Ce chapitre consiste en la présentation et la description des arbres d’amitiés, ou dessins, réalisés par les 42 collégiens entretenus. Il consiste également en une ébauche d’analyse de ces dessins et en une présentation d’éléments de réflexion, voire de résultats, qui en émanent. En effet, les développements effectués dans ce chapitre sont surtout descriptifs, l’analyse menée nous ayant notamment montré à quel point il était épineux d’interpréter de tels dessins sans en avoir une explication par leurs auteurs. Ainsi, si nous avons pu réaliser une description de ces dessins, leur compréhension voire leur interprétation n’ont été, par contre, possibles qu’à l’écoute des éléments d’explications énoncées par les auteurs des dessins lors de leurs entretiens et apparaissant donc dans les transcriptions de ces entretiens. Dans ce chapitre, nous nous contentons donc de successivement décrire les arbres d’amitiés et d’en ébaucher une analyse, à l’aide toutefois des extraits des transcriptions d’entretiens dans lesquels les collégiens entretenus expliquent leurs dessins. Une analyse plus poussée de certains arbres d’amitiés se poursuit alors dans le chapitre suivant de cet ouvrage, lorsque nous effectuons l’analyse thématique de contenu des entretiens récoltés, les arbres d’amitiés et les discours des collégiens entretenus se révélant complémentaires (voir. Infra, « Chapitre 7 — Parler de ses amitiés, les présenter, les expliquer : analyse thématique de contenu des entretiens et poursuite de l’analyse des arbres d’amitiés »).
C’est au moyen du repérage de cinq éléments que nous menons cette description des arbres d’amitiés récoltés : l’orientation de la feuille sur laquelle est effectué le dessin ; la forme du dessin ; la place occupée par le dessin sur la feuille ; les couleurs utilisées pour le dessin ; le nombre d’individus dessinés.
28 des 42 arbres d’amitiés récoltés sont effectués dans l’orientation paysage (horizontalité) de la feuille utilisée et 14 sont effectués dans l’orientation portrait (verticalité) de cette feuille.
Parmi les 28 arbres d’amitiés effectués horizontalement, les effectifs des collégiens dessinateurs, en fonction de leur lieu de scolarisation, classe et sexe, se distribuent ainsi :
Effectifs | Totaux | ||
Lieu | Montreux-Château | 13 | 28 |
Vaubécourt | 15 | ||
Classe | 6e | 12 | 28 |
3e | 16 | ||
Sexe | Fille | 18 | 28 |
Garçon | 10 |
Parmi les 14 arbres d’amitiés effectués verticalement, les effectifs des collégiens dessinateurs, en fonction de leur lieu de scolarisation, classe et sexe, se distribuent ainsi :
Effectifs | Totaux | ||
Lieu | Montreux-Château | 6 | 14 |
Vaubécourt | 8 | ||
Classe | 6e | 7 | 14 |
3e | 7 | ||
Sexe | Fille | 6 | 14 |
Garçon | 8 |
Il apparait donc que les collégiens sont plus nombreux à dessiner leur arbre d’amitiés dans l’orientation paysage de la feuille utilisée que dans l’orientation portrait. Il apparait également que les filles sont plus nombreuses que les garçons à dessiner ainsi leur arbre d’amitiés.
Massivement, les arbres d’amitiés occupent toute la feuille utilisée et leur place y est centrale. En ce qui concerne la forme des dessins, nous repérons cinq types de représentation des arbres d’amitiés :
Les arbres ;
Les listes ou groupes ;
Les cartes mentales (ou mindmaps) ;
Les bonhommes ;
Un graphique. Nous indiquons ce type de représentation au singulier, car un seul dessin en relève.
Pour trois des 42 dessins récoltés, afin de faire preuve d’une certaine finesse d’analyse, nous décidons de ne pas les contraindre à entrer dans l’une ou l’autre de ces cinq types de représentations. Ainsi, deux dessins se trouvent répertoriés dans deux types de représentation et un troisième dessin dans trois types de représentation. Donc, alors que nous avons en main 42 dessins, nous en catégorisons 46.
Le premier type de représentation apparaissant dans notre analyse de la forme des dessins, car le plus souvent effectué, est celui de l’arbre : il s’agit de 15 de ces 42 dessins. Parmi ces 15 dessins, une partie représente un arbre relevant de la flore : 10 dessins sur 15 ; l’autre partie représente un arbre relevant de la généalogie : 5 dessins sur 15. Dans les arbres généalogiques, nous catégorisons les dessins dont ni la forme ni la ou les couleurs utilisées ne rappellent un arbre flore.
Les dix collégiens entretenus ayant représenté leur arbre d’amitiés selon un arbre flore, en fonction de leur lieu de scolarisation, classe et sexe, se répartissent ainsi :
Effectifs | Totaux | ||
Lieu | Montreux-Château | 7 | 10 |
Vaubécourt | 3 | ||
Classe | 6e | 8 | 10 |
3e | 2 | ||
Sexe | Fille | 8 | 10 |
Garçon | 2 |
Ce sont donc plutôt les collégiens en classe de sixième, les filles et ceux scolarisés à Montreux-Château qui choisissent de représenter en arbre flore leur arbre d’amitiés. Parmi ces arbres, voici les dessins de deux filles en classe de sixième, l’une à Montreux-Château, l’autre à Vaubécourt :
Notons que l’arbre d’amitiés de Cavalière est également répertorié dans deux autres types de représentation, ceux des bonhommes et des cartes mentales. Notons en outre que l’arbre d’amitiés d’Emma est aussi répertorié dans un autre type de représentation, celui des listes ou groupes.
Les cinq collégiens entretenus ayant représenté leur arbre d’amitiés selon un arbre généalogique, en fonction de leur lieu de scolarisation, classe et sexe, se répartissent ainsi :
Effectifs | Totaux | ||
Lieu | Montreux-Château | 3 | 5 |
Vaubécourt | 2 | ||
Classe | 6e | 2 | 5 |
3e | 3 | ||
Sexe | Fille | 2 | 5 |
Garçon | 3 |
Si, tout compte fait, les collégiens ayant représenté leur arbre d’amitiés selon un arbre généalogique sont peu nombreux, leur répartition est plutôt équilibrée entre leur lieu de scolarisation, classe et sexe.
Le deuxième type de représentation apparaissant dans notre analyse de la forme des dessins, car le deuxième le plus souvent effectué, est celui des listes ou groupes : il s’agit de 14 des 42 dessins récoltés. Ces arbres d’amitiés consistent alors en la simple rédaction de listes ou de groupes de prénoms. Les 14 collégiens entretenus ayant représenté leur arbre d’amitié selon des listes ou groupes, en fonction de leurs lieux de scolarisation, classe et sexe, se répartissent ainsi :
Effectifs | Totaux | ||
Lieu | Montreux-Château | 3 | 14 |
Vaubécourt | 11 | ||
Classe | 6e | 4 | 14 |
3e | 10 | ||
Sexe | Fille | 9 | 14 |
Garçon | 5 |
Notons que les quatre collégiens en classe de sixième sont tous scolarisés à Vaubécourt. Toutefois, ce sont plutôt les collégiens en classe de troisième, les filles et ceux scolarisés à Vaubécourt qui choisissent de représenter leur arbre d’amitiés en listes ou groupes.
Le troisième type de représentation apparaissant dans notre analyse de la forme des dessins, car le troisième le plus souvent effectué, est celui des cartes mentales. Nous catégorisons ici les dessins sur lesquels l’auteur du dessin, d’une part, s’est mentionné (soit par un « moi », soit par son prénom ou pseudo) et, d’autre part, initie le dessin en partant de lui-même pour, ensuite, mentionner les prénoms de ses amis ainsi que les liens de proximité (donc d’amitié, voire d’inimitié) avec eux et entre eux. Il s’agit de 11 des 42 arbres d’amitiés récoltés. Les 11 collégiens entretenus ayant ainsi représenté leur arbre d’amitiés se répartissent ainsi, en fonction de leur lieu de scolarisation, classe et sexe :
Effectifs | Totaux | ||
Lieu | Montreux-Château | 7 | 11 |
Vaubécourt | 4 | ||
Classe | 6e | 3 | 11 |
3e | 8 | ||
Sexe | Fille | 8 | 11 |
Garçon | 3 |
Notons que l’un des arbres d’amitiés répertoriés ici, celui d’Alex, une fille en classe de sixième à Montreux-Château, est aussi répertorié dans un autre type de représentation, celui des bonhommes. Voici cet arbre :
Ce sont toutefois plutôt les collégiens en classe de troisième, mais également les filles et ceux scolarisés à Montreux-Château qui choisissent de représenter leur arbre d’amitiés telle une carte mentale.
Le quatrième type de représentation apparaissant dans notre analyse de la forme des dessins, car le quatrième le plus souvent effectué, est celui des bonhommes. Comme son nom l’indique, nous catégorisons ici les dessins dont leurs auteurs figurent chacun de leurs amis par la représentation d’un bonhomme. Il s’agit de cinq des 42 arbres d’amitiés récoltés. Les cinq collégiens entretenus ayant ainsi représenté leur arbre d’amitiés se répartissent ainsi, en fonction de leur lieu de scolarisation, classe et sexe :
Effectifs | Totaux | ||
Lieu | Montreux-Château | 2 | 5 |
Vaubécourt | 3 | ||
Classe | 6e | 5 | 5 |
3e | 0 | ||
Sexe | Fille | 3 | 5 |
Garçon | 2 |
Les seuls cinq collégiens entretenus représentant ainsi leur arbre d’amitiés sont donc en classe de sixième, ce qui représente un quart de l’ensemble des collégiens de classe de sixième6 entretenus.
Enfin, nous évoquons ici la particularité d’un arbre d’amitiés. Il est effectué par Dark, un garçon en classe de sixième à Montreux-Château. Cet arbre est le seul des 42 dessins récoltés à utiliser le graphique comme représentation :
Pour rappel, 42 collégiens ont effectué les arbres d’amitiés récoltés. 19 des collégiens sont scolarisés à Montreux-Châteaux et 23 à Vaubécourt, 19 sont en classe de sixième et 23 en classe de troisième, 24 sont des filles et 18 sont des garçons. Ainsi, pour chacune de ces trois caractéristiques (lieu de scolarisation, classe et sexe) des collégiens rencontrés, nous n’avons pas un échantillon équilibré. En gardant donc en tête cette remarque, nous mentionnons prudemment que les arbres d’amitiés réalisés par les filles semblent se démarquer. En effet, nous percevons que les filles scolarisées :
à Montreux-Château tendent à élaborer des arbres flore si elles sont en classe de sixième et des cartes mentales si elles sont en classe de troisième ;
à Vaubécourt et en classe de troisième tendent à élaborer des listes ou groupes.
De même, les collégiens en classe de sixième semblent se démarquer : qu’ils soient scolarisés à Montreux-Château ou à Vaubécourt, filles ou garçons, ils tendent à réaliser des bonhommes, alors que les collégiens en classe de troisième n’en élaborent aucun.
Enfin, il est à noter que les collégiens en classe de sixième effectuent plus souvent que les ceux en classe de troisième des dessins figuratifs (arbres flore et bonhommes). Deux pistes d’interprétation peuvent être avancées : soit les collégiens en classe de sixième restent collés à la consigne (dessiner un « arbre d’amitiés ») et ainsi s’y conforment, entravant ainsi une certaine inventivité ; soit, au regard de leurs âges et développements, leurs dessins relèvent encore, et plutôt, de dessins enfantins.
Pour le dessin de leur arbre d’amitiés lors de notre rencontre, une boite de 18 feutres de couleurs est mise à la disposition des collégiens. C’est au moyen d’une couleur au moins — le fait de 18 collégiens — et de dix couleurs au plus — le fait d’un seul collégien — que les dessins sont réalisés. Sur ces deux extrêmes, voici comment se répartissent les collégiens dessinateurs, en fonction de leur lieu de scolarisation, classe et sexe :
Nombre de collégiens ayant dessiné avec 1 couleur | Totaux | Nombre de collégiens ayant dessiné avec 10 couleurs | Totaux | ||
Lieu | Montreux-Château | 8 | 18 | 0 | 1 |
Vaubécourt | 10 | 1 | |||
Classe | 6e | 7 | 18 | 0 | 1 |
3e | 11 | 1 | |||
Sexe | Fille | 11 | 18 | 0 | 1 |
Garçon | 7 | 1 |
Il est à noter que, parmi les 11 collégiens en classe de troisième ayant effectué leur arbre d’amitiés au moyen d’une seule couleur, sept sont des filles. Les dessins d’une seule couleur sont donc plutôt faits par des filles, élèves en classe de troisième. Enfin, le seul collégien ayant dessiné son arbre d’amitiés au moyen de dix couleurs est Azog, un garçon en classe de troisième à Monteux-Château. Voici son dessin :
En outre, les dessins sont principalement effectués avec des couleurs dérivées du rouge, telles que les couleurs fuchsia, violette, marron. Les autres couleurs viennent compléter ou préciser le dessin. Sont alors ainsi dessinés les sous-groupes d’amis, les lieux de rencontre, des particularités d’amis, etc. Il est à noter qu’aucun dessin ne contient les couleurs grise ou noire, pourtant disponibles dans la boite de 18 feutres mise à la disposition des collégiens.
Enfin, si tous les dessins figuratifs sont réalisés au moyen de plusieurs couleurs, les arbres généalogiques et les listes ou groupes sont ceux les plus nombreux à être élaborés au moyen d’une seule couleur.
Les dessins les plus simples, tels que les arbres généalogiques et les listes ou groupes, semblent donc ceux effectués avec le moins de couleurs, ceux les plus élaborés tels que les arbres flore, les cartes mentales, les bonhommes ou le graphique, étant plutôt réalisés avec au moins deux couleurs.
Les dessins représentent entre trois individus — il s’agit de l’arbre d’amitiés de France, une fille en classe de troisième à Vaubécourt — et 33 — il s’agit de l’arbre d’amitiés de Lou, une fille en classe de sixième toujours à Vaubécourt. Voici ces deux arbres d’amitiés :
Enfin, il est à noter que le nombre d’individus représentés sur les arbres d’amitiés n’est pas proportionnel à l’âge des dessinateurs : en effet, les collégiens en classe de troisième ne représentent pas plus d’individus sur leurs arbres que ceux en classe de sixième.
S’achève ici notre description des arbres d’amitiés réalisés par les 42 collégiens rencontrés, description effectuée au moyen de l’étude successive de l’orientation de la feuille utilisée pour le dessin de l’arbre d’amitiés, de la forme du dessin, de sa place occupée sur la feuille, des couleurs utilisées et du nombre d’individus représentés. Nous proposons à présent un début d’analyse de ces arbres d’amitiés et, plus particulièrement, des liens représentés dans ces arbres.
Il s’agit, dans ce point, de relever deux éléments d’analyse sur les liens représentés dans les arbres d’amitiés présupposant les liens entre les collégiens auteurs des dessins et ceux qu’ils représentent. Afin de relever ces deux éléments, il nous a été toutefois nécessaire de nous reporter aux transcriptions des entretiens effectués avec les collégiens rencontrés.
Le premier élément d’analyse que nous repérons est le fait que, massivement, les dessins figurent des élèves dont les collégiens dessinateurs se sentent en proximité et attachement. Les dessins représentent, en outre, de diverses façons, les degrés de proximité et d’attachement ressenti à l’égard des élèves nommés ou représentés.
Il apparait ainsi que plus le collégien dessinateur se sent proche des élèves mentionnés ou représentés, plus il les positionne à proximité de ses propres mention ou représentation sur le dessin. Ceci est la première manière dont les collégiens dessinateurs représentent ces liens de proximité et d’attachement. Les arbres d’amitiés de Jade (une fille en classe de troisième à Vaubécourt), de Mimi (une fille en classe de troisième à Montreux-Château) et de Martin (un garçon en classe de troisième à Montreux-Château) illustrent cette première possibilité :
L’arbre d’amitiés de Jade est notamment constitué de trois cercles concentriques. Au centre de son arbre d’amitiés, Jade positionne un « moi » et plus les cercles s’éloignent d’elle, plus ils contiennent les prénoms d’amis avec lesquelles elle mentionne une moindre proximité. Mimi, quant à elle, débute son dessin par le bas et la mention des deux prénoms en rouge : le sien et celui de sa meilleure amie, Clara. Elle place ainsi, quant à elle, le prénom de cette meilleure amie à côté du sien, à droite :
Martin débute également son arbre d’amitiés par le bas et la mention du « moi ». Il continue son dessin en remontant, tel un arbre se développant et grandissant. Ses plus proches amis sont ceux dont les prénoms se situent le plus proche du « moi » sur le dessin :
De son côté, Allan (un garçon en classe sixième à Vaubécourt) débute son arbre d’amitiés en se dessinant lui-même : le premier personnage en haut à gauche sur la feuille. Puis il place à ses côtés Benjamin, son ami le plus proche, et continue ainsi son dessin :
Il est à noter qu’Allan ne poursuit pas la représentation en bonhommes de ses amis par manque de temps, un entretien l’attendant à l’issue de la réalisation de ce dessin alors qu’une heure maximum de rencontre était programmée pour chaque élève entretenu. Pendant cette heure maximum, le dessin devait être réalisé et l’entretien mené. C’est donc l’intervention (bienveillante) de Gaëlle qui stoppe Allan dans son dessin et le contraint à achever ainsi son arbre d’amitiés.
La seconde manière dont les collégiens dessinateurs représentent les liens de proximité et d’attachement avec les collégiens mentionnés ou figurés sur leur arbre d’amitiés consiste à positionner l’ami le plus proche comme point de départ de leur arbre, à l’image des arbres d’amitiés d’Eva (une fille en classe de troisième à Vaubécourt) et d’Iron Man (un autre garçon en classe de sixième à Vaubécourt). Ainsi, sur son dessin, Eva mentionne en premier le prénom de sa meilleure amie (Sophie), l’arbre d’amitiés se déploie ensuite à partir du prénom de cette amie :
Dans son dessin, Iron Man fait le choix de classer ses amis par listes. Le premier prénom qu’il indique dans la première liste (« liste n° 1 »), en haut à gauche, est celui de son plus proche ami, Louis. Il poursuit son arbre d’amitiés en complétant sa première liste, puis il passe à la deuxième, etc.
Enfin, mentionnons qu’un seul collégien rencontré dessine également, et clairement, ses « ennemis ». Il s’agit de Dark (un garçon en classe de sixième à Montreux-Château), dont nous avons précédemment évoqué le dessin pour la particularité de la forme de son arbre, un graphique. L’arbre d’amitiés de Dark mentionne deux ennemis, dessinés en rouge. Ils sont positionnés loin de lui, représenté par le « moi » à gauche sur le dessin. Les bâtons constitutifs de ce graphique indiquent en outre l’intensité des proximité et attachement ressentie par Dark : plus le bâton est haut, plus l’intensité est grande, tant du côté des amis que de celui des ennemis (ce dessin semblerait donc représenter que ce soit pour lui-même que Dark indiquerait ressentir le plus d’amitié et d’intensité dans cette amitié) :
Le second élément d’analyse que nous repérons est le fait que, exclusivement à Vaubécourt, six arbres d’amitiés sur les 23 élaborés par les collégiens rencontrés sur ce territoire illustrent des sous-groupes d’amis côtoyés dans divers lieux et diverses activités (l’école primaire, le collège, l’Union nationale du sport scolaire [UNSS], les clubs sportifs notamment). Ces arbres sont justement construits autour de ces sous-groupes d’amis, lieux et activités, à l’image des arbres d’amitiés d’Eva (une fille en classe de troisième), d’Iron Man (un garçon en classe de sixième) et de Lou (une fille en classe de sixième), déjà évoqués et reportés plus haut dans ce chapitre (voir. Supra), à l’image également des arbres de Gaston (un garçon en classe de troisième), de Léa (une fille en classe de sixième) et de Théo (un garçon en classe de troisième) :
À Montreux-Château, de tels arbres d’amitiés ne sont pas réalisés par les 19 collégiens rencontrés.
Concernant Vaubécourt et le collège situé dans la commune, établissement rural particulièrement isolé1, comme nous le mentionnons plus tôt dans cet ouvrage il est intéressant de souligner que sont organisées des rencontres sportives inter-écoles (sorte d’Olympiades) en école élémentaire. Au-delà des enjeux de pratique sportive et de santé que revêtent, par exemple, de telles rencontres, nous pouvons aussi penser qu’elles sont un moyen de faire en sorte que les enfants se rencontrent au-delà de ces divers lieux et activités : les rencontres sportives inter-écoles permettent ainsi aux enfants scolarisés dans diverses écoles de se rencontrer et préparent également ces enfants (en termes de socialisation et sociabilité) à leur entrée dans le collège de secteur, celui justement situé à Vaubécourt. Nous pensons donc que ces arbres d’amitiés sont susceptibles d’être notamment influencés par le territoire, plus étendu à Vaubécourt qu’à Montreux-Château : les kilomètres entre les villages sont plus nombreux, les moyens de se déplacer d’un village à un autre plus réduits surtout lorsque l’on est collégien. Les sphères de rencontre de ces collégiens ne se recoupent donc pas nécessairement, créant ainsi, surtout à Vaubécourt, des lieux de socialisation bien distincts les uns des autres, que les collégiens soient en classe de sixième ou de troisième, filles ou garçons. En outre, nous soulignons que nos présentes constatations donnent une valeur toute particulière, nous semble-t-il, à cet outil imaginé par les collégiens-commanditaires eux-mêmes. En effet, il est intéressant que cette interprétation — à savoir que les lieux de socialisation en milieu rural isolé (ici à Vaubécourt) participeraient à structurer les relations amicales — soit issue de la passation de l’outil conçu par les collégiens-commanditaires et de l’ébauche de l’analyse des arbres recueillis, constations et interprétation qui ne seraient pas nécessairement avancées à partir de la passation et de l’analyse des seuls entretiens. Cela donne ainsi, nous semble-t-il, une valeur et un sens tout particulier à la co-construction, avec les collégiens-commanditaires, de notre méthodologie de recherche.
Ce chapitre nous a permis, d’une part, de décrire les arbres d’amitiés récoltés et, d’autre part, d’en ébaucher une analyse en mettant en exergue deux éléments saillants sur la façon dont les collégiens dessinateurs rencontrés figurent, dans leur dessin, les liens tissés avec les amis mentionnés. Le premier de ces éléments est que les dessins figurent des élèves dont les collégiens dessinateurs se sentent en proximité et attachement et représentent les degrés de proximité et d’attachement ressentis à l’égard des élèves nommés ou représentés. Le second de ces éléments souligne la particularité de certains arbres d’amitiés produits exclusivement à Vaubécourt, territoire plus isolé et vaste que celui de Montreux-Château : les arbres illustrent des sous-groupes d’amis côtoyés dans divers lieux et au cours de diverses activités.
Cette ébauche d’analyse appelle bien sûr un approfondissement que l’analyse des entretiens récoltés permettra de mener. Ainsi, comme la méthodologie co-construite l’envisageait, la consigne à l’origine de la réalisation des 42 arbres d’amitiés récoltés introduit tout à fait la passation des entretiens effectués auprès des collégiens rencontrés.