Alors que l’on entend intuitivement le patrimoine comme constitué de biens matériels hérités du passé, le concept récent de patrimoine immatériel s’en détache car il est lié aux usages, aux pratiques et à la culture. Il se distingue du précédent par son absence d’externalisation immédiate sur un support physique : il vit par et dans les êtres humains qui l’incarnent et le portent. Cependant, sa transmission nécessite d’en élaborer des traces inscrites, de les conserver et d’en assurer la médiation. Cette problématique est particulièrement sensible s’agissant de la mémoire de témoins historiques. Comment construire les traces de cette mémoire ? Comment les conserver ? Qu’en faire ? Comment les rendre accessibles, certes, mais aussi attractives, utiles ?
C’est à ce type de questions que tente de répondre le projet ANR MémoMines, consacré à la mémoire des mineurs. Il envisage diverses solutions pour transposer la mémoire incarnée des mineurs en médiations numériques, qui puissent perdurer dans le temps au-delà de la disparition des témoins, à la fois en ligne et à distance, et en présentiel dans les lieux de mémoire.
La préservation de la mémoire par les traces
Le patrimoine est habituellement constitué de biens matériels chargés de passé, mais bien présents ici et maintenant : bâtiments, édifices, objets, œuvres, tous se signalent avant tout par leur existence physique, laquelle impose un processus exigeant de conservation desdits biens. Car le passé ne peut survivre au présent qu’à travers la préservation de ses traces.
Patrimoine immatériel, témoins et témoignages
Un nouveau type de bien culturel est désormais appréhendé comme objet de patrimoine. Dit et supposé immatériel, sans externalisation immédiate sur un support physique, il est a priori distingué des biens dits matériels quant à eux déjà prévus par les dispositifs de protection patrimoniale (Pianezza, 2017, p. 35). Il se situe alors du côté des « pratiques, représentations, expressions, connaissances et savoir-faire, ainsi que [des] instruments […] et espaces culturels qui leur sont associés » (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture, 2003, p. 2). La prise en compte de ce nouveau type de bien culturel crée une nouvelle catégorie patrimoniale (Bortolotto, 2011). « Cette approche particulière du patrimoine l’envisage ainsi comme incarné dans les hommes, indissociable des groupes sociaux dont il est issu. Selon ce paradigme, le patrimoine est alors appréhendé comme vivant, au sens tout d’abord où il est pratiqué dans le présent par les hommes qui le portent et en détiennent à ce titre une mémoire continuée » (Pianezza, 2017, p. 42). On observe là un déplacement fondamental du patrimoine, désormais incarné par et dans le groupe social et les individus qui le portent, le vivent et le transportent dans le temps. Ainsi défini, le caractère incarné du patrimoine immatériel pose la question de sa persistance, via sa transmission par-delà la disparition de ceux qui le vivent ou l’ont vécu au présent.
Les individus qui ont vécu des faits ou participé à des événements historiques s’inscrivent ainsi dans l’Histoire dont ils sont les témoins (Pollak et Heinich, 1986). « Un témoin est une personne ou une chose qui, par sa présence, son existence, atteste, témoigne, sert de preuve pour constater ou vérifier un ou des faits » (Desvallées et Mairesse, 2011, p. 666). Par conséquent, le récit personnel de l’histoire propre aux témoins rejoint un fragment de l’Histoire, notamment lorsque leur vécu traverse des moments qualifiés a posteriori de faits historiques (Dulong, 2009). La transmission par les témoins relève de la patrimonialisation. « Toute discussion de la notion de patrimoine convoque plus ou moins la relation de celui-ci avec l’histoire et la mémoire comme deux formes de rapport au passé » (Davallon et Le Marec, 2000, p. 12). Pourtant, une certitude s’impose implacablement : les témoins historiques disparaissent. « Toute société fonctionne malgré et contre la mort. Mais elle n’existe aussi que par, avec, et dans la mort. Sa culture, c’est-à-dire un patrimoine collectif de savoirs, de savoir-faire, de normes, de formes d’organisation, n’a de sens que parce que les générations anciennes meurent et qu’il faut sans cesse la transmettre aux générations nouvelles » (Wieviorka, 1998, p. 47). Le patrimoine vivant, incarné dans la mémoire personnelle des individus, va disparaître de façon certaine et c’est le pivot de cette recherche. Est-il possible de conserver et transmettre cette mémoire vivante ? Et si oui, comment ?
Traces
Transmettre un patrimoine nécessite d’en conserver des traces (Jeanneret, 2011). D’ailleurs, la notion de témoin décrite par André Desvallées et François Mairesse (2011, p. 666) est complétée par ces éléments : « Le terme désigne toute trace naturelle ou culturelle qui témoigne du passé ou qui pourra en témoigner ». Longtemps cantonnées à la parole de la transmission orale, de génération en génération, les traces se matérialisent aujourd’hui sur différents types de supports. Après l’écrit, l’image s’impose désormais.
Un travail précédent(Leleu-Merviel, 2013)1 proposait une approche structurée de la notion de trace reposant sur quatre principes :
principe conceptuel : elle est le spectre d’un processus réel qui a eu lieu (ce qui témoigne d’une double relation à la réalité et au passé) – Spectrum,
principe matériel : la ou les marques qui la constituent sont exprimées par une rétention indicielle inscrite sur un support – Res,
principe qualifiant : elle est qualifiée en tant que trace par la détermination d’un pattern interprétatif cohérent et crédible – Studium,
principe authentifiant : elle est authentifiée par une validation qui l’accrédite comme trace effective, lui octroyant la capacité à attester de l’événement ou d’inférer le processus dont elle est le témoignage et/ou la preuve – Documentum.
L’élément qui caractérise cette approche est le passage d’une vision positiviste (l’objet résiduel en tant que tel) à une vision constructiviste (le processus dynamique, dont la rétention est la trace, devient l’objet, repérable par les marques qu’il occasionne). Ainsi, ce n’est plus la marque résiduelle qui caractérise la trace, mais la traque (voir Leleu-Merviel, 2017) du passé à travers les rétentions spectrales engendrées. La substitution du spectre au dépôt ou à l’empreinte traduit ce glissement.
Nous définissons la trace comme une rétention indicielle d’un fait ou d’un événement passé, inscrite sur un support. Pour répondre à la question « comment réaliser des traces incarnées de ce que les individus ont vécu ? », on pense spontanément à l’enregistrement d’un témoin livrant son récit, c’est-à-dire à la conversion de sa parole en un document, par rétention indicielle (Pédauque, 2006). De fait, enregistrer, par exemple en vidéo ou même seulement en audio, le récit personnel d’un survivant satisfait le Spectrum et le Res de la trace. Mais il faut encore le Studium et le Documentum pour produire une trace effective. Notamment, l’authentification qui l’érige en témoignage et en preuve est une condition sine qua non. D’où le concept de Grand Témoin (Blondeau, 2020), qui évite que des récits anachroniques, décalés ou farfelus ne dévoient la réalité du passé en étant légitimés et en accédant à la postérité.
Ces traces seront-elles suffisantes lorsque les témoins auront disparu ? Une trace « permet de viser l’absent » (Bachimont, 2010, p. 297), et peut prendre une multiplicité de formes ou de formats, car « la trace est un objet inscrit dans une matérialité » (Jeanneret, 2011 : 61). S’il est possible de garder une trace enregistrée d’un témoin vivant, et notamment de son témoignage, les problématiques de la patrimonialisation et de la conservation sont soulevées, quel que soit le format de la trace. En effet, une trace ne garde pas indéfiniment le statut de trace, elle peut être détruite. Par ailleurs, « si le délabrement d’une cathédrale ou l’écroulement d’un château ne passent jamais inaperçus, la destruction d’un document audiovisuel se fait sans tambour ni trompette » (Hoog, 2003, p. 171). Aujourd’hui, les documents audiovisuels créés en enregistrant un témoin sont le plus souvent numériques. Mais ces traces numériques, tout comme le bâti, ne sont pas assurées d’être pérennes par leur simple constitution (Bachimont, 2009), il faut mettre en place une stratégie de sauvegarde des archives sur le long terme.
Par ailleurs, au plan du design informationnel, les témoignages historiques sont collectés et conservés à des fins de transmission du patrimoine, c’est-à-dire aux fins de médiatisation. Mais il ne suffit pas qu’un individu parle pour intéresser les générations futures (Gellereau, 2012, p 28). Quels moyens utiliser pour exploiter les témoignages de façon à ce que les générations futures puissent s’y relier (Chaumier et Mairesse, 2013) ? Car le but de la médiation est de créer des liens entre ce qui est exposé, comme les témoignages historiques, et les visiteurs qui peuvent y trouver un sens, une signification (Desvallées et Mairesse, 2011). Les médiations peuvent revêtir différentes formes : humaine, instrumentée, hybride. Comment construire des actions de médiation adéquates (Schmitt et Aubert, 2016) ?
Le projet MémoMines aborde toutes ces questions dans le cadre spécifique de la mémoire minière. Il a pour but de collecter, préserver et exploiter le patrimoine immatériel des anciens mineurs du Bassin minier Nord-Pas-de-Calais, et plus spécifiquement la mine de Wallers-Arenberg, en activité de 1902 à 1989. En effet, ses anciens mineurs peuvent encore raconter en leur nom propre une période à laquelle on accèdera prochainement par l’histoire ou les arts, c’est-à-dire sans l’intermédiaire d’un témoin vivant, contemporain de cette époque (Halbwachs, 1997, p. 112).
Le projet ANR MémoMines
MémoMines est un projet de recherche collaboratif intitulé Conversion des traces mémorielles en médiations numériques : le cas de la mémoire minière, lauréat d’un financement ANR sous l’égide du défi 8 (Sociétés innovantes, intégratives et adaptatives) en principal, et défi 7 (Société de l’information et de la communication) en secondaire (ANR 16-CE38 0001)2. Initialement prévu sur 48 mois, il a bénéficié d’une clause de prolongement COVID et a démarré en janvier 2017 pour se clore en 2022.
Présentation générale et enjeux du projet
Répondant aux questions soulevées au paragraphe précédent, la problématique générale du projet MémoMines porte sur la conservation de faits ou d’événements constituant des patrimoines culturels proches de la disparition (endangered cultural heritage). Elle traite en particulier de la conversion des mémoires individuelles en traces mémorielles, de leur mise à disposition sous forme de corpus d’archives numériques accessibles à tous, de leur remédiatisation pour des usages sociaux circonscrits, et de leur mise en scène/installation (trans-médiatique) dans le cadre de lieux de mémoire dédiés. Le projet MémoMines comprend la recherche fondamentale, la conception et la réalisation de dispositifs innovants et leur évaluation en situation écologique d’usage. Cette problématique générale, traitée et analysée dans une perspective interdisciplinaire (sciences de l’information et de la communication, sciences du langage, muséologie, informatique), est appliquée dans le cadre spécifique de la mémoire de la mine.
Tout d'abord, l’enjeu scientifique et technique vise à élaborer une approche structurée pour la constitution, l’appropriation et le partage de patrimoines culturels, notamment immatériels, dans des contextes sociaux variés. L’enjeu expérimental et de terrain est de rendre accessible à tous le patrimoine minier, matériel et immatériel, du nord de la France. L’activité minière a structuré une grande partie de l’économie de la Région du milieu du 18e siècle jusqu’à la fin du 20e et a laissé des traces, encore vivantes, sur les plans industriels, linguistiques et culturels, mais dont une grande partie est menacée suite à la disparition des principaux acteurs (ouvriers, industriels…) et témoins contemporains. L’enjeu du projet est la préservation de cet héritage, riche et multiforme, sa valorisation et sa mise à disposition à des publics variés : descendants d’anciens mineurs, éducateurs, enseignants, chercheurs, journalistes, associations culturelles, collectivités territoriales, grand public… La couverture du projet vise à préparer la valorisation d’une mémoire régionale mais aussi, dans un second temps, nationale (la Lorraine par exemple) et transfrontalière, avec en particulier la Wallonie toute proche. Il est envisageable d’étendre ensuite le projet à d’autres régions minières comme la Ruhr en Allemagne.
En s’appuyant plus particulièrement sur l’expertise historiographique, sociologique et économique de la mission Bassin Minier et du Centre Historique Minier de Lewarde, les chercheurs du projet MémoMines ont eu recours d’une part à des corpus (sonores, visuels, audiovisuels et textuels) déjà constitués et d’autre part, à des nouveaux corpus (ouverts) issus des « terrains » de collecte de traces mémorielles (enregistrements de récits de vie, captations d’objets de culture matérielle et de cadres de vie…). Les traces mémorielles collectées ont été traitées (montées, post-éditées), enregistrées et archivées. Elles ont ensuite été décrites et analysées à l’aide d’une ontologie3 du domaine et via un environnement de travail spécifique. Elles ont enfin été publiées sous forme d’une archive audiovisuelle en ligne. Les traces mémorielles ainsi transformées en des ressources intellectuelles (documentant un patrimoine particulier) servent ensuite – telles quelles ou après un nouveau processus de « traitement » (appelé processus de repurposing, processus de rééditorialisation) – à des usages variés dans le cadre de projets innovants de médiation culturelle (s’insérant dans l’offre muséographique des centres miniers), de transmission culturelle, de valorisation territoriale et, enfin, de la recherche elle-même.
Ce cycle de production, traitement, archivage, diffusion et réutilisation de données numériques, exemplifié par le patrimoine minier, forme en lui-même une problématique scientifique qui n’est que partiellement traitée dans la littérature spécialisée. Pourtant sa maîtrise à la fois théorique, méthodologique et technologique est indispensable pour tout projet de production/archivage/réutilisation de données documentant un patrimoine. Y apporter une réponse satisfaisante est l’enjeu scientifique et technique du projet MémoMines.
Organisation et répartition des tâches
Le projet (Leleu-Merviel et Chaudiron, 2021), porté par le centre de recherche DeVisu4, implique trois partenaires principaux : deux centres de recherche publics GERiiCO5 (Lille) et PLIDAM6 – Inalco (Paris), et l’INA, l’Institut national de l’audiovisuel7.
PLIDAM/INA : production. Constitution de corpus d’archives numériques
Au sein du projet, l’équipe du laboratoire PLIDAM de l’Inalco a piloté la constitution et la production de la mémoire minière, c’est-à-dire la collecte et la création de traces mémorielles. Cette activité est traditionnellement au cœur d’une variété de disciplines en SHS (telles que la sémiotique, l’anthropologie, la sociologie, l’archéologie…). En outre, l’équipe a réalisé, avec l’appui de l’INA, les archives audiovisuelles de la mémoire minière, notamment sous la forme d’un portail web.
GERiiCO : indexation. Constitution de ressources métalinguistiques
De son côté, l’équipe du laboratoire Geriico a eu pour mission l’explicitation de l’univers de connaissance de la mine et l’élaboration d’une ontologie et d’un thesaurus, qui servent à décrire et indexer les traces mémorielles créées, mais également à assurer leur intelligibilité sur le long terme.
DeVisu : médiation. Designs expérientiels à destination des publics
L’équipe du centre de recherche DeVisu, quant à elle, a conçu et réalisé des dispositifs artefactuels de restitution de la mémoire de la mine, fondés sur de nouvelles dimensions créatives et de nouvelles formes d’écritures en médias multiples. Ceux-ci se sont appuyés notamment sur la co-création et le partage en termes de contenus, et sur des dispositifs nomades, immersifs ou de réalité augmentée en termes de supports, permettant de proposer des expériences muséales inédites. Il s’agit à la fois de dispositifs numériques de consultation à distance (portail, applications pour supports mobiles…) et de dispositifs innovants d’accompagnement d’une visite sur site (dans les lieux de mémoire, tel que le site minier d’Arenberg). Leur mise en œuvre auprès des publics novices a donné lieu à des études d’usages, une évaluation écologique en situation et une analyse des construits de sens élaborés par les publics en consultation et en visite, afin de valider les approches proposées, qui visent une muséo-expographie renouvelée, engageante, immersive et contributive.
Un seul projet collaboratif cohérent
Les actions ont été réparties et distribuées par tâche, mais les livrables sont interdépendants au sein du projet. Car celui-ci comprend un ensemble d’activités collaboratives chaînées, à savoir respectivement :
La définition et la modélisation conceptuelle de l’objet ou du domaine de référence (ici : le domaine minier).
La qualification, la localisation et la classification des données pouvant servir de documents d’un domaine (ici : quels types/genres de données visuelles, audiovisuelles, sonores ou textuelles ?).
La planification et la préparation d’un terrain de collecte de nouvelles données (ici : sous forme d’enregistrements audiovisuels d’entretiens ; de captations d’objets de culture matérielle, de cadre de vie…).
La collecte à proprement parler des données sur terrain (ici : les enregistrements visuels, sonores ou audiovisuels, les prises de note…).
Le traitement des données collectées (ici : le « nettoyage » technique, le montage, la postsynchronisation… des enregistrements et des captations).
Le stockage « de base » des données collectées et leur archivage pérenne (ici : l’archivage des données dans des structures appropriées).
Le suivi des corpus des données (ici : la mise à jour des données archivées, l’enrichissement du corpus, la suppression de données…).
La modélisation du contenu (du sens) véhiculé par les données et la production d’une ontologie du domaine (ici : du domaine minier d’une part et de l’objet média lui-même).
L’analyse (classification, indexation, annotation…) des données et leur publication en ligne (ici : l’analyse à l’aide d’une ontologie du domaine minier des enregistrements audiovisuels et leur publication sous forme de vidéo-livres, de dossiers thématiques…).
L’exploitation, l’utilisation de données « brutes, analysées et/ou publiées » comme des ressources dans le cadre de projets de médiation culturelle ou scientifique, de valorisation territoriale, etc.
Concrètement, le pilotage des activités est attribué à une équipe par tâche, mais toutes les équipes y participent à leur manière : elles sont complémentaires et sont reliées les unes aux autres. Par exemple, DeVisu, grâce à son ancrage local, a fourni les « terrains » de collecte de traces mémorielles et établi les contacts (point 3 ci-dessus), filmé (point 4) et traité (point 5), puis archivé (point 6) les entretiens constituant les nouveaux corpus de la tâche de production, attribuée à PLIDAM. De leur côté, les chercheurs de GERiiCO ne pouvaient mettre en œuvre leurs outils d’indexation qu’une fois les corpus chargés sur le serveur (ce qui s’est avéré plus long et difficile que prévu pour des raisons techniques). Les équipes contribuent donc ensemble à une unité-projet cohérente.
Le point essentiel du projet et son originalité résident dans la connexion très forte entre les aspects patrimoniaux, techniques et sociétaux, souvent déconnectés pour des raisons disciplinaires dans les travaux scientifiques de nature comparable. Les divers livrables du projet traduisent cette complémentarité.
Les archives et la plate-forme MémoMines, la médiatisation du mineur
À ce titre, l’un des livrables du projet est une plate-forme permettant l’accès aux traces mémorielles collectées et constituées en corpus numériques.
La plate-forme MémoMines, le thésaurus Thésomine et l’ontologie Ontomine
Une plate-forme spécifique de consultation en ligne, également intitulée MémoMines8, a été développée dans ce but. Elle s’appuie sur la plate-forme logicielle client-serveur développée au sein du département Recherche et Innovation de l’Institut national de l’audiovisuel (INA). Son objectif est de favoriser le partage, la capitalisation et la médiation de connaissances s’articulant autour de corpus de médias, en proposant notamment des fonctionnalités de description collaborative de contenus, de création de corpus d’extraits ainsi que l’aide à la création de portails et parcours hypermédias. Pour ce faire, elle propose un ensemble intégré d’outils et d’interfaces Web dédiés à la valorisation de contenus multimédias. La généricité de la plate-forme la rend potentiellement pertinente pour une multitude d’usages croisant base de connaissances et médias, sur la base du logiciel open-source OKAPI (Open Knowledge Annotation and Publishing Interface). OKAPI fournit des interfaces dédiées aux opérations de création, modification et suppression d’utilisateurs et leur mise en relation. Il utilise les langages du Web sémantique promus par le W3C9.
Mais les ressources mises à disposition sont très importantes : nombreux corpus audiovisuels, fonds photographiques, articles de presse, etc. Une découverte au fil de l’eau, par butinage, n’est pas satisfaisante. C’est pourquoi il est essentiel de disposer d’outils d’exploration systématique et instrumentée. Les chercheurs du centre de recherche GERiiCO se sont concentrés sur la mise au point d’un thésaurus. Le thésaurus est le socle de l’indexation sémantique des contenus, réalisée grâce à une ontologie développée spécifiquement (« Ontomine ») (Daloz, 2020 ; Daloz et Chaudiron, 2019 ; Chaudiron et al., 2019). La base de l’ontologie est le modèle sémantique CIDOC-CRM, développé par le Comité International pour la DOCumentation (CIDOC) de l’International Council of Museum (ICOM), CRM signifiant Conceptual Reference Model (modèle conceptuel de référence). Ce modèle sémantique constitue une « ontologie » de l’information relative au patrimoine culturel. Issu du monde des musées, c’est aussi un standard qui cherche à atteindre les données du monde des bibliothèques, des archives et des institutions de recherche (Charbonnier, 2014). La première version de ce thésaurus, « Thésomine », sur le modèle SKOS, est en ligne, libre de droits d’utilisation, et consultable à l’adresse https://opentheso.huma-num.fr/opentheso/?idt=th136. Il compile 1 322 termes, descripteurs et non-descripteurs, liés aux métiers, matériel, et culture de la mine et ses environs. Il prend en compte les variantes régionales et les dialectes, nombreux à la mine compte tenu de la variété des recrutements – vagues migratoires notamment.
Les objets en média multiples sont mis en ligne sur la plate-forme MémoMines et indexés grâce à Ontomine, afin de favoriser la consultation distancielle et l’appropriation personnalisée par tous les publics.
Grâce aux fonctionnalités propres à OKAPI (bannière et menu personnalisables, accès à l’interface d’édition via l’interface utilisateur, interface de visualisation du fonds audiovisuel, interface de description audiovisuelle comportant sa « ligne de temps » éditable et un formulaire multi-onglets contrôlé par ontologie…), les utilisateurs peuvent visionner tout ou partie des contenus disponibles, soit en parcourant la liste des objets en ligne, soit en recherchant des termes qui, grâce à l’indexation, feront émerger les segments pertinents des différents contenus, notamment parmi les heures d’entretiens réalisés avec d’anciens mineurs, dont certains sont malheureusement déjà décédés depuis. La possibilité d’éditer sa propre ligne de temps permet en outre d’effectuer une sorte de « montage » personnel : chacun peut ainsi réaliser son propre document, sans copie ni dégradation des originaux. Cette fonctionnalité est précieuse, par exemple pour les enseignants et médiateurs, qui peuvent s’approprier les contenus tout en profitant de la capitalisation collective qu’OKAPI favorise.
La présence médiatisée du mineur en son absence
Au-delà de la plate-forme de consultation en ligne, une autre série de livrables concerne le design de dispositifs dédiés à l’accompagnement de visites sur site. Partant du postulat intuitif que la patrimonialisation des lieux, édifices industriels et outils de la mine est désincarnée si la figure du mineur en est effacée, la première étape a consisté à vérifier la consistance de cette hypothèse.
Ainsi, la présence virtuelle d’un mineur, médiatée par une diffusion vidéo, a-t-elle été expérimentée en visite physique sur le site d’Arenberg. La recherche envisageait la question de l’expérience vécue par les participants vis-à-vis de tels témoignages dans le parcours de visite. Le mineur est-il indispensable à la visite ? Comment la restitution de sa présence, même uniquement médiatisée, est-elle appréciée par les participants ? Cette forme de « présence en absence », médiée par la voix et l’image, est-elle jugée pertinente par les participants ? Le protocole, fondé sur les méthodes VIAGE (Kounakou et Verclytte, 2011) et MEDIA-REPERES (Labour, 2011), compare l’expérience de deux groupes de visiteurs : un groupe test avec séquence vidéo au sein du parcours et un groupe contrôle sans, le reste de la visite étant strictement identique.
Portant sur 115 participants et concentrée sur 2 jours (le week-end de Fête de la Science 2017), l’étude (Blondeau et al., 2018) montre que la présence du mineur, même virtuelle, est plébiscitée par les visiteurs qui la jugent essentielle. Elle confirme notamment que la parole filmée du mineur fait bien davantage qu’améliorer le parcours et l’expérience de visite, elle incarne bel et bien la mémoire minière. La figure du mineur cristallise la dimension émotionnelle de l’expérience de visite et constitue le liant avec la région, les productions culturelles, l’histoire et l’avenir.
Une fois confirmée la légitimité du témoin, même virtualisé, la recherche s’est orientée vers d’autres formes éventuelles de « présence incarnée par l’image ». Une revue des travaux concernant la mémoire de la Shoah a été effectuée. Car, selon les termes d’Annette Wieviorka (1998, p. 15), « la mémoire de la Shoah est devenue, quant à elle, pour le meilleur ou pour le pire, le modèle de la construction de la mémoire, le paradigme auquel on se réfère ici ou là, pour analyser hier ». Dans son ouvrage La Shoah à l’épreuve de l’image, Jacques Walter (2005) examine également plusieurs formes de la mémoire de la Shoah dont différentes productions audiovisuelles telles que des documentaires, la série Holocauste et les films Shoah, La liste de Schindler, La vie est belle. Parmi les dispositifs les plus innovants, le modèle du théâtre holographique proposé par l’IHMEC, Illinois Holocaust Museum and Education Center ou musée de l’Holocauste de l’Illinois (États-Unis) simule une interaction, c’est-à-dire la discussion avec des représentations 3D dites holographiques10 de survivants juifs ayant échappé à la solution finale. Le dispositif permet au public de poser des questions oralement, et une fois la question relayée par le médiateur pourvu de microphones, permet au public d’entendre quasi-instantanément la « réponse » de l’hologramme, c’est-à-dire le segment vidéo préenregistré que le système a identifié comme le meilleur résultat par rapport aux mots clefs figurant dans la question. Sur un principe similaire, un Pepper’s Ghost de mineur a été réalisé et testé une première fois dans le cadre de MémoMines en janvier 2021, puis à nouveau en octobre 2021.
Le protocole expérimental scindait les 90 participants en deux groupes dont l’un rencontrait le véritable Aimable en premier puis voyait le fantôme de Pepper en second, et l’inverse pour l’autre groupe afin de compenser l’effet de préséance. Un questionnaire leur était administré après la première rencontre, puis après la deuxième. Les données collectées sont actuellement en cours de dépouillement exhaustif. Les premiers résultats montrent que les visiteurs ayant d’abord vu Aimable en chair et en os trouvent le Pepper’s Ghost limité. Mais ce dernier est jugé très convaincant quand les visiteurs n’ont vu que lui, soit avant de rencontrer le vrai mineur. Ce résultat encourageant montre que le fantôme de Pepper se justifie lorsqu’il ne reste plus que lui. Il permet d’envisager la deuxième phase, c’est-à-dire le développement du système conversationnel, et l’enregistrement des réponses à quelques 2 000 questions (Dubuis et al., à paraître).
Conclusion
Qui n’a pas rêvé de discuter avec Jules César, Toutankhamon ou Louis XIV pour qu’ils nous expliquent eux-mêmes leur vie ? Le développement rapide des techniques numériques permet d’envisager ce type de dispositif pour les générations futures. Déjà, un Salvador Dali de synthèse accueille les visiteurs dans l’exposition qui lui est consacrée. La recherche exposée ici explore cette piste. Les résultats obtenus attestent que la figure du témoin est le vecteur privilégié de transmission du patrimoine immatériel, incarnant le lien à la mémoire et à l’Histoire, notamment dans sa composante émotionnelle.
Par-delà les améliorations techniques à apporter, plusieurs aspects importants n’ont pas été développés ici. Tout d’abord, une stratégie de sauvegarde des archives sur le long terme est indispensable, car les traces numériques ne sont pas assurées d’être pérennes par leur simple constitution. La manière filmique est aussi déterminante dans l’intérêt porté par le récepteur à ce qui lui est proposé. En particulier, l’interpellation par le regard direct est décisive. Ce fait est connu. En effet, dès 1983, Eliséo Veron (1983) a montré le rôle essentiel que joue le regard dans l’énonciation du JT : « Le présentateur regarde l’axe vide de la caméra, ce qui fait que moi, téléspectateur, je me sens regardé : il est là, je le vois, il me parle. Le journal télévisé a finalement choisi de se constituer autour de cette opération fondamentale qui est ainsi devenue l’une des marques du genre, en tant qu’indice du régime de réel qui est le sien : les yeux dans les yeux ». La difficulté, surmontée dans MémoMines, a été de concevoir un dispositif qui ne bloque pas l’expression de témoins peu enclins à parler à une caméra « yeux dans les yeux » (Blondeau et al., 2022). De plus, une étude propre à établir l’importance respective de l’image et du son doit être menée. En effet, un dispositif formé d’un vidéo-mapping sur maquette architecturale, mais dont la voix off est celle des mineurs, a montré, lors de son exposition à Arenberg, que la voix suffit à porter l’émotion du témoignage. Peut-être même cette émotion est-elle décuplée sans le parasitage de l’image. Mais aucune étude scientifique n’est venue affermir ce constat empirique.
Au bout du compte, l’introduction du concept de trace a évoqué la substitution du spectre au dépôt. Ce terme de spectre ne désigne-t-il pas exactement les dispositifs dont il est question ? Qu’il s’agisse d’un témoin de la Shoah, d’un mineur disparu, ou de Michaël Jackson dans un ultime concert, c’est bien à un spectre que je suis confronté : il est là, je le vois, il me parle depuis le royaume des morts, là réside la magie. Cette fascination perdurera-t-elle lorsqu’elle sera devenue commune ? Seul l’avenir le dira.
Bachimont Bruno, 2010, « La présence de l’archive : réinventer et justifier », Intellectica, 53-54, p. 281-309.
Blondeau Virginie et al. 2019, « Conversation pour l’éternité : Grand Témoin, hologramme et IA » [en ligne], RIHM Revue des Interactions Humaines Médiatisées, 20 (2), p. 1-31. Disponible sur : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02559637/document.
Blondeau Virginie et al., 2022 [à paraître], « Préserver, valoriser et transmettre le patrimoine minier des Hauts-de-France : l’apport du projet ANR MémoMines », dans Ouvrard Louise (dir.), Le Corpus audiovisuel : Quelles approches ? Quels usages ? Actes du Colloque international, Paris, Inalco.
Blondeau Virginie, 2020, Vers un humanisme numérique. Du témoin vivant au Grand Témoin numérique [en ligne], thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Polytechnique Hauts-de-France. Disponible sur : https://hal-uphf.archives-ouvertes.fr/tel-03082329/document.
Blondeau Virginie, Bougenies Fanny, Leleu-Merviel Sylvie, 2018, « De la trace mémorielle à sa médiatisation : l’exemple du parcours patrimonial évolutif de la Fosse d’Arenberg à Wallers » [en ligne], RIHM. Revue des Interactions Humaines Médiatisées, 19 (1), p. 69-113. Disponible sur : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02510899/document.
Bortolotto Chiara (dir.), 2011, Le Patrimoine culturel immatériel : enjeux d’une nouvelle catégorie, Paris, Éditions de la Maison des Sciences de l’Homme, collection « Ethnologie de la France. Cahiers ».
Charbonnier Pauline, 2014, « Introduction au CIDOC-CRM et au Linked Data », Formation BNF et Biblissima : Modélisation des données et humanités numériques, Bibliothèque nationale de France (Paris), 1er déc. Disponible sur : https://projet.biblissima.fr/sites/default/files/01-12-2014bnf_intro_cidoc_ld.pdf [consulté le 10 oct. 2022]
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Blondeau Virginie, Bougenies Fanny, Leleu-Merviel Sylvie, 2018, « De la trace mémorielle à sa médiatisation : l’exemple du parcours patrimonial évolutif de la Fosse d’Arenberg à Wallers » [en ligne], RIHM. Revue des Interactions Humaines Médiatisées, 19 (1), p. 69-113. Disponible sur : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02510899/document.
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Kounakou Komi et Verclytte Laurent, 2011, « VI.A.G.E : un protocole pour cerner l’impact des images médiatiques sur la petite enfance », Revue des Interactions Humaines Médiatisées, 12 (1), p. 63-100.
Labour Michel, 2011, MEDIA-REPERES. Une méthode pour l’explicitation des construits de sens au visionnage [en ligne], Habilitation à diriger des recherches en sciences de l’information et de la communication, Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis. Disponible sur : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01248143/document.
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Leleu-Merviel Sylvie, 2017, La Traque informationnelle, Londres, ISTE Éditions, Collection « Sciences, société et nouvelles technologies ».
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Pédauque Roger, 2006, Le Document à la lumière du numérique. Forme, texte, médium : comprendre le rôle du document numérique dans l’émergence d’une nouvelle modernité, Caen, C & F Éditions
Pianezza Nolwenn, 2017, La Patrimonialisation selon l’immatériel ou la mémoire agissante – circulation des savoirs en contexte partenarial de production audiovisuelle [en ligne], thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse. Disponible sur : https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01774377/document.
Schmitt Daniel et Aubert Olivier, 2016, « REMIND, une méthode pour comprendre la micro-dynamique de l’expérience des visiteurs de musées », RIHM, Revue des Interactions Humaines Médiatisées, 17 (2), p. 43-70.
3 « Une ontologie désigne des abstractions et un vocabulaire représentant des informations et leurs relations » (Doueihi, 2011, p. 8).
4 Le coordinateur scientifique et responsable projet pour DeVisu est la Professeure Sylvie Leleu-Merviel, directrice du centre de recherche.
5 Le responsable projet pour GERiiCO est le Professeur Stéphane Chaudiron, directeur du centre de recherche.
6 Le responsable projet pour PLIDAM est le Professeur Peter Stockinger, directeur du centre de recherche.
7 Les partenaires contributeurs pour l’INA sont Steffen Lalande et Abdelkrim Beloued.
8 La plate-forme porte le même nom que le projet ANR lui-même.
9 Les langages du Web sémantique utilisés sont : RDF (Resource Description Framework), RDFS (Resource Description Framework Schema), OWL (Ontology Web Language) et SKOS (Simple Knowledge Organisation System).
10 Techniquement, il s’agit en toute rigueur de fantôme de Pepper (Pepper’s Ghost), et non d’hologrammes.
Research article
Traces de mineurs
De témoignages en médiations numériques
Traces of minors, from testimonies to digital media
Leleu-MervielSylvie
Résumé : Le patrimoine immatériel est vivant, incarné dans les hommes qui le portent. Maintenir le lien à la mémoire et à l’Histoire impose alors d’en produire des traces, à même de le préserver, le conserver et le transmettre. À ce titre, recueillir la parole et l’image de ses témoins est essentiel, tout autant que convertir ces récits personnels en médiations numériques susceptibles de défier le temps. Sur le terrain de la mémoire minière, ce chapitre envisage quelques réponses apportées par le projet ANR MémoMines à ce type de questions.
Abstract : Intangible heritage is alive, embodied in the people who bear it. Maintaining the link to memory and history therefore requires the production of traces that can preserve, conserve and transmit it. In this respect, gathering the words and the image of its witnesses is essential, as is converting these personal accounts into digital mediations able of defying time. In the field of mining memory, this chapter considers some of the answers provided by the ANR MémoMines project to this type of question.
3 « Une ontologie désigne des abstractions et un vocabulaire représentant des informations et leurs relations » (Doueihi, 2011, p. 8).
4 Le coordinateur scientifique et responsable projet pour DeVisu est la Professeure Sylvie Leleu-Merviel, directrice du centre de recherche.
5 Le responsable projet pour GERiiCO est le Professeur Stéphane Chaudiron, directeur du centre de recherche.
6 Le responsable projet pour PLIDAM est le Professeur Peter Stockinger, directeur du centre de recherche.
7 Les partenaires contributeurs pour l’INA sont Steffen Lalande et Abdelkrim Beloued.
8 La plate-forme porte le même nom que le projet ANR lui-même.
9 Les langages du Web sémantique utilisés sont : RDF (Resource Description Framework), RDFS (Resource Description Framework Schema), OWL (Ontology Web Language) et SKOS (Simple Knowledge Organisation System).
10 Techniquement, il s’agit en toute rigueur de fantôme de Pepper (Pepper’s Ghost), et non d’hologrammes.
Bachimont Bruno, 2010, « La présence de l’archive : réinventer et justifier », Intellectica, 53-54, p. 281-309.
Blondeau Virginie et al. 2019, « Conversation pour l’éternité : Grand Témoin, hologramme et IA » [en ligne], RIHM Revue des Interactions Humaines Médiatisées, 20 (2), p. 1-31. Disponible sur : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02559637/document.
Blondeau Virginie et al., 2022 [à paraître], « Préserver, valoriser et transmettre le patrimoine minier des Hauts-de-France : l’apport du projet ANR MémoMines », dans Ouvrard Louise (dir.), Le Corpus audiovisuel : Quelles approches ? Quels usages ? Actes du Colloque international, Paris, Inalco.
Blondeau Virginie, 2020, Vers un humanisme numérique. Du témoin vivant au Grand Témoin numérique [en ligne], thèse de doctorat en sciences de l’information et de la communication, Université Polytechnique Hauts-de-France. Disponible sur : https://hal-uphf.archives-ouvertes.fr/tel-03082329/document.
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Chaudiron Stéphane, Jacquemin Bernard et Kergosien Eric, 2019, « L’apport du web sémantique à la sauvegarde du patrimoine immatériel : le cas du textile, de la musique et de la mine » [en ligne], dans Roxin Ioan et al. (dir.), Information, Communication et Humanités Numériques. Enjeux et défis pour un enrichissement épistémologique. Actes du 23e Colloque bilatéral Franco-Roumain en sciences de l’information et de la communication, Cluj-Napoca, Accent Publisher, p. 311-328. Disponible sur : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-02356933/document.
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Pédauque Roger, 2006, Le Document à la lumière du numérique. Forme, texte, médium : comprendre le rôle du document numérique dans l’émergence d’une nouvelle modernité, Caen, C & F Éditions
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Schmitt Daniel et Aubert Olivier, 2016, « REMIND, une méthode pour comprendre la micro-dynamique de l’expérience des visiteurs de musées », RIHM, Revue des Interactions Humaines Médiatisées, 17 (2), p. 43-70.