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Couverture de Les Grands Hôtels à l’épreuve du temps (Jean El Gammal, Édul, 2024) Show/hide cover

Introduction

On se réfère souvent à l’expression « Belle Époque ». Même si les critères peuvent varier, son début est fréquemment situé entre 1896 et 1900, pour des raisons surtout économiques, qui valent dans une certaine mesure pour la fréquentation des grands hôtels. De lus, elle a surtout pour origine la France – où l’expression est apparue bien plus tardivement, à titre rétrospectif1, tout en étant utilisée à propos de nombreux pays ou en trouvant des équivalents dans d’autres langues, au titre d’une avant-guerre souvent présentée comme insouciante et/ou fastueuse, pour les plus aisés du moins. Pour notre sujet, cette période correspond à un plus grand effort de formation2, une volonté de modernisation des hôtels3 et surtout à une vague de constructions sans précédent d’établissements prestigieux. Certains d’entre eux existent encore, à commencer par le Negresco de Nice. On s’efforcera de rendre compte de cette « floraison », avant d’en examiner les caractères architecturaux et l’inscription dans les sites et les décors d’un tourisme alors principalement hivernal, puis de faire écho à des évocations littéraires, parfois décalées quelques années après la fin du premier conflit mondial.

  1. 1 Voir Kalifa Dominique, La véritable histoire de la « Belle Époque », Paris, Fayard, 2017, qui aborde de nombreux thèmes, mais ne traite guère des grands hôtels.
  2. 2 Parmi les établissements qui s’y consacrent, figure depuis 1893 l’Ecole hôtelière de Lausanne, à l’initiative du directeur du Beau-Rivage : voir Gindraux Philippe, L’art et la manière- L’Ecole hôtelière de Lausanne, Lausanne, Payot, 1993 et le documentaire cité de Troquereau Florence.
  3. 3 Voir Bertho Lavenir Catherine, La roue et le stylo, Paris, Odile Jacob, 1999, chapitre 9, « Réformer l’hôtellerie », p. 217-239, qui souligne les efforts du Touring Club de France. Les grands hôtels ne sont pas les plus concernés.