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Couverture de Habiter la métropole agri-urbaine (Alain Guez, dir., 2024) Show/hide cover

Périurbanisme transfrontalier

Si les territoires périurbains semblent incarner un mode de vie non désirable et font l’objet de vives critiques dans la littérature urbanistique, ce modèle perdure depuis les années 60 de manière dominante. En effet, ce mode de vie qui consiste à s’implanter hors, mais à proximité des villes pour différentes raisons est souvent un choix délibéré et non subi. C’était même pour 82 % des Français le mode de vie idéal (Djefali, Eugène, 2004) dans les années 2000. D’ailleurs, c’est peut-être même plus aujourd’hui. En effet, à l’heure de la pandémie Covid-19 et de confinements généralisés, un français sur cinq aimerait changer de lieu de vie afin de bénéficier d’un jardin (Rey-Lefebvre, 2020), ce qui, au vu des prix des maisons de ville et de la rareté de l’offre, va les pousser à s’exiler en territoires périurbains ou ruraux. Ensuite, et si l’INSEE annonce qu’en 2030 85 % des Français résideront en ville (Stébé et Marchal, 2007), ils entendent « aire urbaine » qui comprend donc la plupart des territoires périurbains. Or, ce n’est pas vraiment la ville qui a déjà atteint ses limites spatiales dans la majorité des cas qui accueillera ces nouveaux citadins, ce seront bien les périurbains qui vont continuer de s’étendre. Enfin, il est important de prendre en considération les prévisions quant au nombre de réfugiés climatiques et politiques attendus : des estimations annoncent qu’à l’horizon 2050 le dérèglement climatique provoquera 250 millions de réfugiés dans le monde entier (en plus des réfugiés politiques selon les estimations de l’ONU). Encore une fois, la ville ne pourra pas à elle seule absorber cette vague migratoire. Il paraît ainsi évident qu’à l’avenir le périurbain ne va cesser de se développer, ce qui en soi n’est pas un problème, mais c’est bien la manière dont il va se développer et le mode de vie qu’il induit qui sont préoccupants.

Ce projet souhaite construire un avis objectif sur les périurbains transfrontaliers et explorer les possibilités de faire autrement. Pour ce faire, un engagement par la présence et la rencontre des acteurs est nécessaire afin d’écouter et de sensibiliser ces derniers aux enjeux locaux, intercommunaux et transfrontaliers. Cette mise en situation concrète est l’occasion d’appréhender le terrain, ses acteurs, les systèmes de gouvernance et la posture de l’architecte face à ces derniers. Ainsi, durant l’exercice de conception, des échanges réguliers avec le maire de Villers-la-Chèvre, son premier adjoint, la responsable à l’urbanisme de la communauté de communes, une commerçante du village et des habitants, ont permis de comprendre leur quotidien. De façon indirecte, le projet s’est construit avec eux.

Susciter l’intérêt, les interrogations, le débat, enclencher de nouvelles réflexions, changer les perspectives sont autant d’objectifs personnels cachés sous la volonté de sensibiliser (figure 127). D’ailleurs, pour Frédéric Bonnet « sensibiliser » c’est « stimuler la recherche, l’invention, le débat, la prise de conscience, et l’engagement des uns et des autres, c’est donc une condition si l’on veut porter une politique publique ambitieuse pour l’urbanisme, l’architecture et le cadre de vie. ». Il précise également : « Sensibiliser à l’architecture, ce n’est pas porter un message, diffuser une version officielle de ce qu’est l’architecture, mais plutôt susciter un intérêt général, un bouillonnement multiple autour des questions qui nous touchent tous (…) » (Bonnet, 2017).

En somme, le projet esquisse un scénario prospectif accompagné d’hypothèses, souligne ainsi les singularités de la commune, et aspire à devenir un support d’échanges avec et entre les acteurs d’une commune transfrontalière.

Villers-la-Chèvre : une commune banale qui cristallise les enjeux périurbains

Une commune sous influence transfrontalière…

La petite commune de Villers-la-Chèvre, peuplée de 600 habitants, se situe en seconde couronne du système d’influence transfrontalière (figure 126). Placée dans le sillon de Longwy puis de Rodange, toutes deux villes relais de Esch/Alzette et Luxembourg-ville (figure 128), les pratiques quotidiennes et la démographie locale sont complètement dépendantes de l’attractivité de ses voisins. Cette dépendance est telle que l’on peut qualifier la commune de « village dortoir », notamment car elle ne possède aucun commerce de proximité ni d’équipement public, si ce n’est une mairie et une salle des fêtes « socioculturelle ».

78 % de ses actifs se rendent quotidiennement au Luxembourg pour y travailler. C’est d’ailleurs ce point qui permet de la présenter comme périurbaine. Effectivement, si la périurbanité désigne et se caractérise par de nombreuses formes résidentielle, industrielle, mixte (Stébé et Marchal, 2018) et que plusieurs définitions sont possibles (géographique, démographique, morphologique, sociologique), il est admis par l’INSEE et par le Conseil général à l’Égalité des territoires qu’« est considérée comme périurbaine toute commune dont au moins 40 % des actifs résidents se rendent pour leur travail dans un ou plusieurs pôles urbains de 1 500 emplois ou plus. »

Pour aller plus loin, dans La France périurbaine, Hervé Marchal et Jean-Marc Stébé donnent la définition de ce qu’ils appellent périurbain : « un espace se caractérisant par des modes de vie urbano-ruraux dans un décor champêtre, par une impérative nécessité de se déplacer quotidiennement en automobile, par l’installation de jeunes ménages aux revenus modestes et moyens-moyens, par la construction de pavillons ». Nous le verrons par la suite, cette définition caractérise particulièrement bien la situation de Villers-la-Chèvre, et plus globalement, les communes françaises sous influence luxembourgeoise et plus largement métropolitaine.

Figure 126. Carte de localisation de l’alliance du « Plateau de la Chiers » exploitée au sein de l’expérimentation située intitulé : Périurbains transfrontaliers soutenables. Tous droits réservés.

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Figure 127. Schéma de principe du projet comme support d’intéraction et de sensibilisation des acteurs de Villers-la-Chèvre. Tous droits réservés.

Infographie

Figure 128. Carte de localisation de Villers-la-Chèvre dans le système d’influence transfrontalier. Tous droits réservés.

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…au cœur d’un plateau agricole attractif

Nous l’avons vu à l’échelle transfrontalière, le territoire est marqué par un système de vallées et de plateaux. Villers-la-Chèvre se situe au cœur d’un de ceux-ci : le plateau de la Chiers (figures 129 et 130). En effet, des vallées sillonnées par la Chiers au sud, et un affluent de la Chiers au nord délimitent un plateau agricole dont la moitié Est est urbanisée par les communes de Longwy, Lexy, Cosnes et Romain et donc Villers-la-Chèvre. La ville mère, Longwy, est le pôle attractif du plateau et joue un rôle d’aimant pour les autres communes, désignées comme satellites. Effectivement, Longwy permet aux habitants de Villers-la-Chèvre d’accéder aux équipements sportifs, de loisirs et scolaires à dix minutes en voiture. Sa gare ferroviaire permet également de rallier efficacement les travailleurs frontaliers vers Rodange, Esch/Alzette-Belval et Luxembourg ville.

L’ensemble de ces communes s’accroche à la départementale 618 reliant Longuyon à Longwy et menant au tripoint belgo-franco-luxembourgeois. D’ailleurs, cette départementale profite de sa position stratégique pour développer des zones commerciales. Celles-ci assèchent les commerces de proximité locaux, et rendent les villages satellites encore plus attractifs avec des habitants qui ont dorénavant accès à tous types de biens de consommation à moins de cinq minutes en voiture.

Ainsi, par sa banalité et sa position géographique en seconde couronne du système d’influence, Villers-la-Chèvre incarne une multitude de communes et cristallise les enjeux des périurbains transfrontaliers.

Figure 129. Carte des caractéristiques communale, minière et paysagère du plateau de la Chiers. Tous droits réservés.

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Figure 130. Photographie de Villers-la-Chèvre, une commune « préurbaine ». © Florian Royer - Villers la chèvre. Tous droits réservés.

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De la sidérurgie au mitage du territoire

Dès les années 1850, l’industrie sidérurgique s’est approprié la vallée de la Chiers qui dessine le plateau en remplaçant les anciennes forges par des hauts fourneaux, notamment à Longwy, Gorcy, et Lexy. Pendant un siècle, l’industrie apporte richesse et dynamisme démographique à la commune de Longwy qui atteint plus de 22 000 habitants en 1960. Cependant, la concurrence étrangère annonce le déclin de la sidérurgie dans le bassin lorrain, et les fermetures successives des usines de la région dans les années 1970 ont eu un fort impact sur la démographie locale.

En effet, les fermetures et la délocalisation des usines ont fait drastiquement baisser la population de la ville mère, Longwy, au profit des communes satellites (figure 131). Ces communes satellites ont, elles, accueilli les jeunes retraités sidérurgiques dans un premier temps et profitent de leur cadre « campagnard » en accueillant les frontaliers français dans un second temps. Des frontaliers dont le nombre augmente de façon rapide et constante, et qui devraient s’élever à 190 000 frontaliers lorrains en 2040 (Agape, 2022), soit 83 000 frontaliers en plus d’ici 20 ans. C’est ainsi que la commune de Villers-la-Chèvre a multiplié par 3 sa population en 45 ans et elle prévoit de maintenir ce rythme pour atteindre 700 habitants à l’horizon 2030.

La dynamique est claire et apparaît ici comme le premier enjeu du plateau et s’élargit à l’ensemble du territoire transfrontalier : les communes périurbaines s’urbanisent. Ainsi, et au vu des projections se pose la question du développement périurbain, de ses formes, et des modes de vie qu’elles induisent.

Ce développement est facilement observable pour les communes satellites et illustre bien l’évolution du rapport homme territoire. Villers-la-Chèvre, initialement, un centre paysan historique attaché à la voie de circulation principale est composé de fermes en pierre (figure 132). Autour de celui-ci, une ceinture vivrière était composée par des vergers et jardins maraîchers. Puis, au fur et à mesure, l’évolution technique améliorant les machines agricoles et le recours aux intrants, le rendement des terres augmente. L’agriculture se détache alors de la culture en verger et maraîchage pour exploiter des parcelles agricoles remembrées et dont le peu de structure bocagère disparaît peu à peu. Dans ce sens, le village s’urbanise sur les terres de la ceinture vivrière dans un premier temps (1950-1980), puis sur les terres agricoles (1980 — …), au gré des opportunités foncières à coup de lotissements pavillonnaires. C’est ainsi qu’entre 2004 et 2014, 5,3 ha ont été consommés en extension sur des terres agricoles. Apparaît ici l’enjeu de l’étalement périurbain, de ses formes, et de l’identité des communes rurales qui s’uniformisent, se banalisent à coup de lotissements déconnectés des réflexions paysagères, historiques et bioclimatiques. Cette situation n’est qu’un exemple parmi tant d’autres dans le territoire transfrontalier et péri-métropolitain qui se mite au fur et à mesure.

Figure 131. Graphique indiquant les effectifs de la sidérurgie lorraine, le nombre de frontaliers lorrains et le nombre d’habitants des communes du plateau de 1962 à l’horizon 2050. Tous droits réservés.

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Figure 132. Carte de l’évolution morphologique et paysagère de la commune de Villers-la-Chèvre. Tous droits réservés.

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Concurrence et pression foncière au cœur de débats existentiels

Comme le théorise Eric Charmes dans La revanche des villages (Charmes, 2019), les petites communes prennent leur revanche sur les grandes en accueillant toujours plus de population, inversant ainsi le rapport de force ville — campagne. Si certains parlent d’exode urbain, l’auteur reste plus prudent en rappelant que, malgré l’afflux de nouveaux résidents dans des communes rurales, ceux-ci restent urbains puisqu’ils conservent leur travail et leurs activités quotidiennes en ville. La concurrence Ville/Périphérie se fait notamment sentir à Longwy, dont le conseil municipal s’oppose systématiquement aux implantations commerciales hors des « centres-ville qui crèvent », mais dont la prolifération ne cesse. Sous cet engouement continu pour les périphéries se pose la question du sol et de la pression foncière dont il fait l’objet. En effet, à ce jour, le sol périurbain est considéré comme une nappe foncière exploitable par l’agriculture (figures 133 et 134), pour produire de l’énergie via les champs de panneaux solaires et les parcs éoliens, pour l’installation de zones commerciales et le développement de l’habitat individuel. Malheureusement, la concurrence entre tous ces secteurs fait oublier l’épaisseur du sol et la biodiversité qu’il abrite. Le sol devient un produit foncier que les promoteurs et investisseurs s’empressent d’acquérir (Marquès, 2016).

Ainsi, à l’heure de l’urgence climatique, l’attractivité périurbaine apparaît comme un paradoxe. D’un côté, les spécialistes s’opposent à ce développement qui induit une dépendance à la voiture toujours plus forte, qui étend l’installation des réseaux (infrastructures routières, réseaux électriques, canalisations) et déborde sur les terres agricoles. De l’autre, certains auteurs évoquent un droit au périurbain et au village, à l’instar de Henri Lefebvre qui défendait le droit à la ville (Lefebvre, 1968 et Charmes, 2019), expliquant que ce n’est pas tant la situation géographique qui est condamnable, mais plutôt les formes prises par ce développement.

Figure 133. Axonométrie d’un paysage agricole ouvert, symptomatique de l’agriculture intensive. Tous droits réservés.

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Figure 134. Photographie des extensions pavillonnaires de Villers-la-Chèvre : une urbanisation par à coups, au gré des opportunités foncières projetées dans le paysage. © Florian Royer - Villers la chèvre. Tous droits réservés.

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Banalisation du territoire et perte d’ancrage

Nous l’avons vu, au fil des extensions pavillonnaires, Villers-la-Chèvre se banalise et perd son ancrage historique, architectural, social. En plus de cette perte d’identité villageoise, c’est l’ancrage paysager qui est rompu suite au remembrement des terres agricoles et à l’urbanisation de la ceinture vivrière. Le plateau est ainsi devenu un paysage ouvert, extensif, symptomatique d’une agriculture intensive. Celle-ci constitue un obstacle aux dynamiques de la biodiversité au sein du plateau, et plus largement au sein du territoire, où les services écosystémiques ne sont plus effectifs en l’absence de continuités écologiques entre les noyaux de biodiversité.

Manque d’ingénierie et impuissance des élus ?

Face à ces problématiques alarmantes, nous sommes en mesure de nous demander : comment se positionnent les élus et les acteurs du périurbain (figure 135) ?

À Villers-la-Chèvre, en témoigne la description du village sur la page d’accueil du site Internet, les élus locaux ne semblent pas au fait de ces problématiques : « Villers-la-Chèvre est un agréable village qui jouit de la qualité de vie à la campagne tout en étant proche des grands centres d’activités ». La commune profite ainsi naïvement de sa situation périurbaine pour attirer les jeunes ménages. Malheureusement, cette vieille opposition entre ville et campagne continue à dominer les représentations, alors qu’elle ne correspond plus aux réalités vécues. Elle obscurcit plus qu’elle n’éclaire les enjeux de l’aménagement et des politiques de solidarité entre territoires. Pire, telle une publicité mensongère, elle vend un rêve aux futurs acquéreurs dont la désillusion peut vite se faire ressentir une fois installés et se matérialise par des palissades en limite parcellaire.

Cette constatation va dans le sens de celles de Jean Marc Stébé et Hervé Marchal qui notent un manque d’ingénierie dans la constitution des conseils municipaux des communes périurbaines. C’est d’ailleurs le cas de Villers-la-Chèvre où le maire est un ancien agriculteur et les élus, des habitants retraités ou bénévoles. Le manque de compétences urbanistiques est dû au manque de moyens des petites communes dont environ 70 % des revenus reposent sur les impôts locaux (taxes d’habitation, taxes foncières) contre 30 % en moyenne de dotations de l’État (ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, ministère de la Transition énergétique). Ces données traduisent aussi l’intérêt des petites communes pour attirer toujours plus de ménages afin d’assurer leurs finances.

Les petites communes ont un manque de fonds pour mobiliser des compétences et mettre en place des initiatives locales. Et si, depuis 1992 et la création des intercommunalités via les lois Defferre, la compétence en urbanisme n’est plus nécessaire à l’échelle communale, Villers-la-Chèvre reste un cas particulier. En effet, la commune fait partie de la communauté de communes de Longuyon qui valide les demandes de permis de construire cohérentes avec le plan local d’urbanisme. Cependant ce dernier n’est pas élaboré par l’intercommunalité, mais par le conseil municipal de Villers-la-Chèvre. La prospective du village est donc toujours sous contrôle de personnes non conscientes des enjeux périurbains. Et c’est également le cas pour toutes les communes aux alentours. Or, le poids de ces communes est considérable : en effet, en France, neuf communes sur dix ont moins de 2 000 habitants, et un quart des Français vit dans des campagnes urbaines. Dans ce sens, les responsabilités du maire et les compétences du conseil municipal sont déterminantes.

Enfin, si la compétence en urbanisme n’est pas primordiale pour accompagner une commune de 600 habitants, des agences d’urbanisme ou des organismes de conseils publics gratuits à l’instar des CAUE devraient être missionnés. Malheureusement à Villers-la-Chèvre, les professionnels mobilisés pour urbaniser, lotir et construire sont exclusivement des promoteurs constructeurs. Sans faire de généralités, ces derniers n’ont que très rarement des considérations environnementales ou sociales, ayant pour principale logique l’efficacité et la rentabilité des opérations qu’ils réalisent en masse.

Figure 135. Acteurs et documents du processus d’urbanisation à Villers-la-Chèvre. Tous droits réservés.

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Valoriser le foncier des territoires périurbains à travers un modèle auto-soutenable

Un contact régulier a été établi avec les acteurs de la commune. En esquissant un scénario prospectif et des hypothèses de projet mettant le sol au centre de la réflexion, le projet devient support d’échanges avec et entre ces acteurs.

Un Plan local d’Urbanisme critiquable

Depuis 2017, Villers-la-Chèvre a engagé la mise au point d’un plan local d’urbanisme (PLU) révisant l’ancien plan d’occupation des sols (POS). Si la stratégie de zonage n’a pas évolué, un volet est réservé au projet d’aménagement et de développement durables (PADD). La commune a alors défini trois orientations majeures en matière d’urbanisation et d’aménagement de son territoire : diversifier l’offre en logements afin de maintenir et renouveler la population tout en conservant le caractère rural du village ; améliorer le cadre de vie des habitants en poursuivant la mise en valeur du village et en assurant la préservation du patrimoine local ; protéger et valoriser le patrimoine naturel et le paysage.

Pour mettre en place ces intentions louables, le PADD repère dans un premier temps le bâti vacant à réhabiliter. Ensuite, il identifie les dents creuses et opportunités foncières à l’intérieur du village pour les densifier. Enfin, il situe des liaisons piétonnes à créer et des « éléments naturels faisant paysage » à conserver. Malgré ces bonnes intentions, le PLU est critiquable sur plusieurs points (figure 136). Premièrement, il identifie systématiquement les dents creuses comme « densifiable » sans prendre en compte leurs caractéristiques propres. Certaines d’entre elles sont situées sur l’ancienne ceinture vivrière et leur état de friches végétales constitue un micro noyau de biodiversité non négligeable en cœur de bourg. Ensuite, et même s’il désire protéger et valoriser le patrimoine naturel et le paysage, le PADD ne constitue qu’un zonage des bosquets à préserver. Or nous l’avons vu à l’échelle territoriale, il faut aller plus loin et motiver de nouvelles connexions avec les ensembles boisés alentour. Enfin, et avec quatre ans de recul, on s’aperçoit que la stratégie de zonage est modifiable à tout moment : aujourd’hui, un lotissement composé de 13 maisons individuelles (sur 13 parcelles) est construit sur une parcelle agricole d’un hectare et illustre la fragilité des règlements et des intentions énoncées.

Figure 136. Carte d’analyse de la commune de Villers-la-Chèvre. Tous droits réservés.

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Considérer autrement le capital ressource du sol

En France, 20 000 hectares d’espaces naturels sont artificialisés chaque année (en moyenne entre 2006 et 2016) et l’habitat représente 41,9 % des terres artificialisées (Fosse, 2019). Pour contraindre l’étalement de l’urbain sur les terres agricoles, le gouvernement via le plan biodiversité ambitionne d’atteindre la zéro artificialisation nette des sols à l’horizon 2030. Après la loi relative à la protection de la nature de 1976 et la loi sur la protection et la mise en valeur des paysages de 1993, la loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a été promulguée le 9 août 2016. Cette loi inscrit dans le droit français une vision dynamique et renouvelée de la biodiversité et a pour ambition de protéger et de valoriser le patrimoine naturel. Le plan biodiversité définit aujourd’hui l’artificialisation des sols comme « tout processus impliquant une perte d’espaces naturels, conduisant à un changement d’usage et de structure des sols ».

Pour ce projet, il convient de se positionner par rapport à cette injonction. En effet, si l’artificialisation est définie comme la perte de naturalité d’un sol et que celle-ci est explicitée comme « la qualité qui inclut une capacité autoentretenue à abriter une biodiversité des cycles naturels » (Cnrtl, 2021) alors nous pouvons affirmer que la pratique agricole intensive (telle que nous la connaissons aujourd’hui) est déjà un processus d’artificialisation du sol. Dans ce sens, la stratégie de ZAN paraît mal formulée et doit changer son regard en considérant autrement le sol et son capital ressource. En effet, nous pourrions imaginer des processus ou des aménagements de compensation de l’imperméabilisation des sols en augmentant par ailleurs son capital ressource. Dans ce sens, le projet propose des critères d’estimation de ce dernier : le sol, dans son épaisseur, pourrait être évalué par la biodiversité qu’il abrite, sa qualité au sens agronomique, sa productivité, la continuité écologique qu’il génère, la sociabilité qu’il permet, et sa capacité à séquestrer du carbone (figure 137).

Ainsi, l’aménagement et l’urbanisation raisonnés seraient acceptables en adoptant une stratégie de compensation et en prenant en compte l’ensemble de ces critères, tant dans l’espace urbain qu’agricole. Des scénarios types sont pensés, allant de l’agriculture intensive à l’agro parc ou au lotissement nourricier.

Figure 137. Évaluation de la valeur du sol en fonction des types d’agricultures et d’urbanisations. Tous droits réservés.

Axonométries

Se donner les moyens d’un développement local auto soutenable

Dans cette perspective, et pour redonner un pouvoir d’action à la commune, il est nécessaire de repenser le modèle de gouvernance (figure 138). En effet, il s’agit, à travers la scénarisation d’une Société d’économie mixte locale (SEML), de se donner les moyens de nouvelles dynamiques vertueuses au sein de la commune. Une SEML est une société anonyme dont la majorité du capital est détenue par une entité publique, mais dont la participation de privés est nécessaire. Ici, notre proposition de SEML est constituée du conseil municipal de Villers-la-Chèvre, de ses habitants, commerçants, agriculteurs, d’associations diverses et de la coopérative agricole transfrontalière. Ce modèle de gestion appliqué à celui d’une commune constitue une gouvernance horizontale où toutes les parties prenantes sont impliquées dans les décisions.

À partir de la SEML « des Gaillots » (nom des habitants de Villers-la-Chèvre), le projet propose de penser des relations cycliques vertueuses entre acteurs, dispositifs et équipements. Les retombées sociales, environnementales, programmatiques et financières profitent à tous. Ce développement local auto-soutenable considère la valorisation des ressources territoriales et des identités locales comme l’acte fondateur contribuant à améliorer le cadre et le mode de vie périurbain.

Une hypothèse servant les projets démonstrateurs, leur gestion, les intérêts du territoire et des acteurs est scénarisée ci-après. Elle s’insère notamment dans la stratégie programmatique et environnementale transfrontalière et identifie un ensemble de pièces faisant système.

Figure 138. Schéma explicatif du rôle d’une Société d’Économie Mixte Locale (SEML) pour un développement local auto-soutenable. Tous droits réservés.

Infographie

Un plan d’aménagement prospectif à l’horizon 2050

De cette intention de considérer le sol comme capital ressource et de compenser d’éventuelles opérations d’urbanisation, un plan d’aménagement prospectif à l’horizon 2050 est projeté (figure 139). Il reprend les orientations identifiées par la commune, les requestionne parfois, et constitue la base des hypothèses de projets faites par la suite en identifiant des emplacements stratégiques.

Ainsi, le sol comme patrimoine naturel et le repérage de la végétation remarquable, permettent de requestionner le zonage initial de certaines dents creuses et d’en établir un nouveau. Certaines de ces dernières incarnent alors des noyaux de biodiversité au potentiel productif et récréatif fort. Aussi, une lisière productive à l’épaisseur variable ceinture le village, contrôle son expansion, matérialise une interface agro-urbaine. Celle-ci, dans une projection lointaine, devient un entre-deux, lieu de respiration entre deux opérations d’urbanisation. En outre, des venelles piétonnes sont projetées afin de désenclaver les rues pavillonnaires en « culs-de-sac ». Enfin, les prémices d’une structure bocagère apparaissent afin de relier les noyaux de biodiversité entre eux et d’y connecter la lisière.

Cette vision prospective aspire à redonner un ordre à l’évolution du village, à lui redessiner un périmètre, une centralité et un parcours. De plus, des opportunités foncières sont identifiées pour y spatialiser la stratégie de compensation annoncée via des projets démonstrateurs. On note dès lors l’intention d’intervenir au sein de l’étendue agricole (A), de qualifier la rue Jacques Brel en cours de viabilisation (B) et de lotir le futur lotissement dit de « la chaviotte » (C) dont la planification est actuellement en cours. Ces 3 sites de projets sont retenus au vu de leur potentiel d’exemplarité et de reproductibilité dans le territoire.

Figure 139. Plan d’aménagement projeté de Villers-la-Chèvre à l’horizon 2050. Tous droits réservés.

Carte

La démonstration par le projet et le jeu

De l’agriculture intensive à la constitution d’un parc agro-urbain

Tout d’abord, et afin de redéfinir l’ancrage paysager de la commune, une armature bocagère est déployée au sein du plateau agricole (figure 140) dont la stratégie de transition agricole le mène vers un modèle de permaculture. La structure bocagère se décompose en trois strates. Une strate primaire dite « haie complète diversifiée » (haie de haut-jets, haie arbustive, bande herbacée) relie les noyaux de biodiversité (figure 141). Une strate secondaire de recépés la densifie. Enfin, une strate tertiaire faite de haies arbustives limite les surfaces de monoculture à huit hectares, taille au-delà de laquelle une monoculture a un impact négatif sur le sol et perturbe ses cycles de régénérations. De par la biodiversité que ces haies abritent, les agriculteurs vont bénéficier de services écosystémiques et ainsi baisser drastiquement l’utilisation d’intrants chimiques. Les sols vont s’enrichir naturellement et leur productivité va de ce fait augmenter.

Parallèlement à la plantation de cette armature et afin d’intensifier les relations hommes/paysage, un parc agro-urbain est projeté. Celui-ci s’appuie sur des itinéraires existants de promenades récréatives et sportives, et les ponctue par des balises architecturales. On y trouve par exemple une aire de pique-nique accompagnée par un panneau pédagogique sur le pâturage et un cadrage ludique sur le paysage agricole (figure 142). Une tour d’observation au cœur d’une forêt communale (figure 143) en lien avec les sentiers de promenades et du GR570 permet de s’élever au-dessus de la cime des arbres pour y observer la vallée de la Chiers et sa biodiversité propre. Dans un même temps, l’ensemble de ces ponctuations sont permises, car des architectures servantes sont mises en place. L’ancienne école devenue siège de la SEML et l’église du village accueillent tous les étés un centre aéré sur le thème de la construction. Un atelier de compostage (figure 144) est installé au sein d’une étable en activité, mais dont les hangars sont à l’abandon. Des espaces de maturation des déchets organiques communaux (figure 145) et provenant des habitants, un bâtiment de stockage, un petit laboratoire de recherche accompagné de parcelles expérimentales pour y produire des engrais naturels adaptés aux différents usages, et un bâtiment d’accueil sont construits, financés par la SEML et la Coopérative agricole. Un gîte autonome (figure 146) implanté au sein du parc éolien permet de plonger ses visiteurs, le temps d’une nuit, au sein du plateau de la Chiers. Aussi, une ancienne ferme est rénovée pour stocker le matériel d’entretien, produire du paillage à partir des découpes des haies, et héberger les emplois saisonniers sollicités lors des récoltes des vergers communaux, des potagers privés, ainsi que pour l’entretien des haies bocagères.

Tout comme la structure bocagère, le parc se connecte à la lisière. Celle-ci devient une interface poreuse définissant un périmètre au village, et génère un sentier périphérique propice à la cueillette. En effet, cette lisière est constituée à minima d’arbustes à baies comestibles (framboises, mûres, groseilles). Elle accueille également des vergers communaux publics et des bandes maraîchères.

Figure 140. Vue de 3/4 de la projection du parc agro-urbain. Tous droits réservés.

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Figure 141. Coupe sur un gîte du parc agro-urbain, d’une haie bocagère et d’une lisière. Tous droits réservés.

Plan de coupe

Figure 142. Axonométrie de la halte pédagogique. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 143a. Axonométrie de l’observatoire. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 143b. Axonométrie de l’atelier de compostage. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 144. Axonométrie du volume agricole capable. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 146. Axonométrie du gîte autonome. Tous droits réservés.

Axonométrie

De la route à la rue jardin

Le deuxième site d’intervention consiste à mettre en valeur la dimension publique de l’espace. En s’intéressant au prolongement de la rue Jacques Brel, il s’agit de questionner l’espace public de la rue pavillonnaire, ses usages et ses frontages1. Ce lotissement, dont la rue n’a pas été construite, constitue une opportunité de réflexion particulière et d’une éventuelle influence auprès des élus et de l’aménageur (figure 147).

En premier lieu, le projet s’inspire des usoirs lorrains comme un dispositif d’appropriation de l’espace public, comme un espace tampon servant (figure 148). Ses larges trottoirs sont d’ailleurs devenus des bandes stériles ou de stationnement, et deviennent aujourd’hui une constante dans les lotissements pavillonnaires : un recul de cinq mètres est systématiquement prévu dans les règlements d’urbanisme pour le stationnement d’un ou plusieurs véhicules générant des rues dimensionnées pour et par la voiture. Face à ce constat, il est question de se réapproprier cet espace pour amorcer des frontages plus qualitatifs et connecter les logements à la rue.

Pour amorcer un frontage plus qualitatif de ces rues (figure 149), une attention particulière est donnée aux potagers privés. En effet, le potager est un marqueur historique fort puisqu’il est à l’origine des cités jardins (ancêtres des lotissements pavillonnaires) et était omniprésent dans les cités minières et sidérurgiques. Si sa dimension alimentaire était importante, c’était aussi un espace social fort, car au contact de celui-ci, les voisins se retrouvaient, apprenaient, échangeaient. Le projet propose de placer ce potager non plus à l’arrière de la parcelle, mais à l’avant, au sein de la bande des cinq mètres pour générer de nouvelles interfaces, tant sociales que physiques entre les habitants (figure 150). Ainsi placé, il est désormais possible de contracter un accord avec l’employé municipal pour qu’il s’en occupe à la demande des propriétaires. La rue, dans son découpage, permet l’infiltration des eaux de pluie dans le sol, et propose une matérialité particulière qui signifie, notamment aux enfants, qu’ils y sont prioritaires par rapport à la voiture. Ils peuvent alors se l’approprier à condition de permettre la circulation.

En plus de ces frontages, des communs sont disposés pour partager du matériel d’entretien et de bricolage avec ses voisins, des bacs de collecte de compost, et un espace de jeu dans l’épaisseur de la lisière.

Figure 147. Photomontage d’analyse prospective d’un lotissement pavillonnaire en cours de construction à Villers-la-Chèvre. © Florian Royer - Villers la chèvre. Tous droits réservés.

Photomontage

Figure 148. Carte postale historique de Maucourt montrant l’appropriation des frontages d’antan : l’usoir. Tous droits réservés.

Photographie en noir et blanc

Figure 149. Axonométrie sur les frontages et leur intérêt pour l’aménagement de l’espace public et les habitations. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 150. Photomontage projeté du potentiel lotissement pavillonnaire en cours de construction à Villers-la-Chèvre. Tous droits réservés.

Photomontage

Du lotissement pavillonnaire au lotissement nourricier

Le lotissement de La chaviotte en cours de réflexion (figure 151) est une opportunité particulière pour mettre en place un projet responsable, notamment parce qu’il se situe en partie sur l’ancienne ceinture vivrière. Dans cette situation, le sol incarne une forme de patrimoine historique qu’il faut savoir conserver et intensifier. Ensuite, cette large surface est l’occasion de désenclaver un lotissement pavillonnaire en cul-de-sac, et de se connecter à la lisière. Puis, par le dessin de ce lotissement, la commune a la possibilité de faire centre en le connectant aux autres entités publiques existantes et projetées, telles que la mairie, la salle des fêtes « socioculturelle », l’ancienne école devenue siège de la SEML, l’abri bus, la maison d’hôtes, les fermes effectuant de la vente directe et le volume agricole capable projeté.

L’actuel parking de la salle des fêtes devient alors un espace intéressant dans l’articulation du futur quartier avec le reste du village et son animation. Il est bordé et rythmé au quotidien par les volumes capables accueillant un commerce de proximité, un atelier coopératif pour le bricolage, la réparation d’objets ménagers, ainsi que des locaux pour permettre du télétravail et la consultation hebdomadaire d’un médecin itinérant (figure 152). La structure bois flexible de ces volumes permet une adaptabilité et une évolution de ces usages dans le temps long. Évidemment, sa fonction de parking est toujours souhaitée notamment en soirée le week-end, lorsque celle-ci se trouve louée pour les mariages et autres fêtes. Sinon, elle devient deux soirs par semaine un espace approprié par les restaurants ambulants. Enfin, véritable placette villageoise, elle accueille les évènements ponctuels, tels que les projections de films et théâtre de plein air, les brocantes, et le petit festival annuel de cabane du centre aéré.

Accroché à la placette, un lotissement en bandes successives se déploie, alternant bâti, voirie transversale au sol perméable, vergers partagés, mutualisant les stationnements par des poches communes et laissant la lisière s’infiltrer au nord et au sud (figure 153). La partie sud, correspondant à l’emprise historique de la ceinture vivrière, est laissée en jachère, restant un espace de pâture et de jeux selon les saisons.

Au sein de ce lotissement, plusieurs types de logements sont implantés pour accueillir une diversité d’habitants et promouvoir une plus grande mixité sociale. De plus, et afin de correspondre aux parcours résidentiels et à l’évolution des unités familiales de notre temps (enfants, divorce, re-mariage, départ des étudiants, hébergement des parents), une attention particulière est consacrée à l’évolutivité des logements.

Ainsi, le premier type correspond au logement individuel (figure 154). Son carport (abris couverts pour le stationnement) intégré au volume bâti offre un potentiel d’évolution lié aux changements de mentalités et de nécessité vis-à-vis de la voiture. Il peut devenir un appartement locatif, un bureau pour le télétravail, un lieu de réception pour une activité professionnelle, un atelier de bricolage, ou simplement un espace de vie supplémentaire. Ensuite, la pièce de vie traversante fait le lien entre la bande appropriable et le jardin privé. En fonction des projets résidentiels, un second niveau complète le volume avec une chambre et un espace de travail supplémentaire (figures 155 à 157).

Puis, des logements intermédiaires sont positionnés en lien avec les vergers collectifs pour que les résidents ne bénéficiant pas de jardins privés puissent tout de même avoir un espace extérieur à proximité. Le logement de plain-pied est surplombé d’un autre logement dont l’accessibilité se fait depuis une coursive extérieure installée sur la bande appropriée induisant de fait un frontage. Si les doubles hauteurs sont des potentiels évolutifs évidents, il est également intéressant d’envisager une unification de ses logements pour en faire une grande maison familiale, en déposant la coursive et en prévoyant une circulation verticale intérieure.

Enfin, fort de l’expérience de frontage de la rue Jacques Brel, le système est développé davantage, générant devant chaque logement une bande publique, mais appropriable par les habitants. Elle constitue un frontage évolutif, adapté aux besoins des habitants, mettant en valeur l’espace public et le vivre ensemble (figures 158 et 159).

Figure 151. Schéma de recomposition et de planification du centre de la commune de Villers-la-Chèvre et du lotissement de la Chaviotte. Tous droits réservés.

Schéma

Figure 152. Axonométries démonstratives de l’adaptabilité de la placette en fonction des divers moments et évènements collectifs. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 153. Plan masse du lotissement de la Chaviotte et du centre bourg de Villers-la-Chèvre. Tous droits réservés.

Plan

Figure 154. Axonométrie d’un exemple d’habitation. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 155. Axonométrie type avec 4 logements. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 156. Axonométrie type avec 5 logements. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 157. Axonométrie type avec 5 logements. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 158. Plan du rez-de-chaussée d’une séquence habitée du lotissement de la Chaviotte. Tous droits réservés.

Axonométrie

Figure 159. Coupe de la séquence habitée du lotissement de la Chaviotte et de la lisière. Tous droits réservés.

Plan de coupe

Le jeu pour toucher un public plus large

En projetant un scénario prospectif de Villers-la-Chèvre et en développant des hypothèses d’interventions sur des sites à enjeux, le projet ambitionne de devenir le support d’échanges et de débats lors de sa restitution aux acteurs consultés. Effectivement, en cherchant à expliciter une stratégie de considération du sol par l’exemple, le projet incarne un processus de sensibilisation indirecte. Dans ce sens, afin de valoriser le travail réalisé et de le donner à comprendre à tout un chacun, un jeu de société est élaboré (figures 160 et 161). « Agropoly » réinvestit le projet sous la forme d’un Monopoly écoresponsable de Villers-la-Chèvre, où un indicateur carbone conditionne les actions des joueurs. Confié à la commune, un exemplaire est emprunté sur demande des habitants et va ainsi toucher un public plus large. Depuis juin 2021 et quasiment tous les week-ends, le jeu est emprunté par les familles du village. Si son contenu ludique est apprécié par les enfants (plus de 12 ans), son approche pédagogique est soulignée par les parents qui apprennent autant sur l’impact de nos habitudes quotidiennes sur l’environnement que sur les grands principes écosystémiques portés par le projet.

Figure 160. Photographie du jeu de société Agropoly, un jeu prenant la forme d’un Monopoly. Tous droits réservés. écoresponsable de Villers-la-Chèvre. © Florian Royer - Jeu de société Agropoly

Photographie

Figure 161. Exemple de carte quizz du jeu de société Agropoly. Tous droits réservés.

Schéma

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  • 1 Le terme frontage est un néologisme proposé en 2012 par l’urbaniste Nicolas Soulier, emprunté au mot anglais « frontage » pour définir la partie avant d’une construction située entre la façade et le trottoir de la rue. Voir Nicolas Soulier (2012).
  • Références bibliographiques et sources de données

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