François Audigier se demandait, en introduction de cet ouvrage, s’il était possible de déterminer l’évolution de l’âge moyen des fins de carrières pour les élus en fonction des régimes et des tendances politiques. Intuitivement, on est porté à penser que les formations anciennes et conservatrices favorisent des sorties tardives, tandis que l’impact de la professionnalisation du politique était moins évident à anticiper. Le colloque à l’origine de ce livre a apporté des éclairages neufs sur les causes de la sortie du politique, sur l’organisation de ces sorties et les reconversions. Des éléments de réponses — et autant de questionnements supplémentaires. À propos de l’âge de la sortie, qui pose en effet la question de la professionnalisation des carrières, Bernard Lachaise et Jérôme Pozzi apportent une réponse pas forcément contre-intuitive avec leurs analyses quantitatives respectives : les députés gaullistes du début de la Cinquième République ont des carrières parlementaires plus courtes que la moyenne des députés de la Troisième République, mais plus longues que celles de leurs héritiers. Une explication tient aux évolutions législatives qui restreignent le cumul des mandats ; une autre tient à l’évolution des cultures politiques en faveur d’une normalisation de l’exercice, ce qu’on peut rattacher à un processus de démocratisation. Quant aux spécificités des cultures politiques, elles demeurent à documenter, notamment en confrontant les formations au passé séculaire, par-delà leurs avatars onomastiques, avec des partis nettement plus jeunes, comme ceux nés de l’écologie politique. À l’échelle très récente, on peut repérer une corrélation entre certaines cultures politiques et la longévité moyenne des élus. En effet, si les députés français élus entre 1997 et 2017 avaient passé en moyenne 28,5 ans en mandats électifs, la durée des carrières est légèrement plus courte chez les socialistes (27 ans) qu’à droite (30,3 ans pour le centre droit et 30,4 ans pour la droite traditionnelle) ; les communistes se distinguent par leur longévité en mandats (31,8 ans) alors que les écologistes présentent des carrières plus courtes (19,7 ans, essentiellement du fait de leur pratique moindre du cumul des mandats). En moyenne, ces députés ont quitté la vie politique à l’âge de 66,2 ans, même s’il existe des disparités de genre (62,6 ans pour les femmes contre 67,1 ans pour les hommes) ainsi que de positionnement politique (64,9 ans pour les élus de gauche contre 68 ans pour les élus de droite).
À quel âge est-il raisonnable de quitter la vie politique ? Comme le souligne Arnaud Dupin dans sa contribution, Guy Mollet s’était personnellement fixé l’échéance des 70 ans. Mais cette question de l’instauration d’une limite d’âge, au-delà des décisions individuelles et d’une morale personnelle, n’est pas étrangère au débat public. À chaque élection, quelle qu’en soit la nature, la presse s’empresse de désigner le doyen de telle institution et de relancer le débat du « renouvellement » en politique. En 2015, un rapport commandé par Patrick Kanner (alors ministre de la ville et de la Jeunesse) auprès du think tank (groupe de réléxions) France stratégies proposait d’interdire aux plus de 70 ans de se présenter à une élection locale ou parlementaire dans le but de rajeunir les institutions1. À la suite de la publication de ce rapport, le fait de limiter l’âge pour se présenter avait fait débat dans l’opinion publique2. Si aucune législation en ce sens n’a finalement vu le jour, il n’en reste pas moins que le sujet reste débattu au sein des partis politiques. Bernard Lachaise évoque dans sa contribution sur les députés gaullistes le débat préparatoire aux législatives de 1997 : le RPR avait pris la décision de ne pas présenter des candidats âgés de plus de 75 ans. Cependant, cette mesure a suscité de vives oppositions en interne3. La limitation du cumul des mandats tout comme la mise en place d’un âge maximal pour se présenter dépend donc essentiellement des organisations partisanes et de leurs cultures politiques. Sur ce point, les écologistes se distinguent nettement puisqu’ils ont par exemple pratiqué « le tourniquet » dans les années 1980 et 1990. Le principe est simple : à mi-mandat, le candidat élu cède son siège à son suppléant (ou au suivant de sa liste) afin d’entraver le processus de professionnalisation politique4.
Le simple fait de mesurer la longévité des carrières révèle une difficulté propre à l’analyse des sorties et des fins de carrière politique : comment définir le retrait de la vie politique ? Doit-on mesurer uniquement le mandat (la durée passée à l’Assemblée) ou bien les carrières électives dans leur entièreté ? Les carrières politiques ne se terminent pas nécessairement lorsque l’on quitte (volontairement ou involontairement) ses mandats nationaux. Bernard Lachaise et Jérôme Pozzi l’ont montré pour les députés gaullistes, tout comme Pierre-Emmanuel Guigo à propos des anciens Premiers ministres : la pratique du cumul des mandats amène les acteurs à se recentrer (de manière durable ou non) vers leurs mandats locaux (maire, ou élus au sein des Conseils généraux et régionaux, et plus récemment au sein des coopérations intercommunales). Ainsi, ce cumul des mandats dans le nombre a longtemps permis aux acteurs politiques de se maintenir, malgré les aléas dus aux alternances, comme professionnels de la politique (de pouvoir vivre de et pour la politique pour reprendre la formule wébérienne5).
Ce « retour au local » peut traduire différentes réalités. Parfois la volonté de se centrer sur ses mandats locaux est une volonté des acteurs qui souhaitent se frayer une transition vers la retraite ou bien demeurer des professionnels de la politique à l’échelle locale (où les possibilités de cumul d’exécutifs locaux ne sont pas en reste). Dans d’autres cas, le retour à des positions locales peut être contraint et envisagé dans l’attente de retenter sa chance lors des prochaines échéances nationales ; Jérôme Pozzi montre ainsi qu’un tiers des députés gaullistes battus ont retrouvé leur siège en 1986. Ces « périodes creuses » constituent un objet d’étude en soi. Si les commentateurs évoquent régulièrement l’expression des « traversées du désert » pour décrire ces séquences qui suivent une déconvenue électorale, ce qu’elles recouvrent effectivement reste à définir plus précisément par les sciences sociales tant elles impliquent des réalités quotidiennes et matérielles différentes6. François Audigier montre ainsi qu’une nomination au Conseil économique, social et environnemental (CESE) peut intervenir pour combler un accident de parcours et permettre de demeurer dans l’espace politique professionnel.
Pour en revenir à la question de la définition de la sortie de la vie politique, si la fin des mandats électifs apparaît comme l’indicateur permettant d’obtenir une donnée objective et mesurable, elle n’en est pas moins imparfaite, les contributions de cet ouvrage le montrent. Le fait de ne plus exercer de mandat condamne-t-il les anciens élus à faire vœu de silence dans l’espace public ? Les différents ouvrages et/ou prises de parole de l’ancien Premier ministre Lionel Jospin ont pu faire sourire certains observateurs qui se demandaient s’il avait réellement quitté la vie politique. L’intéressé a toujours répondu que s’il avait abandonné toute prétention à exercer à nouveau le pouvoir, il conservait en revanche ses droits d’expression de citoyen7. Bernard Lachaise observe que nombreux sont les anciens députés et ministres gaullistes à avoir publié des ouvrages, et notamment leurs mémoires. Aussi, dans sa contribution sur la fin de carrière de Léon Daudet, Anne-Catherine Schmidt-Trimborn montre qu’après sa défaite, si l’ancien député de l’Action française ne cherche pas à se faire réélire, il multiplie les déclarations virulentes et propagandistes dans la presse afin de susciter la polémique. Thibault Tellier abonde en ce sens à partir du cas de Paul Reynaud qui, après sa défaite, multiplie les prises de parole et les tribunes dans la presse nationale comme régionale. Autre exemple, celui de Jean-Pierre Chevènement cité par Régis Boulat : sa vie après la politique élective est marquée par l’animation d’une fondation (Res Publica) qui entend peser dans le débat public, et la publication de nombreux ouvrages entre histoire et prescriptions politiques. La fin de la carrière élective ne coïncide pas toujours avec la perte d’une tribune que ce soit pour tenter de revenir dans le jeu politique ou exister dans l’espace public de discussion.
Cependant, le retrait de la vie politique élective est parfois envisagé comme une réelle mise à l’écart de la vie politique. David Bellamy insiste sur ce point dans sa contribution consacrée à l’ancien Président René Coty. Ce dernier s’est donné pour règle « de rester à l’écart de tout ce qui touche à la vie publique » (même s’il s’y est plus ou moins tenu). Plus récemment, l’ancien député Pouria Amirschahi a fortement médiatisé son retrait de la vie politique (lié à un désaccord politique ainsi qu’à des soucis de santé), puis a décidé de disparaître de la vie publique en supprimant son compte Twitter8, ce qui manifeste l’évolution des formes concrètes que peut prendre la fin de l’expression publique à l’ère des réseaux sociaux.
Ce livre apporte enfin des informations sur les modalités des sorties, et les reconversions qui s’ensuivent, qui nous étaient moins connues que les entrées en politique (ce qui constitue, en soi, un objet d’étude : comment expliquer ce désintérêt pour les exit ?). Les auteurs considèrent tous les cas de figure de sortie, à commencer par sa forme fatale : le décès en cours de carrière élective. Chez les gaullistes, ils sont ainsi environ 10 % sur les périodes étudiées par Bernard Lachaise et Jérôme Pozzi. Le cas de Pierre-Etienne Flandin exposé par Etienne Paquin est un cas d’école : malgré le discrédit de sa collaboration au régime de Vichy, qui ruine sa carrière nationale, l’ancien député et ministre reste élu local jusqu’à sa mort. Il en va de même pour Guy Mollet dont la carrière a été retracée par Arnaud Dupin ; l’ancien président du Conseil et leader de la SFIO a, malgré les déconvenues intrapartisanes, été continument réélu comme maire et député d’Arras, jusqu’à son décès. Dans son étude sur les anciens présidents des États-Unis, Jean El Gammal en vient à se demander s’il existe réellement des fins complètes d’activités politiques chez les chefs d’État américains ? Ces exemples vont dans le sens de l’imaginaire de la « carrière à vie ». Jérôme Pozzi cite ainsi Chaban Delmas : « Tant qu’un homme politique n’est pas mort, il n’est jamais fini ». Derrière ce puissant mythe (en partie entretenu par les acteurs eux-mêmes) se cache pourtant une multiplicité de motifs des retraits de la vie politique. Louise Dalibert insiste notamment sur le fait qu’au fil du temps, les sorties liées aux contraintes naturelles (la mort, la maladie, la vieillesse) sont de moins en moins nombreuses. À rebours de l’idée de la « carrière à vie », la contribution de Pierre Camus sur la formation des élus permet d’évoquer précisément les cas où les professionnels de la politique commencent à penser et anticiper leur sortie. Longtemps absente des catalogues de formation (et pour cause, ces enseignements avaient surtout vocation à permettre aux élus d’acquérir des ressources susceptibles de les maintenir en poste), un dispositif de formation permettant aux élus de sortir du mandat voit le jour en 2013. Cependant, très rares sont les élus qui l’ont utilisé depuis cette date.
Quelles sont donc les autres modalités de retrait de la vie politique abordées dans ce livre ? La défaite électorale peut mener vers la sortie, comme celle de Paul Reynaud lors des législatives de 1962 après avoir pris la tête du « cartel des non » face à Charles de Gaulle. Thibault Tellier qualifie cet événement de « défaite sacrificielle » tant la crainte sincère de Reynaud à l’égard du régime présidentiel a eu raison de sa carrière politique. La dimension sacrificielle peut prendre d’autres formes, à l’image de la sortie du Président René Coty décrite par David Bellamy, qui se retire pour « laisser sa place » à Charles de Gaulle. Si cette succession en forme de rupture repose sur la légitimité charismatique de l’homme du 18 juin, d’autres successions symbolisent au contraire une continuité, jusqu’à prendre le tour des dynasties familiales : Michèle Alliot-Marie remplace son père, tout comme Roselyne Bachelot ; Hélène Misoffe succède à son mari avant que sa fille, Françoise de Panafieu, devienne elle-même députée ; il en va de même chez les Falala, Rocca-Serra, Barrot ou Méhaignerie (cités par Bernard Lachaise). Enfin, la contribution de Philippe Buton, si elle s’intéresse aux sorties et aux devenirs des anciens militants gauchistes de la génération 1968 nous apprend une autre motivation des retraits qui peut rejoindre des décisions d’élus : la volonté de se tourner vers un bonheur privé tel que l’a théorisé Albert Hirschman9. Les éventuelles déconvenues ou déceptions liées au militantisme ou à l’activité politique professionnelle peuvent ainsi mener les individus à opter pour un quotidien plus calme et moins public où les valeurs et les idéaux ne disparaissent pas, mais se refondent dans de nouvelles activités professionnelles susceptibles de (re)donner du sens aux engagements passés, dans des carrières d’enseignant, de travailleur social ou de médecin. Cette nouvelle vie professionnelle ou bien le choix de la retraite laissent davantage de temps libre pour se consacrer à ses loisirs ou à ses proches — ces considérations sont également évoquées pour les cas de René Coty et de Paul Reynaud.
En conséquence, qu’on aborde la question à l’échelle biographique, prosopographique, ou selon un angle collectif (partis, institutions, militants), reste cette typologie élémentaire : on sort en politique par contraintes naturelles (vieillesse, maladie, mort) ; par contrainte politique (défaite électorale, changement de régime disqualifiant), légale (interdiction du cumul, limites d’âge fixées par les partis), sans négliger la combinaison de ces derniers critères. À cela il faut ajouter les « affaires » et leurs conséquences judiciaires qui peuvent prendre la forme de l’invalidation d’un mandat, de l’inéligibilité sans compter le départ forcé du fait de la pression exercée par l’opinion publique et/ou la formation politique à laquelle l’élu appartient. Enfin, plus contre-intuitives du fait de la forte dimension vocationnelle de l’engagement politique, les sorties peuvent également émaner de décisions apparemment volontaires des sortants : pour être nommé à un emploi public prestigieux, se reconvertir professionnellement (notamment dans le monde des affaires), prendre sa retraite, ou pour cause de difficile conciliation entre vie politique et vie familiale.
Cette typologie des sorties masque un autre objet associé et consécutif de celui des retraits, mais aussi distinct, à savoir la question de ce vers quoi mène la sortie : la « vie d’après ». Si Philippe Buton pose la question de l’horizon du terrorisme pour les anciens militants gauchistes, il conclut sur le caractère très anecdotique de ce phénomène en France (contrairement à l’Italie). François Audigier s’interroge sur le Conseil économique et social : s’agit-il d’un lieu de recyclage du personnel politique ? Par-delà les cas servant de relais pendant les périodes creuses de leur carrière ou de compensation à leur sortie (en guise de nouvelle activité principale ou bien en guise de préretraite), il montre que ces nominations ne sont, d’une part, pas l’apanage des anciens élus (plus largement des acteurs appartenant aux champs adventices du monde politique comme les syndicalistes, des militants associatifs ou encore des universitaires) et d’autre part que le CESE peut aussi être utilisé comme un lieu d’apprentissage du politique pour des novices en voie d’ascension. Au-delà du CESE, les postes (plus ou moins) prestigieux auxquels sont nommés les anciens professionnels de la politique sont multiples (Conseil constitutionnel, grands corps de l’État, entreprises publiques, mais aussi diverses agences et organismes parapublics). Ces nominations répondent par ailleurs à différentes logiques : elles sont un filet de sécurité pour les acteurs politiques en période creuse, elles offrent un nouvel emploi (temporaire avant un retour ou non) pour des sortants exclus de la vie politique élective et sont une manière de se frayer une préretraite pour des acteurs politiques qui craignent un changement trop abrupt de quotidien. Mais elles peuvent aussi constituer une sorte de remerciement, de reconnaissance ou d’hommage pour l’engagement d’une vie en politique. Enfin, les « vies d’après » la politique peuvent également se traduire par des reconversions professionnelles, et notamment dans le monde des affaires. C’est ce qu’évoquent à la fois Pierre-Emmanuel Guigo pour les anciens Premiers ministres et Louise Dalibert pour les anciens députés. Philippe Buton mentionne également les reconversions des anciens militants gauchistes à de hauts postes de l’administration en mettant en avant la reconversion de leurs capitaux politiques et culturels dans leurs nouvelles activités.
Cette typologie fondée sur la fin du ou des mandats dirait peu de chose si l’on isolait la sortie de la trajectoire de l’élu en séparant absolument l’avant et l’après, ce qui correspondrait finalement à la représentation qui fut longtemps prégnante d’une fin du mandat assimilée à une forme de mort politique. Les sorties des élus doivent s’inscrire dans des trajectoires biographiques complètes pour tenir compte, par-delà les types de carrières politiques exercées, des parcours pré-politiques des élus. Autrement dit, les inégalités « d’avant la politique » se retrouvent généralement « après la politique » (notamment dans les contextes concrets des sorties et dans les reconversions opérées). Historiciser la sortie en politique, c’est tenir compte de la « vie d’après », cela permet de penser à l’autorité conservée après une sortie proclamée, qu’elle soit utilisée pour une influence plus ou moins importante (entre un ancien maire d’une commune rurale et un ancien Premier ministre par exemple), mais aussi plus ou moins directe (Jospin) ou revendiquée par des héritiers parfois répudiés (Clemenceau avec Tardieu). Les formes de cet engagement prennent une forme littéraire : Daudet demeure pamphlétaire, avant et après son mandat, comme pendant, tandis que Reynaud se fait critique de la Cinquième République à partir de son retrait en 1964. On l’a vu, le « magistère d’influence » peut mobilier d’autres outils que l’intervention en librairie : la Fondation, pour Jean-Pierre Chevènement (Rex Publica), ou bien l’influence politique explicite (devenir membre du CESE, voire du Conseil constitutionnel). Plus largement, la question du retrait des arènes démocratiques pose celle de sa matérialité, qu’il s’agisse des pensions de retraites d’élus (spécificité du Sénat), du statut particulier de « Membre honoraire du Parlement »10, de l’absence de retraite spécifique des Premiers ministres, mais de leurs avantages (locaux, secrétariat, chauffeur…).
Pour conclure, en filigrane des différentes contributions de cet ouvrage apparait l’enjeu des émotions liées à la sortie de la vie politique. Le « sentiment de vide » des anciens Premiers ministres, la « délivrance » et « l’humiliation personnelle » sont évoqués conjointement pour le cas de Léon Daudet ; les sentiments de « désespoir » et de « doute » cités pour Jean-Pierre Chevènement sont autant d’éléments qui suggèrent que la sortie ne s’effectue pas sans heurts. Dans le sillage des travaux de Philippe Braud11 ou plus récemment d’Alain Faure12, interroger ce que fait la sortie aux individus semble une piste féconde pour saisir l’entièreté du phénomène.
Ce premier bilan ouvre ainsi de nouvelles perspectives. Au premier chef, la comparaison, d’une part entre différentes institutions (Assemblée nationale, Sénat, exécutifs régionaux, départementaux, maires), d’autre part avec d’autres périodes (régimes et législatures), d’autres professions (pouvant présenter des similarités) et d’autres pays (existe-t-il des spécificités nationales ?). Sur ce dernier point, une comparaison avec le monde anglo-saxon viendrait éprouver l’idée d’une professionnalisation politique plus souple que dans le cas français. Ces comparaisons pourraient s’appuyer sur des bases de données permettant de croiser le quantitatif et le qualitatif, incluant les représentations et les imaginaires de la sortie et de la défaite par les acteurs comme par l’opinion publique : quelles valeurs, quelles représentations déterminent la légitimité de la durée, l’anticipation de la sortie et le moment opportun de sortir ? Une question au point de contact entre morale privée et enjeux politiques, qui conduit à juger qu’untel aura fait « la candidature de trop » après une carrière politique pourtant saluée, tandis qu’un autre verra sa popularité grandir du fait d’un départ volontaire.