative et, d’autre part, les résultats issus de l’analyse des données récoltées au moyen de cette méthodologie, analyse réalisée par Gaëlle. Dans le chapitre cinq, nous décrivons ainsi notre méthodologie de recherche : les deux outils de collecte de données, l’échantillonnage, les modalités de passation de ces deux outils et les méthodologies d’analyse des données récoltées. Dans le chapitre six, nous présentons notre analyse des données récoltées au moyen de notre premier outil co-construit : les dessins d’arbres d’amitiés effectués par 42 collégiens rencontrés, dans le collège ayant accueilli la démarche même, présentée dans la première partie de notre ouvrage, et dans un autre collège, situé toujours en milieu rural, mais en Meuse cette fois. Dans le chapitre sept enfin, nous exposons notre analyse des données récoltées au moyen de notre second outil co-construit : les entretiens semi-directifs de recherche menés auprès de ces mêmes 42 collégiens.
La posture de ce livre est donc de raconter une histoire, une aventure, celle d’une recherche co-construite par des collégiens, des enseignants, une chercheure académique et une médiatrice. Il s’agit ainsi de raconter à la fois la connaissance produite et les chemins que nous avons pris pour la construire, de raconter ce qui s’est passé sur ces chemins, ce qui a été produit à chaque pas. Notre récit, au fil des années, s’inscrit ainsi dans une approche « historique ». Il s’agit d’un récit dans lequel sont intentionnellement entremêlés les « ingrédients » académiques (méthodes, résultats), le contexte dans lequel ils ont été réalisés et une réflexion épistémique sur la façon de faire de la recherche. Nous espérons que vous prendrez plaisir à lire le récit de cette aventure de recherche, comme nous avons eu plaisir à la vivre.