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Couverture de Marque et Territoire (Violaine Appel et Delphine Le Nozach, dirs) Show/hide cover

Représentations territoriales : dispositifs culturels et mises en scène

La troisième partie prend en compte l’ensemble des marques d’un territoire au niveau du placement de celles-ci dans les œuvres fictionnelles ou culturelles. Elle étudie les rôles comme la place des territoires dans la création artistique. Les chapitres interrogent la perception de ces initiatives de brand content et leur reconnaissance par les différents acteurs impliqués dans la création de l’œuvre. Les auteurs se focalisent sur le placement territorial d’une ville dans un festival, un film et une série télévisuelle pour en dégager les médiations plurielles, les enjeux d’attractivité ou encore les représentations qui en découlent. Ils décryptent finement les mécanismes des dispositifs culturels et de leurs mises en scène.

Élise Butel explore la co-construction des relations entre, d’une part, la ville d’Annecy et son festival d’animation et, d’autre part, les visiteurs. Elle montre comment ces derniers participent à façonner un imaginaire qui s’appuie sur la mise en espace de l’événement dans la ville et comment leur perception produit un effet performatif sur le festival en lui-même. L’auteure énonce ainsi que le territoire permet « d’engager une pragmatique de l’attachement auprès des festivaliers » à l’inverse de l’édition 2020 en ligne qui révèle un amoindrissement des dimensions créative et symbolique. Enfin, elle s’attache à mettre à jour les liens qui se jouent entre les professionnels de l’industrie de l’animation lors de la mise en territoire scénographique de la ville.

Dans son chapitre, Simon Renoir traite de la mise en scène et des représentations de la ville de Détroit par le film Detroit (réalisé par Kathryn Bigelow, 2017), qui traite du racisme et de la violence policiers au cours des révoltes urbaines de 1967. L’auteur compare les stratégies actuelles de promotion de la marque territoriale Détroit à l’image de la ville dans le long métrage éponyme. Entre « image recherchée » et « image héritée », il démontre les dissonances, les conflits voire la concurrence des représentations entre le film, les médias, les acteurs territoriaux et les habitants. S’appuyant sur des faits historiques, la fiction cinématographique expose des conflits de classe et des conflits raciaux alors que l’action territoriale les invisibilise pour tenter de construire un nouveau mythe fondé sur la créativité et le design. Le texte indique néanmoins que « le film et la nouvelle marque territoriale ont en commun de susciter des contestations à cause du manque de considération pour la mémoire et la culture noires ou du manque de justesse dans leur représentation ».

Dans ce dernier chapitre, Patricia Jullia et Frédéric Marty proposent une réflexion autour de l’enjeu territorial du programme télévisuel Un si grand soleil(France 2) à partir de l’analyse de la série et de ce qu’en disent les médias et acteurs locaux. Ils s’intéressent à « l’hybridation entre l’espace diégétique de la série et les mises en récit territorialisantes qui en découlent », analysant ainsi cette double relation et leur enrichissement mutuel. Les chercheurs détaillent comment le placement territorial de la métropole de Montpellier dans cette fiction médiatise et forge pour la ville une image de « Los Angeles du sud » et comment ces représentations télévisuelles alimentent à leur tour les dispositifs communicationnels de valorisation du territoire. La pérennité de cette convergence d’image est garantie tant que les intentions des deux parties prenantes se rejoignent.