Souvent réduite à l’élaboration d’un espace construit, allant de l’esquisse au chantier, la profession d’architecte est en réalité une pratique pluridisciplinaire. L’ambition n’est pas tant d’avoir une maîtrise complète d’un ensemble de compétences, mais davantage d’être en mesure de les solliciter conjointement durant la conception d’un projet. L’approche collective du projet s’inscrit dans cette dynamique par le biais d’échanges avec divers interlocuteurs, ainsi que par la mobilisation de compétences qui alimentent les propositions.
Cette expérimentation située se focalise sur le développement d’une stratégie agricole. L’objectif est, à travers l’exemple de la commune de Morfontaine (figure 80), d’interroger les pratiques productives en place ainsi que le rôle de l’aménagement urbain et de l’architecture dans sa mutation.
L’intégration de la notion d’agriculture parmi les éléments du projet ne résulte pas uniquement d’une caractéristique propre au territoire mais de constatations plus larges. Les pratiques hautement motorisées et industrialisées de la filière alimentaire font effectivement partie des principales causes du dérèglement climatique. D’ailleurs les retombées sont visibles : de nombreuses sécheresses, des inondations et maladies touchent et handicapent directement ce secteur d’activité pourtant essentiel.
L’ambition de cette proposition est de travailler l’architecture à l’articulation de différentes étendues de réflexion et de projet en comprenant différentes logiques de constitution de l’espace dont l’agriculture.
Ce projet à pour objectif principal d’interroger les pratiques quotidiennes afin d’en appréhender les dynamiques participant au dérèglement climatique.
« La décarbonation » de nos vies est, en effet, un sujet contemporain prédominant mais souvent théorique, si bien qu’il est délicat de savoir comment l’accomplir. Ainsi, la première intention de projet se fonde sur le rôle de l’architecte-urbaniste dans la transition vers des formes territoriales cohérentes avec les logiques du vivant.
L’enjeu de réduction, voire de neutralité, des émissions de gaz à effet de serre relève du besoin urgent de freiner le réchauffement climatique. Bien que l’émission de CO2 (et des autres gaz à effet de serre — GES) dans l’air soit un phénomène naturel, elle est de nos jours principalement due à la « combustion de matériaux fossiles » à l’instar du pétrole. Par conséquent, le problème ne réside pas uniquement dans le fait d’émettre du carbone (et ses équivalents) mais davantage parce que celui-ci stagne dans l’atmosphère terrestre à hauteur de 60 % des émissions totales.
Pour appréhender ce constat inquiétant, des bilans carbone (énoncés en Tonne d’équivalent CO2/habitant/an) sont calculés annuellement par chaque pays (figure 81). De fait, et pour le territoire d’étude transfrontalier, les taux d’émissions s’élèvent à 17,5 Tonne d’équivalent CO2/hab/an pour le Luxembourg (Tvk, 2021) et à 12 Tonne d’équivalent CO2/hab/an pour la France (Planétoscope, 2021). Alors qu’une disparité apparaît entre les bilans des deux pays, en soustrayant la part du « tourisme à la pompe » et des frontaliers (36 % des émissions totales soit 6,3 Tonne d’équivalent.CO2/hab/an) ils sont en définitive comparables. En effet, des similitudes sont perceptibles dans la répartition par catégories de leurs empreintes carbones. Les mobilités, le logement et l’activité économique (entreprises et services professionnels privés) sont les sources majeures des émissions de gaz à effet de serre des pays voisins. Toutefois, une ambivalence demeure dans ces données en raison d’une certaine ambiguïté sur le classement des centrales nucléaires, centrales électriques, etc… Enfin, lors de l’observation d’un territoire précis, ces indicateurs nationaux ne sont pas nécessairement représentatifs de la réalité. En effet, dans la mesure où les modes de vie varient selon des caractéristiques géographiques, paysagères, économiques ou encore culturelles, il existe autant de bilans que de bassins de vie, voire d’individus.
Dans le cas de la région franco-luxembourgeoise, le syndicat mixte du SCoT Nord 54 a réalisé, dans l’élaboration de ce document d’urbanisme, un bilan carbone pour le nord de la Meurthe-et-Moselle. Ainsi, les trois catégories majeures sont : le résidentiel et la construction, les mobilités de personnes ainsi que l’alimentation et l’agriculture. Le domaine du résidentiel et de la construction représente un tiers des émissions totales du territoire. Ainsi l’architecte-urbaniste trouve ici un enjeu fort qui doit questionner sa pratique et ses réalisations. Aussi, le transport de marchandises renforcé par les déplacements quotidiens pendulaires des employés frontaliers est un défi décisif pour le territoire. La réduction de la dépendance à la voiture est particulièrement complexe ici, mais la stratégie territoriale annoncée précédemment propose des réductions des mobilités individuelles et polluantes corrélée à une nouvelle répartition spatiale des pôles d’attractivité territoriaux. Le domaine de l’alimentation et de l’agriculture, sensiblement important sur le territoire au vu des hectares que cela représente, joue un rôle majeur dans les émissions de GES. Les pratiques intensives et détachées des caractéristiques du sol favorisent effectivement l’apport d’intrants chimiques hautement nocifs. De plus les flux de bien augmentent encore les dépenses énergétiques liées à la logistique à grande échelle.
À partir de l’identification de ces trois principaux domaines, il s’agit d’observer sous quelles formes ils se matérialisent dans l’espace transfrontalier et comment les transformer.
À première vue, les activités recensées dans les diverses filières (figures 82 et 83) semblent se faire uniformément de part et d’autre de la frontière. Mais qu’en est-il véritablement ?
Marquée par la présence d’une centrale nucléaire dans la commune de Cattenom, la filière ne s’illustre, à cette échelle, que par le biais de deux types d’infrastructures énergétiques. La première comprend des parcs éoliens capables de produire l’équivalent de 64 % de l’énergie électrique générée par le site nucléaire, à condition que l’ensemble des régions frontalières s’unisse. Le second type se caractérise lui par une ressource potentielle s’appuyant sur l’indice géothermique du sol, en partie généré par le passé minier du territoire. À l’image de la commune de Fontoy qui exploite les calories des eaux de mines présentes sur son territoire pour chauffer plusieurs de ses bâtiments municipaux, d’autres projets peuvent naître sur le même principe. Somme toute, il ne faut pas négliger la capacité solaire des toitures ainsi que celle des systèmes architecturaux tels que le bioclimatisme ou le passif. En effet, la conception d’un bâtiment au moyen de ces principes, induit une valorisation des ressources naturelles (vents, climat…) afin de réduire les besoins en apport énergétique.
Dans le cas de la filière de la construction, une nette interdépendance fonctionnelle est visible au niveau de la région transfrontalière. Le versant français présente effectivement une majorité de sites d’extractions (carrières, exploitations sylvicoles…), tandis que le versant luxembourgeois comporte davantage de sites de transformation (fabricant d’isolants, fabricant de menuiseries…). Bien qu’elle semble évidente, aucune donnée n’atteste de cette complémentarité entre les territoires frontaliers. En revanche, le manque d’offre en matériaux biosourcés peut être identifié étant donné qu’aucune culture ni équipement n’y sont dédiés.
Dans la filière alimentaire, une corrélation se dessine entre les deux pays frontaliers. À l’image du constat agricole fait auparavant, la France se distingue par son agriculture intensive soutenue par un maillage de coopératives céréalières. Le Luxembourg, quant à lui, apparaît en tant que lieu de transformation de ces produits notamment par la présence de moulins et de nombreuses laiteries. Enfin, à l’exception des points de ventes de produits issus de l’agriculture durable (dont nous ne connaissons pas les provenances), aucune démarche n’a été initiée sur les circuits courts.
L’appréhension de ces trois filières laisse entrevoir les possibilités de maillage des filières existantes à l’échelle transfrontalière. Quand bien même l’enquête pourrait être approfondie, elle témoigne d’ores et déjà des difficultés éprouvées par le versant français à se démarquer et œuvrer sans le Luxembourg. En ce sens, il est essentiel d’évoquer que la dépendance économique envers ce pays n’a émergé qu’au moment du déclin de l’ère industrielle. Ainsi, en projetant qu’à l’avenir le secteur financier luxembourgeois pourrait évoluer, de quelle manière le territoire transfrontalier pourrait-il rebondir ?
L’étude des trois filières issues des domaines les plus polluants du bilan carbone local révèle la vulnérabilité du versant français devant l’influence multiple du Luxembourg. Face à ce constat, il est essentiel d’accroître la résilience du territoire nord lorrain de manière à lui assurer sa durabilité. Parmi les secteurs d’activités appréhendés auparavant, l’agriculture se distingue par son importance au sein du bassin de vie. De fait, la stratégie est de s’appuyer sur la transition vers des pratiques agricoles durables pour parvenir à la construction d’un territoire capable et résilient.
L’agriculture d’un territoire se décompose synthétiquement dans les quatre enjeux suivants : l’environnement (qualité des eaux, énergies renouvelables…), l’alimentation (circuits courts, restauration collective…), le paysage (un paysage entretenu, un patrimoine bâti valorisé…) et l’architecture (création de nouveaux équipements, instauration de nouveaux modes de vie…).
Pour atteindre une agriculture durable et respectueuse des écosystèmes, le projet se base sur les 12 principes de l’agroécologie. En effet, ces nouvelles pratiques et pensées agricoles valorisent l’opportunité d’accroître la qualité des sols, de constituer un véritable réseau professionnel, de mettre en place des logiques écosystémiques, etc…
Ainsi, et avec l’intention d’instaurer les principes de l’agroécologie, la démonstration s’effectue sur une commune d’un plateau agricole. La proposition est de traduire spatialement les 12 points clé de l’agroécologie (figure 84).
Implantée au sud de la commune de Longwy, l’alliance du Haut-Plateau est constituée de 14 communes ayant une dépendance variable vis-à-vis de l’économie luxembourgeoise (figure 85). Cette dépendance implique une pression manifeste au regard de la dynamique de mobilité qui se dirige en grande partie vers la frontière. Seul un mouvement se dirige vers le sud, il s’agit de celui des mobilités agricoles orientées vers la coopérative céréalière de la commune de Morfontaine. L’ensemble de ces constats génère un intérêt singulier pour l’alliance du Haut-Plateau dont le système repose sur quatre éléments : la dimension agricole du plateau, la perte d’identité visible par une rupture entre habitants et agriculteurs, la proximité avec les polarités attractives de la région frontalière, et la dépendance économique au Luxembourg.
La stratégie agricole, reposant sur le questionnement des pratiques intensives des sols, correspond idéalement aux plateaux du versant français. De ce fait, le choix s’est orienté vers l’étude du Haut-Plateau au vu de ses caractéristiques agronomiques et de la diversité des situations qu’il propose, à l’instar des communes sous influence et de la présence d’une coopérative céréalière. Composé majoritairement de silos céréaliers, ce lieu joue un rôle singulier entre l’exploitation des champs et la commercialisation des produits.
La double dynamique révèle la dépendance de l’alliance aux communes de Longwy, d’Esch-sur-Alzette et de Longuyon. Cette proximité et interdépendance sont renforcées par le fait qu’il n’y ait ni de grandes surfaces, ni d’équipements remarquables sur ce plateau. En effet, les services sont distribués dans les différentes polarités attractives de la frontière et situés en dehors du Haut-Plateau. Ainsi la logique économique et de services de ce plateau tend à aller vers l’extérieur tandis que les mouvements agricoles convergent vers un seul point.
Cette interdépendance envers les pôles attractifs majeurs du territoire est renforcée par l’influence de l’économie luxembourgeoise. En effet, une partie des actifs de chacune des communes se caractérise par un important pourcentage de frontaliers1, autrement dit, par des personnes exerçant leur activité professionnelle sur le territoire du Luxembourg. Ces constats révèlent que l’agriculture, malgré des surfaces importantes, n’est pas ce qui permet de faire vivre la région étant donné que peu d’emplois y sont consacrés. Par ailleurs, cette dynamique crée des formes urbaines particulières (figure 86) et, par conséquent, un mitage des espaces productifs, créant une rupture entre les deux parties de la commune (87 et 88). Les villages, historiquement agricoles, ont aujourd’hui une population active plurielle, en petite partie agricole et en grande partie tertiaire. Par delà le recul progressif des agriculteurs vers la périphérie des communes, un véritable fossé s’est creusé entre les deux populations. En plus d’être culturelle, cette rupture est également due à la non compréhension des habitants envers les principes agricoles et aux nuisances générées par cette activité. L’activité agricole est paradoxalement perçue comme une nuisance alors même qu’elle est censée nourrir les habitants et entretenir le territoire.
Lorsque nous nous concentrons sur la dimension agricole de la région, une commune se démarque de manière importante. En effet, la commune de Morfontaine absorbe, par sa coopérative, une dynamique agricole unique dans l’alliance. Néanmoins, elle se caractérise aussi par son taux élevé de dépendance à l’économie luxembourgeoise et par sa forme urbaine scindée en deux polarités.
La commune de Morfontaine est une municipalité comprenant près de 1 100 habitants, implantée à l’embouchure d’une petite vallée entourée d’une masse boisée. Son urbanisation en deux polarités questionne, notamment car cela génère deux modes de vie différents. Cette disparité spatiale est due au fait que les deux ensembles urbains ont connu des logiques de développement totalement différentes. Ils se sont développés indépendamment l’un de l’autre et ont créé ce qui aujourd’hui s’apparente à deux villages distincts. De plus, la commune est caractérisée par la présence de la coopérative agricole LORCA, qui constitue, avec une salle polyvalente et une école primaire, les seuls services proposés. Cette forme induit un walkscore pour la commune de 8 sur 100 traduisant sa dépendance à l’automobile et aux mobilités transfrontalières. Pour appréhender davantage la forme et le fonctionnement de la commune, revenons sur les logiques des diverses phases de développement.
Dans les premières cartographies historiques, notamment celle de l’État Major de 1830 (figure 89), le noyau agricole et historique est implanté à l’ouest de Morfontaine. Organisée autour d’une place centrale et d’un axe est-ouest, la commune se caractérise par de petites habitations mitoyennes ceinturées par des espaces extérieurs productifs.
Partiellement détruits lors de la Première Guerre mondiale, le centre historique et son église se caractérisent par une reconstruction ainsi que par une légère extension des habitations sur les extrémités. Cette étape allant jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale révèle l’émergence de la seconde polarité à l’Est de la commune, contre la ceinture forestière. La création de cette seconde polarité tient à une nécessité militaire (figure 90). En effet, durant la période d’entre deux-guerres et au vu de la proximité de la commune avec la ligne Maginot (passant un peu plus au nord), un camp de sûreté y est créé. Son objectif est d’accueillir les militaires qui défendent cette ligne. Le camp se compose alors de divers bâtiments tels que des casernes, un hôpital, des écuries, un château d’eau, etc… C’est une véritable petite ville qui est construite de manière totalement indépendante du noyau historique, le dépassant en termes de population dès l’année 1940.
En 1975, la commune fait l’objet d’une nouvelle évolution remarquable sur l’ancien camp militaire (figure 91). En effet, à la fin de la Seconde Guerre mondiale, après le retrait des soldats, les installations militaires sont louées à la Société des aciéries de Longwy et à la Société des Hauts Fourneaux de la Chiers. Le camp militaire (nommé Morfontaine « les Cités ») évolue alors vers une fonction de cité ouvrière. Cette nouvelle période génère la destruction des bâtiments administratifs autres que les habitations militaires pour accueillir de nouvelles formes d’habitats. D’une part, nous trouvons des immeubles d’habitations collectives et, d’autre part, des petites maisons d’habitations en bandes.
Tandis que l’ex-camp de Morfontaine se développe une nouvelle fois entre 2004 et 2020 (figure 92), le noyau historique, qui n’avait pour l’heure que très faiblement changé, connaît un éclatement de ses limites sur les parties Nord et Est. Le début d’un mitage des espaces agricoles est perceptible dans la commune.
Les habitations du noyau historique de Morfontaine Village sont caractéristiques des modes de vie d’antan. En effet, les parcelles sont étroites et se développent suivant différents types (figure 93). En premier lieu, on trouve un espace de frontage avec la rue : cet espace public aussi appelé usoir (CAUE de la Moselle, 2018) et typique en Lorraine, était un lieu à la fois de transition et d’appropriation par les habitants. En second lieu, l’habitation est mitoyenne et donne un accès direct avec l’espace extérieur arrière. Cet espace se découpe, dans une partie des cas, en un espace approprié, un jardin pour les loisirs, suivi ensuite par une partie productive qui se découpe elle-même en un jardin cultivé et un espace de verger. Ce dernier donne alors sur l’espace agricole qui ceinture les limites construites de la commune.
Les anciennes habitations militaires sont des maisons doubles implantées avec un recul par rapport à l’espace public. Ce recul a généré, avec le temps, une appropriation qui se traduit fréquemment sous forme de jardin d’agrément, voire même parfois en un espace de stationnement de véhicules… Néanmoins, les deux parcelles mitoyennes se caractérisent également par les divers espaces qui les composent : garages, cabanons, jardins vivriers, ainsi que par sa double accessibilité. En effet, une entrée principale se dessine sur la façade majeure de l’habitation, tandis qu’à l’arrière, une autre entrée se profile également.
Les habitations en bande des cités ouvrières de Morfontaine — » les Cités » — sont révélatrices de la pression locative de cette période. En effet, elles sont en général composées par blocs de trois ou quatre habitations traversantes avec des pignons mitoyens. Cette organisation révèle aujourd’hui ses limites étant donné que les modes de vie ont évolué. En effet, l’accessibilité des véhicules n’était pas nécessaire lors de leur construction et les espaces extérieurs sont souvent très réduits.
Les habitations individuelles, appelées communément pavillons, ne sont pas caractéristiques de ce territoire, mais conformes au modèle de l’habitat individuel que l’on trouve partout en France. Qu’il s’agisse de secteurs sous l’influence luxembourgeoise ou dans une région sous influence économique d’une métropole quelconque, le dessin des habitations reste le même. Un espace de stationnement important est laissé à l’avant du terrain privé sur la façade principale générant un espacement entre l’habitation et l’espace public. En outre, les jardins ne sont que très peu appropriés, peu de végétation, peu de cultures, voire même une minéralisation des sols par du gravier pour éviter d’avoir à entretenir la végétation.
Une partie du projet repose sur la volonté d’articuler l’agriculture et les modes de vie contemporains et métropolitains. Cette articulation peut être réalisée, dans le cas de Morfontaine, au moyen d’une modification du tissu existant ou lors des nouvelles extensions du village.
Faisant partie de la Communauté d’Agglomération de Longwy, la commune bénéficie d’un PLU datant de 2013. Aujourd’hui, l’extension de la commune n’est possible que sur l’extrémité Est de Morfontaine « village » et sur une bande au Nord-ouest des « Cités ». Aucune orientation particulière n’est donnée dans ce document d’urbanisme même si le souhait de la préservation du noyau historique est très lisible. En effet, un grand nombre de restrictions sont données sur la constructibilité des jardins qui correspondent à l’ancienne ceinture productive du noyau historique.
À l’échelle de la commune de Morfontaine, et au vu des propositions de parcelles à urbaniser de la commune, l’idée serait davantage d’exploiter l’extension qui a été faite vers le nord. En effet, cette dernière se détache en partie du noyau historique en offrant des parcelles disponibles et intéressantes dans l’élaboration d’un lotissement nourricier par exemple.
L’approche agri-urbaine explore aussi la possibilité de travailler avec le parcellaire de l’habitat individuel.
Par exemple, les maisons militaires en bandes pourraient accueillir de manière transversale des calades (figure 96). Ces dernières sont, selon le modèle ardéchois, constituées d’un verger linéaire qui viendrait entrecroiser les différentes habitations et générer une promenade productive.
Pour les maisons du bourg centre situées sur l’ancienne ceinture vivrière, les fonds de parcelles pourraient être exploités par des potagers ou vergers (figure 95). Notons que cette exploitation peut être privée ou communale en accord avec les propriétaires. Cette hypothèse pourrait générer un à deux emplois communaux, entretiendrait les sols et serait vecteur de circuits courts et d’économie locale2.
Enfin, pour les maisons individuelles, l’enjeu est de valoriser les jardins situés à l’avant pour les loisirs et la production et, par le biais d’aires de stationnement collectives, de transformer les garages en « une pièce en plus » (figure 94). Aussi, et pour tirer parti des grands jardins, des extensions sont envisageables notamment pour le télétravail et le stockage du matériel de jardinage.
Au-delà de ses caractéristiques historiques, la commune de Morfontaine doit également les particularités de son implantation à son relief et à la nature des sols (figure 97). Le système de plateaux et de vallées qui existe à l’échelle du territoire se révèle également sur ce morceau de paysage. Ce relief particulier génère des milieux différents avec d’une part des continuités boisées et, d’autre part, des terres agricoles. Ces problématiques de sols sont également fonction des types de sous-sols et de leurs caractéristiques, notamment de leur perméabilité. On identifie trois types de sous-sols dans le grand paysage qui entoure la commune de Morfontaine : le Calcaire oolithique (sol avec beaucoup de cailloux, difficilement exploitable pour les cultures céréalières) ; Oolithe miliaire inférieure ou Marnes de Longwy (grande sensibilité à l’eau, terrain mouvant, mélange de calcite et d’argile — intéressant pour les matériaux de construction) ; Limons des plateaux sur substrat reconnu ou non (formation sédimentaire/rôle majeur dans le renouvellement de la fertilité des sols et donc pour leur exploitation agricole).
La formation topographique en vallons génère des creux et des points hauts. Tandis que les habitations sont davantage sur les hauteurs, les parcelles agricoles ne prennent pas en compte ce relief qui lors des précipitations va provoquer un ruissellement des eaux conséquent. Ces phénomènes sont aisément visibles dans des milieux aux caractéristiques similaires. La mauvaise gestion des eaux pluviales est révélatrice des problématiques du territoire au vu des traces de l’écoulement d’eau que cela laisse. En outre, lors de son passage à travers les parcelles agricoles, directement en contact avec la pollution des intrants chimiques, elle entraîne une pollution des nappes phréatiques. Ces nappes qui sont des « réservoirs d’eaux souterraines stockés à faible profondeur » sont les principales sources d’eau potable de la région (environ 62 %).
En dehors des caractéristiques géologiques et topographiques de la commune, d’autres éléments entrent en compte dans la compréhension du paysage (figure 98). En effet, la commune est remarquablement entourée par d’importantes parcelles agricoles, représentatives d’une agriculture intensive. Des éléments verticaux marquent le paysage et illustrent d’autant plus l’impact de l’homme tel que les châteaux d’eau, les éoliennes, la ligne à haute tension ou encore les silos de la coopérative céréalière LORCA. Implantée sur un vallon entre les deux tissus urbains de la commune, la coopérative est visible depuis les deux polarités, telle la cathédrale d’une ville. En revanche, la topographie rompt les continuités visuelles entre les deux polarités bâties.
Les enjeux de la stratégie agricole occupent une place importante dans le territoire. En effet, comme cela est signifié dans le rapport du SCoT (Chambre d’agriculture de Meurthe-et-Moselle, 2011) effectué en collaboration avec la Chambre d’Agriculture, le système en place ne bénéficie que de très peu de maraîchers alors qu’il y a une véritable demande. En outre, des études ont révélé que les caractéristiques du Pays-Haut Lorrain étaient propices à l’implantation de plantations telles que le chanvre. Néanmoins, la problématique générale repose sur l’absence de filière en place afin d’accompagner et de développer ces cultures.
Les constats effectués au cours des parties précédentes révèlent la fragilité du système en place. En effet, l’agriculture intensive est aujourd’hui une méthode dont nous connaissons l’impact à la fois sur l’environnement et sur les consommateurs. De ce fait, il est important de travailler sur la valorisation de ces terres en vue de résoudre ces problématiques.
Afin de réunir les deux polarités de Morfontaine, le projet propose de s’appuyer sur les trames vertes et bleues, mais aussi sur la trame productive (figure 99). Ces trames sont mises en place selon les 12 points-clés de l’agroécologie fournis par le Ministère de l’agriculture. Ces principes et valeurs tendent vers une agriculture plus durable et intégrée s’éloignant année après année de l’exploitation intensive actuelle.
La répartition des cultures ainsi que leur structuration au sein du territoire de Morfontaine sont révélatrices des pratiques agricoles actuelles. La rotation de cultures entre le colza, le blé et l’orge produit un paysage monotone dont la faible diversité de la production et les grandes dimensions des parcelles appauvrissent les sols : en considérant qu’une superficie dépassant 8 ha entraîne une rupture de la biodiversité, un important risque d’appauvrissement du sol est pressenti.
Le projet se saisit de ce constat révélant l’homogénéité et l’industrialisation des cultures défavorables au fonctionnement naturel du sol. Au-delà d’améliorer les rendements des parcelles, tout comme la qualité des sols, l’ambition est de faire un pas vers une agriculture durable. Bien qu’il ne soit pas exhaustif, compte tenu du fait qu’il dépend de la propriété et de l’exploitation des parcelles, de nouvelles rotations de cultures peuvent répondre à cet enjeu et produire un paysage et des récoltes bien plus diversifiés. Ces derniers vont ainsi apporter une nouvelle biodiversité vectrice d’ambiances plurielles permettant aux riverains de davantage jouir des espaces extérieurs entourant la commune.
En effet, certaines cultures vont permettre le stockage de l’azote, tandis que d’autres vont permettre aux ravageurs (tels que les lapins, les taupes) de ne pas s’installer dans le sol. Par ailleurs, la diversification des cultures va engendrer une production locale de produits qui pourront être transformés facilement et proposer une nouvelle alimentation à la population.
La projection de la répartition des cultures s’effectue à cheval entre la nouvelle rotation des plantations et celle des types (céréales, oléagineux…). Pour son élaboration, la méthode débute par l’analyse de l’état actuel au moyen de la règle d’un maximum de huit hectares de monoculture d’un seul tenant (figures 100 à 103). Cette règle doit également prendre en compte la succession de plusieurs parcelles comptabilisant ensemble une superficie supérieure à 8 ha, et non uniquement les parcelles exploitées seules. En outre, et pour accompagner la stratégie agricole, la transcription des trames vertes et bleues vient participer à la recomposition du maillage agricole (figure 104 et 105). De fait, par la réintroduction de milieux semi-naturels, à l’instar des haies ou des bandes enherbées, la biodiversité va être favorisée par la structure spatiale de la production agricole.
La stratégie agricole, bien qu’elle soit davantage paysagère dans sa mise en place, va induire possiblement un changement progressif des modes de consommation. En effet, une proximité plus grande entre les deux parties, agriculteurs et frontaliers, offrira une prise de conscience de la nécessité de ces espaces productifs. Basée à la fois sur les céréales, les légumineuses, les oléagineux et les fruits et légumes, la démarche multiplie la diversité des ressources territoriales. De fait, l’expansion de ces produits nécessitera une filière afin de pouvoir les exploiter localement.
Au-delà du rôle majeur de la trame verte et brune au sein de la commune de Morfontaine, mais plus largement du versant français, la trame bleue a un rôle important. En effet, le dérèglement climatique que nous commençons déjà à ressentir provoque des inondations, mais aussi des épisodes de sécheresse. Ce paradoxe provoque, d’une part, des écoulements de boues (figures 107 et 108) qui ruinent les plants, et d’autre part, la baisse des rendements faute de pluie. La gestion de l’eau est, par conséquent, un autre enjeu majeur de la démarche agricole.
Afin de répondre à cette problématique, une stratégie est élaborée. La proposition consiste à valoriser cette ressource primordiale à la vie et aux principes de l’agroécologie. L’eau possède de multiples intérêts à l’instar d’apports d’éléments nutritifs pour les hommes et les animaux. Par ailleurs, l’intégration d’un réseau hydraulique au sein d’un paysage vécu permet une meilleure régulation thermique.
D’après le principe des cours d’eau temporaires, le projet déploie des noues agricoles (figure 106). La noue est une zone à ciel ouvert, conçue de manière à être temporairement inondée et se caractérisant par une forme longitudinale et un faible encaissement. Ainsi, cet élément à la fois paysager et technique offre un nouvel écoulement des eaux dans les champs lors de fortes précipitations. En créant une zone à humidité variable, c’est l’ensemble d’un écosystème qui se reconstitue. De fait, le concept de noue agricole dépend d’un espace dont le milieu diverge selon l’étape de ruissellements ou d’infiltrations.
La gestion de l’eau dans la stratégie agricole, ainsi que dans l’aménagement territoriale et urbain, est une problématique majeure au vu de l’ensemble des paramètres pris en compte. Souvent perturbé par l’imperméabilisation des espaces construits, l’écoulement des eaux est un phénomène qui peut créer de nombreux dégâts.3 La topographie en forme de vallons génère des creux qui sont des espaces attirant le ruissellement, marqueur de lourds dégâts sur les parcelles lors d’importantes précipitations. Pour ce faire, l’idée est de profiter de la topographie pour instaurer des espaces de récupération et d’évacuation des eaux pluviales. L’ambition première de ce dispositif est d’éviter la détérioration des cultures, non moins que des sols, et de maîtriser son déversement dans les nappes phréatiques. Par ailleurs, il génère l’implantation d’un biotope inédit au moyen d’une armature arbustive adaptée, selon son niveau, dans la noue agricole.
L’armature paysagère permet de créer un paysage nouveau au sein de la commune de Morfontaine. Celui-ci peut être parcouru, être un lieu de sensibilisation, de découverte, de promenade, un espace de pique-nique…
Une lisière urbaine est un espace à l’interface entre la ville et la campagne qui qualifie la relation entre les deux. Plutôt que de considérer ce dispositif comme une limite, il est préférable de l’entendre comme une épaisseur de transition. En effet, l’ambition du projet repose sur la possibilité d’intégrer une lisière productive aux endroits où l’extension n’est plus possible afin de générer du lien avec les espaces agricoles. Ainsi cette étendue s’implante entre les parcelles privatives et les parcelles vouées à l’agriculture ou à l’élevage. Elle peut être parcourue, vécue, appropriée…
Un projet de lisière est ainsi mis en place suivant quatre étapes distinctes pour parvenir à l’horizon 2050 à un dispositif complet. La première d’entre-elle a pour objectif de spatialiser cette épaisseur qui est variable selon la nature de la couverture de sol agricole (figures 109 et 110). En effet, une variation de largeur est possible entre la lisière et l’activité agricole qui peut être de l’élevage, de la culture de plein champ ou de l’arboriculture. Ces profils permettent l’élaboration d’un cheminement continu autour des secteurs construits. De plus, la lisière offre un accès secondaire aux habitants des parcelles limitrophes. Elle se matérialise en diverses bandes productives composées d’arbres et arbustes à baies, mais aussi de vergers communaux.
La seconde étape, projetée à dix ans (figures 111 et 112), prévoit d’alimenter davantage la lisière productive en place au moyen d’espaces aux usages variés, multiples et surtout partagés. En effet, cette épaisseur devient progressivement un lieu vécu, un véritable espace public pour la commune et ses habitants qui découvrent leur village sous un nouvel angle. L’ambition est donc d’avoir des volumes capables à la fois extérieurs et intérieurs permettant d’absorber des activités diverses selon les périodes. Nous pouvons les penser comme des espaces de jeux, de découverte, d’ateliers collaboratifs, etc…
Ensuite, à l’horizon 2040 (figures 113 et 114), une nouvelle évolution est proposée à travers la prolongation de la lisière à proximité même des exploitations agricoles. Poussées ces dernières décennies à la périphérie des communes en raison des réglementations sanitaires, les fermes sont des lieux oubliés, uniquement vécus par leurs occupants. Ainsi l’objectif est de recréer du lien par le biais du parcours et des échanges qui peuvent se faire, notamment avec une inclusion paysagère de ces sites. En outre, le but est, de par l’évolution des pratiques agricoles, que les parcelles habitées deviennent elles aussi un maillon du système. Par l’installation de celliers semi-enterrés communaux, les personnes ayant un jardin — avec des productions supérieures à leur consommation individuelle — peuvent les proposer à la distribution par ce principe.
Enfin, à l’horizon 2050 (figures 115 et 116), l’ambition est d’atteindre l’intégration totale des principes de l’agroécologie au sein du système productif communal, voire territorial. Dans cette perspective, la transition des mentalités est aussi importante que les modifications spatiales. Les fermes peuvent parvenir à répondre aux différents points-clés de cette pratique agricole en adaptant leurs espaces. Ainsi peut être envisagée la construction de logements intermédiaires, voire même transitoires, pour accueillir des woofers ou des futurs exploitants de la région.
Le projet de la coopérative agroécologique s’inscrit dans la continuité de la stratégie agricole visant à générer une agriculture durable et intégrée à son aire géographique. Par conséquent, et au regard des divers programmes qui ont émergé au cours des propositions d’aménagement dans les parties précédentes, des questions se sont posées sur la filière projetée. En effet, l’ensemble des situations de projets suscite la création d’espaces pour les exploiter, les valoriser et les distribuer. C’est de cette manière que le développement d’une coopérative de formation et de transformation agroécologique est né.
La coopérative céréalière présente entre les deux polarités de la commune est une architecture fascinante (figure 117). À la fois par sa localisation et son imposante architecture, les silos céréaliers de Morfontaine apparaissent dans le paysage comme une cathédrale agricole (figure 118). Néanmoins ceux-ci incarnent les pratiques agricoles intensives.
Lorsque la transition vers une agriculture basée sur les principes de l’agroécologie sera lancée, l’envergure de ces bâtiments ne sera plus la même. Effectivement, ils deviendront un souvenir du passé comme peuvent l’être les friches industrielles de la région franco-luxembourgeoise. De ce fait, cet élément architectural sera mobilisé pour représenter le lieu de la transition vers une agriculture durable et intégrée.
À partir des 12 principes clés de l’agroécologie et des divers aménagements effectués au cours de la démarche, c’est un ensemble d’espaces qui compose le programme du projet de coopérative (figure 119). Ceux-ci permettent le développement et la mutation des filières agricoles sur le territoire transfrontalier.
Il s’agit alors de développer un site accessible au public la journée tout en y conservant la fonction de stockage et de logistique d’une coopérative. Aujourd’hui la coopérative se découpe en deux espaces : la « cathédrale » qui abrite les silos céréaliers et l’annexe pour le stockage du matériel utile à l’entrepôt et des intrants chimiques. La « cathédrale » et l’aménagement extérieur permettant le chargement du grain sont conservés tel quel. En revanche, selon les nouvelles pratiques agricoles adoptées par le territoire, le stockage d’intrants chimiques n’est plus nécessaire : l’architecture de l’annexe est retravaillée (figures 120 à 123) afin d’apporter de la lumière pour accueillir le public au point de vente et à l’agrotech. Cependant, et afin d’absorber les programmes nécessaires aux mutations des pratiques agricoles, de nouvelles constructions sont nécessaires. L’implantation de ces bâtiments flexibles suit la topographie, génère un axe central et dégage un promontoire vers le paysage et les polarités bâties de Morfontaine. Un troisième bâtiment va accueillir les pièces de stockage en lien avec la voie de retournement. Ces trois corps de bâtiments sur pilotis se posent sur le sol et révèlent la pente. Leur structure tramée en bois permet de moduler les pleins et les vides tout comme les hauteurs, s’adaptant ainsi au besoin des programmes. Aussi, les constructions suivent les principes fondamentaux du bioclimatisme (figure 124), tirant partie de la pente, des vents dominants, du rayonnement solaire, de la ventilation naturelle, des eaux pluviales.
Finalement, les nouvelles constructions et leurs programmes définissent un véritable lieu public rendant visible l’évolution des techniques agricoles. L’horizontalité du site et des bâtiments révèle la monumentalité de la « cathédrale » abritant les silos, faisant repère dans le paysage et devenant le symbole de la mutation agricole du Haut Plateau (figure 125).
SCoT nord meurthe-et-mosellan. Disponible sur : https://www.scotnord54.org/téléchargement.
Une régie municipale agricole pour alimenter la restauration scolaire de la commune [article, en ligne]. Disponible sur : http://www.capitale-biodiversite.fr/experiences/une-regie-municipale-agricole-pour-alimenter-la-restauration-scolaire-de-la-commune.
CAUE de l’Essonne, 2018, La lisière agriurbaine. Imaginer et concevoir de nouvelles relations entre ville et agriculture. Disponible sur : https://www.caue91.asso.fr/nos-actions/espaces-naturels-cadre-vie/agriculture/la-lisiere-agriurbaine.
CAUE de la Moselle, 2018, Les usoirs en Moselle, Metz, Édition du CAUE de Moselle.
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Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, 2016, Le projet agro-écologique en 12 clés [en ligne]. Disponible sur : https://agriculture.gouv.fr/le-projet-agro-ecologique-en-12-cles.
Planétoscope, 2021, Disponible sur : https://www.planetoscope.com/co2/140-emissions-de-co2-par-habitant-en-france.html
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Ministère de la Culture, Délégation générale à la langue française et aux langues de France, 2015, Vocabulaire du développement durable [en ligne]. Disponible sur : https://www.culture.gouv.fr/Sites-thematiques/Langue-francaise-et-langues-de-France/.