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Couverture de La Métaphore médiévale comme exercice spirituel Show/hide cover

Le rôle spirituel de la métaphore dans les Balades de moralité d’Eustache Deschamps

Deschamps, un moraliste chrétien du 14e siècle

Le Double Lai de fragilité humaine, offert par Eustache Deschamps au roi Charles VI, est une adaptation poétique, luxueusement illustrée en grisaille, du célèbre De miseria conditionis humane d’Innocent III1. Même si le manuscrit est bilingue, le poème français n’est pas une traduction fidèle du latin. Le poète a sélectionné des passages extraits de différents chapitres du traité, scrupuleusement référencés à chaque paragraphe. D’autre part, il utilise le Liber florigerus attribué à saint Augustin pour décrire la joie des élus. Le poète a utilisé deux ouvrages théologiques de référence pour composer, en français et pour la cour, un véritable itinéraire spirituel. Le texte de son lai commence en effet par évoquer la conception et la naissance de l’homme, puis décrit le combat de l’âme sur terre et se termine par le Jugement dernier. Comme l’a montré Pierre Hadot, la pratique philosophique antique de l’exercice spirituel a influencé la pensée chrétienne médiévale cléricale2. On voit dans le Double Lai de fragilité humaine qu’elle nourrit aussi la spiritualité des laïcs. L’itinéraire est adapté au public de cour qui doit renoncer à sa soif de pouvoir et de richesse et doit apprendre à méditer sur la condition humaine. En récompense, le lecteur est invité à partager le sort des élus3 :

Benois seront ceuls et cellesQui aront bien leurs nacellesEn ceste mer gouvernees. […]Dieu […] dira a ses ancelles :« Vous qui estes mes pucelles,Recevez voz destinees !Mes ames, mes flours nouvelles,Montez dessus les estoilles ! »

Ces vers correspondent à la transition entre les deux sources, le De miseria et le Liber florigerus. La métaphore de la navigation pour décrire la vie terrestre, pour être fort commune, relève bien ici d’un choix original de Deschamps. L’image de la « nacelle bien gouvernee » sert d’habile transition entre les châtiments des damnés et le bonheur céleste des élus, qui sert de conclusion au poème. On ne saurait parler ici d’« effort herméneutique » appelé par la métaphore que décrit Gilbert Dahan à propos de l’Écriture sainte4. En effet, la tradition religieuse et littéraire fait si souvent de la vie un pèlerinage, terrestre ou maritime, que le lecteur comprend immédiatement le texte : « gouverner sa nacelle en ceste mer » signifie « vivre ». Deschamps utilise la métaphore comme une mise en forme, au même titre que la versification subtile du lai, pour émouvoir par la beauté et la précision de l’image reconstruite en imagination. Comme l’ont compris les orateurs antiques, « la création imaginative » est « suprêmement efficace pour soulever les passions »5. La métaphore peut donc être utilisée dans un texte religieux pour aider le lecteur à vivre, au fil du texte, un cheminement spirituel. Sans être forcément difficile à comprendre, elle nourrit l’imagination, les émotions et donc les décisions du lecteur qui, effrayé par les effets du mal et attiré par ceux du bien, pourra choisir de faire le bien et non le mal.

Malgré ses particularités, le Double Lai de fragilité humaine n’est pas une exception dans l’œuvre de Deschamps, un poète de cour soucieux du salut de ses contemporains et du sien. Le recueil des Balades de moralité, qui correspond à la première section du manuscrit des Œuvres complètes conservé aujourd’hui à la Bibliothèque nationale, est la meilleure illustration de son entreprise morale chrétienne6. Même si les ballades se fondent, non sur la réécriture savante, mais sur la mise en scène du « moi », elles participent de la même démarche que celle déployée dans le Double Lai de fragilité humaine. Il s’agit de toucher les cœurs pour inciter le public à une double conversion, à la fois personnelle et publique, par le « bon gouvernement » de sa maison, c’est-à-dire de son corps, de son foyer, de ses biens et de l’État.

Officier des rois Charles V puis Charles VI, Eustache Deschamps compose pour son plaisir une œuvre variée, majoritairement composée de ballades en français. Ces pièces de circonstance sont parfois consacrées aux grands événements comme des batailles ou des naissances royales, mais elles évoquent plus souvent des préoccupations personnelles comme le souci de garder son chapeau en hiver ou la réclamation de ses gages. Les niveaux de style sont variés et les métaphores innombrables : Deschamps utilise ce trope à toutes les échelles, du détail pittoresque à la composition allégorique, de l’image isolée à la prolifération d’analogies topiques ou inattendues. La métaphore participe donc, de manière plus ou moins prononcée et efficace, au cheminement spirituel proposé au lecteur. Deschamps choisit l’ethos du moraliste en opposition avec la posture traditionnelle de l’amant-poète. Il donne à ses poèmes une tonalité édifiante chrétienne, et non courtoise, en adoptant les points de vue variés du vieux sage ou du vieillard aigri, du conseiller politique ou du prophète inspiré, du juge honnête ou du clerc savant7. Son rôle de bailli le rend sensible à la recherche de la vérité, de la justice et aussi de la gestion des biens, les siens et ceux des princes qu’il sert. Deschamps, par sa formation et sa carrière d’officier, peut jouer le rôle d’un guide spirituel auprès de la cour, qu’il soit ou non écouté.

L’œuvre de Deschamps s’inscrit encore dans l’opposition entre deux publics, « la cour et le cloître », que décrit Brian Stock8. Même si Deschamps, « étudiant en droit à Orléans », a reçu « une formation linguistique et théologique tout à fait honorable »9, il ne prétend pas enseigner la théologie. Choisissant d’écrire en vers et en français, Deschamps cherche à influencer l’opinion et l’attitude des gens de la cour, non à approfondir la connaissance de Dieu ou les mystères de la foi. Par ailleurs, il ne se présente pas non plus en théoricien de la langue ni en défenseur de la portée morale de la poésie, même dans l’Art de dictier, premier art poétique conservé en langue d’oïl. Dans ce court traité, Deschamps présente rapidement les arts libéraux avant de décrire les formes poétiques pour faire apprécier leur beauté, sans analyser les figures rhétoriques. Les arts du trivium enseignent seulement à bien parler : la grammaire consiste à apprendre aux « enfants » les « lettres de abc », la logique permet de « mieulx congnoistre la verité des choses » et de rendre « l’omme plus subtil en parole », la « rethorique est science de parler droittement »10. Parmi les arts du quadrivium, Deschamps distingue la « musique naturele », c’est-à-dire la poésie réservée aux seuls poètes-nés, de la « musique artificiele », c’est-à-dire la musique (au sens moderne du terme) que tout homme peut apprendre. Deschamps se définit donc comme un artiste, et non un artien. Le seul but explicite de son œuvre est le plaisir esthétique. La métaphore participe chez Deschamps aussi bien à la finalité esthétique, théorisée dans l’Art de dictier, qu’à la finalité morale, affichée dans toute son œuvre et en particulier dans la première section du manuscrit recueillant ses Œuvres complètes dès la rubrique introductive « Ci commencent Balades de moralitez »11.

Indices d’une conversion personnelle dans une poésie allégorique

Le lecteur est invité à contempler la vie comme un combat spirituel entre le bien et le mal. Produit d’un immense héritage, de la Psychomachie de Prudence au Roman de la Rose de Jean de Meung, l’allégorie chez Deschamps se manifeste à différents degrés, selon qu’elle relève du fonctionnement normal de la langue, d’une ébauche de personnification ou du tableau vivant. L’allégorie se fonde sur un répertoire d’images symboliques traditionnelles. Elle ne relève pas de la métaphore dans la mesure où elle s’écarte du système de correspondances entre comparé et comparant.

Les idées abstraites ne sont pas toujours introduites par un déterminant en moyen français ; le rythme du poème peut imposer sa loi. Deschamps dit ainsi dans la ballade 77 : « Charité fault » et « Prouesce, honeur, la loi vont a declin »12. Les concepts qui servent à décrire l’état d’esprit spirituel et psychologique, en particulier les vices, les vertus ou les sentiments, sont facilement personnifiés par la description d’un geste ou d’une attitude : Justice dort, tandis que règne Envie13. La prosopopée est une figure fréquente dans le recueil : tour à tour parlent la France, l’Église, l’âme, Franche Voulenté et Fortune14. Dans l’allégorie, les entités abstraites sont incarnées par des formes humaines : il s’agit d’une figuration, non d’une comparaison.

Certaines ballades sont spectaculaires : ainsi la ballade 183 donne une vision terrifiante du cortège des sept péchés capitaux. Même si chaque image pourrait servir de métaphore, leur accumulation construit un monde autonome que reconstitue l’imagination du lecteur sans qu’il ne doive jamais chercher une équivalence entre comparé et comparant. Apparaissent ainsi « Orgueil chevauchant le lion », « Ire […] sur un loup », « Envie […] Dessus un chien », « Paresce » qui « Sur l’asne chiet », « Glotonnie […] sur un ours posée », tandis que « Luxure […] chevauchoit une truie eschaufée »15. Seule Avarice, au milieu du cortège, n’est décrite par aucun détail visuel. Même si les analogies topiques entre chaque péché et l’animal associé justifient la mise en scène onirique (l’ours est réputé gourmand et l’âne paresseux), elles ne doivent pas être restituées pour rendre le texte compréhensible. L’effroi, peut-être à l’origine d’une prise de conscience morale du lecteur, est créé par une description immédiatement saisissante. La ballade est d’ailleurs assez proche d’une enluminure illustrant le Double Lai de fragilité humaine16. Umberto Eco, évoquant le « plaisir allégorique » procuré par la poésie, pense à la joie de la lecture subtile de textes nécessitant une interprétation17. Chez Deschamps, le lecteur est surtout satisfait de reconnaître un monde allégorique pittoresque déjà bien exploré.

L’allégorie, figure macrostructurale, relève bien de la métaphore, c’est-à-dire d’un trope, lorsque l’image est détaillée puis rapportée à la vie réelle de l’auteur. La personnification des vices et des vertus concerne alors une âme en particulier qui sert d’exemple au lecteur. La ballade 7 se présente comme une méditation personnelle sur l’activité guerrière. Le poème se termine par une résolution à la première personne : « Si vueil des or vivre en un lieu devost »18. L’interprétation autobiographique est d’autant plus plausible que le service armé est une obligation pour le bailli Eustache Deschamps. Dans ce contexte, la psychomachie prend un tour pittoresque19 :

Vaine Gloire tient l’escu et la lance,En assaillant tue, omicide et chace ;Contre Raison son pechié a mort lance,En deffendant a autre differance.L’en seufre paine et tourmentDe faim, de froit ; l’en muert en un moment.

La métaphore filée se fonde sur une double relation analogique : le texte compare la tentation de la gloire à un affrontement de personnages allégoriques, lui-même comparable à l’affrontement de personnes réelles qui a causé la tentation de la gloire. La guerre est une occupation dangereuse pour l’âme comme pour le corps. Les courtes notations réalistes qui suivent le passage métaphorique donnent plus de poids à l’enjeu spirituel invisible. La ballade mérite une lecture à la fois autonome et intertextuelle. D’une part, le poète fait de sa vie un exemple moral, en regrettant ses obligations sociales et en mettant en scène sa propre conversion. D’autre part, les allégories traditionnelles Vaine Gloire et Raison sont revitalisées au-delà de ce poème et du thème de la guerre : à la cour, par exemple, se joue le même combat.

L’appel à la conversion par l’intertextualité

L’intertextualité joue un rôle important pour donner à l’ensemble du recueil une portée morale : par la reprise de mots et d’images, le lecteur est appelé à la conversion. Deschamps reprend l’image de l’échelle vue en songe par Jacob : « se tu veulz Paradis escheler, / Bien faire fault, bien dire et bien penser », ce triple comportement vertueux correspondant aux « iii degrez » de l’échelle qui relie l’homme à Dieu20. La représentation chrétienne traditionnelle de la vie après la mort permet de présenter un choix simple au lecteur : « aler en paradis », « au plus hault », au « ciel », ou tomber en enfer21. Ceux qui ont voulu « regner en ce monde » sont respectés sur cette terre, « Mais, en la fin, leur faurra faire un sault / Dont la mort fait tumer les plus hardis / En l’infernal palut ». La métaphore lexicalisée de la chute pour dire la damnation est ici revitalisée par deux expressions différentes22 : « faire un sault », qui augmente l’idée de rapidité, et « faire tumer », qui ajoute l’idée d’une rotation du corps, d’une culbute. Par ailleurs, la métaphore qu’on pourrait dire morte de « l’infernal palut » pour désigner le lieu où sont rassemblés les damnés semble revitalisée à une autre échelle.

En effet, le poète aime évoquer le mauvais temps, à commencer par celui des Flandres où il s’est plusieurs fois rendu dans les années 1380 pour faire la guerre au service du roi. Il se plaint d’y avoir eu faim et froid. Une anecdote est relatée dans la ballade 1723 :

En cheminant la boe m’afublaD’un ort mantel ; je fu dedenz bouté,Et mon sommier jusqu’au coul se plunga ;Bahu et tout long temps y demoura.

Cette mésaventure pittoresque est d’abord l’occasion de se plaindre « du pais de Flandres ». Mais l’image de la boue est aussi au service du propos moral. Selon Deschamps, le mauvais temps est un signe apocalyptique : « Age de plomb, temps pervers, ciel d’arain […] Hui est li temps de tribulacion »24. Il fait une analogie entre les mœurs de son époque et les conditions météorologiques, perçues comme un indice de l’imminente fin des temps. Parmi les « Quatre element […] en conclusion/De ce monde mettre a fin dolereuse », on trouve la tempête avec l’épidémie, la guerre et la famine ; Deschamps décrit la « guerre tresmerveilleuse » de l’air, ainsi que « l’inundacion » qui rend « la terre plugeuse »25. Des poèmes entiers sont consacrés à de telles prophéties apocalyptiques.

On retrouve l’image de la boue dans le détail d’une condamnation morale. La ballade 77 affirme que « Chascuns ne pense au jour d’ui que de lui »26. Chacun préfère que la foudre tombe chez le voisin, même de sa parenté, ce qui revient à être le seul épargné par les malheurs terrestres. La deuxième strophe adopte le point de vue des parents dont personne ne se soucie : « Les anciens sont de dolent afin/, Car ilz ne sont honourez de nullui. /Guerdon de fang ! »27. La dernière expression imagée, qui n’est syntaxiquement rattachée à aucune phrase et dont on doit donc faire une simple exclamation, est inattendue. Le « guerdon de sang », qui signifie le respect du lignage, est remplacé par le « guerdon de fang », soit la reconnaissance de la souillure. L’image de la boue accentue efficacement la condamnation de la convoitise, un péché capital.

Umberto Eco oppose un peu schématiquement la théorie médiévale de la métaphore dans les traités, qui préfèrent citer comme exemple une « métaphore simple et immédiatement compréhensible », à la riche pratique des poètes médiévaux, qui inventent des métaphores hardies28. Dans cet exemple de la boue, on voit que chez Deschamps la seule difficulté de lecture, quand il y en a, est d’ordre syntaxique. L’intérêt de la métaphore ne réside pas dans son audace visuelle, mais dans la personnalisation d’une image traditionnelle par le rattachement à une expérience individuelle et par la description de réalités concrètes qui servent ailleurs de comparants. L’image de la boue des Flandres sert ainsi à la fois à condamner ce pays de révoltés dans les pièces politiques et à revitaliser l’image de « l’infernal palut » dans les pièces religieuses. L’interprétation de la métaphore s’enrichit par la lecture intertextuelle.

Métamorphoses de l’homme dénaturé

Selon Deschamps, tout homme doit agir en fonction de son rang : le prince doit combattre son ennemi, le bailli doit rendre son service militaire tant qu’il en a l’âge, les riches doivent se montrer généreux et éviter autant que les pauvres de convoiter ce qui n’est pas à eux. La recherche du salut après la mort est liée à l’idéal terrestre du « bon moien », du juste milieu : il faut se conduire selon sa nature comme le veut l’ordre de la création et de la société féodale. Les métaphores inspirées de la nature sont significatives, car elles renvoient l’homme à sa condition de créature voulue par Dieu.

Dans les métaphores lexicalisées, le comparant est presque oublié au profit du seul effet de la glorification ou du blâme29. D’autres ballades prennent la nature en exemple par opposition aux mœurs humaines. « Au cerf souffist son poil et au cenglier, / Ne li corbeaulx ne veult pas ressembler / Au coulom blanc » affirme la ballade 268, tandis que chaque homme veut « exceder son estat par desroy », « porter brodure, / Perles, joyaulx », « L’aigle et lyon veult chascun d’eulx sembler »30. Ici la métaphore est refusée. Le poète lui préfère la description réaliste du poil du cerf ou des parures de perles. Il dénonce au contraire l’analogie entre les hommes de cour et l’aigle et le lion, tout en suggérant que la comparaison est acceptable pour le roi seul. En revanche, dans la ballade 209, il faut comprendre la description paradoxale de la deuxième strophe comme des oxymores métaphoriques : « Es bestes, voy debonnaire lyon […] Le loup piteus, le poucin champion »31. Deschamps ne dénonce pas ici les mœurs naturelles des animaux, mais la conduite désordonnée des hommes, puisque les membres du clergé veulent faire la guerre tandis que les princes s’en détournent, comme l’explique la fin du poème.

La ballade 63 prend l’allure plaisante d’une fable pour délivrer un conseil cynique au courtisan : pour être respecté à la cour, il ne faut ni parler, ni voir, ni entendre. Le poète l’a compris après avoir été transformé en faucon, grue et pie : bien voir, bien entendre et trop parler lui ont gravement nui. Jupiter lui conseille de devenir buffle sourd, taupe aveugle et hérisson muet. Le refrain manifeste l’hésitation entre la vertu et la prudence : « Je ne sçay mais quel beste devenir »32. Les comparaisons animales donnent ici lieu à des métamorphoses burlesques contradictoires afin de manifester la confusion diabolique qui règne à la cour. Dans d’autres ballades plus proches de sources ésopiques, l’animal n’est pas non plus présenté par métaphore : la fable, comme l’allégorie morale, déploie un récit cohérent propre à une double lecture, fictionnelle et réaliste.

Une image naturelle fonctionne comme une métaphore à usage spirituel lorsque l’analogie entre le comparé et le comparant, détaillée de manière inhabituelle, donne lieu à un effort d’interprétation — et participe, par là même, à un mouvement de conversion. La ballade 133 l’illustre à partir de l’image topique de la navigation. Elle commence par une description réaliste33 :

L’eaue descent tousjours et coule aval, […]Chascuns jour naist et puis defflue ou valDe la grant mer […] :La sont les flos griez, horrible et felon.

Dans la deuxième strophe, la vision devient clinique : « Nous descendons du ventre maternel / Povres et nuz »34. Le contexte force à penser au liquide amniotique qui s’épanche au moment de l’accouchement. Mais la description se transforme en analyse théologique : le nouveau-né « procreez villement » est condamné par le « vice original ». L’homme doit suivre sa nature comme les autres animaux, même si sa nature, mauvaise, devra être corrigée par la Rédemption. « Nostre corps est la nef sanz aviron / Qui nuit et jour n’attent que trebuchier » : la construction attributive permet d’assimiler métaphoriquement au bateau en danger le corps, et non seulement l’âme. Le « peril de noier » est la condition mortelle de l’homme, « qui plus me fait mal », conclut le poète35. Le regret est général : la mort soudaine risque de conduire tout homme à la damnation. Mais l’implication grammaticale de la première personne fait le lien avec les deux ballades suivantes qui instaurent un dialogue entre un pécheur et la Vierge Marie. Dans la ballade 134, le pécheur prie la Vierge, « Port de salut » : « Je sens ma nef foible, povre et pourrie, / De sept tourmens assaillie en la mer »36. Une lecture allégorique est ensuite proposée : « Qui est la nef, fors ceste mortel vie ? », « Mon voile est roupt, qui vertu signifie ». La Vierge Marie dispense ses conseils de « vii vertus » dans la ballade suivante37. La succession de pièces joue un rôle important dans l’appel à la conversion par la métaphore. Après avoir revivifié une métaphore trop courante pour toucher son lecteur, le poète exprime d’abord sa compassion dans la ballade 133, puis sa propre contrition dans la ballade 134. Les conseils moraux sont investis de l’autorité de la Vierge dans la ballade 135.

Le devoir de jardiner

L’allégorie des vices et des vertus, l’appel à la conversion comme les métaphores naturelles invitant l’homme à respecter l’ordre divin ont une portée universelle. De nombreuses ballades ont une portée a priori bien plus réduite quand elles se font l’écho de la situation particulière du poète, ou quand elles ne s’adressent qu’au roi. L’exemple du jardin révèle les différents niveaux d’application des principes moraux.

Plusieurs ballades jouent sur l’image topique du beau jardin de France peuplé de lys, emblème des rois capétiens38. Les ballades 88 et 249 font ainsi d’une fille et d’un fils de Jean II « une plante de lis » et « l’une des fleurs et branche des François »39. Dans certains poèmes prophétiques, les personnes royales sont désignées par des animaux et non par des plantes. Toute l’Europe est convoquée dans ces sortes de fables politiques : l’âne, le sanglier et le léopard figurent différents rois anglais, Louis de Male est le lion, tandis que le jeune Charles VI est un cerf40. Le lieu de leur affrontement symbolique est décrit dans la ballade 229 comme une « forest jadis noble et deserte » ; un « cerf volant », venu « par la sente couverte », « passera du sanglier la riviere »41. Le poète annonce ainsi un débarquement en Angleterre, en reprenant l’image traditionnelle du parc de France42. Dans d’autres ballades, le poète s’adresse au roi non pour lui rendre hommage, mais pour réclamer de l’argent. Dans la ballade 57, il se plaint de ne pouvoir obtenir la moindre « flourette » au « vergier » où il travaille depuis « xvi ans »43. On retrouve ici le motif du serviteur mal récompensé que Deschamps décline ailleurs sur tous les tons44. La portée morale de ces pièces n’est pas première. Il s’agit d’abord de plaire en suscitant l’émotion du lecteur, amusé ou attristé par les malheurs du poète, et de donner le conseil pratique de fuir la cour. Le poète vise aussi à convaincre les princes de respecter leurs promesses. Il cherche enfin à suggérer un monde parfait où chaque homme serait récompensé pour ses actes, où chaque pays serait gouverné par un prince juste et entretenu par des officiers peu nombreux et compétents. La métaphore du jardin révèle la beauté divine de l’idéal politique et moral défendu par Deschamps. Le « doulz lis » a été planté par Dieu dans le « doulz vergier » de France, « closier » à l’image du « paradis » ; la ballade 57, en défendant l’intérêt pécuniaire de l’officier Deschamps, est une accusation contre tous ceux qui veulent « fauchier/A plaine faulx les fleurs et les pasquis » en détournant l’argent royal pour un profit personnel non mérité45. L’avertissement est moral et politique : le roi, mais aussi tout prince, tout officier et finalement tout homme doit savoir jardiner, c’est-à-dire gouverner son jardin ou celui d’autrui46.

La métaphore du jardin est complétée par celle de la maison dans d’autres poèmes afin de donner à tout lecteur une image de ce qu’il doit mettre en ordre. Il peut s’agir réellement de la maison, où il faut gérer les achats de bouche et de meuble et se faire obéir de ses serviteurs, de sa femme et de ses enfants. Il peut aussi s’agir, à plus grande échelle, de son propre corps, et à plus petite échelle, de sa carrière, d’une terre ou d’un royaume. La parabole biblique de la maison construite sur le roc illustre l’idéal du juste milieu dans la ballade 82 dans une perspective très large47. Le conseil « Fay ta maison en un petit rochier » détourne le message évangélique pour conseiller, plutôt que des fondations solides, un emplacement médian, « ne hault ne bas ». Il faut éviter le « hault sommet de la haulte montaigne » autant que le « bas lieu » où « par eaues pourrait amolier/Le fondement et perir le merrien ». Pour éviter les « grans estaz » faciles à perdre, mais aussi la « povreté » ou la mendicité à la cour, mieux vaut vivre de son travail ou de ses terres.

L’itinéraire caché de la conversion

Les Balades de moralité ne constituent pas un itinéraire spirituel linéaire. Chaque poème peut se lire comme un appel à la vertu par rejet du vice. Les images s’amoncellent sous des formes diverses : comparaisons, métaphores, allégories, fables font réfléchir le lecteur sur ce que l’homme fait et ce qu’il devrait faire. L’originalité de la démarche morale repose sur la discontinuité poétique : les Balades de moralité ne forment pas un récit autobiographique linéaire, quoiqu’elles puissent inciter à l’examen de sa propre conscience, comme les Confessions d’Augustin. Selon Brian Stock, les Confessions servent à la fois d’« histoire édifiante » et de « leçon de pratique contemplative » : non seulement l’auteur raconte sa propre vie, mais il incite le lecteur à réfléchir à la sienne48. La lecture morale de Deschamps n’a pas cette dimension narrative et ne peut conduire qu’à une analyse ponctuelle de sa conduite, à la guerre, à la cour, ou face à la mort par exemple.

Le fait de recueillir les ballades en livre permet de les inscrire dans un même projet moral et esthétique, quelles qu’aient été les circonstances pour lesquelles elles ont été écrites. Les différents destinataires de poèmes récités à voix haute à la cour sont distincts du destinataire anonyme et atemporel du livre de Balades de moralité. L’appel à changer de politique ou d’attitude gagne une portée universelle par le passage à l’écrit. L’utilisation des première et deuxième personnes est capitale pour initier le mouvement de conversion, et rares sont les pièces écrites seulement à la troisième personne. Même les pièces morales d’allure générale ou allégorique contiennent l’expression de la première personne, le moraliste se faisant alors le témoin du combat général des vices et des vertus. Le lecteur est à la fois l’auditeur d’appels pressants à la conversion et le témoin de la vie spirituelle du poète. Deschamps rend sa vie exemplaire en n’en retenant que des situations à la fois précises et sans détail. Se crée ainsi une relation de connivence entre l’auteur et le lecteur qui comprend l’enjeu caché de pièces de circonstances à première vue hétérogènes. Le lecteur doit identifier les principes moraux universels et s’identifier au poète qui cherche son propre salut autant que celui des autres.

Une logique invisible, mais bien pensée, donne au recueil une cohérence et une idée de totalisation. La construction numérique de recueils de ballades est à la mode à la fin du 14e siècle : on peut penser aux Cinkante Balades de John Gower ou aux deux livres de Cent Balades de Christine de Pizan. Deschamps joue sur un effet de surenchère et le plaisir de la variation : parmi les 303 pièces des Balades de moralité on compte 3 rondeaux, et parmi les 300 ballades une seule compte cinq strophes et non trois (c’est un chant royal). Les poèmes n’étant pas numérotés dans le manuscrit BnF fr. 840, le lecteur ne peut pas se rendre compte à la première lecture qu’il a atteint les pièces 100, 200 ou 300. Mais divers indices peuvent l’encourager à deviner un sens caché dans la disposition : la ballade 300 est précisément une invitation à savoir compter. Critique acerbe du règne de l’arithmétique, c’est-à-dire du pouvoir des officiers des finances à la cour et, bien plus largement, de l’adoration de l’argent par les hommes, cette ballade est aussi une clé de lecture du recueil entier : « Pran le moien, gouverne a la balance » conseille l’envoi49.

Un lecteur attentif saura déchiffrer à l’issue du premier tiers du recueil un avertissement capital entre les pièces 97 et 100. La ballade 99 est la plus prestigieuse, et apparemment la plus limitée par les circonstances : en donnant en exemple le discours d’Aristote à Alexandre, le poète semble ne s’adresser qu’au jeune roi Charles VI. Elle est précédée d’une ballade plus générale qui utilise la métaphore amusante de la purge50. La première strophe introduit le motif obscène des effets de la digestion par une liste prestigieuse de savants de l’Antiquité, dont Aristote conseiller d’Alexandre. La deuxième strophe décrit dans un registre burlesque l’inconfort qui suit les grands banquets, ainsi que les remèdes astringents ou laxatifs proposés. La troisième strophe énumère tous ceux qui ont « prins grans estas », soit des revenus ou bénéfices peu mérités, soit un train de vie démesuré. Le poète, moraliste devenu médecin du corps et des âmes, incite le lecteur dans les ballades 98 et 99 comme dans le reste du recueil au gouvernement vertueux de sa vie. Or ces pièces sont entourées de deux ballades énumérant des proverbes imagés sur la vanité du discours moral. « Tu bas bien l’eaue d’un pilet » et « Chantez a l’asne, il vous fera des pès » sont des refrains sarcastiques qui semblent anéantir le projet des Balades de moralité51. Les ballades 97 et 100 font dialoguer le poète avec un lecteur imaginaire sceptique et cynique à qui Deschamps semble donner raison. Le lecteur réel doit identifier l’ironie et comprendre l’inverse de ce qui est affirmé. Dans la ballade 100, Deschamps suggère que le moraliste et le lecteur doivent chacun faire des efforts. Le premier doit « son sens estandre », « parler », « enseigner », et même « entreprandre […] l’assaut » du cœur ; le second doit « regarder » vers Dieu et « entendre » le moraliste, pour « a toutes vertus tendre »52. À l’issue du premier tiers des Balades de moralité, le lecteur est ainsi placé devant un choix. Veut-il voir dans les images poétiques un divertissement aussi drôle qu’inutile, ou écouter le moraliste, déchiffrer le sens de son discours et le mettre en pratique ? Ce groupe de quatre ballades encourage le lecteur attentif à ne pas être aussi bête qu’un âne, mais plutôt écouter Deschamps comme Alexandre écoutait Aristote et assainir sa vie de courtisan par des remèdes plus ou moins amers.

Les Balades de moralité constituent un itinéraire spirituel parce que seul un effort de lecture, et de relecture, permet de comprendre le sens universel des pièces de circonstance et l’importance de certains poèmes. Au cours de son cheminement moral, le lecteur est encouragé par deux types d’images. Des tableaux pittoresques, sous forme d’allégories morales ou de fables, ainsi que des détails visuels, apportés par des métaphores lexicalisées ou traditionnelles, touchent facilement son imagination et son émotion. D’autres métaphores plus nouvelles, ou revitalisées par la référence à la vie personnelle de l’auteur ou par l’intertextualité, exigent davantage un effort de visualisation, de mémorisation et de compréhension. L’efficacité du projet esthétique et moral de Deschamps repose sur la réception de son livre : c’est au lecteur de choisir la conversion qui lui est proposée.

  • 1 Le BnF fr. 20029 est sans doute l’exemplaire de présentation offert au roi. Voir Deschamps Eustache, Anthologie, éd. et trad. C. Dauphant, LGF, collection Lettres gothiques, 2014 [désormais Anthologie], p. 160-261.
  • 2Hadot Pierre, « Exercices spirituels antiques et “philosophie chrétienne” », dans Id., Exercices spirituels et philosophie antique, Albin Michel, 2002, p. 74-98.
  • 3Anthologie, p. 206-208, v. 591-610.
  • 4Dahan Gilbert, « Saint Thomas d’Aquin et la métaphore. Rhétorique et herméneutique », dans Id., Lire la Bible au Moyen Âge, Genève, Droz, 2009, p. 249-282, citation p. 281.
  • 5Dross Juliette, « Texte, image et imagination : le développement de la rhétorique de l’évidence à Rome », Pallas, 93, 2013, p. 269-273, [en ligne : https://journals.openedition.org/pallas/1513], citation § 18.
  • 6 BnF fr. 840, f. 1-67r.
  • 7 Parmi 1171 ballades copiées dans le manuscrit de ses œuvres complètes, 176 seulement développent une « thématique amoureuse minoritaire aisément identifiable », tandis que 995 relèvent d’une « thématique morale majoritaire beaucoup plus variée » : Dauphant Clothilde, La Poétique des Œuvres complètes d’Eustache Deschamps (ms. BnF fr. 840). Composition et variation formelle, Paris, Champion, 2015, p. 68-72, citation p. 72.
  • 8Stock Brian, « L’histoire de la lecture : thérapies de l’âme dans l’Antiquité et au Moyen Âge », dans Id., Bibliothèques intérieures, Grenoble, Jérôme Millon, 2005, p. 107-126, citation p. 117.
  • 9Roccati G. Mattéo, « La culture latine d’Eustache Deschamps », dans Le Moyen Âge, 2005/2, p. 259-274, citation p. 271.
  • 10Anthologie, p. 584.
  • 11 BnF fr. 840, f. 1r.
  • 12 Ballade 77, Œuvres complètes d’Eustache Deschamps, éd. Marquis de Queux de Saint-Hilaire et Gaston Raynaud, Paris, Didot, SATF, 1878-1903, 11t. [désormais OCED], t. I, p. 178-179, v. 17 et 20.
  • 13 Dans les Balades de moralité, dorment Justice et Equité (pièce 28), Loyauté (204), Entendement et Verité (92), tandis que règnent Envie (10), Blandir, Mentir et Fol Plaisir (92), Convoitise (220), Tristesce et Ennuy (245).
  • 14 Voir les pièces 141, 243, 255, 274, 276, 286 et 287.
  • 15 Ballade 183, OCED,t. I, p. 319-320, v. 3-6, 11, 13, 15 et 19-20.
  • 16 Voir le BnF fr. 20029, f° 11v. Le texte français du lai et le texte source latin dressent une liste de péchés moins détaillée.
  • 17 À propos de « l’allégorisme artistique », voir Eco Umberto, « Art et beauté dans l’esthétique médiévale », dans Id., Écrits sur la pensée au Moyen Âge, Grasset, 2016, p. 125-129.
  • 18 Ballade 7, OCED,t. I, p. 78-79, v. 28.
  • 19Ibid., v. 12-17.
  • 20 Ballade 260, OCED, t. II, p. 100-101, v. 14-15 et 21 ; voir Genèse 28, 11-19.
  • 21 Ballade 3, OCED, t. I, p. 72-74, v. 3, 6, 10, 17 et 27-29.
  • 22 Sur les différents stades de résurrection des métaphores lexicalisées, voir Remi-Giraud Sylviane, « De la création à l’extinction : métaphore(s) et mondes de discours », Cahiers de praxématique, 46, 2006, p. 61-80.
  • 23 Ballade 17, OCED, t. I, p. 94-95, v. 18-21 et 24.
  • 24 Ballade 162, OCED, t. I, p. 292-293, v. 1 et 8.
  • 25 Ballade 107, OCED, t. I, p. 220-221, v. 1-2 et 18-20.
  • 26 Ballade 77, OCED, t. I, p. 178-179, v. 8.
  • 27Ibid., v. 13-15.
  • 28 À propos de « poétiques et rhétorique », voir Eco Umberto, « De la métaphore à l’analogia entis », dans Id., Écrits sur la pensée au Moyen Âge, op. cit., p. 588-596, citation p. 594.
  • 29 Des éloges funèbres font de Guillaume de Machaut la « fleur des fleurs de toute melodie » (ballade 124, v. 1) et de Bertrand du Guesclin un « Estoc d’oneur et arbre de vaillance,/Cuer de lyon » (206, v. 1-2). La ville de Gand est condamnée comme « Arbres d’orgueil, plante d’iniquité/Et racine de toute traison » (94, v. 1-2) et un routier est injurié comme « Goupil en faiz et mastin en courage » (175, v. 1). OCED, t. I, p. 201-202, 245-246, 309-310 et t. II, p. 27-28.
  • 30 Ballade 268, OCED, t. II, p. 111-112, v. 6-8, 21-22, 26 et 28.
  • 31 Ballade 209, OCED, t. II, p. 31-32, v. 9 et 11.
  • 32 Ballade 63, OCED, t. I, p. 158-159, v. 10.
  • 33 Ballade 133, OCED, t. I, p. 256-257, v. 1, 3-4 et 7.
  • 34Ibid., v. 10-13 et 17-18.
  • 35Ibid., v. 20-21.
  • 36 Ballade 134, OCED, t. I, p. 258, v. 2-4, 8 et 15.
  • 37 Ballade 135, OCED, t. I, p. 259, v. 6.
  • 38Beaune Colette, Naissance de la nation France, Paris, Gallimard, 1985, p. 318-322.
  • 39 La ballade 88 (v. 2) célèbre Marie, épouse de Robert Ier duc de Bar, et la ballade 249 (v. 2) fait l’éloge de Philippe le Hardi : OCED, t. I, p. 193-195 et t. II, p. 84-85.
  • 40 Voir par exemple les ballades 26, 67 et 158 ainsi que l’analyse du « Bestiaire prophétique d’Eustache Deschamps » dans Lassabatère Thierry, La Cité des hommes. Eustache Deschamps, expression poétique et vision politique, Paris, Champion, 2011, p. 129-225.
  • 41 Ballade 229, OCED, t. II, p. 57-58, v. 1, 17-18 et 20.
  • 42Dauphant Léonard, Géographies. Ce qu’ils savaient de la France (1100-1600), Ceyzérieux, Champ Vallon, 2018, p. 38.
  • 43 Ballade 57, OCED, t. I, p. 149, v. 1 et 8.
  • 44 Voir par exemple les ballades 36 (le paysan et le serpent) et 70 (le paysan et son chien) : le serviteur y est comparé soit au paysan trahi par le serpent, soit au chien oublié par son maître.
  • 45 Ballade 57, OCED, t. I, p. 150, v. 5, 9, 13, 15 et 17-18.
  • 46 Voir aussi les pièces 27, 116 et 299.
  • 47 Ballade 82, OCED, t. I, p. 185-186, v. 1, 4-6, 9, 19 et 21-22. Voir Matthieu 7, 24-27 et un poème de La Consolation de Philosophie de Boèce, à la fin du chapitre IV du livre II (éd. C. Moreschini, trad. et notes par É. Vanpeteghem, LGF, collection Lettres gothiques, 2008, p. 104-107).
  • 48Stock Brian, « Lecture, éthique et imagination littéraire », dans Id., Bibliothèques intérieures, op. cit., p. 21-43, citation p. 32.
  • 49 Ballade 300, OCED, t. II, p. 161-162, v. 34.
  • 50 Ballade 98, OCED, t. I, p. 207-208, v. 26. Sur le rôle du poète comme médecin du prince, voir la ballade 221.
  • 51 Ballades 97, OCED, t. I, p. 205-206, v. 8 ; ballade 100, OCED, t. I, p. 210-211, v. 10.
  • 52 Ballade 100, v. 2, 8-9, 12, 16, 25-26 et 33.