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Couverture de Les Grands Hôtels à l’épreuve du temps (Jean El Gammal, Édul, 2024) Show/hide cover

Une modernité conquérante ? (vers 1960-1975)

Introduction

Durant une quinzaine d’années, qui correspond à la moitié des Trente Glorieuses, voire davantage si l’on ne retient pas comme point de départ 1945, le processus de transformation du tourisme s’accélère, de telle manière que le point d’interrogation du titre de ce chapitre vaut surtout pour les grands hôtels. En effet, le dualisme qui amène à distinguer, en forçant quelque peu le trait, vieux palaces et nouveaux grands établissements1, tend à se préciser, mais il ne procède pas d’un schéma téléologique, selon lequel les seconds devraient nécessairement l’emporter sur les premiers. Les palaces demeurent en effet, au-delà des vicissitudes subies par certains d’entre eux2, ancrés dans le paysage du tourisme de luxe, alors que les grands hôtels de chaîne ne sont pas nécessairement reconnus comme conformes à ses exigences. S’ils peuvent sembler trop vastes, il existait déjà des hôtels dotés de très nombreuses chambres à la fin du 19e siècle. C’est surtout qu’ils paraissent trop impersonnels et étrangers, pour certains, au « vrai luxe ». D’autres clients, en revanche, s’accommodent de ce qu’ils ne tiennent pas pour des défauts, mais pour la conjugaison du modernisme et du grand confort. De plus, un service plus simple, voire à leur sens moins obséquieux répond parfois mieux à leurs attentes.

Inflexions et initiatives

À propos des années 1950, il a été peu question des États-Unis, sauf pour relever la création de quelques hôtels Hilton en Europe. Incontestablement, ce mouvement s’amplifie lors de la décennie suivante. Il s’agit aussi, dans bien des cas, d’influences en termes d’architecture et de design.

Revenons tout d’abord sur le SAS Royal de Copenhague, inauguré à la charnière des deux décennies, et souvent considéré comme une des premières grandes illustrations du modernisme d’après-guerre dans le domaine de l’architecture hôtelière. En fait, si Arne Jacobsen apparaît comme une sorte de rénovateur de l’architecture des grands hôtels, la typologie et certains caractères du nouveau grand établissement de la capitale du Danemark empruntent à la Lever House de New York, œuvre de l’agence SOM (Skidmore, Owings and Merrill), qui datait de 1952. Ainsi, le style international commence-t-il à connaître une diffusion, ce qui ne manque pas de s’amplifier avec l’ouverture de nouveaux grands hôtels créés par Conrad Hilton3.

Après ce préambule stylistique et architectural, on peut mentionner diverses ouvertures d’hôtels, durant les années 1960. Certaines, dans la longue durée de l’histoire hôtelière des centres urbains, apparaissent isolées. Ainsi, relève Alain Callais, après la destruction en 1962 du « vieil hôtel Splendid » à Nice, un nouvel établissement est-il « entièrement reconstruit » boulevard Victor Hugo. Il ouvre en 1964, mais c’est le seul hôtel neuf édifié dans la ville depuis cinquante ans et il le reste pendant une dizaine d’années. Il est vrai que durant la décennie suivante – et plus précisément en 1974, le Méridien ouvre sur l’emplacement du Ruhl détruit en 1971, ainsi que le Frantel4. Un autre exemple urbain d’hôtel neuf peut être mentionné : celui du Président de Genève en 1962.

Si quelques nouvelles adresses d’établissements de luxe de taille moyenne sont dues à des hôteliers indépendants5, ce sont surtout les initiatives associées à des marques qui jalonnent l’histoire de la période. Au titre de la chaîne Hilton, certains établissements, ayant parfois changé de nom par la suite, figurent désormais dans le paysage de certaines métropoles : il s’agit notamment du Hilton on Park Lane de Londres et du Cavalieri Hilton de Rome, tous deux en 19636. Deux ans plus tard, ouvrent le Hilton d’Orly et celui de Paris, avenue de Suffren, qui suscita de multiples commentaires7 et peut représenter une concurrence pour des établissements plus traditionnels8.

Toujours dans le paysage métropolitain, d’autres grands établissements illustrent une certaine modernité, comme le Westbury à Bruxelles en 19639. À Londres, le Carlton Tower en 1961, le Inn on the Park en 1970 et l’Inter-Continental en 1975 s’insèrent dans la hiérarchie restée plutôt traditionnelle, dans ses premiers établissements, de la capitale britannique10.

De vastes hôtels, moins luxueux, se situent en quelque sorte à la frontière de l’univers des grands hôtels antérieurs : il s’agit par exemple, à Paris, du Méridien Étoile, édifié à l’initiative d’Air France, et du PLM du boulevard Saint-Jacques, en 1972, et des Sofitel Sèvres, Concorde Lafayette et Sheraton Montparnasse, en 197411.

L’Europe n’est évidemment pas seule concernée. Un des nombreux établissements clinquants portant le nom d’un jeune promoteur ouvre à New York en 1970 : il s’agit du Trump International Hotel and Tower. Par ailleurs, Las Vegas constitue un pôle actif, autour de casinos et d’hôtels, dont, plus tard, Martin Scorsese donne une brillante et violente représentation cinématographique dans « Casino », à travers l’imaginaire « Tangiers »12. À Los Angeles, un immense hôtel très moderne est construit au milieu des années 1970 : le Westin Bonaventure Hotel, qui servit de cadre à de nombreuses séries et dont les ascenseurs vitrés permettent de découvrir, du 35e étage, une vue spectaculaire sur la ville13.

En Asie, le Japon est un foyer de modernisme, avec par exemple à Tokyo, l’Okura en 1962, Le Capitol en 196314, le New Otani Hotel en 1964. L’hôtellerie japonaise commence à essaimer, en quelque sorte, avec l’ouverture de l’hôtel Okura d’Amsterdam en 1971.

Réaménager, réimaginer ?

En l’espace d’une dizaine d’années, la modernité se fait une place dans de nouveaux lieux, en dehors des capitales, qui permettent d’évoquer des perspectives relevant non seulement du design – la société du célèbre Raymond Loewy a réalisé la décoration des hôtels Hilton de Paris et d’Orly15 – mais de l’insertion dans des espaces souvent méditerranéens.

L’Italie, qui connaît une forte croissance économique à partir d’un niveau modeste et développe son tourisme, exerce un attrait tel que nombre d’établissements de différentes catégories sont bâtis16. En ce qui concerne les établissements de luxe ou de grand confort de la nouvelle génération, si l’on peut dire, quelques cas de figure retiennent l’attention17.

Le premier relève de l’architecture et du design méditerranéens mis en œuvre par Gio Ponti, dont l’œuvre avait commencé avant la guerre. Il aménage deux hôtels appelés Parco dei Principi, le premier à Sorrente, l’autre à Rome18.

L’autre, en Sardaigne, procède de la mise en valeur – notamment au sens financier du terme – de la Costa Smeralda, en Sardaigne. Il s’agit de la construction, sensiblement à la même époque, souvent par des architectes étrangers, de grands hôtels-villas, d’un luxe inusité en Méditerranée, du moins à cette époque19. À Porto Cervo, au début des années 60, sont édifiés les hôtels Cala di Volpe, Pitrizza et Romazzino. Le premier d’entre eux est probablement le plus célèbre20. Il se présente comme un :

vaste bâtiment blanc tout en courbes, alcôves et vitraux, imaginé au début des années 1960 par l’architecte français Jacques Couëlle, surnommé l’ « architecte des milliardaires »21

À une échelle plus modeste, un industriel piémontais, le comte Stefano Rivetti, fait construire près de Maratea, en Basilicate, un hôtel, le Santavenere, ouvert en 1957. Il acquiert rapidement une flatteuse réputation auprès d’une clientèle mondaine. Dino Risi y tourna en 1961 un film, A Porte Chiuse, avec Anita Ekberg22.

Quelques années plus tard, c’est en France, avec la construction, à l’initiative du financier libanais Jean-Prosper Gay-Para23 de l’hôtel Byblos24, inauguré pendant trois jours en mai 1967, que la volonté de s’intégrer à un contexte en principe « villageois » (tout est relatif à Saint-Tropez, où les touristes affluent en été), tout en déployant un luxe assez tapageur, s’exprime. On peut citer aussi le Mas d’Artigny, dont la construction est due au fameux architecte Fernand Pouillon, à Saint-Paul de Vence, en 197225.

Les formes et les limites de l’hédonisme

Même s’il faut se garder de considérer les années qui vont de 1960 à 1975 comme une sorte d’âge d’or, y compris pour les grands hôtels, qui éprouvent parfois des difficultés26 ou connaissent des changements de direction27, certaines aspirations s’y manifestent, pour certaines, il est vrai, demeurées traditionnelles, en termes de confort, voire de gastronomie28.

Au sujet de Paris, Henri Gault et Christian Millau ironisent du reste en 1970 sur la mansuétude du Guide Michelin à propos des restaurants des palaces, et ce dans une longue durée :

Notre très respecté confrère le Guide Michelin a toujours avec largesse distribué ses étoiles aux restaurants de palaces. À Monte-Carlo, à Cannes, à Évian, à Paris, le ballet des queues de pie, les plats d’argent, les boiseries dorées et les suprêmes de volaille lui lancent de la poudre aux yeux et gauchissent quelque peu, selon nous, ses stricts jugements gastronomiques.29

De manière plus générale, ces années peuvent trancher avec la période précédente à travers les comportements de certains clients relevant notamment du monde des arts et des spectacles30.

Ce que l’on appelle à présent la jet set trouve toujours des lieux d’élection dans de grands hôtels réputés, tel que le Byblos, avec ses fêtes, comme celle du mariage de Mick Jagger et Bianca Pérez-Mora en mai 197131 et sa discothèque Les Caves du Roy, ou encore, dans le plus discret Pellicano de Porto Ercole, en Italie. Dans les stations de sports d’hiver suisses, l’hédonisme a un certain nombre de représentants célèbres, dont le milliardaire Gunther Sachs32, qui a également contribué au nouvel essor du tourisme de luxe dans l’île de Sylt33.

Dans son livre sur l’Hôtel Plaza de New York– vendu par Conrad Hilton en 1953 et dont la situation, après des années fastes, se dégrade passagèrement au début des années 1970 – Julie Satow évoque l’arrivée des Beatles en 1964 (ils ne créent pas de scandale, alors que le directeur avait hésité à accepter leur réservation34), et, dans un autre style, la fête organisée par Truman Capote, avec le concours de Cecil Beaton – pour célébrer la sortie de De Sang-froid, en 1966, réunit quelque 540 invités35.

Néanmoins, la contestation, dans le même hôtel, n’est pas absente à la fin de la décennie. Son restaurant de prestige, l’Oak Room, était en effet dévolu aux hommes. Un groupe de féministes, conduit par Betty Friedan, avait réservé une table. La direction refusa de les servir, mais, quelques mois plus tard, la présence de femmes fut acceptée dans ce restaurant du Plaza36. Certaines autres formes de contestation durant cette période peuvent trouver leur cadre dans un grand hôtel (comme l’un des « Bed in » de John Lennon et Yoko Ono dans le Hilton d’Amsterdam en mars 1969 pour protester contre la guerre au Vietnam37). Si d’autres musiciens ne cultivent pas vraiment le pacifisme, lorsqu’ils détruisent des chambres d’hôtel, des chanteurs célèbres, plus sagement et lucrativement, se produisent dans de grands hôtels de Las Vegas : c’est le cas d’Elvis Presley à L’International Hotel38.

Les grands hôtels peuvent aussi, au cinéma, servir de cadre à des mises en scènes diverses. À la charnière de la période précédente et des années 1960, une note originale est apportée, moins dans le cadre – le Fontainebleau de Miami – que par le style, avec «  The Bell Boy » («  Le Dingue du Palace » dans la version française) de et avec Jerry Lewis, qui joue deux rôles, celui d’un groom et celui d’une star de cinéma. En Italie, on peut mentionner la comédie romantique de Billy Wilder, « Avanti ! ». Elle date de 1972 et se déroule principalement à Ischia, mais a été tournée en partie au Grand Hotel Excelsior Vittoria de Sorrente39. Parfois, il s’agit à fois d’histoire, de politique et de nostalgie de l’enfance, avec « Amarcord » de Federico Fellini en 1973, dont le Grand Hôtel de Rimini est l’un des pôles principaux.

Plus communément, il est question d’aventures et d’une forme de « modernité », alors souvent en relation avec un machisme certain. Ainsi, de film en film40, James Bond passe-t-il une part de son temps dans des palaces : le Fontainebleau de Miami dans « Goldfinger » (1964), le New Otani de Tokyo dans « On ne vit que deux fois » (1967), le plus ancien Palacio Estoril au Portugal dans « Au service secret de sa majesté » (1969), le Ritz de Londres dans « Les diamants sont éternels » (1971) ou, entre autres lieux, le Peninsula de Hongkong dans l’« Homme au pistolet d’or » en 197441.

Cela dit, les années 1960-1975 ne sont pas uniquement marquées par des scènes tapageuses et les mutations, d’ailleurs ambiguës ou incertaines42, de l’hédonisme. Dans L’Amérique, Joan Didion observe plutôt une certaine continuité dans les comportements des hôtes du Royal Hawaï, par rapport à l’entre-deux-guerres :

Quant aux bouleversements des années 60, ils n’ont guère eu d’effets sur le Royal. Ce que l’endroit reflétait dans les années 30, il continue de le refléter, sous de nouvelles formes moins flamboyantes.

Elle évoque notamment une certaine nonchalance dans la manière de commenter l’actualité, les journaux feuilletés et considérés avec une certaine distance, même lorsqu’est annoncé l’assassinat de Robert Kennedy en 196843.

La fin de la période, sur un autre plan, est marquée aussi par des disparitions. Ainsi, Gabrielle Chanel meurt-elle au Ritz, où elle résidait depuis longtemps, le 10 janvier 1971, « quelques jours à peine avant la présentation de sa nouvelle collection44 ». Il est vrai que certains grands hôtels apparaissent aussi toujours festifs durant la première moitié des années 1970 : c’est le cas lors du festival de Cannes, où le jeune producteur de La Grande Bouffe de Marco Ferreri, Jean-Pierre Rassam, reçoit dans une chambre du Carlton, ce qu’il a fait aussi de manière évidemment plus durable à Paris – pendant plus de deux ans – alors qu’il résidait dans une suite du Plaza Athénée45.

Ces notations, si partielles qu’elles soient, conduisent à relativiser l’idée d’une accélération du rythme propre aux grands hôtels, ou à constater à nouveau les différences, parmi ces établissements, entre ceux qui demeurent voués au repos, voire à l’oisiveté, et ceux qui sont insérés dans des trames urbaines où les rythmes sont plus trépidants. Il faut aussi se garder de ne songer à cette période qu’en termes apaisés ou seulement en fonction d’une consommation de luxe. En effet, il reste encore des conflits meutriers dans le monde et certains hôtels en sont, à quelque distance, des lieux d’observation.46

  • 1 Il arrive que des propriétés historiques soient transformées en hôtels : ainsi, le Chewton Glen de New Milton, devint à partir de 1962 l’un des établissements les plus en vue du sud de l’Angleterre.
  • 2 Certains grands hôtels disparaissent pendant cette période. C’est le cas du Florida de Madrid, qui ne datait que de quarante ans. Il est rasé en 1964 : voir Taillac Mathieu de, Le Figaro, 16-17 juillet 2022, p. 20.
  • 3Namias Olivier, « L’hôtel en projet », dans Hôtel Métropole, op. cit., p. 130 et Cohen Jean-Louis, New York, op. cit., p. 360, qui mentionne l’hôtel Hilton de New York, créé en 1963. Sur le SAS Royal, voir Hordum Tania, « Arne Jacobsen et l’hôtel SAS Royal à Copenhague », 24 novembre 2017, en ligne sur laboutiquedanoise.com, consulté le 3 mai 2020.
  • 4Callais Alain, « 1950-1980 – Les défis du tourisme de masse », dans Hôtels et Palaces-Nice…, op. cit., p. 145-147, 150-151, sur la politique du maire de Nice, Jacques Médecin, en faveur des « chaînes intégrées de grands hôtels modernes haut de gamme ».
  • 5 En 1971, The Capital, à Londres, près de Harrods, ouvre à l’initiative de David Levin. Cet hôtel s’inscrit dans le paysage du tourisme londonien, d’autant qu’il accorde une place importante à la cuisine, alors et par la suite, avec des chefs tels qu’Éric Chavot.
  • 6 Deux ans plus tard, le Cavalieri Hilton est l’un des décors d’un des films français populaires de cette période, « Fantômas se déchaîne », d’André Hunebelle : on y voit notamment Louis de Funès, Jean Marais et Mylène Demongeot.
  • 7 Dans leur Guide Julliard de Paris, publié en 1970, Henri Gault et Christian Millau considèrent qu’il s’agit du« modernisme simulé » (p. 415).
  • 8 Tel le Grand Hôtel, dont la clientèle américaine a diminué. La modernisation n’est effectuée que quelques années plus tard, avec la transformation du jardin d’hiver en patio et l’utilisation de couleurs vives et du plastique – ainsi que l’augmentation du nombre de chambres : voir Le Grand Hôtel, op. cit., p. 321-327. L’établissement passe en 1972, ainsi que le Meurice et le Prince de Galles, sous le contrôle de la Compania italiana dei grandi albergi (CIGA) : voir ibid., p. 334-335.
  • 9Guide Julliard de Bruxelles, Paris, 1965 : l’hôtel, « gratte-ciel de 22 étages, presque tout en verre (…) a belle allure et symbolise parfaitement le dynamisme du nouveau Bruxelles ». L’appréciation est mitigée au sujet de son, de la petitesse et du « style strictement fonctionnel » des chambres, même si « la vue extraordinaire sur Bruxelles fait oublier ces petits défauts » (p. 93).
  • 10 Sous la forme d’un pourcentage, ces trois établissements sont respectivement au sixième rang ex aequo (Carlton Tower, Inter-Continental, 89%) et dixième (Inn on the Park, 86%) de la catégorie « De Luxe » , les cinq premiers, à Londres, étant les Berkeley (93% – il s’agit du bâtiment récent où a été transféré le palace en 1972), Savoy, Connaught, Dorchester et Claridge’s : voir Egon Ronay’s Dunlop Guide 1976, p. 26.
  • 11 Le Concorde Lafayette offre la particularité de compter 750 chambres classées trois étoiles (de tourisme) et 250 quatre étoiles : voir Bony Anne, catalogue cité, p. 105. Sur ce genre d’hôtel au début des années 1970, Namias Olivier, « Tours, luxe et forte capacité », ibid., p.134-137(le Sheraton Montparnasse a été doté par l’architecte Pierre Dufau d’une « robe laiteuse en tôles d’acier embouti et peintes en usine, pratiquement inaltérables » selon lui). Ces hôtels ont changé de nom (et de chaînes) à plusieurs reprises. Le Pullmann Montparnasse (ex-Sheraton) a rouvert en 2022 après quatre ans de travaux.
  • 12 Le film (1995) est situé dans la première moitié des années 1970. Les principaux interprètes sont Robert De Niro, Joe Pesci et Sharon Stone : voir Chanoir Yohann, Las Vegas mise en scènes, Paris, Espaces et signes, 2017, p. 23-25.
  • 13 Voir le Guide vert Los Angeles 2020, p. 21. Une étoile lui est attribuée.
  • 14 Premier établissement de cette catégorie financé au Japon avec des capitaux étrangers : voir le Guide Michelin rouge Tokyo-Yokohama- Shonan de 2012, p. 359.
  • 15 Voir le catalogue Hôtel Métropole, op. cit., p. 104 et les photographies du Hilton parisien p. 102-103.
  • 16 Dans le Sud-Tyrol italien, un hôtel longtemps assez modeste, le See Hotel Ambach, inauguré en 1973, est d’emblée intéressant par son architecture et son design, dû à l’architecte Othmar Barth. Il est situé sur le rivage du lac de Caldaro, sur une route des vins : voir l’article de Møller Laetitia, « Vaisseau spacieux », Le Goût de M, n°5, supplément à M-Le Magazine du Monde, 2 septembre 2023, p. 38-43.
  • 17 De beaux établissements sont moins liés à l’histoire du design, comme le San Pietro de Positano (1970).
  • 18Mangone Fabio, « Gio Ponti et l’architecture des hôtels italiens », dans Pension Complète!, op. cit., notamment p. 220-223 et Gio Ponti Archi-Designer, Paris, Musée des Arts décoratifs, 2018, p. 228-229..
  • 19 Par exemple, l’Europa Palace d’Anacapri a ouvert ses portes en 1960. Il est devenu au tournant du siècle un établissement de grand luxe, le Capri Palace Hotel.
  • 20 Voir un livre-album, préfacé par Swallow Nicky, Cala di Volpe, New York, Assouline, 2023
  • 21Minisini Lucas, « Hôtels particuliers » – En Sardaigne, la côte des Russes », M-Le Magazine du Monde, 23 juillet 2022, p. 29. L’hôtel a été rénové par les architectes français Claire Bétaille et Bruno Moinard.
  • 22 Voir le site de l’hôtel, www.santavenere.it [consulté le 15 mars 2024] et Thèves Julien, « Transe alpine », Le Goût de M, n°5, p. 47 (supplément cité de M.Le Magazine du Monde).
  • 23 Il vendit rapidement l’établissement à l’industriel Sylvain Floirat.
  • 24Clergeat Romain, « Et Dieu créa le Byblos », Paris-Match 20-26 août 2020, p. 88-94 et La Horie Martine de, « Palace des mille et une nuits », L’Opinion, 27-28 mai 2022, p.8.
  • 25Romand Pierre-Jean, « L’hôtellerie haut de gamme azuréenne, durant la période des Trente Glorieuses », dans Recherches régionales, loc. cit., p. 33. L’auteur mentionne aussi le très moderniste Vista d’André Minangoy, à Roquebrune Cap-Martin.
  • 26 À Nice, notamment en raison de la sous-occupation en automne et en hiver : Callais Alain, étude citée, p. 155 ou à Annecy, où l’Impérial ferme ses portes en septembre 1965. Racheté par la municipalité en 1967, il ne rouvre que bien plus tard, en 1990 : voir la brochure citée de l’Impérial Palace.
  • 27 C’est le cas des établissements du « petit empire » développé notamment à Deauville par François André, mort en 1962. Son neveu Lucien Barrière en hérite : voir Schneider Vanessa, « Succession Barrière, la haine en héritage », Le Monde, 27-28 juillet 2023, article cité, p. 18.
  • 28 En Italie, la plupart des hôtels figurant en tête de la hiérarchie datent de plusieurs décennies. Certes modernisés, ils sont installés de longue date dans des villes thermales, tel le Grand Hotel Royal Orologio d’Abano Terme, près de Padoue ou le Grand Hotel e La Pace de Montecatini Terme, à moins de cinquante kilomètres de Pise. Par ailleurs, la gastronomie est toujours peu présente – ou peu signalée – dans ces grands hôtels. À Rome, le seul alors étoilé est le Massimo d’Azeglio, qui porte le nom d’un célèbre homme politique du Risorgimento : voir le Guide Michelin Italie, 1966, Rome p. 12.
  • 29Guide Julliard de Paris, Paris, Julliard, 1970, p. 14. Le commentaire, par exception, approuve le célèbre guide au sujet de l’Espadon, « exemple unique à Paris, croyons-nous, d’un restaurant digne de la réputation de l’hôtel dont il dépend ». Les deux journalistes, dont l’échelle de notation est alors plus exigeante que dans les décennies suivantes, décernent à l’établissement la même note, 14.
  • 30 Des personnalités continuent à fréquenter de grands hôtels classiques, tel le Savoy de Londres, où une évolution se dessine. Ava Gardner, Ingrid Bergman ou la célèbre danseuse Margot Fonteyn étaient en tenue de soirée dans les années 1950. Par la suite, Sophia Loren pose en train de boire un verre et de fumer, tandis que, dans un style différent, Ursula Andress fait son entrée en « sequin minidress with a plunging necklace » : voir Williams Olivia, The Secret Life of the Savoy, op. cit., p. 251. Dans le roman policier de Emery Prudence et Base Ron, Bienvenue à l’hotel Savoy- Le crime de la chambre 705, op. cit., il est notamment question de Noel Coward, Richard Burton et Elizabeth Taylor. Une autre vedette a fréquenté cet hôtel : Françoise Hardy a porté dans son cabaret une des tenues de Paco Rabanne en 1968 : voir Halary, Christine, « Paco Rabanne « métallurgiste » de la mode », Le Figaro, 3-4 février 2023, p. 30. En 1966, le couturier avait présenté des robes futuristes au George V, sur une musique de Pierre Boulez : Fontanel Sophie, « Paco Rabanne, l’ultramoderne », L’Obs, 9 février 2023, p. 93.
  • 31 Voir Miles, Jonathan, Once upon a Time World…, op. cit., P. 356-357.
  • 32Lardelli Dora, St Moritz Chic, op. cit. et Theodoracopulos Mendolyna, In The Spirit of Gstaad, Paris, Assouline, 2016. Sur « Le Retour de la panthère rose » (1975), de Blake Edwards, avec Peter Sellers, sorti en 1975, voir la p. 18 d’In The Spirit of Gstaad.
  • 33De Meyer, Karl, « Sylt – Paradis troublé des milliardaires allemands », Les Échos Week-End, 25-26 août 2023, p. 46.
  • 34 La même année, ils ont séjourné au George V : « Dans sa suite, Paul Mc Cartney fit trembler les murs en interprétant Can’t Buy Me Love sur son piano » : SaintVincent Bertrand de, « God Save George V », dans Une certaine désinvolture, op. cit., p. 163.
  • 35The Plaza, op. cit., p. 139-158 du chapitre 9, « Party of the Century ».
  • 36Ibid., p. 158-159.
  • 37 « Il y a cinquante ans, John et Yoko restaient au lit pour protester contre la guerre du Vietnam », Ouest-France, article non signé du 1er avril 2019, consulté le 29 juillet 2022 sur ouest-France.fr. En 1969, il y a eu aussi une manifestation de ce type à l’Hôtel Queen Elizabeth de Montréal, à l’heure actuelle Fairmont Le Reine Elisabeth : voir Guide Vert Michelin, Québec et Provinces de l’Atlantique, 2022, p. 96.
  • 38 Voir la notice de Thoury Jean-William et Blum Bruno sur Elvis Presley dans Assayas Michka (dir.), Nouveau Dictionnaire du Rock, Paris, Robert Laffont, collection Bouquins, tome 2, 2014, p. 2096.
  • 39 Le film est notamment interprété par Jack Lemmon et Juliet Mills. Une suite Avanti, où sont exposées des affiches et photos, a été inaugurée bien plus récemment en présence de l’actrice britannique : voir le site de l’hôtel, excelsiorvittoria.com.
  • 40 La série ne s’arrête évidemment pas au milieu des années 1970. On peut mentionner aussi le Cala di Volpe dans « L’espion qui m’aimait » en 1977 (voir l’article cité de Minisini Lucas, p. 30), le Taj Lake Palace d’Udaipur dans « Octopussy » en 1983, l’Hôtel de Paris de Monte-Carlo dans « Jamais plus jamais » en 1983 et « GoldenEye » en 1995, L’Atlantic de Hambourg dans « Demain ne meurt jamais » en 1997 et le GrandHotel Pupp de Karlovy Vary dans « Casino Royale », dans la version de 2006.
  • 41Gabrieli Laura, « Offrez-vous un séjour dans un des hôtels mythiques de James Bond », Marie-France, 30 octobre 2015, consulté sur mariefrance.fr., le 13 juillet 2020.
  • 42 Dans le monde du jeu, par exemple. « La Baie des Anges » (1963), de Jacques Demy, montre les personnages principaux, interprétés par Jeanne Moreau et Claude Mann, passant d’une modeste pension à l’Hôtel de Paris de Monte-Carlo : voir Thabourey Vincent, La Côte d’Azur mise en scènes, op. cit., p. 39-40.
  • 43L’Amérique, op. cit., p. 313-314.
  • 44Drake Alice, Beautiful People- Saint Laurent, Lagerfeld : splendeurs et misères de la mode, Paris, Denoël, 2008, réédition Folio, 2019, traduction de Cohen Bernard et Demange, Odile, p. 176-177 et Roulet Claude, Tout sur le Ritz !, op. cit., p. 178. Plus généralement, voir Almeida Fabrice d’, Histoire mondiale des riches, op. cit., chapitre « 1968. Vivre à l’année dans un palace », p. 241-245. Il est question, au Lutetia, d’Albert Cohen pour plusieurs mois et de Pierre Bergé pour plusieurs années, p.242, ainsi que de la riche Américaine Enid Stannard et de son mari, à partir des années 1930 au Carlton de Cannes. Décédée en octobre 1995, elle fut la dernière cliente à l’année du palace (p. 243). Voir aussi Gombeaud Charles, « Carlton : la renaissance d’une icône », Les Échos week-end, 12-13 mai 2023, p. 66 : elle aurait passé 10 000 nuits dans ce palace. Le directeur d’alors, Didier Boidin, demanda à des membres du personnel de se rendre à ses funérailles. Cf.Lady Carlton, romande Dumay Jean-Michel, Paris, Ramsay, 1997 (l’épigraphe est empruntée à Stendhal : « Ici, on peut passer en paix le soir de sa vie. »).
  • 45 Avant, désargenté, de recevoir, toujours avenue Montaigne, dans un vaste appartement dépourvu de meubles : voir le documentaire de Denisot Michel, « La Saga Rassam-Berri, le cinéma dans les veines », France 2, mai 2023.
  • 46 Mentionnons l’hôtel Rex de Saïgon (Hô Chi Minh-Ville depuis la fin du conflit) : voir Sorgue Pierre, « Le Rex, vétéran du Vietnam », M-Le Magazine du Monde, 6 août 2022, p. 40-45. L’armée américaine y a installé un « centre d’opération et de propagande » (p. 41). L’hôtel Royal de Phnom Penh, dénommé Phnom à partir de 1970, devient ce que Faletti Sébastien, dans Le Figaro du 15 juillet 2022, p. 21, appelle un « bastion face à la folie des Khmers rouges ».