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Sortir de Matignon

Le départ de Matignon est une étape douloureuse pour la plupart des Premiers ministres qui décrivent un « sentiment de vide1 ». Michel Rocard relate ainsi dans son livre de mémoires :

Curieuse condition pourtant que celle de Premier ministre. Du jour au lendemain, vous n’êtes plus rien, n’avez plus de bureau, plus de secrétaires, plus de collaborateurs, plus de rencontres avec le président ou les autres gouvernants. Et vous vous retrouvez désespérément seul après avoir connu les ors et honneurs de la République2.

En effet, si le départ d’un ministère peut signifier la possibilité de se positionner pour l’élection présidentielle suivante, Matignon a la réputation de brûler les ailes de ses occupants. À l’exception de Georges Pompidou et de Jacques Chirac, aucun autre Premier ministre n’a pu accéder à la fonction de président de la République. Cela n’empêche pas certains d’entre eux de tenter de conquérir l’Élysée, à l’image de Laurent Fabius, Michel Rocard, Raymond Barre, Édouard Balladur, Manuel Valls, tous candidats malheureux à la présidence de la République, amenant pour certains la fin de leur carrière.

Contrairement aux chefs de l’État, l’ancien Premier ministre ne peut prétendre de facto au Conseil constitutionnel et ainsi à une reconversion toute trouvée. Il doit souvent reconstruire une image, voire un ancrage local largement écorné durant ses années à Matignon. Comment dès lors survit-on à l’enfer de Matignon ? Comment parvient-on à se recycler dans le système politique quand on atteint l’avant-dernière marche et que la première parait impossible à franchir ? Le départ de Matignon signe-t-il la fin d’une carrière politique ? Sur quelles ressources pécuniaires et matérielles, les anciens Premiers ministres peuvent-ils compter pour leur sortie ?

Nous exclurons de notre étude les Premiers ministres devenus présidents par la suite, c’est-à-dire Georges Pompidou et Jacques Chirac, puisque leur vie politique s’est poursuivie bien au-delà de Matignon. Cette recherche s’inscrit dans une réflexion plus large autour des relations entre les Premiers ministres et les présidents de la République, suite à un colloque co-organisé en 2019 sur les numéros deux du pouvoir dans l’histoire3 et en vue d’une habilitation à diriger des recherches. Les exemples de Michel Rocard et Pierre Mauroy4 seront plus particulièrement explorés à partir de leurs fonds d’archives et nous nous appuierons sur les travaux biographiques effectués par d’autres chercheurs pour élargir à l’ensemble des Premiers ministres de la Cinquième République5, ainsi que sur des entretiens6. Le récent ouvrage de Delphine Dulong sur les Premiers ministres est aussi une base importante de notre réflexion, même si la sortie de Matignon n’est que rapidement abordée7.

La difficile reconversion politique des anciens Premiers ministres

Difficulté à être élu président après un passage à Matignon

Il nous faut d’abord distinguer les Premiers ministres de « position », pour qui Matignon est une étape dans leur ascension politique (Jacques Chaban-Delmas, Georges Pompidou, Jacques Chirac, Laurent Fabius, Michel Rocard, Pierre Bérégovoy, Alain Juppé, Lionel Jospin, Dominique de Villepin, François Fillon, Manuel Valls, Edouard Philippe), des Premiers ministres de « destination », propulsés à ce poste par le chef de l’État et entièrement dévolus à leur tâche (Pierre Mauroy, Edith Cresson, Jean-Pierre Raffarin, Jean-Marc Ayrault, Jean Castex) et qui ne semblent pas ambitionner la place de chef de l’État, sauf s’ils se sentent pousser des ailes grâce à la fonction (Michel Debré, Raymond Barre, Édouard Balladur, Bernard Cazeneuve)8. Pourtant, Matignon n’a rien d’un tremplin pour accéder à l’Élysée, expliquant pourquoi un certain nombre de présidentiables ont choisi de sauter cette étape du cursus honorum politique français (Jacques Chirac en 1993, Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron).

Michel Rocard dans son dictionnaire amoureux de Matignon, jamais publié, car non terminé à sa mort, écrit au chapitre « Terme » :

En d’autres termes s’il est à peu près certain que pour la personne nommée Premier ministre cette nomination est une victoire, un achèvement, une reconnaissance de dignité ou d’éminence qui constitue un grand moment de vie privée, un confortement personnel très réel, il est tout aussi certain que cette nomination vaut annonce que le mandat finira beaucoup moins bien sinon très mal et que la partie de vie qui suivra la fin de ce mandat prestigieux sera lourdement marquée d’incertitude.

Le constat pessimiste du « Cassandre » du Parti Socialiste (PS) s’avère assez exact. Peu de Premiers ministres ont réussi à faire de Matignon un tremplin pour la plus haute marche de la vie politique française : l’Élysée. Plus exactement deux seulement : Georges Pompidou qui succède à Charles de Gaulle comme président en 1969, après un an toutefois de répit. Quant à Jacques Chirac, il parvient à l’Élysée 19 ans après avoir quitté Matignon pour la première fois et en l’ayant occupé une seconde fois durant la première cohabitation.

Les autres anciens Premiers ministres ayant postulé à Matignon ont tous essuyé des échecs, plus ou moins cuisants. Raymond Barre, Jacques Chaban-Delmas, Édouard Balladur, Lionel Jospin, François Fillon sont éliminés dès le premier tour de l’élection présidentielle, quant à Laurent Fabius, Alain Juppé et Manuel Valls, ils sont écartés par leurs partis dès les primaires organisées alors. On remarque que la majorité des Premiers ministres candidats à l’élection présidentielle le sont bien après avoir quitté Matignon (tableau 2). Il leur faut donc un sasse pour retrouver un peu de popularité et se sentir suffisamment légitime pour candidater, quand ça n’est pas la disparition de leur président qui leur entrouvre la voie (Debré, Barre). Michel Debré, candidat à l’élection présidentielle presque vingt ans après avoir été à Matignon, il est vrai, fait le score le plus bas avec 1,66 % des voix au premier tour de la présidentielle de 1981.

Pierre Messmer, Pierre Mauroy, Michel Rocard et Dominique de Villepin ne seront pas en condition de se présenter, malgré avoir envisagé, voire préparé leur candidature. Matignon les a suffisamment affaibli pour qu’ils ne soient plus en capacité de mener campagne. Ainsi, Michel Rocard termine son chapitre en rappelant : « L’exception confirme la règle. Et la règle demeure : de Matignon l’on s’en va dans la défaite ou le silence. »

Un retour complexe au gouvernement

Les Premiers ministres battus à la présidentielle ou y ayant renoncé arrêtent rarement leur carrière politique à leur sortie de Matignon. Ils montrent même une longévité assez exceptionnelle (voir tableau 4).

Leur retour au gouvernement est toutefois complexe. Quel poste ministériel peut-on accepter quand on a accédé à la principale place ? Quel chef du gouvernement veut d’un ancien Premier ministre dans son équipe dont il sait éperdument qu’il ne suivra que difficilement ses consignes ? Michel Rocard aurait ainsi aimé revenir au gouvernement comme ministre des Affaires étrangères en 1997, essayant même de jouer de son amitié de jeunesse avec le président Jacques Chirac pour y parvenir, mais sans succès9.

Georges Pompidou, le premier, faisait ce constat en parlant de Michel Debré : « Maintenant, je comprends la tragédie qu’a connue mon prédécesseur, Michel Debré. Quand on est resté longtemps ici, à ce poste, avec ces responsabilités, que faire ? Impossible de revenir au gouvernement comme simple ministre10. »

Cela n’empêchera pas Michel Debré de revenir au gouvernement en 1966 comme ministre de l’Économie et des Finances — pour remplacer le bouillonnant Valéry Giscard d’Estaing —, puis comme ministre des Affaires étrangères dans le dernier gouvernement du général de Gaulle en 1968, et enfin comme ministre de la Défense de Georges Pompidou entre 1969 et 1973. Laurent Fabius lui aussi redeviendra ministre à deux reprises entre 2000 et 2002 comme hôte de Bercy, de même qu’Alain Juppé sous Nicolas Sarkozy (éphémère ministre de la transition écologique en 2007, puis ministre de la Défense entre 2010 et 2011, et des Affaires étrangères jusqu’en 2012). Enfin, Jean-Marc Ayrault est lui devenu ministre des Affaires étrangères en 2016, seulement deux ans après avoir quitté Matignon. Il n’est donc pas impossible pour un ancien Premier ministre de revenir au gouvernement, même si cela reste exceptionnel et uniquement au sein de ministères régaliens — Économie, Défense, Intérieur, Affaires étrangères — jugés plus dignes de leur occupant.

La difficulté à retrouver un siège parlementaire

Plus de deux tiers des anciens Premiers ministres sont par contre devenus ou redevenus député à la suite de leur passage à Matignon (voir tableau 1). La chambre basse leur permet ainsi de rester des acteurs de premier plan du jeu politique, voire même de prendre la tête de leur courant politique, à l’image de Georges Pompidou en 1968, de Jacques Chirac en 1976. À l’Assemblée nationale, ils peuvent aussi bénéficier de l’honneur d’accéder au perchoir, la présidence du Palais Bourbon. Ce sera le cas de Jacques Chaban-Delmas à deux reprises après Matignon (1978-1981 ; puis 1986-1988), Laurent Fabius aussi à deux reprises (1988-1992 ; 1997-2000).

Ce retour à l’Assemblée nationale peut néanmoins s’avérer un chemin semé d’embûches. Avoir été Premier ministre en fait clairement des cibles pour les oppositions. Avoir battu un ancien chef de gouvernement assure une large médiatisation au vainqueur et une dynamique favorable. La très forte visibilité du candidat ancien hôte de Matignon galvanise ses adversaires et en fait une cible à abattre, créant parfois des coalitions baroques. Ainsi, Michel Rocard, pourtant candidat d’extrême gauche (Parti socialiste unifié [PSU]), bat Maurice Couve de Murville en octobre 1969 à l’aide des voix de la droite pro-Algérie française qui en profite ainsi pour régler ses comptes avec le gaullisme11. Le jeune Secrétaire général du PSU se trouve hissé parmi les ténors de l’opposition et devient l’une des personnalités les plus appréciées par l’opinion à gauche12. Le même Michel Rocard subira un sort identique en 1993, étant battu (48 % des voix au second tour) dans un contexte de défaite cuisante pour le Parti socialiste (plus que 57 sièges à l’Assemblée nationale). Pierre Messmer avait lui aussi été battu aux élections législatives de 1988. Leurs successeurs tenteront, alors qu’ils sont encore en place, d’obtenir la circonscription la plus sûre possible pour éviter un échec. François Fillon va ainsi se déplacer de la Sarthe vers Paris en 2012 où il est confortablement élu (56 % des voix), alors que son ancienne circonscription bascule à gauche. Le retour au Parlement des anciens Premiers ministres a toutefois été facilité par la réforme constitutionnelle de 2008 qui leur permet de retrouver le siège sur lequel ils ont été élus, y compris en cours de mandat, alors qu’il leur fallait jusque-là obtenir la démission de leur suppléant et se présenter à un scrutin très aléatoire comme nous venons de le montrer13.

À noter que la prise de direction du parti politique dont les anciens Premiers ministres sont membres ne se fait pas plus facilement : Pierre Mauroy, Laurent Fabius et Michel Rocard prennent la tête du Parti socialiste successivement (1988-1992 ; 1992—1993 ; 1993-1994), mais à chaque fois dans la douleur et pour des durées éphémères concernant les deux derniers. François Fillon échoue pour sa part au sortir de Matignon face à un Jean-François Coppé, pourtant bien moins doté en capital politique.

Avoir été Premier ministre est donc plus un handicap dans la conquête d’une fonction nationale qu’un véritable atout.

La réhabilitation par le local ou l’international

Un terrain souvent laissé en jachère pendant Matignon

Si avoir été Premier ministre n’est pas une assurance vie pour le reste de sa carrière politique, rares sont les anciens hôtes de Matignon à mettre fin à leur carrière politique après leur démission. La plupart se maintiennent plusieurs années à des fonctions électives ou gouvernementales, parfois même durant plusieurs décennies.

Ainsi dans le tableau 4 nous avons recensé le nombre d’années que les anciens Premiers ministres ont continué à consacrer à des activités électorales ou gouvernementales. Le total de 12,6 années en moyenne, ce qui est déjà une longévité importante, voile le fait que certains dans notre échantillon sont loin d’avoir terminé leur vie politique (Manuel Valls, Edouard Philippe, peut-être Bernard Cazeneuve). Les recordmen atteignent jusqu’à presque trois décennies de longévité après Matignon : Michel Debré, Maurice Couve de Murville, Pierre Mauroy, Laurent Fabius. Preuve que les anciens Premiers ministres sont, comme les chefs de l’État, atteints du syndrome de Laïos et n’acceptent que difficilement de se retirer14.

Beaucoup de Premiers ministres se concentrent sur la reconquête de leur mandat de maire (12 sur notre échantillon, voire tableau 2). Matignon éloigne largement du terrain. Rares sont les Premiers ministres en exercice à retourner de manière hebdomadaire dans leur commune. Pierre Mauroy fait figure d’exception en revenant tous les weekends dans sa ville de Lille durant ses trois années à Matignon15. Depuis les années 2000, les Premiers ministres ne peuvent plus cumuler Matignon avec leur mandat d’édile, ce qui rend leur retour encore plus délicat.

Après leur départ de Matignon, se concentrer sur leur ville devient un impératif pour espérer une réélection. La défaite de Michel Rocard en 1993 précédemment évoquée, s’explique aussi en raison d’un délaissement de la circonscription par l’ancien Premier ministre, et même de sa mairie depuis au moins 1988. Plus récemment Édouard Philippe a été confortablement réélu au Havre, suite à sa démission de Matignon, mais la présidentielle de 2022 montre une nette percée de Jean-Luc Mélenchon dans sa ville.

Parmi les mandats locaux les plus recherchés parmi les anciens Premiers ministres, il y a celui de président de région, à partir de la loi de décentralisation de 1982. Les larges pouvoirs qu’il confère à l’élu en fait un tremplin très utile en vue d’un retour au plan national et notamment pour l’élection présidentielle. La région Île-de-France est celle qui suscite le plus de convoitise. En 1998, Michel Rocard comme Edouard Balladur se présentent pour la diriger. Michel Rocard sera finalement écarté par son propre directeur de cabinet Jean-Paul Huchon, quant à Édouard Balladur, à la tête de la coalition RPR-UDF il est battu de peu (35 %-32 %) par le Parti socialiste. Jacques Chaban-Delmas (1985-1988), comme Pierre Mauroy (1974-1981) ont aussi présidé leur région.

La recherche de l’honneur sénatorial

Le prestige historique dont bénéficie la haute chambre en fait aussi un lieu à même d’accueillir les anciens Premiers ministres. Le mode d’élection permet en outre d’échapper à l’effet cible précédemment évoqué à propos du mandat de député. Élus sur des listes par de grands électeurs, les sénatoriales sont moins aléatoires qu’une élection législative pour les anciens hôtes de Matignon. Nombre d’entre eux se sont ainsi tournés vers un mandat sénatorial qui a en outre l’avantage de la durée : neuf ans puis six ans depuis 2003. Le Sénat est aussi à l’abri des dissolutions. Maurice Couve de Murville qui a subi un échec aux législatives se tourne vers le mandat de sénateur de Paris en 1986. Pierre Mauroy quittera l’Assemblée nationale en 1992 au profit du Sénat. Michel Rocard, après sa défaite aux législatives de 1993, se replie aussi sur le Sénat en 1995, bien qu’il n’y passe que deux années.

Jean-Pierre Raffarin est celui qui investit le plus la haute chambre, mais ne parviendra jamais à la présider après plusieurs tentatives, en particulier en 2008 et 2014. Gérard Larcher lui est préféré par les sénateurs UMP.

Sortir par le haut : l’international après Matignon

Plus rare, mais néanmoins illustré par plusieurs cas : la conquête d’un mandat européen ou une mission internationale pour les anciens Premiers ministres.

Trois d’entre eux vont ainsi être élus députés européens : Pierre Messmer (1979), Laurent Fabius et Michel Rocard. Ces deux derniers ont même conduit leur liste lors des élections européennes de 1989 et 1994. Michel Rocard y restera quinze ans (1994-2009). Edith Cresson sera elle appelée à la Commission européenne en 1995 (commission Santer) en charge de la recherche, de la science et de la technologie.

Toutefois, ces mandats à l’international semblent moins attractifs désormais (tableau 1). Ils sont plutôt un handicap qu’un atout dans la conquête d’un mandat national ou la poursuite du jeu politique hexagonal16.

Le retrait définitif de la vie politique

Une exception liée à un échec sévère

Les retraits les plus subits sont liés à des échecs majeurs qui soldent la carrière politique, à l’image de l’élimination de Lionel Jospin dès le premier tour de la présidentielle de 2002. Il envisagera à plusieurs reprises de revenir, sans que cela se concrétise. Édith Cresson qui aura été l’un des Premiers ministres les plus éphémères (dix mois), mais aussi les moins appréciés de l’opinion, après une campagne sexiste d’une violence intense à son égard, se retire aussi du jeu politique national17. Marc Abélès soulignait à propos de Simone Veil ou encore de Catherine Trautmann comment l’échec en politique pouvait s’avérer encore plus rude et violent pour les femmes politiques18. Elle reste élue locale jusqu’en 1997.

La majorité des anciens Premiers ministres poursuivent leur carrière à l’issue de Matignon, même si celle-ci ne s’avère pas toujours facile. La tendance est toutefois au retrait politique de plus en plus précoce (voir tableau 4). Le rajeunissement du personnel politique et l’allongement de la durée de la vie rendent la reconversion professionnelle avant le départ à la retraite encore plus importante pour les anciens Premiers ministres. Ceux qui ne briguent pas de nouveaux mandats, ou ne sont pas réélus, doivent ainsi retrouver un emploi. La grande majorité d’entre eux sont hauts fonctionnaires ou enseignants (respectivement la moitié et un quart) et ont ainsi bénéficié de la mise en disponibilité pendant l’exercice de la durée de leurs fonctions (voir tableau 3)19. Mais pour les autres, c’est le rôle de conseil pour des entreprises qui est l’emploi le plus souvent exercé comme nous le verrons plus loin.

Deux anciens Premiers ministres ont tenté, comme nombre d’autres personnalités politiques ces dernières années20, de rejoindre des médias comme chroniqueurs : Manuel Valls et Jean—Pierre Raffarin. Pour tous deux, le succès a été plus que limité et l’expérience de courte durée.

Les avantages d’un Premier ministre à la retraite

Après avoir quitté Matignon, un ancien Premier ministre continue à bénéficier d’un certain nombre d’avantages. Contrairement là encore à une légende urbaine, il n’y a pas de « retraite » d’ancien Premier ministre. Selon un décret de 1997 entérinant une pratique déjà existante depuis une ordonnance du 17 novembre 1958 (ordonnance 58-æ1099), ils bénéficiaient d’une indemnité pendant six mois égale à leur rémunération en fonction (près de 15 000 euros brut/mois à l’heure actuelle)21. En plus de cette rémunération, ils bénéficient d’avantages en nature substantiels : un secrétariat particulier, un véhicule et un conducteur sans limitation de durée. Depuis un nouveau décret du 20 sept. 2019, adopté suite à la crise des gilets jaunes l’indemnité est ramenée à trois mois après le départ de Matignon, le secrétariat particulier n’est mis à disposition que pour dix ans. Conducteur et véhicule restent par contre à vie. Toutefois ce même décret stipule que ces avantages ne peuvent être cumulés avec ceux résultant d’un mandat en cours.

On ne roule donc pas sur l’or comme ancien Premier ministre, mais on bénéficie d’avantages en nature substantiels. Selon Mediapart en 201622, les dépenses pour les anciens Premiers ministres auraient dépassé 2,9 millions d’euros entre 2011 et 2014. Ces avantages sont toutefois nettement moins importants que pour les anciens chefs de l’État qui bénéficient de sept collaborateurs pendant cinq ans, puis trois, et d’un bureau meublé23.

À la retraite proprement dite, les anciens Premiers ministres n’ont pas d’avantage financier lié à leurs anciennes fonctions, même s’ils continuent à cotiser pour leur retraite auprès de la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) et à l’Ircantec comme retraite complémentaire. La pension dont bénéficient les anciens Premiers ministres dépend donc largement de leur profession et des mandats effectués puisqu’ils ne touchent pas de retraite de Matignon. Cette situation rend le calcul de la retraite d’un ancien Premier ministre assez difficile à évaluer. Une enquête de Capital en 200924 permet toutefois d’en avoir une idée. Ainsi, celle-ci indiquait que Michel Rocard bénéficiait de 11 000 euros brut par mois qui se répartissait ainsi :

  • 4700 euros de retraite comme Inspecteur des Finances et maire de Conflans,

  • 6400 euros comme ancien député européen et parlementaire français.

À cela s’ajoutent et sont encore plus difficiles à quantifier : les missions que les anciens Premiers ministres peuvent présider, les conférences qu’ils peuvent donner (10 000 euros par an selon cette enquête de Capital pour Michel Rocard), les droits d’auteur.

Michel Rocard bénéficiait ainsi, en plus de ses retraites, de 5000 euros comme ambassadeur aux pôles, après sa nomination la même année par Nicolas Sarkozy. Soit un total supérieur à 15 000 euros. Toujours selon cette même enquête, Alain Juppé touchait 15 000 euros brut/mois. Laurent Fabius quant à lui voyait ses revenus s’élever à 12 000 bruts, dont 3 200 euros de retraite comme haut fonctionnaire. Il était toutefois encore député à ce moment-là.

Ces montants importants restent là encore en deçà de ceux dont bénéficient les anciens hôtes de l’Élysée qui avoisinent les 30 000 euros25. En effet, les anciens chefs de l’État peuvent siéger de facto au Conseil constitutionnel, ce qui leur assure un revenu de 13 000 euros brut mensuel d’office. La loi du 3 avril 1955 leur attribue en outre une dotation à vie contrairement aux anciens Premiers ministres équivalente au traitement d’un conseiller d’État, soit environ 5 500 euros brut par mois.

L’absence de rémunération en tant qu’ancien Premier ministre désavantage nettement ceux qui n’ont pas occupé de fonctions électives ou qui n’ont pas de carrière de haut fonctionnaire leur permettant de cotiser en parallèle de leurs fonctions politiques. C’est le cas de Manuel Valls, entré en politique à la sortie de l’université et qui ne bénéficie pas de revenus en tant qu’ancien maire d’Évry, ce qui peut expliquer, outre son jeune âge, sa volonté permanente de partir à la conquête de mandats en France, comme à l’étranger. Cela pousse certains anciens Premiers ministres, en particulier dans la période la plus contemporaine à vouloir se lancer dans le monde des affaires, nettement plus lucratif. Alors que leurs prédécesseurs poursuivaient encore longtemps une carrière d’élus ou de gouvernants (tableau 4), cette tendance voit une nette baisse au profit des activités dans le secteur privé, alors même que l’allongement de la durée de la vie aurait pu plaider dans le sens inverse.

Le carnet d’adresses étoffé d’un ancien Premier ministre attise l’intérêt d’entreprises internationales. François Fillon a ainsi créé sa propre société de conseil aux entreprises hébergée par la société d’investissement Tekehau Capital, suite à son échec à la présidentielle de 2017. Cela lui permet de doubler ses revenus mensuels issus de la seule politique avec des ressources avoisinant les 30 000 euros/mois26. Il entre également au conseil d’administration de la société de pétrochimie russe Sibur et d’hydrocarbures Zarubeschneft en 2021.

Dominique de Villepin, qui était l’un des seuls Premiers ministres à n’avoir exercé aucun mandat avant ni après Matignon, a lui créé son cabinet d’avocat, avant de se lancer aussi dans le conseil aux entreprises avec Villepin International au chiffre d’affaires de 4,2 millions d’euros en 2012. Il en tirerait des revenus substantiels s’élevant à au moins 20 000 euros par mois. Il est également au conseil d’administration d’entreprises chinoises27. Passion pour la Chine qu’il partage avec son immédiat prédécesseur Jean-Pierre Raffarin, lui aussi membre de plusieurs conseils d’administration d’entreprises chinoises dont Plastic Omnium. Édouard Philippe aussi a rejoint le conseil d’administration de la société informatique Atos. Cette reconversion dans le monde des affaires s’apparente d’ailleurs à ce qui a pu être observé aux États-Unis et dans d’autres pays occidentaux28.

Défendre un bilan pas toujours évident à dégager

L’exercice des mémoires politiques est désormais un passage obligé pour toutes les personnalités ayant exercé des fonctions nationales. La tendance n’a d’ailleurs fait que s’accroître depuis plusieurs décennies29. Chaque homme politique, au soir de sa vie, veut assurer sa place dans l’histoire et défendre un bilan parfois controversé, souvent oublié.

L’exercice est facile et assuré du succès pour les anciens chefs de l’État qui sont de gros vendeurs de livres — Nicolas Sarkozy a vendu 250 000 exemplaires de son ouvrage Le Temps des tempêtes en 2020, 300 000 pour Passions paru en 2019 ; Les leçons du pouvoir de François Hollande, paru en 2018 s’est vendu à 160 000 exemplaires30 —, il l’est moins pour les anciens hôtes de Matignon. Leur bilan, souvent plus bref, est plus difficile à distinguer de celui du président de la République. En effet, même si leur action peut être décisive dans une réforme ou choix fait, c’est en général le chef de l’État qui en tire les bénéfices. Les Premiers ministres s’étant souvent effacés derrière le président, il leur est plus difficile par la suite de s’attribuer les mérites de la politique menée. Ainsi, Pierre Mauroy peine à mettre à son profit les grandes réformes sociales de 1981, tant attachées à l’image de François Mitterrand31. La défense d’un bilan s’avérera ainsi plus importante pour ceux qui n’ont pas entretenu de bonnes relations avec le chef de l’État, à l’instar de Michel Rocard. Celui-ci accorde beaucoup de place dans ses mémoires32 à son action comme Premier ministre et aux résultats obtenus : Nouvelle-Calédonie, revenu minimum d’insertion (RMI), contribution sociale généralisée (CSG). Comme le soulignait Annie Collovald à propos de Jacques Chirac en 1977, le récit autobiographie joue un rôle réparateur :

Un tel regard sur soi est toujours le signe d’une tentative de réappropriation du sens de sa propre histoire personnelle après un accident ou une rupture biographique ; il est une action sur soi-même qui cherche à réparer le for intérieur d’un individu en aidant à surmonter une expérience réussie comme une forme de reniement de son histoire passée33.

L’autre frein pour les mémoires des anciens Premiers ministres est le risque d’un échec commercial de l’ouvrage. Resté moins longtemps au pouvoir que les présidents, leur mémoire s’est souvent moins conservée.

Toujours dans cette visée de défendre leur bilan, les anciens Premiers ministres peuvent s’engager dans la mise en place d’une fondation à caractère mémoriel, centré sur eux ou sur leur camp politique, le tout dans le cadre de la prolifération de ces entreprises de mémoire34. Pierre Mauroy a ainsi créé et présidé jusqu’à sa mort la Fondation Jean Jaurès, think tank de la gauche socialiste, mais aussi fondation valorisant la mémoire du socialisme français et international, où sont également conservées ses archives. Michel Rocard a également créé avec ses anciens collaborateurs l’association MichelRocard.org en 2014, après avoir participé à la fondation du think tank Terra Nova.

L’insatisfaction que peut laisser Matignon au Premier ministre peut aussi les amener à chercher les honneurs qu’ils n’ont pas eus au cours de leur carrière politique. Plusieurs d’entre eux se sont ainsi montrés intéressés par une fonction honorifique qui peut parfois être accompagnée d’une gratification financière importante — les membres du Conseil constitutionnel sont ainsi rémunérés 13 000 euros bruts/mois. Laurent Fabius, Lionel Jospin et Alain Juppé ont ainsi accédé au Conseil constitutionnel (voir tableau 1). Deux anciens Premiers ministres ont également eu l’honneur d’accéder à l’Académie française, Michel Debré et Pierre Messmer.

Conclusion

Comme le soulignait Michel Rocard, on sort rarement renforcé de Matignon. Ce qui explique que plusieurs personnalités politiques aient préféré contourner ce poste très exposé pour mieux se consacrer à l’élection présidentielle. Le retour au gouvernement, la conquête ou la reconquête d’un mandat local ou national ne va pas de soi et peut même s’avérer un chemin semé d’embûches. Mais la vie après Matignon se poursuit néanmoins longtemps pour les anciens Premiers ministres au Parlement, dans leur mairie ou à l’international. Les retraites définitives sont l’exception plutôt que la règle. La recherche de ressources financières croissantes semble toutefois inciter les anciens Premiers ministres les plus récents à se tourner vers le milieu des affaires, source de revenus très lucratifs.

Annexe

Tableau 1. L’après-Matignon pour les anciens Premiers ministres

Nom Maire Député Sénateur Ministre Président Fonction à l’international Fonction dans le privé Nomination de prestige nationale (Académie française, Conseil constitutionnel, ambassade, mission) Décès juste après Matignon
Michel Debré
Georges Pompidou
Maurice Couve de Murville
Jacques
Chaban-Delmas
Pierre Messmer
Jacques Chirac
Raymond Barre
Pierre Mauroy
Laurent Fabius
Michel Rocard
Edith Cresson
Pierre Bérégovoy
Edouard Balladur
Alain Juppé
Lionel Jospin
Jean-Pierre Raffarin
Dominique
de Villepin
François Fillon
Jean-Marc Ayrault
Manuel Valls
Bernard Cazeneuve
Edouard Philippe
Total 12154426591

Tableau 2. Les anciens Premiers ministres et l’élection présidentielle

Nom Candidat Candidature immédiate après Matignon ou en fonction Candidature
a posteriori
Élu Battu
Michel Debré
Georges Pompidou
Maurice Couve de Murville
Jacques Chaban-Delmas
Pierre Messmer
Jacques Chirac
Raymond Barre
Pierre Mauroy
Laurent Fabius
Michel Rocard
Edith Cresson
Pierre Bérégovoy
Edouard Balladur
Alain Juppé
Lionel Jospin
Jean-Pierre Raffarin
Dominique de Villepin
François Fillon
Jean-Marc Ayrault
Manuel Valls
Bernard Cazeneuve
Edouard Philippe

Tableau 3. Le statut professionnel des anciens Premiers ministres

Nom Hauts fonctionnaires Avocats Enseignants Salariés du privé Entrés directement en politique
Michel Debré
Georges Pompidou
Maurice Couve de Murville
Jacques Chaban-Delmas
Pierre Messmer
Jacques Chirac
Raymond Barre
Pierre Mauroy
Laurent Fabius
Michel Rocard
Edith Cresson
Pierre Bérégovoy
Edouard Balladur
Alain Juppé
Lionel Jospin
Jean-Pierre Raffarin
Dominique de Villepin
François Fillon
Jean-Marc Ayrault
Manuel Valls
Bernard Cazeneuve
Edouard Philippe
Total 111532

Tableau 4. Poursuite des activités électorales et gouvernementales après Matignon

Durée (années)
Michel Debré27
Georges Pompidou1
Maurice Couve de Murville26
Jacques Chaban-Delmas25
Pierre Messmer14
Jacques Chirac21
Raymond Barre21
Pierre Mauroy27
Laurent Fabius30
Michel Rocard18
Edith Cresson7
Pierre Bérégovoy0
Edouard Balladur12
Alain Juppé22
Lionel Jospin0
Jean-Pierre Raffarin12
Dominique de Villepin0
François Fillon5
Jean-Marc Ayrault3
Manuel Valls4
Bernard Cazeneuve0
Edouard Philippe2
Moyenne 277/22=12,6 années
  • 1Mauroy Pierre, Mémoires : « Vous mettrez du bleu au ciel », Paris, Plon, 2003, p. 325.
  • 2Rocard Michel, Si ça vous amuse, Chroniques de mes faits et méfaits, Paris, Flammarion, 2010, p. 260.
  • 3Guigo Pierre-Emmanuel et Pezé Warren (dirs), Être le numéro deux. Une histoire des rapports de pouvoir à la tête de l’État. Suivi d’un entretien avec Jean-Pierre Raffarin, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », 2024.
  • 4 Après un travail de thèse sur Michel Rocard (Michel Rocard entre médias et opinion, thèse soutenue le 16 novembre 2016 à Sciences Po, sous la direction de Jean-François Sirinelli), nous écrivons une biographie de Pierre Mauroy (Perrin), à partir de son fonds d’archives conservé à la Fondation Jean Jaurès (1FP) : Guigo Pierre-Emmanuel, Michel Rocard, Paris, Perrin, 2020.
  • 5 Entre autres : La thèse de Léa Pawelski sur Laurent Fabius, la biographie de Raymond Barre par Christiane Rimbaud (Perrin, 2015). Citons aussi Lachaise Bernard, Sirinelli Jean-François, LeBeguec Gilles (dirs), Jacques Chaban-Delmas en politique, Paris, Presses univeristaires de France, 2007 et Cointet Jean-Paul, Lachaise Bernard, LeBeguec Gilles (dirs), Un politique : Georges Pompidou, Paris, Presses universitaires de France, 2001.
  • 6 Entretien avec Jean-Pierre Raffarin, 9 mars 2021 ; Entretiens avec Michel Rocard, 12 novembre 2012, 4 juillet 2013 ; Entretien avec Manuel Valls, 5 mars 2018. Plus d’une centaine d’entretiens sur Michel Rocard et son entourage et plusieurs entretiens dans l’entourage de Pierre Mauroy.
  • 7Dulong Delphine, Premier ministre, Paris, CNRS Editions, 2021.
  • 8 Nous développons cette dichotomie dans l’ouvrage codirigé avec Peze Warren, Les n° 2 du pouvoir, anthropologie historique d’un rôle, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2024 (à paraître).
  • 9Carton Daniel, Bien entendu c’est off : ce que les journalistes politiques ne vous racontent jamais, Paris, Albin Michel, 2003.
  • 10Alexandre Philippe, Le duel De Gaulle-Pompidou, Paris, Grasset, 1970.
  • 11Guigo Pierre-Emmanuel, Michel Rocard, Paris, Perrin, 2020.
  • 12Ibid.
  • 13Massot Jean, Chef de l’État et chef du gouvernement. La dyarchie hiérarchisée, Paris, La documentation française, 2008, p. 103.
  • 14Abeles Marc, L’Échec en politique, Belval, Circé, 2005.
  • 15Guigo Pierre-Emmanuel, « Jours tranquilles à Matignon : gérer la semaine de Pierre Mauroy entre Lille et Paris » [en ligne], Sociétés & Représentations, 2021/2 (N° 52), p. 63-78. Disponible sur : https://doi.org/10.3917/sr.052.0063.
  • 16Cazenave Emilie, « Eurodéputé : “Seconde chance” ou “Tremplin” ? Comparaison des trajectoires politiques de candidats PPE et PSE aux élections européennes de 2014 en France et en Suède », Bruges, Collège d’Europe, 2014.
  • 17Dulong Delphine, « Rôle de genre et drôle de genre. Edith Cresson Premier ministre ou le mauvais genre en politique », Les identités de genre en politique, Juin 2011, Dijon, France.
  • 18Abele Marc, L’Échec en politique, op. cit.
  • 19 Cette facilité des sorties pour les hauts fonctionnaires est bien mise en valeur par Louise Dalibert à propos des anciens parlementaires : Dalibert Louise, « Les “vies d’après “des députés français. Des reconversions professionnelles lucratives limitées » [en ligne], Revue française de science politique, vol. 71, no. 1, 2021, pp. 97-117. Disponible sur : https://doi.org/10.3917/rfsp.711.0097.
  • 20La Revue des médias, « Entretien avec Erik Neveu, La chronique TV après la politique, une porte de sortie après une marginalisation », 19 juillet 2019.
  • 21Massot Jean, Chef de l’État et chef du gouvernement, op. cit., p. 103.
  • 22Mediapart, 8 février 2016.
  • 23Breteau Pierre et Maad Assma, « Macron a-t-il signé un décret qui permet aux ministres de conserver leurs avantages à vie ? », Le Monde, 23 septembre 2019.
  • 24 Magazine Capital, mai 2009.
  • 25Ibid.
  • 26 BMFTV, Hussonnois-Alaya Céline avec Vecchio Mélanie, « Après la politique, la nouvelle vie de François Fillon », 12 octobre 2017.
  • 27L’Express, 22 février 2012.
  • 28Diermeier Daniel, Keane Michael, Merlo Antonio, « A Political Economy Model of Congressional Careers », The American Economic Review, 95 (1), 2005, p. 347-373, cité par Dalibert Louise, « Les “vies d’après “des députés français. Des reconversions professionnelles lucratives limitées », art. cit.
  • 29LeBart Christian, La politique en librairie. Les stratégies de publication des professionnels de la politique [en ligne], Paris, Armand Colin, collection « Recherches », 2013. Disponible sur : https://doi.org/10.3917/arco.lebar.2012.01.
  • 30Richaud Nicolas, « Hollande, Sarkozy : ces deux anciens présidents qui vendent beaucoup de livres », Les Echos, 18 décembre 2021.
  • 31Mauroy Pierre, Mémoires : Vous mettrez du bleu au ciel, op. cit. ; Mauroy Pierre, Ce jour-là, Paris, Michel Laffon, 2012.
  • 32Rocard Michel, Si la gauche savait, entretien avec Georges-Marc Benamou, Paris, Robert Laffont, 2006 ; Rocard Michel, Si ça vous amuse : Chroniques de mes faits et méfaits, op. cit.
  • 33Collovald Annie, Jacques Chirac et le gaullisme. Biographie d’un héritier à histoires, Paris, Belin, 1999, cité par Dulong Delphine, Premier ministre, op. cit., p. 363.
  • 34Guigo Pierre-Emmanuel, « Les fondations politiques mémorielles en France : pour la défense d’une histoire orientée ?», Cahiers Mémoire et Politique [en ligne], Cahier n° 5. Varia, 59-76. Disponible sur : https://doi.org/10.25518/2295-0311.197.