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Couverture du livre Témoignage, mémoire et histoire Show/hide cover

Edgar Julius Jung (1894-1934)

Introduction

Assassiné par les nazis à l’âge de 40 ans lors de la purge ordonnée le 30 juin 1934 par Hitler, Edgar Julius Jung1 n’avait rien d’un démocrate. Si son itinéraire mérite d’être retracé, c’est parce qu’il fut l’un des premiers représentants de la droite radicale allemande à exprimer ouvertement son désaccord envers l’action des nationaux-socialistes. Soutenu financièrement par des industriels du bassin de la Ruhr2 très influents au sein du « Deutscher Herrenklub » (« Club allemand des Seigneurs »)3 qui contribua directement à l’arrivée d’Hitler au pouvoir, il fut, comme Arthur Moeller van den Bruck (1886-1925), l’un des maîtres à penser les plus écoutés de l’aile « jeune conservatrice » de la « révolution conservatrice » allemande.4

Auparavant, Jung avait été un homme d’action. Engagé volontaire en 1914, sous-lieutenant à la fin de la guerre, en 1919, il reprit du service dans les rangs du corps franc von Epp5 qui participa à l’écrasement de la « République des conseils » de Bavière. Après l’obtention de son doctorat en droit en 1922, il entra à Zweibrücken (Deux-Ponts), situé à l’époque en Palatinat bavarois, dans le cabinet d’avocat d’Albert Zapf (1870-1940), député au Reichstag du parti libéral de droite DVP (« Deutsche Volkspartei », parti populaire allemand) dirigé par Gustav Stresemann (1878-1929). Parallèlement à ses activités professionnelles, il fut à l’époque l’un des responsables du mouvement clandestin antiséparatiste qui combattait les autonomistes rhénans soutenus par la France ; en 1923, il tenta même de recruter des nationaux-socialistes pour renforcer son mouvement, mais Hitler s’y opposa.6 Le 8 janvier 1924, c’était lui qui était à la tête du commando qui assassina à Spire Franz-Josef Heinz, responsable de la « République autonome du Palatinat » proclamée le 11 novembre 1923.7 Candidat malheureux du DVP lors des élections générales de juillet et de décembre 1924, Jung choisit alors comme nouveau mode principal d’action l’écriture, tout en recrutant au sein des milieux étudiants des militants pour la cause de la « révolution conservatrice ». Fondateur en 1926 du « Jungakademischer Klub » (Club de la jeunesse universitaire) et par ailleurs membre influent du « Hochschulring deutscher Art » (Cercle des Etudiants allemands), association étudiante de droite radicale, il entra en concurrence avec le « Nationalsozialistischer Deutscher Studentenbund » (Association des étudiants nationaux-socialistes), s’attirant en particulier en 1928 les foudres du futur chef de la « Hitlerjugend » (Jeunesse hitlérienne), Baldur von Schirach (1907-1974).8

A la fin des années 1920, Jung était déjà un publiciste en vue grâce à la publication en 1927 de La domination des médiocres, l’un des livres qui, avec Le troisième Reich9 de Moeller van den Bruck, contribuèrent à fixer le corpus idéologie de la « révolution conservatrice » allemande.10 Observateur critique de la montée du national-socialisme et favorable en 1932 au chancelier Franz von Papen (1879-1969), devenu la plume de celui-ci quand il fut le vice-chancelier d’Hitler,11 après le 30 janvier 1933, il n’abandonna pas sa liberté de plume, ne faisant pas mystère des réserves que lui inspirait la prise en mains de l’Allemagne par les nazis. Considéré par ceux-ci comme un opposant, il perdit la vie 13 jours après que von Papen eut prononcé à l’université de Marbourg le discours très critique à l’égard de l’action des nazis dont il avait été le rédacteur.

Combattre la « domination des médiocres » (1927/1930)

Dans son opus magnum, Jung ne définissait pas un programme politique inscrit dans le court terme. Son projet était plus ambitieux : comme Moeller van den Bruck dans Das dritte Reich, il s’attachait à tracer à un niveau métapolitique une voie susceptible de déboucher sur la naissance, une fois liquidé le système de Versailles, d’un Reich englobant le centre de l’Europe. Organisé selon les idées développées au XIXe siècle par les fédéralistes et les théoriciens du romantisme politique et catholique dans le sillage de Constantin Frantz et Adam Müller,12 ce Reich aurait été tout sauf un Etat-nation et ses institutions se seraient appuyées sur les forces vives du « Volkstum » (caractère national) germanique dans un système qui n’aurait pas été sans rappeler l’organisation de l’ancien Saint-Empire.

C’est en ayant ce modèle présent à l’esprit que Jung déploya la critique de l’Etat libéral moderne qui constitue l’axe central de La domination des médiocres. Cet Etat, à l’en croire, souffrait d’une faiblesse congénitale qui le condamnait à plus ou moins brève échéance : être dépourvu de toute « infrastructure (« Unterbau ») sociale » en raison même de la « fragmentation de la société » générée par la démocratie moderne.13 Pour y porter remède, Jung estimait nécessaire de « déconstruire l’Etat [libéral] » et de promouvoir une « vision organique du monde », seule propice à l’« accomplissement du conservatisme ».14

Comme Moeller van den Bruck, Jung estimait que le culte de l’« individualisme »15 consubstantiel au libéralisme politique était responsable de l’atomisation de la société, à laquelle les conservateurs devaient mettre fin. Puisant ses arguments dans sa lecture de Platon, il se faisait le pourfendeur de l’idée de « liberté par rapport à l’Etat » – la liberté des Modernes – et l’ardent défenseur de la notion de « liberté en tant que participation à l’Etat »16 – la liberté des Anciens. Et, dans cette logique, il prenait appui sur La République pour souligner que la tâche principale de l’Etat était l’éducation des citoyens, seule garantie contre le règne de la démagogie génératrice de tyrannie engendrée selon lui par la démocratie libérale.17

Dans la conception défendue par Jung, l’« Etat éducateur » était incompatible à la fois avec la « démocratie moderne » et avec le « pouvoir exclusif d’un seul individu ».18 Cela ne l’empêcha pas d’exprimer son admiration pour Mussolini, sans plaider toutefois en faveur de l’installation du fascisme en Allemagne.19 S’il admirait le Duce, c’était parce qu’à son avis celui-ci avait pris le pouvoir par la voie révolutionnaire, mais « sans guerre civile »20 et tout en préservant la monarchie. Et il estimait que son projet ultime était d’installer dans la Péninsule un « Etat de droit fasciste » qui renvoyait aux conceptions qui avaient été défendues au XIXe siècle notamment par les chefs de file de l’école historique du droit comme Savigny quand ils se faisaient les défenseurs d’un « Etat organique » conforme au génie du « Volkstum » germanique.21

L’« Etat organique » imaginé par Jung aurait couronné un système d’« ordres » (« Stände ») organisé en pyramide, et dont les composantes gérées selon le mode corporatif auraient été regroupées sous forme de pôles tels « l’économie, la science, l’art, l’Eglise, l’éducation, la famille, la commune, l’assistance sociale etc. ».22 Cet Etat n’aurait été ni un « Etat total » ni un Etat « corporatif », mais un « Etat autoritaire » (« Herrschaftsstaat ») indépendant des forces économiques,23 aux compétences strictement régaliennes, dont les deux principales auraient été la conduite de la politique extérieure et le maintien de l’équilibre entre les forces constitutives de la société.24 Au sein de cet Etat, le pouvoir aurait été dévolu aux « meilleurs » qui auraient constitué une « nouvelle aristocratie » formant une sorte d’« ordre suprême » (« Höchststand ») » du Reich.25 Relativement à la sélection des membres de cet « ordre suprême », Jung était favorable à leur recrutement exclusivement en fonction de leur mérite, et non pas comme dans les sociétés démocratiques selon les résultats de l’expression du suffrage des citoyens. Il ne récusait par pour autant l’idée d’une participation de ces derniers à la gestion de la société, mais envisageait la consultation de tous uniquement au niveau des communautés de base, alors qu’aux échelons plus élevés26 et au fur et à mesure qu’on s’approchait du sommet, seul le suffrage indirect aurait été pratiqué, selon un mode de plus en plus restrictif, en particulier quand il s’agissait de choisir le chef de l’exécutif.27 Le fonctionnement proprement dit de l’« Etat autoritaire », quant à lui, aurait été organisé sur la base d’une séparation des pouvoirs, non pas « juridique » selon le modèle défini par Montesquieu, mais simplement « technique », et son exécutif aurait été autonome du législatif (comme dans le Reich bismarckien).28 Le parlement au sein de ce système aurait pu être bicaméral avec une « chambre du peuple » et une « chambre aristocratique ».29 Dans cette éventualité, la première chambre aurait eu des fonctions de contrôle – dont Jung ne précisait pas les modalités ni la nature – alors que la seconde aurait eu des prérogatives législatives,30 étant cependant entendu que « dans la société organique » la « mise au point véritable du droit » incomberait « aux tribunaux et non pas aux parlements ».31

Le modèle défendu par Jung fut au centre des débats relatifs à la réforme des structures de la République de Weimar qui eurent lieu autour de la notion d’« Etat nouveau » quand Franz von Papen fut chancelier en 1932.32

Face à la montée du national-socialisme (1931-1933)

Pour les partisans d’un nouveau Reich remettant en honneur le génie du « Volkstum » germanique – et singulièrement Jung – le succès électoral remporté par les nazis en septembre 1930 fut un moment de vérité, car, dès lors que le mouvement incarné par Hitler représentait des millions d’Allemands, il eût été inimaginable de ne pas tenir compte de cette nouvelle donne. Jung essaya, pour sa part, en 1931, d’esquisser une réponse au défi que posait aux conservateurs le parti de masses qu’était le NSDAP. A ce moment, même si ses relations avec les nazis n’étaient pas les meilleures, il imaginait que « dans certaines limites », le mouvement national-socialiste puisse assumer une « mission historique » dans le processus de passage au « Troisième Reich […] germanique et chrétien » auquel lui-même aspirait.33 Son analyse à ce niveau reposait sur deux convictions complémentaires : d’une part, il pensait que « l’aspiration commune à toutes [les] masses qui […] se dévou[aient] au national-socialisme trouv[ait] son origine dans le grandiose héritage conservateur que celles-ci renferm[aient] en elles » ; d’autre part, il estimait vraisemblable que « la renaissance intellectuelle que l’Allemagne avait connu au cours de la décennie écoulée » puisse « infuser » au niveau du national-socialisme.34

Après les élections de 1930, de manière peu réaliste au demeurant, comme beaucoup d’Allemands de son milieu, Jung pensait que le mouvement national-socialiste pourrait, à un moment donné, se transformer en un auxiliaire tout à fait utile des partisans de la « révolution conservatrice ».35 A la fin de 1931, au plus tard, il changea d’avis à cet égard : après avoir assisté à la manifestation commune aux nazis et aux forces conservatrices qui eut lieu le 11 octobre 1931 à Bad Harzburg36 et se solda par la constitution du « front de Bad Harzburg » réunissant les forces de l’« opposition nationale » à la République, il confia à ses proches qu’il « fallait tout mettre en œuvre afin qu’Hitler ne vienne pas au pouvoir, ne fût-ce qu’un seul jour ».37Tel était son état d’esprit quand il accorda son soutien à Franz von Papen, catholique de droite et proche lui aussi des milieux industriels de la Ruhr, qui succéda le 30 mai 1932 à Heinrich Brüning (1885-1970) à la chancellerie du Reich.38 Entré pour la première fois39 en contact avec le nouveau chancelier en octobre 1932, Jung fit partie de l’entourage de celui-ci jusqu’à sa démission le 17 novembre 1932.

Deux jours après la démission de von Papen, à l’initiative de Hjalmar Schacht (1877-1970), co-fondateur en 1919 du parti libéral de gauche DDP (« Deutsche demokratische Partei », Parti démocratique allemand) et ancien président de la Reichsbank, proche des nazis depuis 1931 ainsi que de Kurt von Schröder (1889-1966), banquier à Cologne, tous deux membres du « Deutscher Herrenklub », des représentants des milieux industriels demandèrent au président Hindenburg de confier à Hitler la mission de former un gouvernement indépendant du Reichstag.40 Quatre semaines plus tard, lors du dîner annuel du « Deutscher Herrenklub », dont il faisait partie lui aussi, von Papen déclara que le moment était venu d’intégrer « le grand mouvement national-socialiste au sein de la concentration nationale » indispensable au renouveau de l’Allemagne.41 Trois semaines après s’être exprimé de la sorte, le 4 janvier 1933, l’ancien chancelier rencontra Hitler chez le banquier von Schröder, ouvrant ainsi la voie à la nomination du chef nazi à la chancellerie le 30 janvier 1933 à la tête d’un gouvernement formé de onze membres dont trois nationaux-socialistes dans lequel il se vit attribuer le poste de vice-chancelier.42

Au service de Franz von Papen (février 1933-juin 1934)

La démarche accomplie par von Papen en janvier 1933 fut accueillie sans enthousiasme, sinon avec méfiance par une partie de ses amis les plus proches, notamment au sein des mieux d’affaires, avec lesquels Edgar Julius Jung était également en contact.43 A la différence d’autres publicistes conservateurs,44 Jung estima que von Papen avait pris de très grands risques en s’alliant avec Hitler et fit part notamment à son ami Rudolf Pechel (1882-1961), directeur du mensuel Deutsche Rundschau, des craintes que lui inspirait ce qui était en train de se passer à Berlin :

Comme il me l’a expliqué en son temps, [von Papen] est devenu l’homme qui surveille Hitler. Qu’il prenne garde de ne pas se voir ravaler à un rôle d’eunuque, car [les nazis] aussi surveillent, mais cela aura un prix effrayant.45

Au moment où Jung s’exprimait ainsi à titre privé, une partie des industriels proches de von Papen s’affairaient en coulisses afin que celui-ci pût être flanqué de collaborateurs qui l’épauleraient et l’aideraient à freiner en cas de besoin Hitler dans ses initiatives.46 Ces tractations eurent notamment pour résultat que Jung réintégra l’entourage de von Papen au début de février 1933, alors que se constituait en vue des élections du 5 mars 1933 un pôle conservateur englobant en particulier le DNVP (« Deutschnationale Volkspartei », parti national allemand) et l’association d’anciens combattants « Stahlhelm » (Casque d’acier).47

Membre désormais de la « garde rapprochée » de von Papen, Jung prit toute sa part aux activités du cercle restreint des collaborateurs de ce dernier jusqu’en juin 1934, tentant tout d’abord de peser dans la mise en place du nouveau système, puis en endossant le rôle d’un observateur critique de l’action d’Hitler et enfin, en révélant, à travers le discours qu’il rédigea pour von Papen en juin 1934, la fracture qui s’était creusée entre Hitler et ses partenaires du 30 janvier 1933.

Pendant la période d’entre deux qui dura de fin janvier à fin mars 1933 après le vote par le Reichstag des pleins pouvoirs à Hitler, Jung rédigea les discours que prononça von Papen pendant la campagne électorale.48 Le leitmotiv de ces discours était la nécessité de faire en sorte que l’« idée conservatrice » puisse devenir la boussole du nouveau régime afin que « le principe de service de l’Etat s’impose à nouveau au sein d’un peuple complètement massifié et prolétarisé ».49 Parallèlement à son activité de « plume » du vice-chancelier, Jung essaya d’œuvrer afin que se constitue un véritable pôle conservateur destiné au sein de la coalition gouvernementale à faire contrepoids au NSDAP.50 Le but avéré de ces démarches – qui demeurèrent sans succès – était selon ses termes de faire en sorte qu’il « soit tiré profit du climat patriotique qui régn[ait] au sein des masses […] sous le signe d’un nouveau conservatisme et non pas sous celui d’un nationalisme exacerbé ».51

Les espoirs que Jung fondait comme beaucoup d’autres conservateurs sur l’idée qu’Hitler respecterait les points de vue de ses alliés furent très vite balayés : non seulement le fédéralisme constitutif des structures du Reich fut mis à mal par les lois des 31 mars et 7 avril 1933,52 mais, sous la pression du pouvoir, les syndicats furent interdits dès le 2 mai 1933, alors que les partis politiques furent soit interdits, soit amenés à se dissoudre au plus tard en juin 1933. Parallèlement à ces mesures, la possibilité d’exprimer des opinions autres que celles du pouvoir fut largement remise en cause à partir de la nomination de Goebbels à la tête du ministère de la Propagande le 13 mars 1933.53

Jung fit partie des publicistes conservateurs qui, pendant cette nouvelle phase de l’évolution de l’Allemagne, revendiquèrent le droit d’exercer une « critique positive »54 tout en protestant de leur loyauté envers Hitler.55 C’est dans cet esprit qu’il s’exprima à l’été 1933 sur le« sens de la révolution allemande ».56 Son propos dans la brochure qu’il publia sur ce sujet était certes prudent, mais il ne cachait pas ses interrogations face à une « révolution » conduite selon lui souvent « en marge de toute forme de droit »,57 de même que ses doutes sur la capacité du NSDAP à faire naître en Allemagne la véritable « communauté du peuple (« Volksgemeinschaft ») organisée organiquement » souhaitée par les conservateurs.58 Il ne dissimulait pas non plus son scepticisme vis-à-vis de la mise en tutelle des Länder, dirigés aux termes de la loi du 7 avril 1933 par des « Reichsstatthalter » (gouverneurs) nommés par le pouvoir central et subordonnés au ministre de l’Intérieur du Reich.59 De même, il soulignait que le regroupement forcé des syndicats et des organisations patronales allemandes au sein du « Front du travail allemand » (« Deutsche Arbeitsfront) soumis au NSDAP allait à l’encontre de toute idée d’organisation corporative de l’économie.60

Six mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir, Jung estimait que l’Allemagne se trouvait à la croisée de chemins, et sans formuler à ce sujet un avis définitif, il paraissait convaincu que, loin de correspondre à l’idéal conservateur, le système qui se mettait en place outre-Rhin était en train de devenir un « Etat total de nature centralisée et absolutiste » peu compatible avec le génie du « Volkstum » germanique.61

Alors qu’à la veille de l’automne 1933, la prise en main de l’Allemagne par le pouvoir national-socialiste était déjà très avancée, sans être toutefois totale, ceci n’était plus le cas au début de 1934. Le 1er décembre 1933 fut promulguée la loi destinée à « assurer l’unité entre le parti et l’Etat » qui proclamait dans son article premier l’« union indissoluble entre le parti et l’Etat ».62 Lors de la séance du Reichstag convoquée à l’occasion du premier anniversaire de son arrivée au pouvoir, le 30 janvier 1934, Hitler annonça la promulgation d’une nouvelle loi sur la « reconstruction du Reich »63 destinée à mettre fin à toute trace de fédéralisme en Allemagne qui fut suivie le 14 février par une loi supplémentaire qui mettait fin à l’existence du Reichsrat.64

Le 30 janvier 1934, Hitler profita également de la tribune du Reichstag pour demander que l’Etat et le parti se séparent des « oiseaux migrateurs » qui avaient rejoint le NSDAP au printemps de 1933 par simple opportunisme afin que les personnes « intérieurement honnêtes qui, par le passé, pour des raisons compréhensibles, voire impérieuses, n’avaient pas pu rejoindre le mouvement [national-socialiste], trouvent le chemin du ralliement sans devoir craindre d’être confondus avec pareils éléments troubles ».65 En réponse à cet appel qui leur était destiné en priorité, beaucoup de conservateurs – dont Jung ne faisait pas partie – rentrèrent bon gré mal gré dans le rang,66 alors que le climat qui régnait en Allemagne était encore loin d’être apaisé. A ce moment, une fraction non négligeable des partisans d’Hitler – notamment dans les rangs des SA – réclamait le passage du Reich à un véritable socialisme.67 Par ailleurs, au sein de la population, le mécontentement était réel, motivé à la fois par des raisons sociales et par les dérives commises par certains cadres du régime. En réponse à ces signaux négatifs, le pouvoir lança une campagne contre les « maniaques de la critique » et les « rabat-joie » dont l’orchestration fut confiée au ministère de la Propagande.68

C’est dans ce climat qu’Edgar Julius Jung rédigea son dernier texte : celui du discours prononcé par von Papen à l’université de Marbourg le 17 juin 1934.69 Le discours en question n’était plus simplement inspiré par un esprit de critique positive, mais résonnait, près d’un an et demi après la nomination d’Hitler à la chancellerie, comme un véritablecoup de semonce venant de l’intérieur même de la sphère gouvernementale, destiné à rappeler l’exigence de ne pas trahir la volonté de « concentration nationale » qui avait été à l’œuvre au début de 1933. Dans cet esprit, tout en protestant de sa pleine loyauté envers Hitler,70 son auteur s’attachait prioritairement à procéder « en toute franchise à un constat de l’état de l’Allemagne et des buts qui sont les siens »71 afin de favoriser la transformation de la révolution en cours en une « véritable révolution conservatrice » censée remettre en honneur « les lois naturelles de la création ».72 Après cette référence à un élément fondamental du corpus conservateur, le discours débouchait ensuite sur une mise en garde contre la « tyrannie anonyme » à laquelle pouvait donner naissance la « démocratie » (c’est-à-dire le national-socialisme, assimilé ici par Jung à une forme de démocratie), et sur l’éloge d’un « pouvoir authentiquement responsable » (c’est-à-dire conservateur) censé quant à lui respecter pleinement la « liberté du peuple ».73

Cette affirmation une fois formulée, l’auteur rappelait que la « démocratie directe » pratiquée par les nationaux-socialistes depuis 1933 ne pouvait constituer qu’un mode transitoire de gouvernement avant le passage effectif à un « ordre social reposant sur des « formes organiques acceptées de tous ».74 Et ensuite, comme pour enfoncer encore le clou, il prenait sans ambiguïté ses distances envers la loi du 1er décembre 1933 :

Historiquement, je considère la domination d’un seul parti pour remplacer le système pluripartiste disparu à juste titre comme un état transitoire qui n’a sa légitimité qu’aussi longtemps que cela se révèle nécessaire à la stabilisation du changement et que n’est pas entré en fonction le nouveau système de sélection des élites.75

À la suite de cette critique du système du parti unique, Jung soulignait qu’entre la « pratique quotidienne » de la « révolution allemande » et sa « volonté intellectuelle », « un certain abîme [s’était] creusé » ;76 ceci, à son avis, avait pour résultat qu’au lieu de devenir une véritable « communauté du peuple » (« Volksgemeinschaft ») comme le proclamaient ses dirigeants, l’Allemagne risquait de se retrouver dans la situation de Sparte, qui avait divisé sa population en « spartiates et en ilotes », avec comme conséquence son affaiblissement « face à l’étranger ».77

Non content d’émettre des doutes envers l’un des aspects fondamentaux de la propagande nationale-socialiste, Jung évoquait également trois autres sujets qui fâchaient plus particulièrement les conservateurs alliés à Hitler dans le contexte du printemps 1934. C’est ainsi qu’il stigmatisait les pratiques d’épuration qui avaient alors cours dans les universités à l’initiative des « nazis à 150 % » qui prenaient pour cibles des « savants de renommée mondiale au prétexte qu’ils n’[avaient] pas la carte du parti ».78 De même, il ne se privait pas d’attaquer ceux qui réclamait le passage à une « seconde vague » de la révolution, qu’il assimilait – reproche suprême – à des marxistes,79 tout en dénonçant l’« égoïsme, l’absence de caractère, la malhonnêteté, le refus de tout esprit chevaleresque ainsi que l’esprit prétentieux » d’un certain nombre de partisans du régime.80 Enfin, il marquait également des distances très nettes envers la campagne initiée par Goebbels à l’encontre des « maniaques de la critique et les rabat-joie » en lançant dans la péroraison du discours un appel à l’union de tous les Allemands :

Ce n’est pas en excitant les gens, en particulier la jeunesse, ce n’est pas en proférant des menaces contre des parties de la population qui sont désemparées, mais par une discussion menée dans la franchise avec le peuple que la confiance et l’ardeur à l’ouvrage pourront progresser. Notre peuple sait que d’importants sacrifices l’attendent. Il les acceptera et sera d’une fidélité indéfectible à l’égard du Führer […] si on renonce à considérer comme mal intentionné tout propos critique et à déclarer ennemis de l’Etat des patriotes pris de désespoir […] Le temps est venu de resserrer les rangs dans un esprit de fraternité et de respect face à chacun de nos concitoyens, de ne pas faire obstacle à la tâche accomplie par des hommes sérieux et de faire taire des doctrinaires fanatiques.81

L’appel à la solidarité nationale qui concluait le discours de Marbourg ne fut pas du goût de l’entourage d’Hitler, bien au contraire, et la violence de la réaction qu’il inspira aux nazis fut à la mesure de son écho en Allemagne comme à l’étranger. La presse étrangère y vit la preuve qu’au cœur même de l’Allemagne, les forces d’opposition étaient loin d’être complètement muselées.82 Par ailleurs, du fait des réactions des proches de Hindenburg, les nazis comprirent tout de suite que les propos tenus à Marbourg constituaient un encouragement puissant pour tous ceux qui étaient hostiles à leur action. Ils interdirent la diffusion du discours, firent en sorte que von Papen ne pût pas entrer en contact avec le Président du Reich et s’attaquèrent à l’entourage du vice-chancelier en réduisant au silence ceux de ses collaborateurs qu’ils estimaient être des opposants. Jung fut arrêté par la Gestapo le 25 juin et, de même qu’un autre membre du cabinet de von Papen, Herbert von Bose,83 il fut assassiné lors de la purge du 30 juin 1934. Von Papen lui-même n’échappa que de peu au même sort. Mis en résidence surveillée, il ne put retrouver sa liberté de mouvement que le 4 juillet 1934 suite à l’intervention du président Hindenburg. Le 7 août 1934 il démissionna du gouvernement et fut nommé peu de temps après ambassadeur du Reich en Autriche. Le discours de Marbourg fut la dernière expression publique d’opposition à Hitler.84

Conclusion

Par-delà sa conclusion tragique, le cas d’Edgar Julius Jung apparait exemplaire à plusieurs égards pour quiconque s’intéresse à l’évolution de l’Allemagne après la fin de la Première Guerre mondiale. Agé de 20 ans en 1914, Jung s’opposa tout d’abord à la stabilisation de la République de Weimar, n’hésitant pas à cet effet à recourir à la violence comme forme d’action politique pendant les premières années de l’après-guerre. Après avoir échoué deux fois à se faire élire au Reichstag pour le compte du DVP en juillet et en décembre 1924, il opta pour la confrontation des idées afin de mettre en échec la démocratie libérale. Souhaitant contribuer à la renaissance d’un Reich puissant au centre de l’Europe, comme tous les tenants de la « révolution conservatrice », il fut confronté à la montée du mouvement national-socialiste, mais se distingua d’une majorité de ceux-ci en ne faisant pas mystère de la méfiance que lui inspirait Hitler. Une fois celui-ci arrivé au pouvoir, il tenta de contribuer depuis l’intérieur du système qui se mettait en place à renforcer l’aile conservatrice de la coalition formée en février 1933. Ses efforts se révélèrent très vite dérisoires et sa mort sous les balles des nazis le 30 juin 1934 symbolise à la fois le caractère terroriste du Troisième Reich et l’échec de la « révolution conservatrice » allemande.

Sources

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Deutsche über Deutschland. Die Stimme des unbekannten Politikers. Mit zusammenfassendem Nachwort « Deutschland und die konservative Revolution » von Edgar Julius Jung, München, Albert Langen-Georg Müller 1932.

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Papen’s Appell an das deutsche Gewissen. Reden zur nationalen Revolution, Oldenburg, Stalling 1933.

Sinndeutung deutscher Revolution, Oldenburg, Stalling 1933.

Rede des Vizekanzlers von Papen vor dem Universitätsbund, Marburg, am 17. Juni 1934, Berlin, Germania 1934.

Arthur Moeller van den Bruck, Das dritte Reich, Berlin, Der Ring 1923.

Nils Freytag (éd.), Quellen zur Innenpolitik der Weimarer Republik 1918-1933 (= Ausgewählte Quellen zur deutschen Geschichte der Neuzeit. Freiherr vom Stein Gedächtnisausgabe, Bd. 31), Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft 2010.

« Vorläufiges Gesetz zur Gleichschaltung der Länder mit dem Reich vom 31. März 1933 », in: Reichsgesetzblatt, I, Nr. 29, 2. April 1933, p. 153; « Zweites Gesetz zur Gleichschaltung der Länder mit dem Reich vom 7. April 1933 », in: Reichsgesetzblatt, I, Nr. 33, 7. April 1933, p. 173.

« Gesetz zur Sicherung der Einheit von Partei und Staat vom 1. Dezember 1933 », in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1933, Nr. 135, p. 1016.

« Gesetz über den Neuaufbau des Reiches vom 30. Januar 1934 », in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1934, Nr. 11, p. 75.

« Gesetz über die Aufhebung des Reichsrates vom 14. Februar 1934 », in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1934, Nr. 16, p. 89.

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Norbert Frei, Der Führerstaat. Nationalsozialistische Herrschaft 1933 bis 1945, München, DTV 2001, pp. 43-94.

Gerhard Gräber / Matthias Spindler, Die Pfalzbefreier. Volkes Zorn und Staatsgewalt im Kampf gegen die pfälzischen Separatisten 1923/24, Ludwigshafen am Rhein, ProMessage 2005.

Michel Grunewald, « Eine konservative Stimme in der deutschen Staatskrise. Der Ring und sein Werben für den ‹Neuen Staat› 1928-1933 », in : Michel Grunewald, Uwe Puschner et Hans Manfred Bock, Le milieu conservateur en Allemagne, sa presse et ses réseaux 1890-1960, Berne, Peter Lang ( = Convergences 27) 2003, pp. 481-508.

Michel Grunewald, « La révolution conservatrice », in : Frédéric Rouvillois, Olivier Dard, Christophe Boutin (dir.), Le dictionnaire du conservatisme, Paris, Editions du Cerf 2017, pp. 825-829.

Michel Grunewald, « Die jungkonservative ‹Ring-Bewegung› und die Nationalsozialisten 1923-1934 », in : Michel Grunewald, Olivier Dard, Uwe Puschner (dir.), Confrontations au national-socialisme dans l’Europe francophone et germanophone, vol. 4, Bruxelles, Peter Lang ( = Convergences 100) 2020, pp. 233-240.

Larry Eugene Jones, « Edgar Julius Jung: The Conservative Revolution in Theory and Practice », in: Central European History, vol. 1, issue 2, June 1988, pp. 142-174.

Peter Longerich, Die braunen Bataillone. Geschichte der SA, München, Beck 1988.

Armin Mohler / Karl Heinz Weissmann, Die Konservative Revolution in Deutschland 1918-1933. Ein Handbuch ,6. völlig überarbeitete und erweiterte Auflage, Graz, Ares Verlag 2005;

Rainer Orth, « Der Amtssitz der Opposition? ». Politik und Staatsumbaupläne im Büro des Stellvertreters des Reichskanzlers in den Jahren 1933-1934, Köln/Weimar/Wien, Böhlau 2016.

Manfred Schoeps, Der Deutsche Herrenklub. Ein Beitrag zur Geschichte des Jungkonservatismus in der Weimarer Republik. Inaugural-Dissertation der Philosophischen Fakultät der Friedrich-Alexander-Universität, Erlangen-Nürnberg 1974.

  • 1 Les informations factuelles relatives à la carrière d’Edgar Julius Jung sont empruntées à la notice le concernant rédigée par Karl-Martin Grass, in : Neue Deutsche Biographie 10 (1974), Berlin, Duncker und Humblot, pp. 669-671.
  • 2Cf. Rainer Orth, «Der Amtssitz der Opposition?». Politik und Staatsumbaupläne im Büro des Stellvertreters des Reichskanzlers in den Jahren 1933-1934, Köln/Weimar/Wien, Böhlau 2016, p. 155 sqq (cité: Orth).
  • 3Cf. la thèse qui fait toujours référence de Manfred Schoeps, Der Deutsche Herrenklub. Ein Beitrag zur Geschichte des Jungkonservatismus in der Weimarer Republik. Inaugural-Dissertation der Philosophischen Fakultät der Friedrich-Alexander-Universität, Erlangen-Nürnberg 1974.Jung collabora à l’hebdomadaire du «Herrenklub», Der Ring. Cf. Michel Grunewald, «Eine konservative Stimme in der deutschen Staatskrise. Der Ring und sein Werben für den ‹Neuen Staat› 1928-1933», in : Michel Grunewald, Uwe Puschner et Hans Manfred Bock, Le milieu conservateur en Allemagne, sa presse et ses réseaux 1890-1960, Berne, Peter Lang (= Convergences 27) 2003, pp. 481-508.
  • 4 Sur la «révolution conservatrice» cf. l’ouvrage d’Armin Mohler, Die Konservative Revolution in Deutschland 1918-1933. Ein Handbuch, réédité par Karl Heinz Weissmann (6. völlig überarbeitete und erweiterte Auflage), Graz, Ares Verlag 2005; cf. aussi Michel Grunewald, «La révolution conservatrice», in: Frédéric Rouvillois, Olivier Dard, Christophe Boutin (dir.), Le dictionnaire du conservatisme, Paris, Editions du Cerf 2017, pp. 825-829.
  • 5 Officier de carrière, Franz Xaver von Epp (1868-1947) forma en 1919 sur ordre du ministre de la défense de la République de Weimar, Gustav Noske (1868-1946), un corps franc d’environ 700 hommes, parmi lesquels se trouvaient de futurs membres de la garde rapprochée d’Hitler, notamment Rudolf Hess (1894-1987) et Ernst Röhm (1887-1934). Promu général en 1921, von Epp fut Reichsstatthalter de la Bavière de 1934 à 1945.
  • 6 Orth, p. 137.
  • 7Cf. Gerhard Gräber / Matthias Spindler, Die Pfalzbefreier. Volkes Zorn und Staatsgewalt im Kampf gegen die pfälzischen Separatisten 1923/24, Ludwigshafen am Rhein, ProMessage 2005.
  • 8 Orth, p. 142.
  • 9Das dritte Reich, Berlin, Der Ring 1923.
  • 10 L‘ ouvrage de Jung est cité d’après sa seconde édition : Die Herrschaft der Minderwertigen, ihr Zerfall und ihre Ablösung durch ein Neue Reich, Berlin, Verlag Deutsche Rundschau 1930 (cité: Herrschaft).
  • 11Cf. Orth, pp. 310-311; Larry Eugene Jones, «Edgar Julius Jung: The Conservative Revolution in Theory and Practice», in: Central European History, vol. 1, issue 2, June 1988, p. 161 (cité: Jones).
  • 12 Constantin Franz (1817-1891) fut l’auteur en particulier de Von der deutschen Föderation (1851); on doit à Adam Müller (1779-1829) notamment Die Elemente der Staatskunst (1809).
  • 13Herrschaft , p. 224.
  • 14Ibid., pp. 224-225.
  • 15Ibid., p. 226.
  • 16Ibid.
  • 17Herrschaft, p. 270.
  • 18Ibid., p. 273.
  • 19Ibid., p. 277.
  • 20Ibid.
  • 21Herrschaft, p. 278. Friedrich Carl von Savigny (1779-1861) fut notamment ministre de la Justice de Prusse de 1843 à 1848 ; son œuvre principale fut System des heutigen römischen Rechtes (1849-1849, 8 volumes).
  • 22Herrschaft, p. 294.
  • 23Ibid., p. 295.
  • 24Ibid., p. 294.
  • 25Ibid., p. 330.
  • 26Ibid., p. 337.
  • 27Ibid., p. 340.
  • 28Ibid., p. 337.
  • 29Ibid., p. 338.
  • 30Ibid.
  • 31Ibid., p. 342.
  • 32 Ces débats donnèrent notamment lieu à la parution du livre de Walther Schotte (1886-1958), cofondateur et idéologue du «Deutscher Herrenklub», Der Neue Staat, Berlin, Neufeld und Henius 1932.
  • 33Cf.Deutsche über Deutschland. Die Stimme des unbekannten Politikers. Mit zusammenfassendem Nachwort «Deutschland und die konservative Revolution» von Edgar Julius Jung, München, Albert Langen-Georg Müller 1932 (cet ouvrage collectif est paru en 1932, mais tous ses textes renvoient à la situation de l’Allemagne au cours de l’été 1931), p. 383.
  • 34Ibid.
  • 35Cf. à ce sujet Michel Grunewald, «Die jungkonservative ‹Ring-Bewegung› und die Nationalsozialisten 1923-1934», in: Michel Grunewald, Olivier Dard, Uwe Puschner (dir.), Confrontations au national-socialisme dans l’Europe francophone et germanophone, vol. 4, Bruxelles, Peter Lang (= Convergences 100) 2020, pp. 233-240 (cité : Grunewald).
  • 36 Orth, p. 145.
  • 37Ibid., p. 146.
  • 38Ibid., p. 154-155.
  • 39Ibid., p. 157.
  • 40Cf. «Eingabe führender Persönlichkeiten aus Landwirtschaft und Industrie an Hindenburg», 19.11.1932, in: Nils Freytag (éd.), Quellen zur Innenpolitik der Weimarer Republik 1918-1933 (= Ausgewählte Quellen zur deutschen Geschichte der Neuzeit. Freiherr vom Stein Gedächtnisausgabe, Bd. 31), Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft 2010, pp.232-233.
  • 41Cf. Grunewald, p. 240.
  • 42 En dehors d‘Hitler, le cabinet formé le 30 janvier 1933 comptait dans ses rangs Wilhelm Frick (177-1946) et Hermann Göring (1893-1946).
  • 43 Orth, pp. 43-53 et 304.
  • 44Cf. Grunewald, p. 241.
  • 45 Lettre citée par Orth, p. 274.
  • 46Cf. Orth, p. 304 sq.
  • 47Ibid., p. 308.
  • 48 Ibid., p. 309. Les six discours rédigés par Jung furent publiés sous le titre Papen’s Appell an das deutsche Gewissen. Reden zur nationalen Revolution, Oldenburg, Stalling 1933(cité : Appell).
  • 49 «Die Aufgabe des Staatsmannes», Rede, gehalten am 17.3.33 in Breslau, in: Appell, pp. 96-97.
  • 50Cf. Orth, p. 310 sq.
  • 51 Edgar Julius Jung, «Einsatz der Nation», in: Deutsche Rundschau, mars 1933, p. 159 (le texte en question a été écrit quelques jours après le 23 mars 1933, alors que les pleins pouvoirs venaient d‘être accordés à Hitler par le Reichstag).
  • 52Cf. «Vorläufiges Gesetz zur Gleichschaltung der Länder mit dem Reich vom 31. März 1933», in: Reichsgesetzblatt, I, Nr. 29, 2. April 1933, p. 153; «Zweites Gesetz zur Gleichschaltung der Länder mit dem Reich vom 7. April 1933», in : Reichsgesetzblatt, I, Nr. 33, 7. April 1933, p. 173.
  • 53 Cf. à ce sujet Norbert Frei, Der Führerstaat. Nationalsozialistische Herrschaft 1933 bis 1945, München, DTV 2001, pp. 43-94.
  • 54Cf.Sinndeutung deutscher Revolution, Oldenburg, Stalling 1933, pp. 63-64 (cité: Sinndeutung).
  • 55Sinndeutung, p. 9.
  • 56Cf. ci-dessus, note 54.
  • 57Sinndeutung, p. 34.
  • 58Ibid., p. 76.
  • 59Sinndeutung, p. 38.
  • 60Ibid., pp. 40-41.
  • 61Ibid., p.55.
  • 62 «Gesetz zur Sicherung der Einheit von Partei und Staat vom 1. Dezember 1933», in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1933, Nr. 135, p. 1016.
  • 63 «Gesetz über den Neuaufbau des Reiches vom 30. Januar 1934», in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1934, Nr. 11, p. 75.
  • 64 «Gesetz über die Aufhebung des Reichsrates vom 14. Februar 1934», in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1934, Nr. 16, p. 89.
  • 65Cf. Reichstagsprotokolle, 9. Wahlperiode, 1933-1936, 2. Sitzung, Dienstag, den 30. Januar 1934, p. 14.
  • 66Cf. Grunewald, p. 245.
  • 67Cf. à ce sujet Peter Longerich, Die braunen Bataillone. Geschichte der SA, München, Beck 1988, pp. 165-205.
  • 68Cf à ce sujet Norbert Frei, Der Führerstaat. Nationalsozialistische Herrschaft 1933 bis 1945, München, DTV 2001, pp. 15-16.
  • 69 Sur le discours de Marbourg et sa rédaction par Jung, cf. Orth, 471-472, et Jones, pp. 171 sqq.
  • 70 Le discours a donné lieu à une publication sous la forme d‘une brochure intitulée «Rede des Vizekanzlers von Papen vor dem Universitätsbund, Marburg am 17. Juni 1934» (cité : Rede).
  • 71 Rede, p. 5.
  • 72Ibid., p. 7.
  • 73Ibid., p. 8.
  • 74Ibid., p. 9.
  • 75Ibid.
  • 76 Rede, p. 12.
  • 77Ibid.
  • 78 Rede, p. 15.
  • 79Ibid., p. 14.
  • 80Ibid., p. 15.
  • 81Ibid., p. 16
  • 82Cf. Orth, pp. 463-471.
  • 83 Sur Herbert von Bose (1893-1934) cf. Orth, pp. 89-125.
  • 84 Au sujet des suites du discours de Marburg, en particulier pour von Papen, cf. Orth, pp. 473-518.
  • Sources

    Die Herrschaft der Minderwertigen, ihr Zerfall und ihre Ablösung durch ein Neue Reich, Berlin, Verlag Deutsche Rundschau 19302.
    Deutsche über Deutschland. Die Stimme des unbekannten Politikers. Mit zusammenfassendem Nachwort « Deutschland und die konservative Revolution » von Edgar Julius Jung, München, Albert Langen-Georg Müller 1932.
    « Einsatz der Nation », in: Deutsche Rundschau, März 1933, pp. 155-160.
    Papen’s Appell an das deutsche Gewissen. Reden zur nationalen Revolution, Oldenburg, Stalling 1933.
    Sinndeutung deutscher Revolution, Oldenburg, Stalling 1933.
    Rede des Vizekanzlers von Papen vor dem Universitätsbund, Marburg, am 17. Juni 1934, Berlin, Germania 1934.
    Arthur Moeller van den Bruck, Das dritte Reich, Berlin, Der Ring 1923.
    Nils Freytag (éd.), Quellen zur Innenpolitik der Weimarer Republik 1918-1933 (= Ausgewählte Quellen zur deutschen Geschichte der Neuzeit. Freiherr vom Stein Gedächtnisausgabe, Bd. 31), Darmstadt, Wissenschaftliche Buchgesellschaft 2010.
    « Vorläufiges Gesetz zur Gleichschaltung der Länder mit dem Reich vom 31. März 1933 », in: Reichsgesetzblatt, I, Nr. 29, 2. April 1933, p. 153; « Zweites Gesetz zur Gleichschaltung der Länder mit dem Reich vom 7. April 1933 », in: Reichsgesetzblatt, I, Nr. 33, 7. April 1933, p. 173.
    « Gesetz zur Sicherung der Einheit von Partei und Staat vom 1. Dezember 1933 », in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1933, Nr. 135, p. 1016.
    « Gesetz über den Neuaufbau des Reiches vom 30. Januar 1934 », in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1934, Nr. 11, p. 75.
    « Gesetz über die Aufhebung des Reichsrates vom 14. Februar 1934 », in: Reichsgesetzblatt, Teil 1, 1934, Nr. 16, p. 89.
    Reichstagsprotokolle, 9. Wahlperiode, 1933-1936, 2. Sitzung, Dienstag, den 30. Januar 1934, p. 14.
    Norbert Frei, Der Führerstaat. Nationalsozialistische Herrschaft 1933 bis 1945, München, DTV 2001, pp. 43-94.
    Gerhard Gräber / Matthias Spindler, Die Pfalzbefreier. Volkes Zorn und Staatsgewalt im Kampf gegen die pfälzischen Separatisten 1923/24, Ludwigshafen am Rhein, ProMessage 2005.
    Michel Grunewald, « Eine konservative Stimme in der deutschen Staatskrise. Der Ring und sein Werben für den ‹Neuen Staat› 1928-1933 », in : Michel Grunewald, Uwe Puschner et Hans Manfred Bock, Le milieu conservateur en Allemagne, sa presse et ses réseaux 1890-1960, Berne, Peter Lang ( = Convergences 27) 2003, pp. 481-508.
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    Manfred Schoeps, Der Deutsche Herrenklub. Ein Beitrag zur Geschichte des Jungkonservatismus in der Weimarer Republik. Inaugural-Dissertation der Philosophischen Fakultät der Friedrich-Alexander-Universität, Erlangen-Nürnberg 1974.