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Espaces de mémoire dans l’expérience argentine

Lorsque nous parcourons les rues de nos villes1, nous rencontrons une diversité de matérialités qui nous parlent d’événements et d’acteurs d’autres temps : marques, inscriptions, sites, objets et musées destinés à commémorer des passés plus lointains ou plus proches. Soit comme cadre social, ancrage matériel, réceptacle, support et/ou véhicule, l’espace public urbain est un élément actif des processus de signification et de représentation du passé et de la configuration des mémoires sociales2. Dans cet article, je voudrais réfléchir au processus social, politique et institutionnel de construction des espaces de mémoire en Argentine, en me concentrant sur la ville de Buenos Aires. Pour ce faire, je reprendrai certains des apports théoriques et méthodologiques du projet « qualifier, disqualifier et requalifier des lieux de détention, concentration et extermination » dirigé par Jacques Walter et Béatrice Fleury entre 2007 et 20103. En particulier, le concept de « dispositif de médiation mémorielle » et le cadre théorico-conceptuel impliquant l’articulation de processus complexes de qualification, disqualification et requalification de sites où des violations des droits de l’homme ont eu lieu (anciennes prisons, centres de détention clandestins, camps de concentration, entre autres), appelés sites authentiques, historiques, testimoniaux, récupérés dans différentes parties du monde. Les expériences de ces sites sont très diverses : certains ont été occupés très tôt par des survivants, d’autres ont été démolis, oubliés, récupérés et/ou refonctionnalisés. En eux, les vestiges, les ruines et les restes fonctionnent comme des dispensateurs d’une authenticité qui, comme on le sait, est toujours de l’ordre de l’effet4. Nous proposons ici de reprendre et de réfléchir à certains débats et défis présents depuis le début de la construction des espaces de mémoire dans les anciens centres de détention clandestins (CCD) de la ville de Buenos Aires, c’est-à-dire dans des sites authentiques qui développent des projets institutionnels auxquels participe l’État (local et national) et qui aspirent à transmettre un récit complet du passé et à devenir des référents permanents de l’histoire de l’horreur et de la souffrance qui y est dénoncée et commémorée.

B. Fleury et J. Walter (2011) proposent d’analyser les sites authentiques à l’aide d’un modèle théorique centré sur ce qu’ils appellent le « processus social de qualification ». Ce processus implique trois opérations qui ne suivent pas un ordre chronologique et peuvent même être juxtaposées :

  1. les pratiques liées à l’installation d’une marque sur un site (qualification) ;

  2. les pratiques associées à l’effacement et/ou à la désactivation de cette marque (disqualification) ;

  3. les pratiques qui réinscrivent la marque mais avec de nouvelles significations et de nouveaux objectifs (requalification).

Ces pratiques sont marquées par des débats, des luttes et des conflits entre différents acteurs sociaux, individuels et collectifs, gouvernementaux et non gouvernementaux, qui contribuent à la construction de ces sites en termes symboliques5. Selon les auteurs, les pratiques de qualification, de disqualification et de requalification ne se limitent pas à celles qui ont lieu sur les sites eux-mêmes ou qui sont promues par les acteurs de la mémoire, mais incluent d’autres actions menées par d’autres acteurs sociaux, même en dehors des sites : la production et la circulation de témoignages à leur sujet, le travail académique des chercheurs sociaux, la diffusion dans les médias d’images les concernant, leur inclusion dans les guides touristiques, etc. Quels acteurs, pratiques, débats et défis ont été historiquement liés à la construction des espaces de mémoire dans l’expérience argentine et comment ont-ils contribué aux processus de qualification des sites qui, pendant la dernière dictature militaire (1976-1983), ont fonctionné comme centres de détention clandestins ?

En Argentine, les politiques de la mémoire liées à la construction des espaces de mémoire se sont constituées au cœur de plusieurs débats entrecroisés sur le passé récent et sa signification dans le présent, qui se sont exprimé dans des analyses historiographiques (sur l’avant, le pendant et l’après de la dictature militaire), des productions testimoniales de différents types (juridiques, biographiques, académiques, militantes, etc.), des controverses politiques et éthiques sur les acteurs légitimes pour le signifier et les formes de représentation et de transmission. Le mouvement des droits de l’homme, des intellectuels de différentes disciplines, des artistes, des avocats, des journalistes, des politiciens, des fonctionnaires et des travailleurs de l’État ont participé à ces débats. Il s’agit de débats dans lesquels se superposent des voix provenant de différents domaines de la vie sociale et politique, animées par des intérêts pas toujours partagés et ayant une légitimité différente dans l’espace public. Vers le milieu des années 1990, dans le contexte de la fermeture des voies judiciaires permettant de poursuivre les responsables de la disparition, de la torture et de l’assassinat de milliers de personnes6, les organisations de défense des droits de l’homme, les survivants et les familles des victimes ont commencé à se mobiliser autour des anciens centres de détention clandestins (CCD) et à exposer publiquement leur pertinence matérielle, tant pour leur valeur probante des crimes qui y ont été commis que pour leur valeur testimoniale dans la transmission de la mémoire de ces crimes. Les premiers projets institutionnels de création de mémoriaux commencent à voir le jour7. À partir de 2000, notamment après l’explosion de la crise économique, sociale et politico-institutionnelle de décembre 2001, les projets de mémoires8 se sont multipliés dans la ville de Buenos Aires. Les mobilisations massives, la formation d’assemblées de quartier et l’augmentation de la discussion politique et de la participation dans l’espace public ont contribué à la prolifération d’initiatives liées à la construction d’espaces de mémoire, de musées, de mémoriaux et de marqueurs territoriaux de toutes sortes. Certaines de ces initiatives ont commencé à entrer dans des agendas gouvernementaux en s’incarnant dans des politiques de mémoire publique. En particulier depuis 2004, le marquage des lieux qui ont servi de théâtres de répression est progressivement devenu une politique d’État au niveau municipal et national, et a impliqué d’importants investissements financiers et en ressources humaines. Cependant, nous pouvons dire que la politique de création d’espaces de mémoire, et en particulier le soi-disant « processus de récupération » des anciens DAC, n’a pas été « top-down », c’est-à-dire qu’il ne s’agissait pas d’une politique planifiée par des organismes d’État, mais plutôt d’une confluence d’initiatives de base, de processus locaux et singuliers qui étaient déjà en cours, avec des caractéristiques, des temporalités et des acteurs spécifiques à chaque cas. Ces processus particuliers ont façonné ce qui a été appelé rétrospectivement le « processus de récupération des ex-CCD ». Un processus constitué de diverses expériences locales, avec leurs propres rythmes, qui a sans doute gagné en dynamisme et en possibilités de réalisation lorsqu’il y a eu une écoute attentive, soutenue et engagée de la part de l’État à différents niveaux (national, provincial, municipal). Ces politiques s’appuient sur des expériences et des pratiques déployées par des organisations de la société civile, et nécessitent donc un dialogue soutenu avec des personnes issues de ces organisations ou ayant des trajectoires reconnues en leur sein, et dans de nombreux cas, un travail conjoint dans des domaines de cogestion ou de gestion mixte. Cela s’est traduit, dans certains cas, par l’accès à des postes publics et/ou à des postes d’autorité au sein d’organismes publics de personnes ayant des trajectoires reconnues dans le domaine des droits de l’homme. La création de liens de coopération et de cogestion entre les agents de l’État et les militants des droits de l’homme a mis en évidence la valeur des réseaux personnels, affectifs et politiques en tant que facilitateurs de la gestation et de la mise en œuvre des politiques de mémoire. Cela a généré une superposition de « lieux d’énonciation » (Lazzara, 2003) liée au fait qu’une même personne occupait simultanément différentes positions sociales : survivant, activiste, fonctionnaire9. En ce sens, les pratiques politiques liées à la cause de la mémoire et des droits de l’homme ont produit des « acteurs hybrides », dans lesquels convergent des positions sociales différenciées. Cela ne constitue pas en soi un problème, mais plutôt une condition de possibilité pour la mise en œuvre de ces politiques. En outre, en Argentine, les politiques de mémoire ont non seulement répondu au besoin social de réparation des victimes, mais elles se sont également caractérisées par l’engagement subjectif de leurs auteurs : ceux qui les gèrent et les exécutent ont fait preuve d’un engagement social, politique et éthique pour leur mise en œuvre qui transcendait souvent leurs obligations et/ou devoirs en tant que fonctionnaires ou travailleurs de l’État (Alonso, Portos et San Julián, 2015 ; Cueto Rúa, 2019 ; Ohanian, 2019). En ce sens, la valeur de l’engagement est considérée comme une figure d’articulation des politiques étudiées.

Défis et débats dans la construction de mécanismes de médiation mémorielle

Les espaces de mémoire n’activent pas seulement une dimension commémorative (liée au souvenir, à l’hommage, au deuil) mais aussi un engagement critique envers le passé qui nous permet de jeter des ponts avec le présent des droits de l’homme et ses problèmes actuels. Transmission, enseignement, information, réflexion, éducation, compréhension sont quelques-unes des notions clés. Cependant, quels sont les limites et les défis de la transmission des expériences limites dans ces espaces ? Le défi semble résider dans la manière singulière dont chaque Espace construit interroge et répond à l’équation si souvent discutée dans les études sur la mémoire entre le devoir de mémoire et les difficultés ou limites à la transmission des expériences de violence extrême. Au fil des années, les équipes de gestion des espaces de mémoire ont traversé divers problèmes, débats et défis liés aux différentes dimensions qui composent les « dispositifs de médiation mémorielle » où interagissent logistique, poétique, politique et symbolique (Fleury et Walter, 2011, p. 34). Une première dimension est liée à la définition de la position énonciative que l’espace assumera et à partir de laquelle le dispositif de médiation mémorielle sera construit en termes de forme et de contenu narratif. Cela implique des décisions logistiques et politiques concernant la finalité de l’espace et ses principaux destinataires (les victimes, leurs familles, les nouvelles générations, les citoyens dans leur ensemble). Une deuxième question est liée aux décisions concernant le cadre narratif de l’histoire : les acteurs et les événements qui seront au centre, puis la chronologie et l’échelle spatiale (internationale, régionale, nationale, provinciale, locale), entre autres points. Ces questions concernent les dimensions de la narration et de l’intrigue, où le type de connaissance que chaque espace aspire à produire et à transmettre (une connaissance ordonnée par la factualité, par la sensibilité et/ou par la compréhension historique ?) Enfin, chaque espace définit la manière dont ce récit est représenté et transmis, c’est-à-dire quels objets et supports matériels feront partie du dispositif mémoriel, quelles ressources visuelles, auditives et sensorielles seront utilisées. Une discussion désormais classique sur cette dimension spectaculaire ou la mise en scène du passé est liée aux limites de la représentation, aux langages ou aux genres discursifs appropriés pour transmettre des situations extrêmes ou une violence extrême. Dans le cas de l’Argentine, le témoignage est une ressource privilégiée, surtout s’il a été produit dans un cadre judiciaire. Ainsi, la vérité juridique ordonne et donne une légitimité au récit, et les voix autorisées à rendre compte du passé sont celles qui ont été validées dans et par des instances judiciaires ou semi-judiciaires, telles que les commissions officielles10. Certains des débats et controverses entourant les dimensions susmentionnées ont été transversaux aux différents espaces, tandis que d’autres sont liés à des conditions et des situations propres à chacun d’entre eux, en fonction de leur propre histoire et de leurs vicissitudes depuis la fin de la dictature militaire jusqu’à aujourd’hui.

Comme nous l’avons mentionné, dans le cas de l’Argentine, la transformation d’un bâtiment ou d’un site qui a été le théâtre de tortures, d’humiliations et de meurtres en un espace public destiné au souvenir des actes de violence qui y ont été commis, à l’hommage aux victimes et à la défense des droits de l’homme a souvent été qualifiée de « récupération ». Il s’agit d’un signifiant présent dans les organisations de défense des droits de l’homme depuis le début de leur discours et de leurs pratiques : récupérer les corps, récupérer les petits-enfants, récupérer les sites. Son utilisation semble nous parler de la position subjective depuis laquelle ce processus a été vécu par les acteurs sociaux qui ont promu la création de ces espaces. Il s’agit d’une catégorie native qui nous invite à réfléchir à deux questions fondamentales :

  1. quel est l’objet qui est récupéré (un espace physique, un terrain politique, un lieu énonciatif ?) ;

  2. et qui est le sujet de cette récupération (les organisations de défense des droits de l’homme, les citoyens dans leur ensemble, un État qui tente de se constituer en réparateur de ces crimes…) ?

Nous nous risquons à penser que ce qui a été récupéré dépasse certainement un espace physique et matériel et se projette vers la conquête d’un lieu symbolique et énonciatif à partir duquel régénérer le lien social dévasté par les événements d’extrême violence, qui non seulement donne une voix aux sans-voix mais encourage aussi l’exercice de la pratique politique dans l’épicentre même de l’appareil répressif qui a été l’axe de sa déconstruction.

Une question qui apparaît fréquemment dans les débats sur la manière d’intervenir sur ces sites concerne le couple reconstruction-préservation : reconstruction des installations et dispositifs répressifs ou préservation des conditions dans lesquelles les sites ont été récupérés ? Les arguments en faveur de la non-reconstruction physique comprennent des motifs politiques, juridiques, éthiques et affectifs : parmi eux, l’importance politique de montrer les traces des tentatives de dissimulation (ce qui expliquerait l’impunité au fil des ans), leur valeur probante dans les instances judiciaires, les risques éthiques de la mise en scène (et de l’esthétisation), par exemple, d’une salle de torture, et les réactions indésirables chez les visiteurs, comme la paralysie ou la morbidité. Il existe également une tension transversale et constitutive de ces sites qui est projetée dans les débats sur la manière d’intervenir : le fait qu’ils étaient et sont, en même temps, des lieux de mort et des lieux de vie. Nous entendons souvent le slogan « là où il y avait la mort, qu’il y ait la vie »11, qui, en associant le passé à la mort et le présent à la vie de manière aussi catégorique, a probablement des effets indésirables : d’une part, il minimise, occulte et rend invisibles les expériences de vie quotidienne dans les DCC que nous rapportent les survivants ; et, d’autre part, il exige un objectif impossible, à savoir que la vie en tant que valeur morale devrait surmonter et/ou contrebalancer les expériences de douleur et de perte que ces lieux portent en eux. Cette tension vie-mort affecte également la configuration des usages sacrés ou profanes au sein de chaque espace (Portos, 2017).

L’un des traits distinctifs des anciens DCC qui fonctionnent comme des espaces de mémoire est qu’ils ont une charge symbolique et émotionnelle très mobilisatrice, non seulement pour ceux qui ont été les plus directement touchés par le terrorisme d’État, mais aussi pour le grand public. Y pénétrer, marcher dans leur matérialité, écouter les récits des guides, lire les témoignages des survivants génère une constellation d’émotions, de sensations et de sentiments. Ils génèrent indubitablement un malaise, ce qui est logique étant donné qu’ils ont été des lieux de torture et de mort. Mais ce sont aussi des lieux de rencontres intergénérationnelles, de recherche d’informations, de production de témoignages, de recherche interdisciplinaire, de narration d’expériences, de retrouvailles entre compagnons. Ces actions font partie du travail de mémoire et impliquent, d’une manière ou d’une autre, des opérations de transmission intra et intergénérationnelle. Ce sont des sites qui font de nous des témoins de témoins, et nous lèguent ainsi une responsabilité pour ce passé.

Conclusion

Les espaces de mémoire ont été constitués dans le cadre de processus sociaux, politico-institutionnels, juridiques et culturels complexes, et reconnaissent une série de phénomènes qui ont servi de conditions de possibilité. Tout d’abord, et fondamentalement, la mobilisation soutenue des organisations de défense des droits de l’homme et de l’activisme politique autour des piliers de la mémoire, de la vérité, de la justice et de la réparation ; mais aussi l’intégration de la question de la mémoire dans les agendas gouvernementaux et parlementaires nationaux et locaux ; les décisions et actions liées à la réouverture des différents processus judiciaires pour crimes contre l’humanité ; la production et la circulation de récits journalistiques, littéraires, scientifiques et cinématographiques… Ces entreprises s’inscrivent dans des processus longs et variés dans lesquels une multiplicité d’acteurs sociaux ont promu diverses stratégies pour dénoncer la répression, connaître la vérité, obtenir justice et promouvoir des pratiques de réparation, de commémoration et de transmission du passé récent. Ce sont des espaces produits dans la confluence de pratiques diverses, pas toujours complémentaires, qui parfois se juxtaposent, parfois s’excluent, parfois s’ignorent, et parfois sont solidaires les unes des autres.

Comme nous l’avons vu, une question qui a fait l’objet d’un débat dans la construction de ces espaces est liée aux frontières floues entre les activistes et les fonctionnaires de l’État dans la politique de la mémoire. Cette question a été signalée dans de nombreux cas comme un obstacle ou un problème : de l’hypothèse d’une cooptation des organisations par l’État à l’hypothèse d’un État absent ou colonisé par les militants des droits de l’homme. Cependant, il est possible de changer l’angle d’entrée et – au lieu de penser à des militants devenus fonctionnaires ou vice versa – de partir de l’idée que les acteurs et leurs positions se sont construits dans les pratiques de ces politiques (récupération, gestion, mise en œuvre, etc.). En ce sens, les politiques mémorielles ont produit de « nouveaux acteurs étatiques » dans lesquels convergent des positions socialement qualifiées comme différentes (desquelles on attend certains comportements, attitudes, valeurs, etc.) et qui sont traversées par de multiples déterminations (académie, gestion, militantisme, développement professionnel, etc.)

Pour conclure, nous dirons que beaucoup des défis initiaux de ces espaces sont encore valables : les maintenir comme des sites ouverts, invitant un large public, liés au présent et à ses problèmes. Faire face à ces défis implique sans aucun doute que les acteurs sociaux impliqués dans leur construction, leur entretien et leur croissance prennent des décisions qui expriment des positions politiques non seulement sur le passé mais fondamentalement sur le présent et l’avenir. La conquête de ce lieu énonciatif n’est pas une tâche simple ; comme nous l’avons vu, elle implique des tensions, des débats et des controverses sur la manière d’exposer les gris, de traiter les situations qui se prêtent à des débats éthiques, d’incorporer les éléments perturbateurs ou ceux qui génèrent des fissures dans les récits établis, et de transcender leur naturalisation pour éviter qu’ils ne soient normalisés, banalisés et incorporés sans critique dans les routines urbaines. En bref, le défi reste de savoir comment travailler à partir d’une perspective que l’on sait partielle sans encourager les exclusions ou les dénis, tout en sachant que les mémoires sont plurielles, collectives, construites mais jamais complètes. C’est-à-dire assumer la sélectivité de manière responsable et renoncer à l’impératif fallacieux d’une mémoire complète.

Références

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  • 1 Traduit de l’espagnol par le Centre de recherche sur les médiations.
  • 2 Le public émerge là où la créativité sociale déborde la loi qui, par structure, insiste pour l'ordonner, la réguler, la réglementer, la légiférer. Dans ce débordement, dans cet espace d'autonomie et d'autoreprésentation de la société, le public émerge (Caletti, 2006). Elle n'est donc pas équivalente ou réduite à la sphère de l'action étatique, mais résulte, en tout état de cause, du couplage défaillant entre la société civile et l'État.
  • 3 Les cinq livres issus du projet abordent à la fois les dimensions analytiques de ces expériences et une intéressante diversité de cas empiriques. Les 4 premiers ouvrages ont rassemblé des contributions autour de 4 axes : les controverses mémorielles liées aux processus de qualification ; les frontières internes et externes des sites de détention et de massacre dans le cadre de processus complexes de territorialisation et de reterritorialisation ; les figures emblématiques de la mémoire en relation avec ces sites ; et les dispositifs de médiation mémorielle qui y sont construits. Le cinquième livre a été publié en espagnol et est devenu un matériel de référence pour l'analyse de différents cas de processus et de politiques de mémoire en relation avec des sites authentiques en Amérique latine.
  • 4 Pour une analyse de la relation entre mémoire et matérialité dans les anciens centres de détention clandestins récupérés dans la ville de Buenos Aires (D'Ottavio, 2016).
  • 5 Quelques exemples d'analyses de cas issues de ce cadre théorique-conceptuel peuvent être trouvés dans ElÍas Sánchez (2017) et Agsutina Cinto (2022). E. Sánchez reprend cette perspective analytique pour aborder le cas du bâtiment Diego Portales à Santiago du Chili, un bâtiment qui est passé du statut de symbole de l'Unión Popular à celui de symbole de la dictature chilienne. La matrice théorique conceptuelle, axée sur les processus de qualification, de disqualification et de requalification, rend compte des différents moments et couches de sens et des débats entre les acteurs sociaux liés à sa construction, son appropriation et sa reconversion après le tournant représenté par son incendie partiel en 2006. Pour sa part, A. Cinto reconstruit les opérations de qualification, de disqualification et de requalification dans son analyse de la politique de la mémoire liée à un ancien centre de détention clandestin dans la ville de Rosario en Argentine.
  • 6 Je fais ici référence aux lois dites « Full Stop » (1986) et « Due Obedience » (1987) promulguées sous la présidence de Raúl Alfonsín et aux grâces (1989-1990) décrétées par Carlos Saúl Menem. Ces lois ont entraîné l'interruption de procédures judiciaires en cours, tandis que des décrets de grâce ont libéré d'anciens commandants qui, quelques années auparavant, avaient été condamnés lors d'un procès qualifié d’« historique », tant au niveau national qu'international.
  • 7 Vers 1998, le premier projet de construction d'un parc de la mémoire et d'un monument aux victimes dans la ville de Buenos Aires a obtenu l'approbation institutionnelle (Vecchioli, 2001 ; Vezzetti, 2009 ; Guglielmucci, 2013).
  • 8 En décembre 2001, en raison de la situation économique et sociale conflictuelle et dans le contexte d'une série de manifestations contre le gouvernement, le président de l'époque et son ministre des finances ont été contraints de démissionner. Durant les journées du 19 et du 20, les forces de sécurité ont durement réprimé les manifestations qui ont eu lieu dans les principales villes du pays, faisant 39 morts, des dizaines de blessés et des milliers de détenus (Centre d'études légales et sociales, 2002).
  • 9 Il existe plusieurs travaux qui traitent des intersections entre militants, professionnels et fonctionnaires, entre autres, voir Gugliemucci (2013), Messina (2016), et le dossier « Políticas públicas de la memoria : el Estado ante pasados de represión política en América Latin », publié dans le numéro 12 de la revue Clepsidra. Estudios Interdisciplinarios de Estudios sobre Memoria.
  • 10 Cela exprime le grand poids social du système juridique en tant que dispositif de construction de la vérité et sa prééminence sur les autres champs sociaux producteurs de vérité (comme, par exemple, la science et la politique) (Messina, 2011).
  • 11 San Julián (2018) problématise les significations en jeu dans ce slogan.
  • Références

    Alonso Mariel, Portos Joan et San Julián Dolores, 2015 « Una experiencia de formación “in situ” : cruces entre antropología y gestión en el cámpo de las políticas públicas de la memoria » [en ligne], Quehaceres. Revista del Departamento de Ciencias Antropológicas, 2, p. 27-38. Disponible sur : https://www.academia.edu/43429055/Una_experiencia_de_formaci%C3%B3n_in_situ_cruces_entre_antropolog%C3%ADa_y_gesti%C3%B3n_en_el_campo_de_las_pol%C3%ADticas_p%C3%BAblicas_de_la_memoria [consulté le 10 oct. 2022].
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