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Couverture de Les Grands Hôtels à l’épreuve du temps (Jean El Gammal, Édul, 2024) Show/hide cover

Une vague de grande ampleur

Disons-le d’emblée, la typologie est à peu près la même que pour les décennies précédentes : grandes villes, lieux de villégiature, stations de montagne, établissements coloniaux sont les lieux privilégiés des grands hôtels de la période. Il reste qu’en moins de vingt ans, il en apparaît plus qu’en plus d’un demi-siècle, près de cent selon notre liste dont la moitié en France, 17 en Italie, 11 aux États-Unis et 9 en Suisse, pour citer les principaux pays, au moins en termes quantitatifs. La place de la France s’explique pour une part par la percée de la Riviera, entre Menton et Cannes, qui inclut Monaco.

Figure 1. Eugène Trutat, photographie du Grand Hôtel d'Orient, Menton, avril 1899 (source : Gallica, domaine public)

Photographie en noir et blanc du Grand Hôtel d'Orient à Menton. Au premier plan, le jardin de l'hôtel ; la façade en arrière-plan.

La Riviera

Ce terme, assimilé le plus souvent à la Côte d’Azur, connaît une fortune accrue à partir de cette époque, à tel point qu’alors ou par la suite, il est utilisé pour bien d’autres rivages1. Si nombre d’hôtels sont apparus à compter des années 1880, nous l’avons vu, la « grande poussée hôtelière » comprise entre 1895 et 19142 est associée notamment à l’inauguration ou aux transformations d’établissements fameux. Citons l’Impérial (1913) et les Îles britanniques à Menton3. À Monaco, après l’Hermitage en 18964, viennent les transformations de l’Hôtel de Paris en 1908-1910, sous la direction d’Édouard Niermans5. Le Riviera Palace est créé à Beausoleil en 19036. Le Bristol ouvre à Beaulieu7 en 1898 – son restaurant est inauguré par Edouard VII en 19048 – et le Grand Hôtel du Cap de Saint-Jean Cap Ferrat, l’un des fleurons de l’hôtellerie azuréenne, en 1908.

Nice attire aussi de nombreux clients fortunés. D’une certaine manière, le Régina – ou Excelsior Hôtel Régina –, appelé ainsi en l’honneur de la reine Victoria, qui y séjourna à la fin de sa vie, ouvre la période en 1896. Cet édifice imposant est dû à un important architecte niçois, Sébastien-Marcel Biasini. Bien d’autres palaces ouvrent dans la préfecture des Alpes-Maritimes. Le Negresco, construit par Édouard Jean Niermans, « maître ès palaces »9, pour l’ancien maître d’hôtel et restaurateur roumain Henri Negrescu, dont l’inauguration qui fit grand bruit en 1913, offre entre autres caractéristiques, un niveau de modernité assez exceptionnel10. La liste des grands établissements niçois est longue, avec le Riviera Palace, le Winter Palace11, l’Impérial, l’Alhambra – dû à Jules Sioly – et le Majestic12 de Cimiez, en 1897, 1900, 1901 1902 et 1908, l’Hermitage du Parc Carabacel, l’Atlantic, l’hôtel du Rhin (actuel Boscolo Exedra) et le Ruhl en 1913, construit comme le précédent par Charles Dalmas, architecte particulièrement actif à Nice13 – sur l’emplacement de l’Hôtel des Anglais, détruit peu auparavant.

À Cannes où, nous l’avons vu, des établissements de prestige ont déjà été édifiés depuis les années 1850-1860, le mouvement se poursuit. Le Gallia Palace date de 1899, et certains des palaces actuels, comme le Majestic en 1911, encore que l’histoire de cet hôtel soit assez complexe, et le Carlton – également bâti par Charles Dalmas14 à l’initiative d’Henri Ruhl – en 1911-1913, précèdent de peu la guerre, comme bien des établissements apparus pendant la période.

Figure 2. Agence Rol, Hôtel Carlton de Cannes, photographie de presse, 1922 (Source : Gallica, domaine public)

Photographie en noir et blanc de l'Hôtel Carlton de Cannes, prise depuis la plage. En premier plan, la plage et des bains chauds, puis une foule qui marche sur le bord de mer. L'hôtel est en arrière-plan.

Dans le prolongement de la Riviera, on peut aussi mentionner l’hôtel Beauvallon, près de Saint-Raphaël, en 1911, et, à Hyères, après le réaménagement du Grand Hôtel des Palmes en 1902, le Grand Hôtel Saint-Salvadour, en 1903 et le Golf Hotel, en 190515.

Autour des « Ritz » et des grands établissements métropolitains

Sous ce titre, en raison des dates d’apparition des principaux hôtels qui portent le nom du célèbre hôtelier suisse, on regroupera des établissements marqués par sa forte personnalité, puis la notoriété de son nom – avec, nous l’avons dit au sujet du Savoy, la collaboration du fameux chef Auguste Escoffier, dans bien des cas – et de grands hôtels inscrits dans le cadre de nombre de centres urbains de la Belle Époque.

Figure 3. Philéas Gilbert, Le Livre des menus : complément indispensable du Guide culinaire d'Auguste Escoffier, avec la collaboration de MM. Philéas Gilbert et Emile Fétu, E. Grevin-Imprimerie de Lagny, 1912, p. 108 (source : Gallica, domaine public)

Page du Livre des menus présentant les menus du du Carlton Hotel, avec trois exemples de menus.

La carrière de César Ritz s’est déroulée dans plusieurs établissements, à partir de 1867 à Paris, puis – pour l’essentiel – en Suisse, à Monte-Carlo, à Cannes, à Baden-Baden, à Londres, où, nous l’avons vu, il reprend un temps le Savoy, avant d’en être évincé, et au Grand Hôtel de Rome16. L’histoire de « l’hôtel de Monsieur Ritz » commence avec l’inauguration du palace de la place Vendôme, le 1er juin 189817. Elle se déploie ensuite dans la durée, voire à l’échelle du mythe, comme en témoigne un passage du Piéton de Paris de Léon-Paul Fargue, publié au milieu des années 1930 :

Tout comme les premiers directeurs du Grand Hôtel, M. Ritz, lorsqu’il lança son établissement, révolutionna l’industrie hôtelière européenne. C’était en effet la première fois, depuis qu’il y a des hommes qui ne couchent pas chez eux, que chaque appartement fut pourvu d’une salle de bains. Au premier abord, le Ritz est un palais tranquille dont le cérémonial n’est troublé que par des erreurs de couverts ou des chutes de fourchettes. De grandes dames, dont la fortune assurerait l’aisance de plusieurs générations, y boivent un thé précieux avec une distinction de fantômes. No man’s land presque bouddhique où les maîtres d’hôtel glissent, pareils aux prêtres perfectionnés d’une religion tout à fait supérieure.18

Lors de la première décennie du 20e siècle, ont suivi les Ritz de Londres (1905), de Madrid (1908), auxquels il faut ajouter, en 1910, le Ritz-Carlton de New-York19. César Ritz a dirigé également – il s’agit d’une revanche, dès 1899, après son éviction du Savoy – le Carlton de Londres, où, surmené depuis des années, il a d’ailleurs connu un grave accident de santé, dont il ne remit jamais vraiment, à l’annonce du report du couronnement d’Édouard VII, en juin 190220.

Ces établissements, extrêmement luxueux selon les critères de l’époque, ne sont pas isolés, notamment à Londres et à Paris. Dans la capitale française, les inaugurations sont nombreuses dans le secteur de l’hôtellerie de prestige. Citons l’Elysée Palace en 189921, Le Regina et l’hôtel du Palais d’Orsay en 190022, le Carlton et le Crillon en 190923, le Lotti et le Lutetia en 191024, le Plaza-Athénée25 et le plus modeste Terrass, près du cimetière Montmartre, en 191126. Cette même année, le guide Baedeker propose une liste d’hôtels « de tout premier ordre », en mettant au premier rang les hôtels de luxe, qui comporte les noms suivants : Bristol-Rhin (place Vendôme), Ritz, Meurice, Crillon, Astoria, Majestic Vendôme, Mirabeau, Westminster, Elysée Palace, Athénée (rue Scribe), Continental, Regina27, Grand Hôtel28, Chatham, Mercedes29, Langham.

Si le faste est moins marqué que dans la capitale dans la plupart des grandes villes françaises, sauf au Trianon Palace de Versailles (1910), des hôtels inspirés par ce modèle apparaissent à la même époque, par exemple à Lyon avec le Château Perrache (1905) et le Royal (1912), à Montpellier avec le Métropole (1898) ou à Toulouse avec le Grand Hôtel et Tivollier(1901).

Il est à noter que le premier Guide Michelin, en 1900, sans attribuer de statut particulier au confort et au luxe des hôtels – c’est le montant des frais de séjour qui conduit à distinguer trois catégories-, mentionne un certain nombre d’établissements appelés « grands hôtels », dont ceux de Cabourg et de Cannes, ainsi que celui des Bains à Besançon, le Central de Bordeaux, le Lac de Gérardmer, le Grand Hôtel de Marseille et de Noailles, le Parc des Salies-de Béarn, et les Bains de Salins-les-Bains. D’autres établissements sont appelés simplement « Grand Hôtel », par exemple à Deauville, Elbeuf, Lyon, Menton et Nancy30.

Plusieurs pays européens retiennent l’attention, pour ce qui a trait à ces grands hôtels urbains. À Londres, après le Savoy – le bâtiment du futur hôtel Connaught apparaît en 189731, de même que le Berkeley32, tandis que le Russell date de 1898. Un plus petit hôtel de luxe, le Goring, qui demeure de nos jours l’un des conservatoires des traditions hôtelières britanniques, ouvre ses portes en 1910. En Écosse, de grands établissements apparaissent à Edimbourg, le North British (futur Balmoral) en 1902 et le Caledonian l’année suivante.

Dans l’empire allemand, le fameux Hôtel Adlon de Berlin, sous sa première forme, est inauguré par Guillaume II en 190733. Créé par un ancien ébéniste ayant fait fortune dans la restauration, Lorenz Adlon, il bénéficie de bien des manières du soutien de l’empereur, qui incite ses hôtes de marque à séjourner dans le plus luxueux établissement du pays et y organise la réception de mariage de sa fille Victoria Louise en 191334. À Hambourg, où les lignes transatlantiques et les activités commerciales se développent, l’Atlantic ouvre en 1909.

En Belgique et en Hollande, on ne trouve guère de nouveautés de cette ampleur pendant la période. Signalons que, notamment dans les cas de La Haye et de Rotterdam, des maisons anciennes où sont installés des hôtels sont mentionnées par le Guide Baedeker, comme l’Hôtel des Deux-Villes à La Haye ou le Brack’s Doelen Hôtel à Rotterdam35.

Dans l’Europe méditerranéenne, quelques grands établissements illustrent cette période. En Italie36, l’Excelsior de Rome est inauguré en 1906, le Grand Hotel Savoia de Gênes l’a été en 1897 et le Grand Hotel Majestic de Bologne l’est en 1912. En Espagne, outre le Ritz de Madrid, est à signaler le Palace de la même ville.

En Europe centrale et orientale, L’Autriche-Hongrie voit se diversifier l’implantation de ses établissements prestigieux37. Le Gresham Palace de Budapest est créé en 1906 ; l’Excelsior Palace de Trieste date de 1912 et l’Imperial Palace de Prague de l’année suivante. Quant au Grandhotel Pupp, déjà cité, il connaît une importante transformation avec la construction d’une imposante façade néo-baroque en 1907. L’Hotel Moskva de Belgrade a été inauguré par Pierre Ier de Serbie en 190838. Plus à l’Est, le Bristol de Varsovie a ouvert ses portes en 1901. L’un des derniers grands hôtels construits dans cette partie de l’Europe est, en 1914, l’Athénée Palace de Bucarest39.

L’empire russe, durant la Belle Époque, a vu apparaître, essentiellement dans sa partie européenne, de grands établissements. On compte parmi eux le National et le Métropole de Moscou, respectivement en 1903 et 1907, et l’Astoria de Saint-Petersbourg en 1912.

En dehors de l’Europe, si l’on peut citer le Nara Hotel dans la ville du même nom, au Japon40, ce sont avant tout les États-Unis qui connaissent une vague de constructions dans les grandes villes, avec, après le Willard de Washington en 1901, de célèbres adresses new-yorkaises, dont une, Le Martinique date de 1900. En 1903, le gigantesque Ansonia fait son apparition. Le Pierre ouvre ses portes en 1904, année où les hôtels Waldorf (1893) et Astoria (1897) sont réunis après que des querelles au sein de la famille Astor ont été aplanies41. Le Plaza est rebâti – il est trois fois plus haut que le bâtiment précédent et apparaît comme « une sorte de château monté en graine »42. Il connaît un nouveau départ en 190743. Le Biltmore est inauguré en 1910.

Outre la plus grande ville des États-Unis, en 1904, signalons le Saint Francis de San Francisco et le Bellevue-Stratford de Philadelphie. En 1906, peu avant un tremblement de terre dévastateur, c’est le Fairmont qui est inauguré à San Francisco44. À Chicago, le Blackstone ouvre en 1910. Deux ans plus tard, à Boston, c’est au tour du Copley Plaza. Comme le Willard de Washington et le Plaza de New York, il a été construit par l’architecte Henry Hardenberg45. La même année, l’un des premiers grands hôtels d’Hollywood46, le Beverly Hills, accueille une clientèle aisée. En Géorgie, à Atlanta, le Georgian Terrace, à l’initiative d’un riche investisseur, Joseph Francis Gatins Sr, influencé par le style de beaux hôtels parisiens, s’inscrit dans le paysage urbain en 191147. Dans la sphère d’influence des États-Unis après la guerre contre l’Espagne de 1898, signalons l’ouverture de l’Hotel Sevilla, longtemps le plus luxueux de La Havane, en 190848.

Par ailleurs, à Victoria, en Colombie-Britannique, c’est près de l’extrémité de la ligne Canadian Pacific que, cette même année 1908, a été inauguré, en hommage à la souveraine disparue en 1901, le spectaculaire hôtel The Empress, dont l’un des hôtes fut Rudyard Kipling49.

La poursuite de l’essor du tourisme de loisir

Sous ce titre, en ne revenant pas sur la Riviera française, on peut reprendre à quelques détails près la typologie des deux chapitres précédents, en abordant les établissements relevant du thermalisme et des bords de lac, les rivages maritimes, la montagne et les grands hôtels de type « colonial ». En l’espace de quelque vingt ans, en effet, ces catégories ont peu évolué en tant que telles, alors même que la vague de construction et d’inaugurations se prolonge, voire s’amplifie. Toutefois, sur un point, l’esquisse d’une évolution se dessine : un établissement de luxe commence à illustrer un tourisme que l’on qualifierait de nos jours de patrimonial – il s’agit de l’Hôtel de la Cité, à Carcassonne, en 1909.

La vie thermale et la fréquentation des lacs correspondent toujours, durant la Belle Époque, à l’un des secteurs principaux de l’hôtellerie de luxe. En Suisse, il peut être implanté dans des villes, comme à Zurich avec l’Eden au Lac en 1909 et à Lugano avec le Grand Hotel Palace en 1900 ou le Bristol en 1903. Le Lucerne Palace apparaît en 1906 et le Lausanne Royal en 1909. Montreux continue à prospérer, avec le Montreux Palace en 1906 et le Beau Rivage Palace en 1908.

Sur l’autre rive du Lac Léman, la principale innovation est l’ouverture du Royal, en 1909, qui demeure jusqu’à nos jours le principal pôle de l’hôtellerie de luxe dans la ville thermale de Haute-Savoie, même si d’autres hôtels prestigieux attiraient une riche clientèle à la Belle Époque, comme le nouveau bâtiment du Splendide, fréquenté par Marcel Proust50. Non loin de Genève, toujours du côté français, on peut aussi signaler l’ouverture du Grand Hôtel de Divonne, dans l’Ain, en 1901. À Annecy, la principale création, celle de l’Imperial Palace, date de 1913, encore qu’il ne s’agisse que d’une ouverture partielle51, tandis que le Palace de Menthon-Saint-Bernard, surplombant le lac, date de 1906. Plus au Sud, en Savoie, Aix-les-Bains continue à être le cadre de l’installation de palaces : les principales créations sont celles, du côté de la famille Rossignoli, de l’Excelsior en 1906 et du Royal en 1914, tandis que le Grand Hôtel Bernascon, du nom de son créateur, et dont l’architecte est Jules Pin, date de 190052.

À l’échelle du thermalisme, un des principaux pôles français est Vichy, où sont ouverts plusieurs palaces, tels les Ambassadeurs, l’International, le Majestic, le Thermal (futur Aletti) et le Carlton53 et où le célèbre hôtelier Joseph Aletti, d’origine suisse, actif aussi dans d’autres villes depuis les années 1890, déploie une grande activité. Mentionnons notamment la rénovation de l’hôtel du Parc (acheté par la mère de Valery Larbaud) en 1905 et l’ouverture du Ruhl en 1913 – la même année que le palace du même nom à Nice – qui, fait très rare avant la guerre, propose 350 chambres et autant de salles de bains54.

Dans les stations des Vosges, de nouveaux hôtels, sans doute moins somptueux, encore que le décor intérieur de certains d’entre eux demeure ou devienne parfois luxueux55, sont apparus, parmi lesquels le Grand Hôtel International de Martigny-les-Bains, construit en 1897-1898, ouvert en 1899, et transformé quelques années plus tard en palace thermal, sous une nouvelle direction, par Édouard Jean Niermans56. À Vittel, mentionnons le Vittel Palace en 1899, et le Nouvel Hôtel, en 1908. La construction du Grand Hôtel, le plus bel établissement de la station, commence dans les années qui précèdent la guerre, sous la direction de l’architecte Georges Walwein57. Non loin, à Contrexéville, alors station très mondaine, sont bâtis le Cosmopolitan en 1904 et le Continental en 1912.

Figure 4. Façade du Grand Hôtel de Vittel, 2023 (photographie de Jean El Gammal, licence CC BY-NC-ND)

Voir texte.

Toujours dans le domaine du thermalisme, il existe aussi de grands hôtels italiens, tel le Salsomaggiore Grand Hotel Terme, en 1901. Il attire nombre des clients des palaces de César Ritz, dans ce village thermal, desservi à partir de la gare de Bologne58. Citons aussi, dans le même style, le Grand Hotel La Pace, à Montecatini, en 190559 et le Grand Hotel Palazzo del Fonte, en 1912. Dans l’empire austro-hongrois, moins étudié que l’Italie, ont lieu l’ouverture en 1896 du Danubius de Marienbad et la transformation d’un grand établissement de Karlsbad, le Grand Hotel Pupp, en 1907.

Par ailleurs, le long des rivages maritimes de plusieurs pays européens, la Riviera n’est pas le seul espace où des établissements de luxe sont ouverts. Tout d’abord, en France, dans des conditions climatiques différentes, de grands hôtels, à l’initiative d’Eugène Cornuché, le fondateur de Maxim’s à Paris, s’ouvrent à Deauville, le principal nouveau pôle – avec Trouville60 et Cabourg – du tourisme de luxe, avec le Normandy en 1912 et le Royal en 191361. À La Baule, le Royal apparaît en 1902.

Sur la Côte basque, à l’hôtel du Palais, reconstruit somptueusement par Édouard Jean Niermans après un incendie en 190362, s’ajoutent notamment le Regina et du Golf en 1906 et le Carlton à Biarritz en 1910, ainsi que le Golf Hôtel, le Grand Hôtel et le Madison (moins luxueux et récemment rénové) de Saint-Jean-de-Luz en 1908, 1909 et 1911. À Hendaye, le vaste Eskualduna ouvre ses portes en 1911. Ces établissements accueillent une clientèle fortunée63.

En Italie, les créations « maritimes »64 sont relativement dispersées, mais ne tardent pas à accéder à la notoriété. À Venise – tout au moins son Lido, il s’agit du Grand Hôtel des Bains, dont il sera question plus loin à propos de Mort à Venise, puis du Grand Hotel Excelsior en 1907. Plus au sud, le Grand Hotel de Rimini – célébré bien plus tard par Federico Fellini – ouvre en 1908. Sur la côte ligure, l’un des plus célèbres établissements, est le Splendido de Portofino, qui date de 1901, suivi par l’Imperial Palace de Santa Margherita Ligure. Non loin se trouve le Grand Hotel Bristol de Rapallo, depuis 1901. En Sicile, la Villa Igeia de Palerme, à partir de 1899, est l’un des hôtels qui, avec le Grand Hôtel et des Palmes65 transformé en 1907, caractérise le mieux cette époque – jusqu’à nos jours, avec le San Domenico Palace de Taormina, qui a ouvert ses portes en 1896. En Espagne, le tourisme littoral de luxe est alors limité, mais l’hôtel Maria Cristina de San Sebastian accueille ses clients à partir de 1912.

Le grand tourisme hôtelier des régions de montagne est encore caractérisé par la domination suisse, à travers des établissements à la réputation bien établie et aussi grâce aux multiples ouvertures d’avant 1914. On peut mentionner le Waldhaus de Vulpera en 1897, le Palace de Caux en 1902, le Parkhotel de Vitznau et, près de Lucerne66, à Obbürgen, le Bürgenstock, desservi par un funiculaire, en 190367. Le Grand Hôtel de Château d’Oex a ouvert l’année suivante, le Walther de Pontresina en 1907, le Waldhaus de Sils-Maria en 1909. Le Grand Hotel Reuteler68 est inauguré en 1910 à Gstaad, et, dans la même station, le Bellevue en 1912 et le Gstaad Palace en 1913. Trois établissements de luxe au moins ont été implantés à Saint-Moritz, le Grand Hotel Brunnen en 1905, le Suvretta House en 1912 et le Carlton en 1913. Le dernier de la longue série « Belle Époque » en Suisse, si l’on peut dire, est le Grand Hôtel du Golf, à Crans Montana, en 1914. Aucun pays dans le monde ne compte alors autant de célèbres grands hôtels de montagne. Toutefois, on note l’ouverture en 1901 du célèbre Grand Hotel Cristallo, à Cortina d’Ampezzo69, encore en territoire austro-hongrois avant la guerre. En dehors de l’Europe, le Stanley Hotel d’Esders Park, dans le Colorado, date de 190970.

Hors d’Europe, au titre du tourisme balnéaire, on peut citer, en Floride, The Breakers, en 1901, fréquenté quelques années plus tard par Henry James. Dans les empires coloniaux ou les pays influencés par telle ou telle puissance occidentale71, plusieurs villes ou centres touristiques voient s’accroître les invitations au voyage ou du moins au séjour. En Afrique du Nord, le Tunisia Palace, le Grand Hôtel de France, le Grand Hôtel Excelsior et le Majestic ouvrent à Tunis, respectivement en 1902, 1903, 1905 et 191272, tandis que le Saint-George est réaménagé en 1912 à Alger.

Le tourisme de luxe continue à se développer en Egypte. L’Old Cataract ouvre à Assouan en 1902. Winston Churchill était présent à son inauguration et l’établissement, célèbre pour sa vue sur le Nil et le paysage environnant, exerce une durable fascination sur de nombreuses personnalités73. Le Winter Palace à Louxor date de 1907 et l’Heliopolis Palace de 191074. En Afrique du Sud, l’hôtel Mount Nelson du Cap date de 189975.

En Asie, outre l’American Colony de Jerusalem, devenu un hôtel associant exotisme, calme et hospitalité en 1902, il faut signaler des établissements en Inde et en Extrême-Orient, tels – à l’initiative de l’industriel Tata – le Taj Mahal Hotel de Bombay en 1903, The Strand à Yangon, en Birmanie, en 1909, le Metropole d’Hanoi en 1901 et le Shanghaï Palace en 1906.

Ce tour d’horizon fait apparaître la variété dans l’implantation des hôtels de luxe, même si, durant la Belle Époque, l’Europe et les États-Unis demeurent les principaux foyers. Pendant les années qui précèdent la guerre, la vogue des palaces76 s’est amplifiée, à l’usage d’une clientèle et dans des cadres bien particuliers. Les voyages de figures de la haute société peuvent du reste, selon une tradition dont les origines sont plus anciennes, mais que rend plus commode la présence de nombreux établissements de luxe, effectuer des « tours » incluant des journées passées dans de grands hôtels77. Il reste qu’en dehors des grandes villes78, on ne dispose pas aussi aisément de données chiffrées que d’éléments géographiques et descriptifs. Notons néanmoins qu’en 1913, dans la station normande du Tréport, il existait un écart de 1 à 10 entre le coût d’un séjour dans des chambres meublées (60 f. par mois) et celui ayant pour cadre un hôtel de luxe79.

  • 1Gay Jean-Christophe, « La Côte d’Azur, jalon majeur de l’histoire de l’histoire du tourisme », in Coëffé Vincent (dir.), Le tourisme-De nouvelles manières d’habiter le monde, Paris, Ellipses, 2017, p. 95-107 (au total, l’auteur compte une trentaine de « Rivieras » jusqu’à nos jours) et Bousenna Youness, « Côte d’Azur », Le Monde, art. cité. Le Syndicat d’initiative de Nice devint en 1902 le syndicat d’initiative de la Côte d’Azur.
  • 2Boyer Marc, L’invention de la Côte d’Azur-l’hiver dans le Midi, op. cit., p. 219-224. Dans une autre perspective, Litschgy Émile dans La vie des palaces- Hôtels de séjour d’autrefois, Spéracèdes, TAC Motifs, 1997, p. 43-48, notamment mais pas seulement sur la Riviera. Le chapitre sur la Belle Époque du livre cité de Miles Jonathan, Once upon a Time World, p. 98-155, correspond à la période 1890-1914.
  • 3Menton, une ville de palaces, op. cit.
  • 4Duteurtre Benoît, notice « Palaces » de son récent Dictionnaire amoureux de la Belle Époque et des Années folles, Paris, Plon, 2022, p. 422. Il le considère comme l’un « plus beaux palaces » de la période, notamment avec sa coupole due à Gustave Eiffel.
  • 5Toulier Bernard, Villes d’eaux…, op. cit., p. 127 et 131-132 (photographies).
  • 6 Voir l’étude de Callais Alain, loc. cit.
  • 7 Où un futur grand hôtel, La Réserve, est alors surtout un restaurant de luxe : voir Derai Yves, « Des rois et reines aux princes des affaires », revue Ornicar, n° 1, juin 2022, p. 140-141. La Réserve bénéficie du soutien de l’homme de presse et mécène américain James Gordon Bennett Jr, qui mourut à Beaulieu en mai 1918.
  • 8Toulier Bernard, op. cit., p. 126. Sur l’hôtel Bristol, voir aussi Miles Jonathan, Once upon a Time World, op. cit., p. 136-137.
  • 9Hélène Pierre-André, « Les pierres de l’apparence », in Hôtels et Palaces-Nice…, op. cit., p. 87.
  • 10Schneider Vanessa, « Intrigues au Negresco », M – Le Magazine du Monde, 9 mars 2019, p. 38. Voir aussi l’évocation de l’inauguration due à Venayre Sylvain, dans Boucheron Patrick (dir.), Histoire mondiale de la France, Paris, Seuil, 2018, « 1913-Une promenade pour les Anglais », p. 768-769.
  • 11 Propriété de « richissimes hôteliers polonais » : Kosinski Sophie et Micheletti Éric, op. cit., p. 118).
  • 12 Sur cet immense hôtel, possédé par une famille d’hôteliers suisses, les Emery, voir Thuin-Chaudron Véronique, « L’influence de la Suisse sur la naissance et l’essor de l’hôtellerie niçoise », étude citée. De la même auteure, voir le chapitre intitulé « 1895-1914 : « L’Âge d’or de l’Hôtellerie », in Hôtels et Palaces- Nice Une histoire du tourisme de 1780 à nos jours, op. cit., p. 58-79. Voir aussi les photographies de Jean Gilletta, célèbre dans la région, dans Potron, Jean-Paul, Jean Gilletta et la Côte d’Azur – Paysages et reportages 1870-1930, Nice, Gilletta, 2017, p. 45.
  • 13 Il y a bâti plus de quinze hôtels, dont le Winter Palace, l’Hermitage, le Langham et l’Atlantic. Pierre-André Hélène assure qu’il a été « sans nul doute le génie de l’hôtellerie niçoise » : « Les pierres de l’apparence », loc. cit., p. 86. Voir aussi Steve Michel, Histoire de l’architecture à Nice…, op.cit , p. 189-194 et 202-203.
  • 14 Et Marcelin Mayère : voir Toulier Bernard (dir.), Mille monuments du XXe siècle en France, Paris, Éditions du patrimoine, 1997, p. 338.
  • 15Moncorger Thibault, op. cit., p. 117.
  • 16 Voir notamment Barr Luke, Ritz & Escoffier, op. cit., p. 3-125 et Roulet Claude, Tout sur le Ritz, La Petite Vermillon, 1998, p. 25-50.
  • 17Ibid., respectivement p. 226-230 et p. 67 et suivantes, ainsi qu’escoffier Auguste, Souvenirs culinaires, réédition de 2011, Paris, Mercure de France, p. 115. Une évocation est donnée par Barrière Michèle dans son roman policier, Meurtre au Ritz, Paris, Livre de Poche, 2013, p. 53. Sur la gastronomie au Ritz, voir aussi Rambourg Patrick, Histoire du Paris gastronomique…, op. cit., p. 216-217.
  • 18Le Piéton de Paris, op. cit., p. 198.
  • 19Barr Luke, op. cit., p. 276. Il est suivi par un établissement du même nom à Montréal (1912).
  • 20Ibid.., p. 269-270. César Ritz a de plus dirigé le Grand Hôtel des Thermes de Salsomaggiore : Ibid., p. 253-254.
  • 21 Sur le bâtiment dû à Georges Chedanne, voir Bilas Charles, Architectures Art nouveau-Paris et environs- 100 bâtiments remarquables de la Belle Époque, Paris, Parigramme, 2021, p. 51.
  • 22Lewandowski Hélène, Le Palais d’Orsay-Une autre histoire du XIXe siècle, Paris, Passés composés, 2020.
  • 23 Voir les éloges ultérieurs de Léon-Paul Fargue dans Le Piéton de Paris, op. cit., p. 211. L’écrivain signale aussi le regain du Meurice p. 193-194 et mentionne l’hôtel Scribe p. 222-224.
  • 24 Voir notamment les p. 155-156 du livre cité de Bilas, Charles. Les architectes sont Louis-Charles Boileau et Henri Tauzin.
  • 25Simon François, Hôtel Plaza Athénée Paris : l’adresse couture, Paris, Assouline, 2015.
  • 26 Un des rares hôtels assez luxueux en dehors des beaux quartiers, avec le Paris Lyon Palace, qui date de 1912.
  • 27 Remplaçant le Palais de Castille de l’avenue Kléber, il fut édifié sous la direction de Léonard Tauber, auparavant fondateur du Regina : voir Teissier Alexandre, Le Grand Hôtel, op. cit., p. 211-212. L’architecte des deux hôtels a été Armand Sibien.
  • 28 Dirigé depuis 1898 par Arthur Millon, « parangon du self-made man », responsable du Pavillon Ledoyen. Parmi ses associés, Henry Wiener, Oscar Hauser, propriétaire du Schweizerhof de Lucerne, et Alexandre Emery, du Montreux Palace. Le Grand Hôtel est rénové, principalement au début du siècle : voir Teissier Alexandre, op. cit., notamment p. 197 (citation)-234. Sarah Bernhardt y a été célébrée le 9 décembre 1896, devant quelque cinq cents invités : voir Picon Sophie-Aude, Sarah Bernhardt, op. cit., p. 182-184.
  • 29 Le Mercedes, comme l’Astoria, a été créé à l’initiative d’Emile Jellinek, qui commercialisait les automobiles Daimler à Paris : voir Vajda Joanne, « L’élite voyageuse et la transformation de l’espace urbain parisien, 1855-1937 », dans Duhamel Philippe et Knafou Rémy (dir.), Mondes urbains du tourisme, Paris, Belin, 2007, p. 123-124. Il ne faut pas confondre cet hôtel Mercedes avec celui plus tardif de Pierre Patout, avenue de Wagram).
  • 30 Dans ce dernier cas, il s’agit du Grand Hôtel de la Reine, place Stanislas. L’établissement a ouvert en 1888 et, après un dépôt de bilan en 1901, est repris et agrandi par le restaurateur nancéien Julien Walter : voir Maire-Roy Michaël, Dans les coulisses de l’histoire, s.l., Éditions de l’Alérion, 2022, p. 160-161.
  • 31 Voir le Londres-City Guide Louis Vuitton, Paris, 2018, p. 62 et surtout le site de l’hôtel, qui indique qu’il continua à s’appeler le Coburg, avant d’être renommé en 1917, en hommage à l’un des fils de la reine Victoria, le duc de Connaught and Strathearn : voir www.the-connaught.co.uk.
  • 32 Ouvert alors sous le nom d’hôtel Piccadilly, puis propriété de Richard d’Oyly Carte : Williams Olivia, The Secret Life of the Savoy, op. cit., p. 266 et le site de l’hôtel – transféré en 1972–, www.the-berkeley.co.uk.
  • 33Berlin-City Guide Louis Vuitton, Paris, 2018, p. 66.
  • 34 Voir le documentaire de Meier André, dans la série « Hôtels mythiques » d’Arte, 2020.
  • 35Belgique et Hollande, 1905, p. 334 pour La Haye et p. 379 pour Amsterdam.
  • 36 Voir par exemple le volume Italie septentrionale, 1904.
  • 37 Au sujet de la Double Monarchie, un point peut être fait à l’aide du Guide Baedeker 1911.
  • 38Koval Willy, Accidentaly Wes Anderson, op. cit., p. 208-209.
  • 39Costelian Irène, « À l’Athénée Palace, ambiance Grand Bucarest Hôtel », Libération, 13 août 2018, p. 16-17.
  • 40Guide Vert Michelin Japon, 2023, p. 330.
  • 41Almeida Fabrice d’, Histoire mondiale des riches, op. cit., p. 99-104 : il est question de la très riche famille Astor. Le propriétaire du Waldorf-Astoria au début du siècle, prénommé John Jacob IV, mourut dans le naufrage du Titanic en 1912.
  • 42Cohen Jean-Louis, New York, op. cit., p. 186.
  • 43Satow Julie, The Plaza, op. cit., notamment le chapitre 1, « Parade of millionaires », p. 3-18 (épigraphe de Joan Didion).
  • 44Donzel Catherine et alii, op. cit., p. 35 (étude de Gregory Alexis).
  • 45Guide Vert Michelin Nord-Est américain, 2022, p. 131 (l’hôtel s’appelle présentement le Fairmont Copley Plaza). Sur Hardenberg, voir Satow Julie, op. cit., p. 28-33.
  • 46 Après le Hollywood Hotel, ouvert en 1902.
  • 47Koval Wally, Accidentaly Wes Anderson, op. cit., p. 16-17.
  • 48Ibid., p. 16-17.
  • 49 Voir le Guide Vert Michelin Canada Ouest, 2023, p. 89, qui fait aussi état de la « superbe rénovation » en 2017 de ce fleuron du tourisme de luxe au Canada, présentement appelé The Fairmont Empress.
  • 50Tadié Jean-Yves, Marcel Proust, Paris, Gallimard, 1996, tome 1, p. 569. Dans une réédition du livre de Cattaui Georges, Les amis de Marcel Proust, figure une photographie prise devant l’établissement : « À Évian, hôtel Splendide, vers 1905 » : Paris, L’Herne, 2021. Sur l’ensemble des séjours hôteliers de Proust, voir Viguié-Desplaces, Philippe, « Une suite d’hôtels légendaires », Le Figaro, 30 mars 2021, p. 30.
  • 51 Brochure « Historique-Impérial Palace Annecy », s.d. 2013, non paginé (3-4). Nous remercions la direction de l’établissement de nous avoir communiqué ce document.
  • 52 Voir Aix-les-Bains-ville d’eaux de la Belle Époque, op.cit, p. 22-23 et 27.
  • 53 En 1904, 1909 et 1912 (pour les deux derniers cités) : voir Cousseau Joseph, op. cit., p. 11 et les pages consacrées à ces hôtels.
  • 54Wallon Armand, op. cit., p. 150.
  • 55Bouvet Mireille-Bénédicte, « Régime et gastronomie, pratiques alimentaires et transcription architecturale dans les villes des Vosges du XVIe au XXe siècle », dans Jalabert Laurent et Muller Vianney (dir.), Boire et manger en Lorraine – Antiquité – XXIe siècle, s.l., Edhisto, 2018, notamment p. 129-132.
  • 56Poull Georges, « Le destin calamiteux du Grand Hôtel International de la station thermale de Martigny-les-Bains, 1897-2021 », Le Pays Lorrain, décembre 2021, p. 346-348.
  • 57 L’inauguration a lieu en 1914, mais les travaux se terminent en 1919 : voir la chronologie non paginée du livret du musée du patrimoine et du thermalisme de Vittel.
  • 58Barr Luke, op. cit., p. 254.
  • 59 Le site de l’hôtel rappelle qu’un hôtel modeste, La Pace, date de 1870, les transformations intervenant au début du siècle suivant : voir grandhotellapace.it.
  • 60 Le Trouville-Palace-Hôtel y ouvre en 1910 : voir Moisy, Marie-Françoise dans Grands Hôtels de la Côte Fleurie, op. cit., p. 35-38.
  • 61 Ces hôtels sont évoqués, à titre rétrospectif car l’intrigue est située en 1936, dans un roman de Barrière Michèle, Mort à bord, Paris, Livre de Poche, 2017, p. 27-28. Voir aussi Duteurtre Benoît, op. cit., p. 422 (Le Normandy est qualifié de « plus vaste fausse-chaumière-normande du monde ») et Aublet Yves in Grands Hôtels de la Côte fleurie, op. cit., notamment p. 57-62 et 75-77 pour cette période. Les architectes étaient Théo Petit et Georges Wybo.
  • 62Toulier Bernard (dir.), Mille monuments du XXe siècle en France, op. cit., p. 85 et surtout le long chapitre de Culot Maurice et Mus Charlotte « De la Villa Eugénie à l’Hôtel du Palais », p. 158-251 in Lecat Marie-France et Leniaud Jean-Michel, Biarritz : Eugénie, L’Impératrice architecte, op. cit.
  • 63 Sur ces hôtels, voir Kosinski Sophie et Micheletti Eric, op. cit., p. 58-67 et surtout Castet Bertrand, Palaces basques 1890-1935, s.l., Arteaz, 2022, par exemple p. p. 46-49 pour le Regina et du Golf.
  • 64 Il en est aussi dans la région des Lacs, comme le Grand Hotel Tremezzo en 1910.
  • 65 « Fantôme de la Belle Époque » selon Edwards Andrew & Edwards Suzanne, Ghost of the Belle Epoque – The History of the Grand Hotel et des Palmes, Palermo, London, Tauris Parke, 2020.
  • 66 Où le Palace ouvre ses portes en 1906.
  • 67 Après des travaux, il a fait son retour dans le Guide Michelin Suisse en 2019. Mentionnons aussi deux hôtels de grand confort, le Waldhotel et le Palace. Celui-ci dispose d’une table étoilée, significativement dénommée le Ritzcoffier (voir p. 253-254).
  • 68 Rénové à l’occasion de son centenaire, cet établissement longtemps familial, renommé Park Gstaad en 2016, figure parmi les premiers de la station : voir le Guide Michelin Suisse 2020, p. 171-173.
  • 69 Où, sensiblement à la même époque, un ancien relais de chasse est à l’origine du plus célèbre palace de la station, le Miramonti Majestic.
  • 70 Passant assez rapidement pour hanté aux yeux de certains visiteurs, il fut plus connu encore après la publication de Shining, de Stephen King, en 1977 : voir Cultes !100 lieux mythiques, s.l., Fantrippers, 2022, p. 192-195.
  • 71 Nous n’entrons pas ici dans le détail des situations politiques des aires géographiques concernées.
  • 72Peltre Christine, op. cit., p. 47-49.
  • 73Saint Vincent Bertrand de, « La vie de palace », dans Une certaine désinvolture, Monaco, éditions du Rocher, 2023, p. 61-62 et 64.
  • 74 Situé dans la ville nouvelle créée à proximité du Caire, il est alors « le plus grand établissement d’Afrique et du Moyen-Orient, le plus luxueux », avec « une façade d’inspiration mauresque de cent cinquante mètres de longueur, 400 chambres, plus de 50 appartements privés, des pièces de réception éblouissantes, un jardin de cinq hectares » : Gayffier Anne-Claire de, Histoire de l’Egypte moderne- l’éveil d’une nation XIXe-XXe siècle, Paris, Flammarion, coll. « Champs », 2016, p. 195.
  • 75 Il a attiré bien des clients célèbres, dont Churchill et Agatha Christie : voir la sélection d’hôtels présentée par Battistela Gautier dans Le Figaro Magazine, 22 juillet 2022, p. 60.
  • 76 Qu’Alain Corbin compare à celle des grands paquebots : voir son étude « Du loisir cultivé à la classe de loisir », dans L’avènement des loisirs, op. cit., p. 86.
  • 77 Par exemple, la princesse Joachim Murat, qui loue aussi avec son mari des villas à Deauville, passe quelques jours en 1898 au Grand Hôtel de Rome et au Grand Hôtel de Naples. En 1902, ses vacances la conduisent deux semaines au Grand Hôtel de l’Établissement de Vittel et peu de jours au Grand Hôtel Villa Serbelloni de Bellagio : voir Bravard Alice, La vie mondaine à la Belle Époque, op. cit., p. 177 et 180.
  • 78 Le Grand Hôtel de Paris propose d’ailleurs un original « Plan-Tarif » : voir Teissier Alexandre, op. cit., p. 186-189. L’auteur écrit aussi p. 248 : « À la veille de la Grande Guerre, le Grand Hôtel reste parmi les hôtels de grand standing les moins chers de Paris. » Le prix de base d’une chambre est de 8 francs au Grand Hôtel. Le moins cher est le Régina avec 6 francs ; les plus coûteux, avec 15 francs, sont le Carlton et le Ritz.
  • 79Toulier Bernard, « L’influence des guides touristiques dans la représentation et la construction de l’espace balnéaire (1850-1950), in Chabaud Gilles, Cohen Évelyne, Coquery Natacha et Penez Jérôme (dir.), Les Guides imprimés du XVIe au XXe siècle – Villes, paysages, voyages, Paris, Belin, 2000, p. 269 ; voir aussi une photographie d’une page d’un guide rangeant un hôtel de la falaise du Tréport, le Trianon Hôtel, parmi les établissements de grand luxe. Ses architectes, bien connus, étaient Charles Sarrazin et Henri Sauvage. Il est mentionné dans Tous à la plage ! (étude citée de Delorme Franck, p. 167-169 ; il fut « éphémère »).